4 scènes fantastiques dans les 4 Fantastiques
Reçu d’un lecteur :
C’est une belle surprise de l’été. Vous accompagnez vos grands ados au cinéma et vous découvrez un film de super-héros qui résonne avec une vision catholique de la vie.
Marvel n’est pas réputé pour ses prises de position éthiques explicites sur des sujets sociétaux sensibles. Pourtant, The Fantastic Four: First Steps, dernier reboot de la célèbre équipe de super-héros, pourrait bien surprendre un spectateur attentif. Derrière son esthétique rétro-futuriste et ses combats cosmiques, le film peut se lire comme une puissante parabole en faveur de la vie dès la conception.
Quatre scènes clés – autant que de héros – laissent entrevoir un message inattendu, voire contre-courant, que certains catholiques y verront comme une forme de plaidoyer anti-avortement.
1. La vie accueillie avec joie
Dès la première scène, l’histoire s’ouvre sur un moment intime : Sue Storm découvre qu’elle est enceinte. Le test de grossesse est positif. Elle partage aussitôt la nouvelle avec son mari Reed Richards. La réaction est celle d’une joie profonde, d’une gratitude presque sacrée. On apprend qu’ils essayaient d’avoir un enfant depuis plusieurs années.
Ce choix d’écriture n’est pas anodin : dans un monde souvent représenté comme cynique ou désenchanté, commencer un blockbuster par l’accueil d’une vie désirée et aimée dès l’annonce de sa conception pose un ton radicalement humain.
2. L’humanité de l’enfant à naître
Plus tard, une scène montre clairement l’enfant dans le ventre de Sue. Les images, presque échographiques mais sublimées par l’imagerie scientifique de Reed, ne laissent pas de place à l’ambiguïté : il ne s’agit pas d’un simple “amas de cellules”, mais bien d’un être humain, complet dans son identité, en devenir.
Le film souligne par des gros plans et une musique douce que la dignité de cet enfant existe déjà, avant même sa naissance. Ce traitement visuel peut être perçu comme un rappel de la valeur intrinsèque de toute vie humaine.
3. Le choix de protéger la vie, quoi qu’il en coûte
Dans une scène centrale, Galactus, l’entité cosmique menaçante, propose un marché : il épargnera la Terre si les parents lui donnent l’enfant à naître. L’offre est terrible – un dilemme digne des tragédies antiques.
Reed et Sue refusent catégoriquement, même si cela semble condamner l’humanité entière. Ce choix est présenté non pas comme un caprice parental, mais comme un acte moral : sacrifier l’innocent pour sauver les autres, c’est déjà perdre ce qui rend l’humanité digne. Ainsi, sauver l’enfant devient le symbole du refus d’instrumentaliser la vie humaine.
4. L’enfant, avenir de l’humanité
Dans la scène finale, l’enfant désormais né intervient pour sauver la vie de l’un des 4 Fantastiques. Cette résolution narrative fait écho à un thème biblique ancien : celui du plus faible qui sauve le plus fort, du petit qui porte en lui l’avenir du monde.
Ce n’est pas un gadget scénaristique, mais l’aboutissement logique de tout ce que le film a construit : les enfants à naître ne sont pas seulement une promesse abstraite, ils sont la force vive qui sauve, transforme et régénère l’humanité.
Un film plus engagé qu’il n’y paraît ?
Même si les scénaristes n’ont peut-être pas voulu faire une déclaration politique explicite, The Fantastic Four: First Stepsoffre, par ces quatre scènes, une lecture possible profondément alignée avec la vision catholique de la vie :
- La vie est un don à accueillir.
- L’enfant à naître est déjà pleinement humain.
- Protéger l’innocent est plus important que toute autre “victoire”.
- L’avenir se construit en sauvegardant les plus fragiles.
Dans un genre cinématographique souvent dominé par le spectaculaire, voir un blockbuster poser la question de la dignité humaine dès la conception est, en soi, un acte… fantastique.
Liturgie et démon de midi
D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:
« L’ennemi le plus dangereux de la foi est la négation. Ce n’est pas l’athéisme. Le véritable ennemi est l’indifférence, l’apathie, l’habitude. C’est la maladie spirituelle de notre temps. Notre foi apparaît souvent hésitante, fragile, inconsistante, peu convaincue et peu convaincante. Liée à tant de conditionnements, à des émotions passagères, à des déceptions, à l’habitude… »
« Les lecteurs contemporains voient dans ces descriptions quelque chose qui rappelle beaucoup le mal de la dépression, tant d’un point de vue psychologique que philosophique. En effet, pour ceux qui sont saisis par l’acédie, la vie perd son sens, prier devient ennuyeux, toute bataille semble dénuée de sens. Même si nous avions nourri des passions dans la jeunesse, elles nous paraissent aujourd’hui illogiques, des rêves qui ne nous ont pas rendus heureux. Alors on se laisse aller et la distraction, l’absence de pensée, apparaissent comme la seule issue : on aimerait être hébété, avoir l’esprit complètement vide… C’est un peu comme mourir par anticipation, et c’est déplorable. » Face à ce vice que l’on sait si dangereux, les maîtres de la spiritualité envisagent divers remèdes. Je voudrais signaler celui qui me semble le plus important et que j’appellerais la patience de la foi. Si, sous le fouet de l’acédie, le désir de l’homme est d’être “ailleurs”, de fuir la réalité, il faut au contraire avoir le courage de rester et d’accueillir dans mon “ici et maintenant”, dans ma situation telle qu’elle est, la présence de Dieu. Les moines disent que la cellule est pour eux le meilleur maître de vie, parce qu’elle est le lieu qui te parle concrètement et quotidiennement de ton histoire d’amour avec le Seigneur. Le démon de l’acédie veut détruire précisément cette joie simple de l’ici et maintenant, cette crainte reconnaissante de la réalité ; il veut te faire croire que tout est vain, que rien n’a de sens, qu’il ne vaut pas la peine de se préoccuper de rien ni de personne. Dans la vie, nous rencontrons des gens « sous l’emprise de l’acédie », des gens dont nous disons : « Mais qu’il est ennuyeux ! » et nous n’aimons pas être avec eux ; des personnes qui ont aussi une attitude d’ennui contagieuse. C’est l’acédie. »
Nous n’avons jamais caché les réserves sérieuses sur un appauvrissement de l’expression liturgique de certaines vérités de foi dans le Novus Ordo
A la veille du pèlerinage de Paris à Chartres, l’association Notre-Dame de Chrétienté a publié un long manifeste “Pour la Vérité, la Justice et la Paix” pour répondre aux polémiques diffusées par certains médias et prélats. Nous avions cité quelques extraits de ce long texte de 6 pages. A l’occasion des congés, nous vous proposons de le lire en intégralité, à tête reposée, en plusieurs parties. 5e partie :
Sur le plan liturgique, nous reconnaissons que la messe dite de Paul VI est le sacrifice du Christ, qu’elle est pleinement valide, et que des saints se sont sanctifiés par elles, à l’exemple de Carlo Acutis que nous avons pris comme patron protecteur l’an passé au pèlerinage, et de tant d’autres saints. Cependant, nous n’avons jamais caché les réserves sérieuses, émises bien au-delà du cadre de notre famille spirituelle, sur un appauvrissement de l’expression liturgique de certaines vérités de foi dans le Novus Ordo ; ni les réserves sur la façon dont s’est réalisée la réforme, qui tient plus de la « construction » que de « l’évolution organique », selon les analyses du cardinal Ratzinger lui-même. Nous ne retrouvons malheureusement pas, dans la liturgie de la messe telle qu’elle se réalise concrètement en bien des lieux, les prescriptions pourtant exigées par la constitution Sacrosanctum Concilium, conservées uniquement dans l’ancien rite. A l’instar de Benoît XVI, « nous sommes convaincus que la crise de l’Église que nous vivons aujourd’hui repose largement sur la désintégration de la liturgie ». C’est aussi l’une des principales raisons pour lesquelles nous avons fait le choix de la liturgie tridentine et de sa valorisation, au pèlerinage. Une partie de nos pèlerins assistent aux deux formes du rite romain ; ils sont investis dans les paroisses, au service de leurs diocèses. Conjointement, une autre partie de nos pèlerins expriment leur réelle difficulté à vivre spirituellement de la nouvelle liturgie et nous font part de leur scandale devant les abus liturgiques auxquels ils assistent encore aujourd’hui, sans pourtant que ces abus paraissent condamnés avec force autorité là où il y aurait le devoir de le faire. Il faut reconnaître simplement que, pour une partie du peuple chrétien, minoritaire certes mais bien réelle, la nouvelle liturgie n’est pas son langage pour parler à Dieu, ni pour l’entendre. Et ce n’est pas par la force que cela changera. Est-ce un drame, lorsque l’on sait qu’il existe, dans l’Église catholique, plus de 20 rites liturgiques différents pour permettre à chacun d’entrer en contact avec le Dieu invisible ? Ici plus qu’ailleurs, l’unité de l’Église n’a jamais eu peur de la diversité.
Nous abordons la page qui s’ouvre avec une immense confiance dans la bonté de notre mère l’Église et dans la sollicitude du Saint Père. Nous sommes convaincus qu’un dialogue vrai, respectueux des personnes et de leur histoire spirituelle, peut porter du fruit. Nous ne voulons pas faire Église à part. Nous demandons simplement à servir l’Église avec notre identité, notre attachement, notre langue maternelle. Comme nous le rappelait régulièrement l’abbé Coiffet, un des aumôniers du pèlerinage, présent en 1988 : « ce n’est pas nous qui sauverons l’Église, c’est l’Église qui nous sauvera ». C’est dans cet esprit que nous avons reçu avec gratitude l’appel du pape Leon XIV aux églises orientales à « préserver vos traditions sans les édulcorer ne serait-ce que par commodité. » Peut-être y-a-t-il là une piste à explorer pour donner à notre famille spirituelle un statut particulier qui permettrait de sortir de l’impasse dans laquelle nous sommes. […]
Nous constatons que l’Église traverse depuis trop longtemps une crise majeure, une crise doctrinale et liturgique
A la veille du pèlerinage de Paris à Chartres, l’association Notre-Dame de Chrétienté a publié un long manifeste “Pour la Vérité, la Justice et la Paix” pour répondre aux polémiques diffusées par certains médias et prélats. Nous avions cité quelques extraits de ce long texte de 6 pages. A l’occasion des congés, nous vous proposons de le lire en intégralité, à tête reposée, en plusieurs parties. 4e partie :
Contrairement à ce qui a été écrit, nous ne posons pas d’interdits liturgiques au pèlerinage : nous en subissons nous-même suffisamment. Mais nous souhaitons que le pèlerinage continue d’être un lieu où la liturgie traditionnelle est aimée et mise en avant, notamment par les cadres, et donc par les prêtres. Cette année encore, plusieurs prêtres nous disent qu’ils sont heureux d’apprendre cette liturgie pour venir au pèlerinage. Nous avons un contact direct avec chacun en amont de leur inscription, et nous leur demandons deux choses : de se mettre au service de tous les pèlerins et non de leurs propres fidèles, pour être tout à tous et pour qu’aucun chapitre ne manque du ministère de la confession, et de valoriser auprès des pèlerins le thème de la chrétienté et la liturgie tridentine. Nous leur demandons de jouer le jeu de l’esprit propre à ces trois journées d’amour et de mise en avant de ces trésors spirituels, et non pas d’essayer de changer le pèlerinage. Nous distinguons bien entre ceux qui ne veulent pas partager ces fondamentaux et ne manifestent pas d’intérêt pour eux – ceux-là ne viennent pas d’eux-mêmes – et ceux qui apprécient sincèrement le pèlerinage et ses piliers mais ne peuvent pas encore célébrer la forme tridentine, soit par manque de temps pour l’apprendre, soit parce qu’ils sont interdits de la célébrer. Pour eux, aussi rares soient-ils, nous avons toujours essayé de trouver des solutions pour exercer l’hospitalité liturgique et leur permettre de venir.
