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Bioéthique

Qu’est-ce que la dignité de la personne humaine ?

D_2Mardi a débuté un colloque de 2 jours – organisé par l’Institut catholique de Paris et la Commission Justice et Paix de l’épiscopat – consacré à

"la dignité humaine : quelle réalité soixante ans après la Déclaration universelle des droits de l’homme ?"

Un sujet fortement d’actualité depuis que Nicolas Sarkozy a confié à Simone Veil la mission de compléter le préambule de la Constitution pour, notamment, «répondre au défi de la bioéthique», et en vue de la révision des lois de bioéthique qui va s’ouvrir en 2009. Sylvie Bukhari-de Pontual, présidente de la Fiacat (Fédération internationale de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) et responsable du colloque, indique :

"Tous les textes internationaux de protection des droits de l’homme sont fondés sur le concept de dignité humaine… Et pourtant la dignité est sans cesse bafouée, parce que la signification de cette notion, de même que son statut, ne sont pas précis. Ce concept est-il devenu relatif, alors même qu’il est sans cesse brandi comme une sorte de référence incantatoire ? N’est-il pas remis en cause, avec par exemple le développement de la génétique et de la science en général ?"

L’immunologiste Jean-Claude Ameisen, président du comité d’éthique de l’Inserm, indique :

"Avec la science existe un risque de réification et de déshumanisation, car la science fait abstraction de la singularité de la personne. Elle nous traite comme objets, alors que l’on se vit comme sujets."

Le jésuite Patrick Verspieren, directeur du département d’éthique biomédicale du Centre Sèvres à Paris, ajoute :

"Au moment où le génome a été séquencé, on a parlé du “Grand Livre de la vie”. Cette expression a été utilisée pas les scientifiques eux-mêmes, pour obtenir des crédits. Or, il s’agit d’une représentation de l’homme éminemment contestable aux plans scientifique et éthique, car elle laisse penser que l’homme est déterminé par ses gènes : cela ruine le concept de dignité !"

Par ailleurs, le théologien moraliste estime que l’absence de référence à l’embryon, dans les différentes déclarations relatives à la protection de l’être humain, est problématique :

"On accepte tacitement l’idée qu’il y a un seuil d’humanité à partir duquel l’être humain mérite le respect. Cela met en danger la notion d’universelle dignité."

Concrètement, cela signifie qu’il faut réorienter la bioéthique, pour reprendre un article qui paraît dans Valeurs Actuelles remettant en cause la pertinence de l’utilisation d’embryons humains pour obtenir des cellules souches. Non seulement cette utilisation est contraire à la dignité humaine, mais en outre elle est stérile sur le plan scientifique :

E "La toute-puissante agence américaine pour la sécurité sanitaire (Food and Drug Administration) vient de recaler ce qui devait être le premier essai clinique. Raison invoquée: les risques en termes de santé humaine sont disproportionnés.

Au même moment, deux alternatives prometteuses suscitent une avalanche de publications. D’abord la découverte par le professeur McGuckin dans le sang de cordon ombilical d’un groupe unique de cellules à la flexibilité stupéfiante. […] Par ailleurs, la reprogrammation de simples cellules de peau en cellules souches pluripotentes […]. Nombre de scientifiques s’accordent à dire que son inventeur, le professeur Yamanaka – en lice pour le prix Nobel – vient de reléguer la recherche sur l’embryon à l’âge de pierre."

Ce qui signifie que la loi relative à la bioéthique du 6 août 2004, qui permet la dérogation au principe de l’interdiction des recherches sur l’embryon si cette recherche permet "des progrès thérapeutiques majeurs" et s’il n’y a pas de "méthode alternative d’efficacité comparable" est doublement caduque.

Michel Janva

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2 commentaires

  1. La science – mais uniquement parce qu’elle est aux mains de matérialistes réductionnistes sectaires – est employée en tant qu’instrument principal de réification de l’homme.
    Ce n’est pas nouveau, déjà Georges Bernanos protestait en ces termes: ” Si vos actes, vos sentiments, vos idées mêmes, ne sont que de simples déplacements moléculaires, un travail chimique et mécanique, comparable à celui de la digestion, au nom de qui, au nom de quoi voulez-vous que je vous respecte ? Citoyen de haut en bas, vous n’êtes qu’un ventre. ”

  2. Pourriez-vous nous donner les adresses courriel, par exemple, des personnalités préparant les lois sur la bioéthique?
    Merci

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