Pour poser des bases saines au dialogue que nous appelons de nos vœux, il faut encore dire ceci. Si nous sommes attachés aux pédagogies traditionnelles de la foi dans leur intégralité, ce n’est pas uniquement parce que nous avons pour elles un attachement viscéral ; mais c’est aussi parce nous constatons que l’Église traverse depuis trop longtemps une crise majeure, une crise doctrinale et liturgique. Il y a là une difficulté dont nous sommes conscients : l’existence des communautés traditionnelles apparaît à certains comme un « reproche vivant » vis-à-vis d’autres méthodes pastorales et liturgiques dans lesquelles on voudrait, de force, nous diluer. Précisons donc les choses. Oui, nous recevons intégralement le Concile Vatican II et le magistère récent de l’Église, nous l’étudions dans nos livrets de formations, nous l’interprétons, selon le vœu de Benoît XVI, à la lumière de la Tradition, rejetant les interprétations erronées que l’on peut faire de certains passages ambigus du texte conciliaire. Nous ne sommes pas de ceux qui souhaitent établir une rupture entre « Église préconciliaire » et « Église postconciliaire ». Nous croyons en la Tradition vivante (que nous ne confondons aucunement avec les traditions humaines), au développement organique du dogme, mais nous savons que l’Église ne peut modifier, au nom du progrès ou de l’adaptation au monde, la doctrine de Jésus sur les points aussi essentiels que la théologie de la messe, la doctrine du sacerdoce, l’indissolubilité du mariage ou la morale catholique. Nous sommes profondément inquiets de voir que le relativisme doctrinal et le progressisme moral continuent de prospérer en de nombreux lieux de l’Eglise aujourd’hui encore. Nombre de nos pèlerins, même dans la très jeune génération, reconnaissent n’avoir rien reçu en formation doctrinale, se considèrent comme des générations sacrifiées, ont l’impression qu’on leur a caché le contenu de leur foi, et viennent trouver au pèlerinage des réponses claires. Le « kaïros » que nous vivons demande que nous ayons le courage de poser un constat lucide sur cette crise de la transmission de la foi qui continue aujourd’hui, et de réfléchir ensemble sur les moyens à mettre en œuvre pour en sortir, car l’unité de l’Église est d’abord une unité dans la foi. […]
9e dimanche après la Pentecôte : Jésus s’étant approché de Jérusalem, voyant la ville, il pleura sur elle
Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir.
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Luc. 19, 41-47. In illo témpore : Cum appropinquáret Jesus Jerúsalem, videns civitátem, flevit super illam…
En ce temps-là, Jésus s’étant approché de Jérusalem, voyant la ville, il pleura sur elle…
Quia domus mea domus oratiónis est. Vos autem fecístis illam speluncam latrónum. Et erat docens cotídie in templo.
Ma maison est une maison de prière ; mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. Et il enseignait tous les jours dans le temple.
Les chants du propre de la messe de ce neuvième dimanche après la Pentecôte sont encore extraits des psaumes, à l’exception cette fois de la Communion. A l’inverse des chants du dimanche précédent, c’est le Graduel qui nous fera entendre une acclamation triomphale à la majesté divine, alors que l’Introït et l’Alléluia sont des prières suppliantes.
► Introït : Ecce Deus
Le texte de l’Introït est tiré du psaume 53, composé par David alors qu’il était poursuivi par des ennemis implacables. Mais cet appel au secours est comme toujours plein de confiance dans la protection divine. Ce psaume est utilisé pendant la semaine sainte, où il est mis dans la bouche du Christ. L’Introït de ce jour commence par un verset exprimant la confiance dans le secours du Seigneur, avant d’implorer sa protection.
Ecce Deus adjuvat me, et Dominus susceptor est animæ meæ : averte mala inimicis meis, in veritate tua disperde illos, protector meus Domine.
Voici que Dieu vient à mon secours, le Seigneur est le soutien de mon âme : détournez les maux sur mes ennemis, dans votre fidélité dispersez-les, Seigneur, notre protecteur.
On voit que la première phrase est une affirmation à la troisième personne de notre confiance en Dieu, exprimée par une mélodie joyeuse et pleine d’allant, tandis que la deuxième phrase passe à la deuxième personne, et devient une prière suppliante, marquée par une mélodie plus tourmentée, surtout la cadence en demi-ton de inimicis meis. Mais on retrouve la confiance à la fin avec une belle courbe calme mais pleine d’assurance sur les mots protector meus. Cet Introït est accompagné bien entendu par le premier verset du psaume 53 :
Deus in nomine tuo salvum me fac : et in virtute tua judica me.
Mon Dieu par votre nom sauvez-moi, et par votre puissance faites-moi justice.
► Graduel : Domine Dominus noster
Entre les supplications de l’Introït et de l’Alléluia, nous allons trouver dans le Graduel du neuvième dimanche après la Pentecôte, une exclamation de louange, d’admiration et de reconnaissance pour le créateur et tous ses bienfaits, sur la terre, univers visible, et dans les cieux, univers invisible. C’est le début du psaume huit.
Domine Dominus noster, quam admirabile est nomen tuum in universa terra ! Quoniam elevata est magnificentia tua super cælos !
Seigneur, notre maître, que votre nom est admirable sur toute la terre ; que votre majesté est élevée au-dessus des cieux !
Pour la sixième fois consécutive en ces dimanches après la Pentecôte, la mélodie de ce Graduel utilise le cinquième mode grégorien, avec des formules typiques qui reviennent souvent et se ressemblent plus ou moins. Mais à chaque fois ces mélodies s’adaptent parfaitement au texte qu’elles doivent servir. Ici on n’a pas au départ un grand élan enthousiaste comme dans l’Introït et l’Alléluia de dimanche dernier ; la mélodie de la première phrase reste d’abord grave, calme et horizontale, exprimant une profonde adoration ; puis elle s’élève en un bel élan d’admiration, précisément sur le mot admirabile, et se poursuit en souples ondulations pleines du bonheur de contempler la splendeur divine.
► Alléluia : Eripe me
L‘Alléluia du neuvième dimanche après la Pentecôte présente un contraste frappant avec le Graduel de cette messe ainsi qu’avec l’Alléluia Magnus Dominus du dimanche précédent. La plupart des Alléluias de ce temps liturgique sont des chants d’action de grâces et des acclamations enthousiastes et triomphales, mais il y a quelques exceptions. Nous avions rencontré dans l’Alléluia du sixième dimanche une prière suppliante mais pleine de confiance. Nous avons cette fois une supplication intense, presque douloureuse. Un Alléluia n’est pas toujours joyeux.
Le texte est le premier verset du psaume 58. Nous avons déjà remarqué que depuis le cinquième dimanche tous les Alléluias ont pour texte le premier verset d’un psaume, et il en sera ainsi tous les dimanches jusqu’au quatorzième dimanche, sans exception.
Eripe me de inimicis meis, Deus meus : et ab insurgentibus in me libera me.
Arrachez-moi à mes ennemis, mon Dieu et délivrez-moi de ceux qui se dressent contre moi.
Ce verset de psaume, où David demande au Seigneur d’abattre les ennemis qui le harcèlent sans cesse, est très utilisé au temps de la Passion dont il est une sorte de refrain ; il y est bien entendu placé dans la bouche du Christ. En ce temps après la Pentecôte, qui représente la longue marche de l’Église depuis les apôtres jusqu’à la fin des temps, il peut être mis dans la bouche de l’Église, c’est tout à fait d’actualité, ou de chaque âme chrétienne en proie aux épreuves et aux tentations. La mélodie est aussi suppliante que le texte. Elle s’étire comme une longue plainte.
Comme cela arrive assez souvent en ce temps après la Pentecôte, nous l’avons déjà constaté au sixième dimanche, et ce sera encore le cas les deux prochains dimanches, l’Offertoire du neuvième dimanche après la Pentecôte est repris à un autre dimanche de l’année. Aujourd’hui nous trouvons celui du troisième dimanche de Carême, méditation aimante et contemplative sur la loi divine et le bonheur qu’il y a à l’observer :
Justitiæ Domini rectæ, lætificantes corda, et dulciora super mel et favum, nam et servus tuus custodiet ea.
Les préceptes du Seigneur sont justes, ils réjouissent les cœurs et sont plus doux qu’un rayon de miel ; aussi votre serviteur les observe-t-il.
Les mots dulciora et ea qui sont au neutre se rapportent au substantif judicia qui figure dans le psaume, mais qui n’est pas repris dans le texte de l’Offertoire. Il est d’ailleurs à peu près synonyme du premier mot de ce texte justitiæ. On notera aussi à la fin, le passage de la troisième à la deuxième personne que l’on rencontre souvent dans les psaumes. Ce texte aurait pu être emprunté au psaume 118, la longue méditation sur la volonté de Dieu et ses commandements que l’on rencontre souvent au cours de l’année liturgique et d’où était tiré l’Offertoire de dimanche dernier.
En fait, celui-ci est pris dans un autre psaume, le psaume 18, dont la deuxième partie résume au contraire les mêmes thèmes en quelques versets très condensés. La mélodie est très calme, paisible et assurée, tournant toujours autour de la même note sur laquelle elle pose notes longues et cadences. Cependant la conclusion est surprenante : au lieu de se terminer sur cette même note, la mélodie descend un demi-ton plus bas, restant en suspens comme un long regard qui ne veut pas finir.
► Communion : Qui manducat
L‘Antienne de Communion du neuvième dimanche après la Pentecôte est le seul chant de cette messe dont le texte n’est pas tiré d’un psaume, mais de l’Évangile. Il ne s’agit d’ailleurs pas de l’Évangile du jour, mais d’un passage célèbre du discours sur le pain de vie, dans l’Évangile de saint Jean qui convient particulièrement bien au moment de la Communion. Le nouveau Graduel publié par Solesmes en 1974 a affecté cette Communion à la fête du Saint Sacrement, où elle est également bien à sa place ; le texte figure d’ailleurs dans le verset d’Alléluia de cette fête.
Qui manducat carnem meam, et bibit sanguinem meum, in me manet, et ego in eo, dicit Dominus.
Qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui, dit le Seigneur.
On sait qu’en entendant ces mots, auxquels ils ne comprirent rien, un grand nombre de disciples se scandalisèrent et partirent. Nous qui savons et avons éprouvé la réalité de ces paroles, nous les répétons avec joie et enthousiasme. La mélodie est légère avec un grand élan qui monte vers les mots sanguinem meum. La deuxième phrase et ego in eo est plus calme et intérieure. C’est vraiment le Christ qui nous parle cœur à cœur.
Accord entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan : de nombreuses questions restent sans réponse
Communiqué de SOS Chrétiens d’Orient :
Hier soir, Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, reçus à la Maison Blanche par Donald Trump, ont signé un premier traité de paix. Ils
« s’engagent à mettre fin à tous les combats pour toujours, à ouvrir le commerce, les voyages et les relations diplomatiques, et à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’autre ».
Cet accord prévoirait la construction d’un corridor spécial qui permettrait à l’Azerbaïdjan rejoindre le territoire du Nakhitchevan. Comme ils l’avaient proposé il y a quelques semaines, les Etats-Unis devraient signer dans les prochaines semaines un accord avec l’Arménie pour la mise en place et la supervision de ce corridor qui pourrait aller jusqu’à une période de 99 ans.
Si la signature de ce premier traité pourrait sembler être une solution de paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, de nombreuses questions demeurent sans réponse :
Aujourd’hui une partie du peuple chrétien suffoque, parce qu’on cherche à entraver la respiration de son âme par une sorte de violation de sa conscience
A la veille du pèlerinage de Paris à Chartres, l’association Notre-Dame de Chrétienté a publié un long manifeste “Pour la Vérité, la Justice et la Paix” pour répondre aux polémiques diffusées par certains médias et prélats. Nous avions cité quelques extraits de ce long texte de 6 pages. A l’occasion des congés, nous vous proposons de le lire en intégralité, à tête reposée, en plusieurs parties. 3e partie :
Le pèlerinage est un lieu, dans l’Église, où des laïcs et des prêtres viennent pour faire l’expérience de cette respiration et de ce langage particuliers dans l’Église. Il n’est d’ailleurs pas que cela : il est aussi une occasion formidable pour 19000 pèlerins de proposer à nos contemporains un témoignage lumineux de la beauté de la foi catholique, de ferveur spirituelle, à travers ses processions, ses adorations, ses confessions, ses messes. Il est aussi un lieu d’amitié chrétienne internationale, de vie de chapitres, de retrouvailles, de dépouillement, de pénitence joyeuse. Il est enfin ce lieu de l’expérience d’une chrétienté, les pèlerins partageant la conviction qu’il est urgent de promouvoir la royauté sociale de Notre Seigneur sur les sociétés temporelles. Il est tout cela à la fois, dans une harmonie qui n’est pas une fin en soi, mais qui n’est en aucun cas secondaire à nos yeux lorsque l’on considère les fruits spirituels qu’elle porte. Certes, on nous le rappelle avec force, les laïcs n’ont pas d’autorité en matière de liturgie. Mais ils demeurent libres en droit de fonder des associations, d’y inviter qui ils souhaitent, et de choisir de valoriser certains thèmes comme moyens privilégiés de mettre en œuvre la finalité de tout apostolat laïc : « le renouvellement chrétien de l’ordre temporel » (Apostolicam actuositatem, 7). Nous citons à dessein ce texte de Vatican II qui reconnaît une juste autonomie de l’apostolat des laïcs et de ses choix d’actions, le protégeant du danger toujours menaçant d’un dangereux cléricalisme. Nous ne trompons personne ; nous n’avons jamais masqué nos spécificités ; et nous savons que ces thèmes sont loin d’être partagés par tous les chrétiens. Mais le pèlerinage de Chartres ne convient pas à tous les chrétiens ! Nous n’avons jamais eu l’audace de nous considérer comme apportant une réponse universelle qui parle à tout le peuple de Dieu. Nous sommes nous-mêmes surpris par l’attractivité de cette œuvre, pourtant si spéciale à de multiples égards. Et fort heureusement, il existe d’autres œuvres dans l’Église, qui valorisent d’autres expressions de la foi, utilisant des moyens qui leurs sont propres et qui ne sont pas les nôtres, mais qui apportent une complémentarité, avec un dynamisme missionnaire ou un élan caritatif qui peut forcer l’admiration. Nous entretenons d’ailleurs avec certaines d’entre elles d’excellentes relations de collaboration, et jamais il n’a été exigé entre nous que, pour travailler ensemble, il fallait être tous pareil et diluer nos particularismes. Car le mystère du Verbe Incarné est trop riche pour être dit en un seul langage ; et, pour reprendre les propos pertinents d’un théologien qui n’appartient certainement pas à notre famille d’esprit, « il n’y a rien de plus contraire à la véritable unité chrétienne que la recherche de l’unification. Celle-ci consiste toujours à vouloir rendre universelle une forme particulière, à enfermer la vie dans une de ses expressions. »
Cette expression particulière de la foi dont nous faisons l’expérience à Chartres est aujourd’hui à nouveau menacée. Aujourd’hui une partie du peuple chrétien suffoque, parce qu’on cherche à entraver la respiration de son âme par une sorte de violation de sa conscience. On sait pourtant les dégâts qui peuvent se produire dans une âme, lorsqu’on veut la priver autoritairement de la médiation connaturelle et sensible à travers laquelle elle a appris à toucher le Dieu invisible : c’est ce qui s’est passé en 1969 par exemple. Rien n’est plus violent, spirituellement, que de s’entendre dire que notre « langue » ne pourra plus désormais être parlée que de façon exceptionnelle au cœur même du pèlerinage de Chartres. Ou de sentir, comme plusieurs nous l’ont affirmé directement, qu’elle est suspecte d’hérésie, que ses sacrements seraient de fait invalides, que la célébration de cette messe devrait être interdite. Car tout cela nous a été dit. En revanche, rarement est reconnue la valeur intrinsèque de la liturgie traditionnelle, et les bienfaits positifs qu’apportent ces pédagogies aux pèlerins l’espace de trois jours. Notre spécificité est masquée, voire niée, considérée comme anecdotique ou accessoire à l’esprit du pèlerinage ou à son succès ; elle serait la fixette d’une vieille génération qui n’est aucunement partagée par la jeune selon le slogan mainte fois entendu : « Les jeunes ne viennent pas pour cela ». Toujours est-il que c’est « cela » que nous proposons pendant trois jours depuis 43 ans, et que nous n’inscrivons personne de force. Nous entendre dire qu’une messe selon le Vetus Ordo peut aisément être remplacée par une messe selon le Novus Ordo en latin, ad orientem, avec de l’encens et du grégorien : cela témoigne douloureusement du peu de considération qui est fait du lien vital et spirituel qui lie harmonieusement les pédagogies traditionnelles de la foi. On nous dit que le pèlerinage sera enfin pleinement « d’Église » lorsqu’il s’ouvrira au Novus Ordo. Nous recevons cela avec la même violence que lorsque l’on dit à une minorité qu’elle sera enfin acceptée par la majorité lorsqu’elle renoncera à sa culture, lorsqu’elle diluera sa richesse pour se fondre dans la masse. Ce que la société civile est parvenue à faire pour protéger l’identité des minorités au nom de la justice naturelle et du respect des personnes et des cultures, nous avons la certitude que l’Église peut aussi y parvenir sans ruiner son unité. […]
La spiritualité chevaleresque : histoire et actualité
”Il y a plus d’une sorte de chevalerie, et les grands coups de lance ne sont pas de rigueur. A défaut d’épée, nous avons la plume ; à défaut de plume, la parole l’honneur de notre vie”.
Sans doute parce qu’elle est liée aux plus profondes racines de la civilisation occidentale, la chevalerie ne cesse de hanter l’imaginaire de nos contemporains, de passionner nos historiens, de motiver nos militaires et nos militants. Et pourtant la spiritualité chevaleresque est largement méconnue. Puisant aux racines des civilisations indo-européenne, grecque, romaine, celtique, et germanique, façonnée par le combat à cheval, le code d’honneur et le rite de l’adoubement, la chevalerie est à la fois une institution et un esprit. Elle a pu prendre des visages variés au fil des époques où elle s’est élaborée puis développée, ce qui permet de dégager les traits essentiels de sa spiritualité qui a quelque chose d’universel. Identifié au Christ cavalier combattant la Bête de l’Apocalypse, et surtout au Christ mourant sur la croix, le chevalier chrétien suivant son code ressemble à un religieux suivant les conseils évangéliques.
Un petit livre qui tombe à pic dans ces temps de reconquête ! Le général Henri Roure dans une préface vigoureuse introduit cet engouement.
Oui, en parcourant tout au long des siècles l’histoire de la chevalerie, cette institution aux racines lointaines, conserve encore aujourd’hui sa richesse et son attrait.
« La raison en est simple, elle lie l’action et la prière, le soldat et le prêtre, la défense d’un pays, d’un peuple, et l’Eglise. Elle porte vers cette dimension supérieure de la vie que l’homme d’aujourd’hui recherche souvent dans ses errances. En conséquence, sa dimension est sacramentelle. Dès son origine l’homme d’arme à cheval qui n’était pas obligatoirement noble, s’engageait par serment à servir son suzerain et l’Eglise. La chevalerie se traduit donc, avant tout, comme un état d’esprit se référant à l’engagement, donc à l’honneur et à la foi. Elle débouche naturellement sur le service de Dieu, par l’Eglise et le prince. La continuité apparaît comme une évidence. Elle est ainsi l’expression organisée de cette élévation à laquelle tout homme peut aspirer.
Le chevalier en conséquence combat pour la vérité de la foi, le salut de la patrie et la défense des chrétiens. L’abbé Pellabeuf, prêtre et ancien aumônier militaire, appartenant à une famille de soldats, est indiscutablement bien placé pour conduire le lecteur à cette idée de permanence de l’idéal chevaleresque. « J’ai pensé au baptême des promotions de Saint-Cyriens » où les hommes s’agenouillent, reçoivent un nom collectif puis s’étant plié à l’adoubement, désormais officiers, se lèvent. » Cette proximité entre l’idéal chevaleresque et le soldat d’aujourd’hui, se retrouve dans ce que le maréchal Lyautey a dénommé de rôle social de l’officier .
Cette puissante démonstration a inévitablement amené l’abbé Pellabeuf à aborder les questions contemporaines. Il le fait avec élégance et tact. La spiritualité chevaleresque pourrait se relever si nous lui redonnons toute sa dimension, le facteur déterminant à la sauvegarde de la France dans un monde ou rôde Satan… Et l’abbé Pellabeuf de conclure son livre : « Le bienheureux Pie IX pensait que la chevalerie n’avait pas dit son dernier mot, on peut le penser aujourd’hui. »
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https://www.livresenfamille.fr/etudes/28976-histoire-et-actualite-de-la-spiritualite-chevaleresque.html
Histoire et actualité de la spiritualité chevaleresque, Abbé Bernard Pellabeuf, Préface du général Henri Roure, Edition Dominique Martin Morin, 132 pages, 14 €
Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.
Victoire contre une nouvelle tentative d’activistes cherchant à faire reconnaître la GPA
Ce 8 août 2025, le Conseil constitutionnel a jugé conforme à la constitution le fait que le conjoint du père biologique d’un enfant obtenu par GPA n’ait pas droit à un congé de paternité. Le Syndicat de la Famille, qui est intervenu dans le cadre de cette QPC, se réjouit d’une décision qui prend en compte la spécificité de la maternité et met en échec une nouvelle tentative de banalisation de la GPA.
Saisie d’une QPC par l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL), le Conseil constitutionnel a entendu les parties le 29 juillet dernier, dont Le Syndicat de la Famille : représenté par Maître Claire Le Bret et Maître Henri de Beauregard, celui-ci s’opposait à l’argument d’inégalité avancé par l’APGL qui voulait obtenir le congé de paternité pour le conjoint d’un homme ayant fait une GPA sur la base d’un parallèle avec le conjoint d’une femme ayant accouché.
Le Conseil constitutionnel a finalement jugé conforme à la constitution le fait que le congé de paternité soit réservé au conjoint de la mère et non accessible au conjoint du père. Avec le congé de paternité, le législateur avait en effet souhaité
« éviter que la mère reste isolée après l’accouchement afin de la soutenir et de protéger sa santé, au cours d’une période pendant laquelle elle est particulièrement vulnérable ».
Le Conseil constitutionnel a écarté toute inégalité, jugeant que la situation des couples d’hommes ayant obtenu un enfant par GPA diffère de celle des couples dont la femme vient d’accoucher.
Le Syndicat de la Famille se réjouit de cette décision, dont les enjeux étaient particulièrement importants :
– Par cette décision, le Conseil constitutionnel constate de facto que l’enfant a été séparé de sa mère, laquelle est absente de sa vie de nouveau-né. C’est ce qui rend inopérante la revendication d’un deuxième congé.
– Cette décision prend également en compte la différence entre les couples homme-femme et les couples d’hommes au regard de la procréation et de la filiation, ce que ne cessent de tenter les militants de la GPA dans leur déni de la réalité humaine.
– Cette décision est aussi une reconnaissance de la spécificité de la maternité, ce qui protège les femmes qui deviennent mère et ce, dans un contexte où des mères sont exploitées, déconsidérées et invisibilisées du fait même de la pratique de la GPA.
En outre, se réjouit Ludovine de La Rochère, présidente du Syndicat de la Famille,
« cette décision met en échec cette nouvelle tentative des promoteurs de la GPA d’obtenir, via cette revendication d’un 2e congé de paternité, une forme de reconnaissance de fait, mais aussi une banalisation de cette pratique inhumaine qui consiste à exploiter une femme pour produire un enfant, lequel est ensuite séparé de sa mère pour toujours. A cet égard, un fait apparaît symptomatique : si le conseil avait donné raison à la QPC de l’APGL, cela n’aurait pas même eu pour effet d’élargir le nombre de bénéficiaires du congé paternité mais d’en supprimer le bénéfice pour tout le monde. »
Cardinal Koch : il serait souhaitable de libérer la messe traditionnelle
Le cardinal Kurt Koch, préfet du dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens, a été interrogé sur kath.net par Michael Hesemann. Extraits :
[…] L’année dernière, nous avons pu nous prévaloir de 20 ans de dialogue œcuménique avec les Églises orthodoxes orientales. Lors de l’assemblée générale de janvier, il était prévu de parler de Marie et de l’adoration de Marie. Cependant, les Églises orientales ne voulaient discuter que de « Fiducia supplicans ». J’ai essayé d’inviter le cardinal Fernández, mais cela n’a pas été possible en raison de l’assemblée plénière de son dicastère. Plus tard, il s’est rendu au Caire et y a personnellement parlé au patriarche. Nous avons alors décidé de tenir des réunions séparées au début de cette année : les catholiques et les orientaux entre eux. J’attends maintenant les rapports dans l’espoir de pouvoir reprendre le dialogue.
En ce qui concerne « Fiducia supplicans », le dicastère est responsable de la doctrine de la foi. Il y avait aussi de grandes réserves du côté catholique, en particulier des évêques africains. Ils ne voient pas seulement « Fiducia supplicans » en ce qui concerne les relations homosexuelles, mais pensent aussi à d’autres relations non canoniques, en particulier la polygamie, ce qui est absolument inacceptable pour eux.
Récemment, une conférence s’est tenue à Vienne au cours de laquelle la question du soi-disant grand schisme entre l’orthodoxie et l’Église catholique de 1054 a été discutée. Était-ce un schisme ou plutôt un accroissement de la séparation ? Comment commenteriez-vous cela ?
Il faut supposer que les excommunications de 1054 n’étaient pas une excommunication des Églises. Le cardinal Humbert von Silva Candida a excommunié le patriarche Michael et le patriarche a excommunié le cardinal. Selon la conviction catholique, les excommunications se terminent par la mort des personnes concernées. Il ne s’agissait donc pas d’excommunication des Églises en tant que telles. Cela a peut-être été quelque peu mal compris en 1965, lorsque le pape Paul VI et le patriarche Athénagore ont annulé les excommunications de 1054 […]
Dans son discours devant les Églises orientales, le pape Léon a souligné l’importance de la diversité des liturgies. Il existe également une certaine diversité au sein de la tradition catholique romaine, à savoir la « vieille » messe tridentine et la messe régulière post conciliaire, le Novus Ordo. Comme on le sait, le pape François n’était pas un ami de l’ancienne messe tridentine et l’a fortement limitée. Pensez-vous que le pape Léon sera à nouveau plus ouvert et qu’il pourrait à nouveau impliquer davantage les pratiquants de la liturgie traditionnelle?
Je n’en ai pas parlé au pape Léon et je ne veux pas susciter de faux espoirs. Personnellement, j’apprécierais que nous puissions trouver un bon moyen ici. Le pape Benoît XVI a montré une voie utile en soulignant que quelque chose qui a été pratiqué pendant des siècles ne peut pas être simplement interdit. Cela m’a convaincu. Le pape François a choisi une voie très restrictive à cet égard. Il serait certainement souhaitable d’ouvrir à nouveau la porte désormais fermée. […]
Le pape Léon a déjà parlé de synodalité dans son premier discours à la loggia de la basilique Saint-Pierre – un terme que nous connaissons bien des Églises orthodoxes. Les Allemands associent ainsi leur « voie synodale », ce que le pape Léon ne voulait certainement pas dire. Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs la différence entre la synodalité telle que le pape Léon la comprend et la « voie synodale » des évêques allemands ?
Le pape Léon a lui-même donné la clé dans son discours en disant qu’il était un élève de saint Augustin. Augustin a utilisé le mot lors de son ordination épiscopale : « Avec vous je suis chrétien, pour vous je suis évêque. » Tout le concept de synodalité réside dans cette tension entre le « être avec vous » en raison du baptême et le « être pour vous » en raison de la consécration.
La synodalité n’est pas une opposition à la hiérarchie, mais les deux se conditionnent mutuellement. Il n’y a pas de synodalité sans primauté et pas de primauté sans synodalité. Le pape François a toujours souligné que la synodalité n’est pas du parlementarisme. Le prototype de la synodalité est le Saint-Esprit. Dans cette ligne, le pape Léon continuera également. Dans son discours, il a également précisé qu’il s’agissait avant tout d’une Église missionnaire et donc synodale. Car la synodalité est au service de la mission.
Pensez-vous que le pape Léon XIV est un ami de l’orthodoxie ?
Oui, on peut le dire. Cela a également été démontré dans son discours devant les Églises orientales catholiques Il a une relation intérieure avec le monde oriental. Ce qu’il a dit sur les Églises orientales catholiques s’applique également de manière analogue aux Églises orthodoxes orientales. […] Avec les Églises orthodoxes orientales et orthodoxes, nous avons beaucoup en commun dans la foi et la compréhension de l’Église. La question centrale est celle du siège de Pierre. Là aussi, il y a une bonne base de départ, car les orthodoxes reconnaissent un ordre de priorité des sièges épiscopaux dans lequel Rome est premier. Mais la question ouverte est de savoir quelles sont les compétences de l’évêque de Rome – s’agit-il d’une pure primauté d’honneur ou y a-t-il des tâches et des droits spécifiques ? En 1995, le pape Jean-Paul II a invité toutes les Églises chrétiennes à trouver ensemble une pratique de la primauté, afin que la fonction pétrinienne ne soit plus un obstacle, mais une aide sur la voie de l’unité. L’année dernière, notre dicastère a publié un document à ce sujet, qui a été envoyé à toutes les églises chrétiennes. Une fois que nous aurons reçu les réponses, nous créerons une synthèse et discuterons avec le pape Léon de la suite.
Les orthodoxes ne sont pas toujours d’accord entre eux, par exemple en ce qui concerne la primauté d’honneur. Comment cela affecte-t-il le dialogue avec Rome ?
C’est en effet un gros problème. Alors que nous cherchons l’unité avec les orthodoxes, de nouvelles divisions apparaissent au sein de l’orthodoxie, par exemple en ce qui concerne l’explication de l’autocéphalie de l’Église orthodoxe en Ukraine. Cette question est controversée au sein de l’orthodoxie. Mais pour notre dialogue œcuménique, il est crucial que nous le menions avec toutes les Églises orthodoxes canoniques, comme le souhaitent les Églises orthodoxes elles-mêmes.
Comment voyez-vous les chances que Rome puisse agir comme médiateur dans les divisions de l’orthodoxie ?
Ce n’est pas facile. Même avant la guerre en Ukraine, les relations entre Moscou et Constantinople étaient difficiles. Avec la guerre, la situation est devenue beaucoup plus difficile. Rome ne peut agir en tant que médiateur que si les différents acteurs du conflit le souhaitent. Pour le moment, ça n’en a pas l’air.
Accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan
Donald Trump a annoncé un accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, qui prévoit le contrôle du corridor du Zanguezour par les États-Unis. Analyse de Tigrane Yégavian dans Conflits :
Que pourrait apporter à Washington le contrôle du « corridor de Zanguezour » ?
1. L’encerclement de l’Iran et l’affaiblissement de sa position géo-économique
La création du « corridor de Zanguezour » s’inscrit pleinement dans la logique de la célèbre « méthode de l’anaconda » de Mahan. Combiné au « corridor de David » et au « canal Ben Gourion », il pourrait paralyser le système de transport iranien :
Le corridor de David frappe l’Iran par l’ouest, en assurant à Israël un accès direct au Kurdistan irakien.
Le canal Ben Gourion réduit considérablement la dépendance des pays du Golfe vis-à-vis du détroit d’Ormuz, de facto contrôlé par l’Iran.
Le corridor de Zanguezour entrave la communication Russie-Iran-Inde dans le cadre du corridor Nord-Sud, affaiblissant le rôle de l’Iran dans les chaînes de transit internationales.
2. Contenir la Chine en s’assurant une position dans le « corridor central » de la « Belt and Road Initiative »
Le contrôle du corridor de Zanguezour permettrait à Washington de renforcer sa présence dans le « corridor central », composante de l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route ».
Cela offrirait au deep state américain un double avantage :
a) freiner l’expansion de l’influence chinoise en Asie centrale et au Proche-Orient ;
b) garantir sa présence dans les communications Europe-Caucase-Asie, limitant ainsi l’autonomie géo-économique de l’UE.
Ce dernier aspect est particulièrement important dans le contexte de la politique européenne de diversification énergétique, qui à terme pourrait nuire à Washington : les États-Unis cherchent à se positionner comme un fournisseur clé d’hydrocarbures sur le marché européen.
3. Évincer la Russie
Le contrôle du corridor s’intègre dans une stratégie visant à former un axe antirusse en : rompant le lien stratégique Russie-Iran, excluant le facteur russe des infrastructures critiques régionales, et redéfinissant l’orientation politico-économique de l’Arménie.
Dans ce cadre, on observe : le ciblage des entreprises opérant en Arménie avec des capitaux russes, la mise à l’ordre du jour d’un projet expérimental de réacteur nucléaire modulaire américain, enfin la réécriture de l’histoire des relations arméno-russes.
Reportages : L’objectivité absolue n’existe pas
Clémence Dibout, grand reporter à BFM TV, a été interrogée dans Conflits sur ses reportages en zone de guerre. Extrait :
L’information peut-elle rester objective dans un conflit ?
L’objectivité absolue n’existe pas. On a toujours accès à un réseau ou une brigade en particulier. Si on a accès à un camp, c’est que quelqu’un a un intérêt à nous y emmener. Il faut juste en être conscient. Même les démocraties cherchent à contrôler le récit. Être totalement seul sur une ligne de front n’est ni professionnel ni souhaitable. On accompagne une armée régulière, parfois même un groupe terroriste… Ce n’est pas du bénévolat ni de la grandeur d’âme, c’est une logique d’accès à l’info. Notre travail, c’est aussi de comprendre pourquoi on nous montre telle chose à tel moment.
Le statut de journaliste protège-t-il encore ?
Plus autant. L’idée – c’est pourtant toujours vrai – que les journalistes sont des observateurs extérieurs au conflit prévalait avant. Ça n’est plus le cas. On influence le récit, donc on devient pour les belligérants une partie du conflit. Donc une cible. En Ukraine, en février 2023, mon équipe et moi nous sommes fait tirer dessus par des chars alors qu’on venait d’arriver. On avait les gilets “PRESS”, mais on ne saura jamais s’ils ont tiré parce qu’on était journalistes. C’est devenu très difficile. […]
Idées reçues sur l’Inquisition
Le P. Cyrille, moine de l’abbaye du Barroux, s’appuyant sur l’histoire, les archives ainsi que sur les meilleures et plus récentes études concernant l’inquisition, écrit sous forme de lettres adressées à son ami « Joris », aux légendes noires qui ne cessent de polluer la véritable histoire.
Dans Le Figaro Histoire, Isabelle Schmitz a écrit une belle recension de cet ouvrage :
On a peu approfondi en quoi consistait cet « attachement » aux pédagogies traditionnelles de la foi
A la veille du pèlerinage de Paris à Chartres, l’association Notre-Dame de Chrétienté a publié un long manifeste “Pour la Vérité, la Justice et la Paix” pour répondre aux polémiques diffusées par certains médias et prélats. Nous avions cité quelques extraits de ce long texte de 6 pages. A l’occasion des congés, nous vous proposons de le lire en intégralité, à tête reposée, en plusieurs parties. 2e partie :
« Vous ne pouvez pas être dans la communion de l’Église, si vous n’adoptez pas le Novus Ordo, partiellement ou totalement. Dura lex, sed lex. Rentrez dans le rang : l’Église a parlé, obéissez. » Mais nous avons souvenir, quant à nous, d’une autre parole, certaine, de l’Église, qui plus est une promesse, dans laquelle notre famille spirituelle a mis toute sa confiance. En 1988, alors que Mgr Lefebvre sacrait quatre évêques contre l’avis de Rome, les laïcs organisateurs du pèlerinage de Chrétienté ont pris la décision profondément douloureuse de s’écarter de cette voie pour rester unis de façon visible au Saint-Siège. C’est au nom de l’unité de l’Église, qu’on nous accuse aujourd’hui de mettre à mal, que ces laïcs et ces prêtres, profondément attachés aux pédagogies traditionnelles de la foi, se sont tournés vers le saint pape Jean-Paul II. Ce jour-là, le Saint Père leur a dit que leur attachement était « légitime » ; il a évoqué la beauté et la richesse de ce trésor de l’Église ; et pour faire honneur à cette démarche filiale, il a fait la promesse de garantir et de protéger, de manière large et généreuse, les aspirations des fidèles attachés aux formes liturgiques et disciplinaires antérieures de la tradition latine, sans aucune contrepartie d’ordre liturgique, sinon de reconnaître le Concile Vatican II et la validité du Novus ordo. L’Église catholique, prenant en considération les personnes, et leur histoire, nous a dit que nous sommes en communion avec l’Église en faisant le choix de la liturgie tridentine comme chemin véritable de sanctification. Nous ne pouvons douter de cette parole, dont la valeur demeure car elle dépasse les douloureuses contingences historiques de 1988.
Aujourd’hui encore, malgré les vexations multiples, notre famille spirituelle conserve une paisible espérance dans cette parole de l’Église, de qui elle a appris qu’en justice naturelle, pacta sunt servanda (la parole donnée doit être tenue). On nous dit que nous avons rompu le pacte, en durcissant nos positions, en refusant les mains tendues. Mais depuis 1988, nous n’avons rien changé de ce délicat équilibre entre fidélité envers le Siège de Pierre et attachement aux pédagogies traditionnelles de la Foi.
On a peu approfondi en quoi consistait cet « attachement » aux pédagogies traditionnelles de la foi. Certains le minimisent, le réduisant à une sensibilité, à une catégorie politique, à une nostalgie craintive ou une peur de la modernité qui passera avec le temps et la génération suivante. D’autres l’exagèrent, nous reprochant de faire de la liturgie une fin en soi, ou de l’instrumentaliser telle une arme au service d’un combat. Nous savons bien pourtant, nous pèlerins, que la fin c’est le Ciel, qu’il ne faut pas confondre le but d’avec la route qui y conduit, et qu’il y a plusieurs chemins qui mènent au Sanctuaire de tout repos. Mais nous croyons en l’importance des médiations dans l’ordre du Salut, en la valeur intrinsèque de celles-ci. Nous croyons en la liberté des enfants de Dieu pour user, selon leurs besoins et leur prudence, des richesses que l’Église leur propose depuis 2000 ans. Or, pour notre famille spirituelle, la liturgie traditionnelle est purement et simplement le milieu surnaturel de notre rencontre avec le Christ. Ses mots, ses sacrements, sa messe, ses offices, sa catéchèse ont été pour beaucoup d’entre nous la matière première de notre foi, le vecteur de la grâce, l’expression instinctive de notre relation à Dieu : en un mot, notre langue maternelle pour parler au Seigneur, mais aussi pour l’entendre. Pour d’autres, ces harmoniques ont été la cause, seconde mais providentielle, d’une conversion, ou d’un renouvellement radical de la foi. Pour beaucoup de prêtres, cette liturgie est devenue “viscérale”, au sens biblique, pénétrant de façon totalisante chaque fibre de leur être sacerdotal. Il n’est pas question-là de vague sentimentalité esthétique, mais de vie, de respiration, d’expression incarnée de la foi. Qui croit que le christianisme est une religion de l’Incarnation comprend que ces médiations ne sont nullement accidentelles, accessoires ou interchangeables à coup de décrets et d’interdits. […]
Mgr Bux publie une lettre de Benoît XVI sur sa renonciation
« Dire que dans ma renonciation j’aurais laissé “seulement l’exercice du ministère et pas aussi le munus” est contraire à la doctrine dogmatique-canonique claire (…) Si certains journalistes parlent de “schisme rampant” ils ne méritent aucune attention ».
Ainsi a écrit le pape émérite Benoît XVI dans une lettre du 21 août 2014 à Mgr Nicola Bux, qui l’avait interrogé sur les doutes et les perplexités qui avaient accompagné sa renonciation au pontificat l’année précédente.
Le texte intégral de ce document est publié pour la première fois en annexe au livre « Réalité et utopie dans l’Église » écrit par Nicola Bux lui-même avec Vito Palmiotti.
Benoît XVI, répondant aux objections qui lui sont présentées, juge « entièrement » valable la renonciation d’un pape et « fondé » le parallélisme « entre l’évêque diocésain et l’évêque de Rome en référence à la question de la renonciation ». Il défend également le droit d’un Pontife de parler et d’écrire en dehors du « bureau du Pape », comme il l’a fait lui-même en continuant à écrire des livres pendant le pontificat, comme les volumes consacrés à Jésus, qu’il considère comme « une mission du Seigneur ».
Cette lettre de Benoît XVI, dont on connaissait l’existence mais qui n’avait jamais été publiée par Mgr Bux, permet de comprendre l’état d’esprit du pape émérite concernant son renoncement et l’institution du pontificat émérite, mais encore plus généralement sa vision théologique de la papauté.
Dans le livre, la copie de la lettre est présentée avec le texte de la lettre que lui avait envoyée Mgr Nicola Bux, dans laquelle sont recueillies certaines objections à la renonciation et au risque relatif de « désacralisation » de la papauté ; et en conclusion, il y a aussi quelques évaluations critiques sur les réponses offertes par le pape émérite.
Benoît XVI est également l’un des protagonistes du livre, dont la correspondance avec Mgr Nicola Bux est précisément un appendice. Il s’agit d’une analyse originale de la crise de foi qui traverse l’Église, en comparant le sain réalisme de Jean-Paul II et du pape Ratzinger avec l’utopisme du pape François.
L’utopie est en effet une tentation qui afflige l’Église depuis la période post-conciliaire et a repris de la vigueur avec le pontificat du pape François après l’enseignement et l’action pastorale de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Les auteurs attribuent à l’utopisme les déviations doctrinales évidentes de l’exhortation post-synodale Amoris Laetitia et de l’encyclique Fratelli tutti, dans laquelle le Christ n’est plus le fondement ni du mariage ni de la fraternité humaine.
Il s’agit donc d’une brève étude très utile pour comprendre ce qui s’est passé dans l’Église au cours de ces décennies et pour comprendre la dynamique actuelle.
Des hosties consacrées volées à Thillois, dans le diocèse de Reims
Munis d’un pied-de-biche, le ou les auteurs ont forcé le tabernacle de l’église de Thillois dans lequel était rangé le ciboire. Le vol a été commis le samedi 2 ou dimanche 3 août, pendant les heures d’ouverture de l’église.
Il y avait une vingtaine d’hosties consacrées.
Une plainte a été déposée.
L’Union européenne responsable de l’incendie dans l’Aude ?
Plus de 15 000 hectares ont brûlé en moins de 24 heures – l’équivalent de la superficie de Paris – dans l’Aude. L’abbaye de Lagrasse a échappé de peu au drame.
Cette catastrophe, qui a fait un mort, un disparu et neuf blessés, est la conséquence de décisions technocratiques.
En octobre dernier, le député RN Christophe Barthès avait pourtant prévenu les incapables qui nous gouvernent :
Le 15 octobre 2024, nous avions prévenu, et nos gouvernants n’ont pas voulu nous entendre : la vigne est le meilleur Canadair au monde, et sans vigne, l’Aude serait en proie à des incendies. pic.twitter.com/gGqJDySEKl
— Christophe Barthès (@BarthesChristop) August 6, 2025
Depuis octobre 2024, le gouvernement français exécute un programme d’arrachage baptisé “Arrachage Ukraine”, financé par l’Union européenne sous prétexte de réguler la surproduction viticole. Ce programme incite les viticulteurs à détruire jusqu’à 30 000 hectares de vignes en France contre 4 000 euros par hectare, sans aucun plan de reconversion cohérent.
L’Aude, département le plus touché, a vu disparaître près de 5 000 hectares de vignes – soit 7 à 8% de son vignoble. Ces terres, abandonnées après arrachage, se transforment rapidement en friches envahies de broussailles et de végétation sèche, créant un carburant parfait pour les incendies.
Les vignes constituaient un coupe-feu naturel efficace. Bien entretenues, espacées et peu inflammables, elles ralentissaient naturellement la propagation des flammes. “Les vignes ralentissent l’avancée des flammes”, confirme Éric Brocardi, porte-parole des pompiers.
Cette disparition brutale a créé des kilomètres de friches continues où les flammes peuvent désormais courir à plus de 6 km/h sans interruption.
Philippe Monziols, du Syndicat des vignerons de l’Aude, dénonce depuis des mois cette politique suicidaire : “On a arraché énormément de vignes et on a énormément de feux. C’est pas une coïncidence.”
L’étatisme de la bureaucratie bruxelloise illustre cette théorie incapacité à œuvrer pour le bien commun. Au nom du principe de subsidiarité il faut rendre le pouvoir aux collectivités locales.
L’arrachage de 2024-2025 n’était que le début. Une nouvelle vague de destruction est programmée pour 2026…
La Croix soutient Marine…
Marine Rosset évidemment, militante LGBTXYz et d’extrême gauche, démissionnaire des pseudos scouts de France. Pas étonnant de la part du quotidien La Croix gommée.
A propos de Marine Rosset, ce menteur de Pierre Moscovici a osé affirmer qu’elle n’est pas candidate et qu’elle a donc démissionné suite à une épouvantable cabale des méchants crypto fascistes.
Sauf qu’elle est bien candidate suppléante à une législative partielle.
Elle n’est pas candidate cette fois, Éric, et elle l’avait déjà été lorsqu’elle a été élue! Et ça sent le prétexte par ailleurs.
— Pierre Moscovici (@pierremoscovici) August 6, 2025
La mutation exigée depuis quatre ans aux « traditionalistes »
A la veille du pèlerinage de Paris à Chartres, l’association Notre-Dame de Chrétienté a publié un long manifeste “Pour la Vérité, la Justice et la Paix” pour répondre aux polémiques diffusées par certains médias et prélats. Nous avions cité quelques extraits de ce long texte de 6 pages. A l’occasion des congés, nous vous proposons de le lire en intégralité, à tête reposée, en plusieurs parties. 1ère partie :
Les questions soulevées récemment à propos de l’usage liturgique du Vetus Ordo (ou liturgie tridentine) au pèlerinage de Chrétienté sont l’occasion d’apporter un éclairage sur l’histoire et l’esprit de notre pèlerinage, et plus largement de notre famille spirituelle attachée « aux formes liturgiques et disciplinaires antérieures de la tradition latine1 ». Nous regrettons que cette polémique ait été lancée à quelques jours du pèlerinage, des exigences inédites nous parvenant alors que toutes nos équipes sont à l’évidence dans une période d’intense activité pour achever les ultimes préparatifs de ce grand événement spirituel. Nous regrettons surtout qu’elle puisse brouiller le message essentiel que le pèlerinage se propose d’apporter à nos contemporains, à savoir ce magnifique témoignage public de foi, joyeux et pénitent, d’une chrétienté portée par l’espérance du Règne du Christ et avide d’annoncer le Christ dans un monde qui s’éloigne de Lui. Nous regrettons que des demandes d’entretiens proposées depuis des mois n’aient pu aboutir. Cette absence de dialogue franc et direct nous inquiète. De nouvelles restrictions, qui n’avaient jamais été imposées depuis le Motu Proprio Traditionis Custodes, sont aujourd’hui mises en avant, sans attendre les orientations du nouveau pontificat sur ce chantier délicat qu’est la place de la liturgie tridentine dans l’Église, car c’est bien de cela dont il s’agit. Mais peut-être vivons-nous en effet un « kaïros », un moment particulier à saisir, pour dépasser les vaines querelles et rechercher ensemble la paix qu’invoquait le pape Léon XIV le jour de son élection, fruit du Saint-Esprit qui sait franchir les impasses apparentes, « guérir ce qui est blessé, assouplir ce qui est raide, rendre droit ce qui est faussé » (Séquence de la Pentecôte). C’est le vœu sincère que formule l’association Notre-Dame de Chrétienté en développant les réflexions suivantes.
Une certaine simplification médiatique laisse à croire que toute la question se résumerait à autoriser ou non certains prêtres à célébrer le Novus Ordo pour leurs messes personnelles au pèlerinage. Mais en fait, ce n’est pas d’abord de cela dont il s’agit. Les courriers reçus par l’association sont très clairs : il nous est demandé de transformer en profondeur l’esprit de notre pèlerinage traditionnel, en faisant du Novus Ordo la norme, et du Vetus Ordo l’exception tolérée, soumise à l’autorisation de l’évêque du lieu ou du dicastère pour le culte divin. Or, c’est cette même mutation qui est exigée depuis quatre ans à toute notre famille spirituelle que l’on désigne (assez mal d’ailleurs) par le mot de « traditionalistes ». Car il faut replacer cette récente polémique, qui peut sembler anecdotique pour beaucoup, dans la perspective d’autres évènements que nous avons refusé de médiatiser pour ne pas durcir le dialogue que nous espérons avoir avec les autorités hiérarchiques. Cette année, pour le pèlerinage de Chartres comme pour de nombreux pèlerins venus de toutes nos provinces, des restrictions à l’usage de la liturgie tridentine se multiplient pour endiguer l’élan formidable des apostolats qui veulent œuvrer au service de l’évangélisation missionnaire des régions de France. L’accès à certains sacrements selon l’ancien rituel est limité voire interdit dans une partie des diocèses. Bien sûr, la portée de ces restrictions varie, selon la bienveillance de l’évêque du lieu, preuve en est qu’une lecture tolérante de Traditionis Custodes est possible. Mais dans certains diocèses pleuvent les décrets et les interdits, selon une application ultra-restrictive du Motu Proprio, avec une froideur juridico-canonique bien éloignée du « soin pastoral et spirituel des fidèles » qu’évoque ce même texte (art 3, § 4). Ce que l’on nous dit aujourd’hui en fait, c’est que la liturgie tridentine, en son unité rituelle, sacramentelle et spirituelle est un mal, une anomalie, dont il faut que l’Église guérisse et se purifie.
La Russie ne sait pas comment terminer cette guerre
Certains s’étonnaient que le général Burkhard, alors chef d’état major des armées, affirme que la Russie pourrait connaître une victoire tactique mais une défaite stratégique. Après 3 années et demi de combats, le journaliste Jean-Dominique Merchet, généralement bien informé dans les milieux militaires, affirme dans L’Opinion que selon les dirigeants russes :
l’invasion de l’Ukraine en 2022 a été « une énorme connerie » dont ils ne savent pas comment s’en sortir. L’opération militaire spéciale de Vladimir Poutine a échoué dès les premiers jours et a plongé la Russie dans une vraie guerre. Or, on ne voit, pour l’heure, aucune issue, malgré les ofres de paix de Donald Trump.
Selon une source très informée sur la réalité russe, qui souhaite rester anonyme, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov aurait même récemment avoué, lors d’une réunion à huis clos dans la région de Moscou, qu’« on a créé en Ukraine un monstre pire que la Pologne [l’ennemi héréditaire de la Russie] dont on ne sait plus quoi faire ». Au-delà des slogans sur la « dénazification » et l’affirmation de Vladimir Poutine selon laquelle Russes et Ukrainiens forment « un seul peuple », la direction russe constate que les Ukrainiens résistent à leur domination les armes à la main.
Sur la longue durée, la perspective d’une Ukraine nationaliste et anti-russe, puissante militairement et alliée de l’Occident, inquiète les cercles dirigeants à Moscou. Ils envisagent même une Ukraine dotée de missiles à longue portée et d’armes nucléaires. Un cauchemar pour les Russes. « Ils sont coincés » constate notre source. Le déploiement d’un contingent militaire européen, proposé notamment par la France, est une « ligne rouge » pour Moscou: « Pas question pour eux d’accepter des troupes de l’Otan » que Moscou considère comme la menace principale.
Méconnue en Occident, cette inquiétude pourrait expliquer le refus du Kremlin d’accepter les propositions de cessez-le-feu et de paix de Donald Trump. « Ils veulent la capitulation [de l’Ukraine] ou rien », assure notre source, selon laquelle le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov défend cette ligne dure, contrairement aux élites économiques ou au SVR, le service de renseignement extérieur, plus modéré. « L’offre de paix de Trump a fait l’objet de débats internes. Ils ont beaucoup hésité avant de refuser finalement. Pour Vladimir Poutine, le gel de la situation n’est pas une victoire. » Or, le Kremlin la veut, cette victoire. « Il estime que ce n’est pas le moment d’arrêter » alors que la dynamique militaire sur le terrain lui est plutôt favorable […]
6 août 1945, Hiroshima le compte à rebours – Les 116 jours qui ont changé le cours de l’histoire
1945-2025 il y a 80 ans, le monde basculait.
12 avril 1945, J-116 : Harry Truman, le Vice-président des Etats-Unis, reçoit un appel : Franklin D. Roosevelt est mort. Aux commandes de la première puissance mondiale, il découvre le projet Manhattan, mis en place pour développer la bombe atomique.
8 mai 1945, J-90 : Harry Truman annonce la capitulation de l’Allemagne. La guerre en Europe est terminée, mais le Japon continue de lutter.
28 mai 1945, J-70 : La pression monte pour Robert Oppenheimer, directeur scientifique du projet Manhattan : la bombe doit être testée avant la conférence de Potsdam, qui réunira Harry Truman, Winston Churchill et Joseph Staline, pour obtenir la capitulation du Japon.
16 juillet 1945, J-21 : Au Nouveau-Mexique, un spectaculaire champignon atomique s’élève à près de 12 000 mètres d’altitude. Le premier essai nucléaire est réussi.
28 juillet 1945, J-17 : Le Japon rejette l’ultimatum des Etats-Unis.
4 août 1945, J-2 : Hideko Tamura, 10 ans, attend avec impatience de rentrer chez elle à Hiroshima après des mois passés loin des attaques aériennes.
6 août 1945, 7 h 05 : le colonel Paul Tibbets se prépare à décoller à bord d’Enola Gay.
6 août 1945, 2 h 15 : l’équipage d’Enola Gay apprend ce qu’il transporte.
6 août 1945, 8 h 15 : Un éclair inonde l’avion d’une lumière blanche. Un gigantesque champignon nucléaire s’élève au-dessus de la ville qui est « anéantie. Trois jours après, une deuxième bombe atomique est larguée sur la ville de Nagasaki. Ces deux bombes portent un coup final à l’empire du Japon qui capitulera le 2 Septembre 1945. La seconde Guerre Mondiale est terminée, Les Etats-Unis sont alors propulsés au rang de super puissance. Et le XX° siècle vivra dans un régime de guerre froide, paralysé par la peur d’une nouvelle attaque atomique…
L’humanité ne sera plus jamais la même.
Stephen Vallet dans l’Homme Nouveau du 30 mai 2025 nous donne une recension intéressante. ” Il y aura quatre-vingts ans le 6 août prochain, la première bombe atomique au monde explosait au-dessus de la ville japonaise d’Hiroshima. Le 9 août suivant, une seconde bombe ravageait Nagasaki, faisant là aussi des milliers de morts, et détruisant tout l’environnement
Les deux auteurs de ce livre sont des journalistes qui savent merveilleusement faire vivre leur sujet, celui-ci fût-il aussi tragique que le déchaînement atomique. Ils débutent leur récit au moment où Harry Truman succède au président Roosevelt qui vient de mourir. C’est alors qu’il découvre le projet de fabrication d’une arme atomique.
Jour après jour, Chris Wallace et Mitch Weiss plongent leur lecteur dans les conciliabules militaires ou politiques, le font vivre dans le centre de recherche le plus secret au monde ou participer aux négociations entre Alliés, jusqu’à la décision finale du président Truman d’ordonner l’utilisation de la bombe atomique. Minute par minute, le lecteur suit enfin l’équipage dans sa mission sur Hiroshima. Très vivant et documenté, cet ouvrage n’en balaie pas moins un peu facilement les considérations morales et épouse sans recul ni regard critique la thèse du jusqu’auboutisme japonais. Dommage !
Plus d’informations et commandes sur LIVRES EN FAMILLE :
https://www.livresenfamille.fr/deuxieme-guerre-mondiale/28781-hiroshima-le-compte-a-rebours-les-116-jours-qui-ont-change-le-cours-de-l-histoire.html
Hiroshima, le compte à rebours, de Chris Wallace et Mitch Weiss, Editions Alisio, 384 pages, 23.90 €
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Scouts de France : Marine Rosset se met en retrait de la présidence
Présidente des Scouts et Guides de France depuis juin 2025, Marine Rosset a été confrontée dès le mois suivant à une situation politique inattendue : l’annonce d’une élection législative partielle dans la 2ᵉ circonscription de Paris, à laquelle elle est liée en tant qu’élue locale et ancienne candidate.
Par ailleurs son militantisme LGBT faisant tâche dans un mouvement que se veut catholique, Marine Rosset a souhaité démissionner de la présidence des Scouts et Guides de France. Le conseil d’administration a pris acte de cette décision.
Pour accompagner cette période, une gouvernance collégiale a été élue par le conseil d’administration. Elle est composée de Pierre Monéger, président, et de Julie Lefort et Charles Le Gac de Lansalut, vice-présidents.
Marine Rosset reste membre du bureau associatif aux côtés de la nouvelle présidence.
L’épiscopat est, d’une certaine façon, la pire chose qui me soit arrivée
Extrait d’un entretien donné par Mgr Macaire, dominicain de la province de Toulouse, archevêque de la Martinique, à La Nef :
On ne cesse pas d’être dominicain quand on devient évêque. On l’est même un peu plus. D’abord parce que c’est au nom de l’obéissance qu’on est évêque. Jamais, le vœu d’obéissance que j’ai prononcé jadis au couvent de Marseille en 1995, n’a été aussi présent dans ma vie que pendant ces dix ans. Je reconnais que j’ai eu une vie (enfance, adolescence, vie professionnelle, vie religieuse) relativement idyllique. J’étais très conscient comme dominicain que j’étais en train de « manger mon pain blanc » dans la vie conventuelle et qu’un jour je devrais sacrifier ce bonheur.
Avouons-le franchement… l’épiscopat est, d’une certaine façon, la pire chose qui me soit arrivée. Mais il faut bien que l’Église demande ce sacrifice à certains ! Oui, mon regard a changé sur l’Église et sur le clergé. Je suis à la fois bien plus conscient de l’action de l’Esprit Saint dans l’Église, plus clairvoyant sur les faiblesses humaines de l’institution et totalement admiratif de ces hommes qui assument aujourd’hui la mission sacerdotale séculière, prêtres ou évêques. C’est là une forme singulière de martyre. On y risque sa vie (comme dans tous les martyres) mais on y risque aussi « sa peau », c’est-à-dire son équilibre psychologique, spirituel et même moral!
En termes de bilan, c’est difficile à dire. C’est vaste. J’ai davantage la certitude que l’Église est belle et détient les clés du Salut de ce monde. Elle est un phare pour la génération présente, les individus, les familles, les communautés… Mais elle reste parfois traversée par les fumées de Satan (comme l’a dit saint Paul VI) qui profite de la pusillanimité de ses membres, de ses divisions idiotes et de l’immaturité de certaines de ces structures.
Incendie près de Lagrasse
Un sérieux et très violent feu de forêt s’est déclenché dans l’Aude, dans le secteur de Lagrasse et Ribaute.
Plus de 1000 hectares ont déjà été brûlés.
Des évacuations sont en cours en urgence alors que des habitations et un camping sont menacés.
L’évolution du feu est “très rapide”, alerte la préfecture. Des centaines de pompiers combattent les flammes, qui se dirigent vers Tournissan et Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse et des centaines d’autres arrivent en renfort. Les autorités appellent à éviter le secteur et “ne pas surcharger les lignes d’urgence inutilement”.
“Le front de feu se compte désormais en kilomètres”, indique le sous préfet de l’Aude.
Les chanoines demandent de prier.
Le mystère de l’Abbé Pierre
D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:
La Transmission …une faillite française
Depuis la guerre de 1870, la France n’a eu de cesse d’appuyer l’éducation des générations à venir sur les dangers du passé. Elle éveillait les consciences et formait les esprits dans une transmission. Les uns parlaient de cette guerre aux générations qui durent subir celle de 1914-1918. Celles-ci transmirent le danger de la guerre aux futurs combattants de 1940-1945. Ceux-là même transmirent à leur tour, éduquèrent à leur tour à ma génération. C’était facile. Le nombre astronomique de soldats tués, l’holocauste, le comportement des combattants japonais …et celui de l’armée rouge lors de sa reconquête de la Pologne et surtout de l’Allemagne nous firent prendre conscience des méfaits et des crimes dont les hommes et les idéologies sont capables.
Quant à nous …Nous avons transmis le ‘Plus jamais ça !’ Et il le fallait faire, ô combien !
Nous avons transmis aussi la crainte de l’expansionnisme soviétique et communiste …mais sans en subir grandement les effets. Pire, parallèlement à cette crainte, la décolonisation, le Concile Vat II, la laborieuse construction européenne et celle de l’État d’Israël occupaient l’actualité.
Et nous avons failli.
Nous avons failli parce que hormis le ‘Plus jamais ça !’, des forces de gauche niaient nos autres craintes, nos points de structuration de l’esprit. Elles niaient que le communisme soit une horreur absolue… Elles affirmaient que toutes les civilisations ou toutes les religions se valent, etc. Elles ont participé et même crée la déstructuration des consciences.
Notre faute à nous, la Droite, est de l’avoir laissé agir : Nous leur avions laissé la culture et l’éducation. Nous avons laissé aux pieds rouges et aux mouvements marxistes la possibilité d’éduquer et d’enseigner. Culpabilisés par la colonisation au lieu que d’en être fiers, nous avons ouvert les portes de notre maison et abaissé la herse de la conscience des générations suivantes. La herse qui dût les prémunir contre le communisme, contre le ‘tout se vaut’, contre ‘l’interdit d’interdire’. Nous l’avons aussi baissée contre la barbarie de la charia dans les sociétés où régnait l’Islam …et contre son antisémitisme congénital.
La herse qui nous fit nous révulser devant tout cela …n’était plus. L’espérance de la Paix, les ‘bénéfices de la Paix’, chers à Fabius et à d’autres, avait désarmé les consciences.
Nous n’avions pas de pétrole …mais des idées, disait-on. Des idées de lutte contre des moulins à vent peut-être ? L’idée de ne pas laver trop souvent son linge de corps ? De comprendre qu’un encombrant ne part pas par magie à la déchetterie… Quel riche enseignement ! Nous avions aussi l’idée de nous laver les mains plus souvent ? De ne pas trop chauffer sa maison ? De… Ah oui, nous en avions une qui gouvernait tout et gouverne tous encore : lutter contre le réchauffement climatique. Quelle crétinerie quand on sait que seul le soleil et les volcans sont à l’origine des cycles de froidure et de chaleur ! La parole scientifique, la réalité anatomique des êtres vivants, …l’académie des sciences, celles de médecine elle-mêmes étaient mises au rebut de la transmission.
La transmission …une faillite française ! Charles Rojzman, un grand philosophe juif et enseignant, en fit le constat amer. Je le cite :
“𝘓𝘢 𝘱𝘭𝘶𝘱𝘢𝘳𝘵 𝘥𝘦 𝘮𝘦𝘴 𝘱𝘦𝘵𝘪𝘵𝘴-𝘦𝘯𝘧𝘢𝘯𝘵𝘴 𝘢𝘥𝘩𝘦̀𝘳𝘦𝘯𝘵 𝘢𝘶 𝘳𝘦́𝘤𝘪𝘵 𝘥𝘰𝘮𝘪𝘯𝘢𝘯𝘵 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘢 𝘗𝘢𝘭𝘦𝘴𝘵𝘪𝘯𝘦. 𝘜𝘯𝘦 𝘥𝘦 𝘮𝘦𝘴 𝘱𝘦𝘵𝘪𝘵𝘦𝘴 𝘧𝘪𝘭𝘭𝘦𝘴 𝘢 𝘮𝘪𝘴 𝘶𝘯 𝘥𝘳𝘢𝘱𝘦𝘢𝘶 𝘱𝘢𝘭𝘦𝘴𝘵𝘪𝘯𝘪𝘦𝘯 𝘦𝘯 𝘱𝘳𝘰𝘧𝘪𝘭 𝘍𝘢𝘤𝘦𝘣𝘰𝘰𝘬. 𝘔𝘢 𝘯𝘪𝘦̀𝘤𝘦 𝘥𝘰𝘶𝘵𝘦 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘫𝘶𝘴𝘵𝘦𝘴𝘴𝘦 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘤𝘢𝘶𝘴𝘦 𝘥’𝘐𝘴𝘳𝘢𝘦̈𝘭 𝘦𝘵 𝘴’𝘪𝘯𝘥𝘪𝘨𝘯𝘦 𝘥𝘦 𝘭𝘢 « 𝘨𝘶𝘦𝘳𝘳𝘦 𝘪𝘯𝘩𝘶𝘮𝘢𝘪𝘯𝘦 » 𝘲𝘶𝘦 𝘮𝘦̀𝘯𝘦 𝘛𝘻𝘢𝘩𝘢𝘭 𝘢̀ 𝘎𝘢𝘻𝘢.
𝘊𝘰𝘮𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘤𝘰𝘮𝘱𝘳𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘵𝘰𝘶𝘵𝘦 𝘶𝘯𝘦 𝘱𝘢𝘳𝘵𝘪𝘦 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘫𝘦𝘶𝘯𝘦𝘴𝘴𝘦 𝘰𝘤𝘤𝘪𝘥𝘦𝘯𝘵𝘢𝘭𝘦 𝘢𝘪𝘵 𝘱𝘶 𝘴𝘰𝘮𝘣𝘳𝘦𝘳, 𝘯𝘰𝘯 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭’𝘪𝘥𝘦́𝘰𝘭𝘰𝘨𝘪𝘦, 𝘤𝘦 𝘮𝘰𝘵 𝘦𝘴𝘵 𝘵𝘳𝘰𝘱 𝘯𝘰𝘣𝘭𝘦, 𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘶𝘯𝘦 𝘳𝘦𝘭𝘪𝘨𝘪𝘰𝘯 𝘮𝘰𝘭𝘭𝘦 𝘥𝘦 𝘭’𝘪𝘳𝘳𝘦́𝘦𝘭, 𝘰𝘶̀ 𝘭𝘦 𝘳𝘦́𝘦𝘭 𝘯𝘦 𝘴’𝘪𝘮𝘱𝘰𝘴𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘴, 𝘰𝘶̀ 𝘭’𝘩𝘪𝘴𝘵𝘰𝘪𝘳𝘦 𝘯’𝘦́𝘤𝘭𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘴, 𝘰𝘶̀ 𝘭𝘦 𝘮𝘰𝘯𝘥𝘦 𝘦𝘴𝘵 𝘤𝘦 𝘧𝘢𝘯𝘵𝘢𝘴𝘮𝘦 𝘦́𝘨𝘢𝘭𝘪𝘵𝘢𝘳𝘪𝘴𝘵𝘦 𝘰𝘶̀ 𝘵𝘰𝘶𝘵 𝘴𝘦 𝘷𝘢𝘶𝘵, 𝘰𝘶̀ 𝘱𝘦𝘳𝘴𝘰𝘯𝘯𝘦 𝘯’𝘢 𝘳𝘢𝘪𝘴𝘰𝘯, 𝘴𝘢𝘶𝘧 𝘤𝘦𝘭𝘶𝘪 𝘲𝘶𝘪 𝘤𝘳𝘪𝘦 𝘭𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘧𝘰𝘳𝘵 ?
𝘊𝘰𝘮𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘤𝘰𝘮𝘱𝘳𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 𝘲𝘶’𝘦𝘯 𝘶𝘯 𝘥𝘦𝘮𝘪-𝘴𝘪𝘦̀𝘤𝘭𝘦, 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘴𝘰𝘺𝘰𝘯𝘴 𝘱𝘢𝘴𝘴𝘦́𝘴 𝘥𝘶 𝘵𝘳𝘢𝘨𝘪𝘲𝘶𝘦 𝘢𝘶 𝘴𝘭𝘰𝘨𝘢𝘯, 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘭𝘶𝘤𝘪𝘥𝘪𝘵𝘦́ 𝘪𝘯𝘲𝘶𝘪𝘦̀𝘵𝘦 𝘢̀ 𝘭𝘢 𝘴𝘰𝘶𝘮𝘪𝘴𝘴𝘪𝘰𝘯 𝘢𝘷𝘦𝘶𝘨𝘭𝘦, 𝘲𝘶’𝘶𝘯𝘦 𝘫𝘦𝘶𝘯𝘦𝘴𝘴𝘦, 𝘱𝘰𝘶𝘳𝘵𝘢𝘯𝘵 𝘦́𝘥𝘶𝘲𝘶𝘦́𝘦, 𝘧𝘰𝘳𝘮𝘦́𝘦, 𝘰𝘶𝘵𝘪𝘭𝘭𝘦́𝘦, 𝘱𝘶𝘪𝘴𝘴𝘦 𝘳𝘦𝘱𝘳𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 𝘢̀ 𝘭’𝘶𝘯𝘪𝘴𝘴𝘰𝘯 𝘥𝘦𝘴 𝘮𝘰𝘵𝘴 𝘥’𝘰𝘳𝘥𝘳𝘦 𝘲𝘶’𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘯𝘦 𝘤𝘰𝘮𝘱𝘳𝘦𝘯𝘥 𝘱𝘢𝘴, 𝘥𝘦𝘴 𝘧𝘪𝘨𝘶𝘳𝘦𝘴 𝘲𝘶’𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘯𝘦 𝘤𝘰𝘯𝘯𝘢𝘪̂𝘵 𝘱𝘢𝘴, 𝘥𝘦𝘴 𝘤𝘢𝘶𝘴𝘦𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘯𝘦 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘭’𝘰𝘮𝘣𝘳𝘦 𝘱𝘰𝘳𝘵𝘦́𝘦 𝘥’𝘶𝘯 𝘯𝘪𝘩𝘪𝘭𝘪𝘴𝘮𝘦 𝘣𝘪𝘦𝘯-𝘱𝘦𝘯𝘴𝘢𝘯𝘵 ?”
On répondra à Monsieur Rojzman que “Non, la jeunesse n’est pas formée ni outillée !” Elle ne l’est plus car la société a refusé de transmettre.
Il est temps que ceux qui savent retrouvent le courage de parler… D’enseigner… Et de dénoncer les balivernes wokistes et nihilistes, les foutaises et les malfaisances wokillistes. Voilà mon appel : Sauver en transmettant ce que l’on croit et qui nous structure.
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La prière ou le don des larmes : savoir pleurer !
Chronique scoute d’Hermine qui paraît dans la livraison d’Europa Scouts de l’été 2025 :
Si (sou)rire est le propre de l’homme (1), pleurer certainement aussi. Non les larmes de crocodile ou celles, indignes, du lâche et du pleutre ! Mais celles, authentiques, d’émerveillement ou de chagrin, qui montent aux yeux de l’animal spirituel en certaines occasions, comme une prière (2). Larmes indissociables de désolation et de consolation, les premières appelant les secondes (3). Elles le renvoient alors à sa dimension d’être vulnérable, précaire, blessé par le péché originel, capable d’une pieuse émotion dans ses bonheurs et ses malheurs terrestres ainsi assumés. Charles Baudelaire lui-même le reconnaît de cette manière édifiante :
« Car c’est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage
« Que nous puissions donner de notre dignité
« Que cet ardent sanglot qui roule d’âge en âge
« Et vient mourir au bord de votre éternité ! »
(Les Fleurs du Mal, “Les Phares”)
Les larmes des hommes touchent le Cœur de Dieu, dont le nom est Miséricorde, car elles lui appartiennent, commente le père Jean-François Thomas (dans Aleteia). On évoque justement le mot qu’Ernest Hello attribue à sainte Rose de Lima : « Les larmes sont à Dieu, et quiconque les verse sans songer à lui, les lui vole » (Paroles de Dieu, “Les larmes dans l’Écriture”). « La Providence est un Pactole de larmes », qui pèse sans mesure dans « la balance du Juge des douleurs humaines », traduit autrement Léon Bloy …
Dans ces véritables moments d’exception, ne retiens pas tes larmes par fausse pudeur ou respect humain ! C’est en effet une force, dont se prive l’orgueil, de bien vouloir admettre qu’on a besoin d’être consolé par un Amour supérieur. Les larmes ne sont pas l’apanage des femmes. Jésus lui-même, à plusieurs reprises, nous en a donné l’exemple. Et Il nous a confié cette béatitude révélatrice, qui arrose en quelque sorte toutes les autres en cette vallée de larmes baignée par son amour rédempteur : – Heureux ceux qui pleurent car ils seront consolés !
– Ne pleure pas (Lc 7, 13), anticipe pour ainsi dire Notre Seigneur à la vue de la veuve de Naïn, en deuil de son fils unique qu’Il ressuscite et « remet à sa mère », touché de compassion pour elle ; comme Il le sera aussi pour Jaïre implorant la guérison de sa fille (Lc 8, 40-56). « Dans notre exil, nous soupirons, mais nous rencontrons parfois des compagnons qui ont vu la cité sainte (où Dieu essuiera toute larme, il n’y aura plus ni deuil, ni plainte, ni fatigue : Ap 21,4) et qui nous invitent à y courir », explique pour sa part saint Augustin.
« Celui qui sème dans les larmes récoltera dans la joie », nous prévenait déjà le psaume 125. Saint Pierre en a fait l’expérience singulière dans sa déloyauté même, à la différence de Judas. En entendant le chant du coq, il a eu honte et s’est repenti aussitôt : la source de ses larmes jaillit d’un cœur de chair broyé mais déjà pardonné, réconcilié au Cœur transpercé de Jésus. Qui donnera le premier chef de l’Eglise et le martyr que l’on sait.
On pourrait dire de ce don des larmes ce que nous disions du don des mérites dans la communion des saints (cf. Europa Scouts n° 156) : comme aucun de nos sacrifices, aucune de ces larmes précieuses (qu’elle soit versée pour une souffrance crucifiante ou pour une joie illuminée) n’est perdue ni perdante. « Elle est recueillie et versée dans le calice du Sang du Maître comme cette goutte d’eau de l’offertoire qui nous rend participants à la divinité de Celui qui a épousé notre humanité » (P. Thomas). Mystérieuse confraternité des larmes !
Paradoxalement, au lieu de nous rebeller ou de nous désespérer, ces sanglots libérateurs qui nous échappent parfois des entrailles peuvent apaiser et purifier notre cœur de pierre bien friable, dans une étonnante correspondance tant immanente que transcendante. Ces larmes nous font redevenir comme des petits enfants fragiles et transparents, ces “tout-petits” au sens évangélique du terme, confiants et dépendants dans leur affection, pleins d’abandon et d’humilité. Elles expriment une compréhension imperceptible, une intuition indicible aussi fugitive soit-elle, comme une conscience infuse, du lien intime de nos amours terrestres avec ce souverain Bien trinitaire : Père maternel, Verbe fraternel et Esprit consolateur, cet Amour infini, personnel et créateur, qui nous a aimés le premier (I Jn 4,19). Comme un morceau angélique de très belle musique, ces larmes adoucissent nos trop dures et parodiques mœurs humaines. Le don des larmes est une grâce. Une grâce de communion. Un échange de dons…
Une école de conversion
Des lamentations des psaumes aux larmes de Notre Dame dans ses apparitions, en passant par les pleurs des plus grands saints (de Marie-Madeleine à Monique sans oublier François et Dominique…), les larmes douces ou amères, de peine ou de joie, de déréliction ou de contemplation (devant la beauté de la créature ou de l’œuvre d’art), de nostalgie ou de retrouvailles, de componction ou de contrition… sont une école de conversion. Comme « il est nécessaire de faire l’éducation de nos sourires » (Clément d’Alexandrie), il faut faire celle de nos larmes. Apprendre à pleurer, c’est quelque part apprendre à mourir, se convertir, « mouiller à la grâce » (Péguy), c’est-à-dire se disposer à bien rencontrer notre Rédempteur.
Même s’ils ne se distribuent pas de la même manière et à égalité, les deux (sourires et larmes) sont au reste du même genre de “discipline”, d’ascèse et de spiritualité, par leur vertu d’apaisement et de calme, de force et de douceur. Dans leur volonté d’apporter le Christ, les « porteurs de sourire » (Guy de Larigaudie) ne tardent jamais à être de vrais porteurs de larmes et inversement. Leur bonheur a inévitablement une croix. Pensons notamment à notre petite sœur louvette Anne-Gabrielle Caron (morte d’un cancer osseux), dont le sourire radieux et légendaire répondait à combien de larmes versées sur fond de joie chrétienne. « Seule une larme coule au moment où elle quitte ce monde. Une larme de joie ? En voyant le Ciel, sublime fin de son calvaire offert avec tant de charité et de courage », a écrit Daniel-Ange.
ENCADRE
« Un jour, alors qu’elle contemple une image du Christ en croix, elle s’écrit : “Non, c’est trop !” Sa maman, croyant qu’elle a un accès de douleur, s’approche. Mais Anne-Gabrielle lève alors la tête, des larmes pleins les yeux et la regarde avec détresse, elle explicite : “Jésus. Il a trop souffert.”(…)
Quand, la voyant si malheureuse de perdre ses cheveux, je lui dis : “Très sincèrement, ma chérie, si je pouvais perdre mes cheveux à ta place, je le ferais tout de suite”, elle sourit, touchée. Honnêtement, je continuai : “Je ne peux pas dire que je voudrais être malade à ta place car je ne sais pas si je pourrais supporter tout ce que tu supportes (surtout, ce que je ne lui dis pas, c’est que j’étais sûre, moi, de ne pas être prête du tout à paraître devant Dieu – contrairement à elle).” Elle sourit encore.
“ Mais cela me rend vraiment malheureuse de voir que l’on ne peut rien faire pour toi.
- Mais vous faîtes déjà beaucoup.
- Que fait-on, ma chérie ?
- Vous m’aimez. » (…)
Les derniers jours, elle est paralysée, ne peut plus bouger, ni voir. Elle ne peut même plus sourire complètement. Son plus grand regret est de “ne plus pouvoir faire de vrais baisers”. Quand elle se croit seule : “Jésus, Jésus, j’ai mal partout.” Elle appelle Jésus à son secours, doucement, comme un ami. »
(D’après le journal intime de ses parents)
Sans en abuser dans un sentimentalisme, un romantisme ou un misérabilisme de mauvais aloi, apprenons donc à pleurer sincèrement quand les larmes montent aux yeux (fenêtres) de l’âme et viennent comme une prière et une offrande spirituelle. Si la guide ou le scout peuvent être des « semeurs de joie » (Larigaudie), c’est parce qu’ils donnent et se donnent en souriant mais aussi, quelque fois et plus rarement, en pleurant hardiment.
Hermine (Rémi Fontaine)
- « Semer du sourire » dans Parole de scout, éditions Sainte-Madeleine, p. 133.
- Dans Une larme m’a sauvée (Les Arènes), Angèle Lieby témoigne comment une larme précisément peut témoigner de la dignité inamissible de l’être humain, fut-il plongé dans un état comatique prétendument “végétatif ”.
- « Seigneur, je pleure très souvent. Est-ce de tristesse en songeant à ce que je souffre ? Est-ce de joie en me souvenant de vous ? Comment démêler cela et comment ne pas pleurer en essayant de le démêler ? » Léon Bloy.
La fausse affaire des fosses canadiennes
Editorial de Yann Le Coz dans la revue de l’AFS :
En mai 2021, un an avant la visite pastorale de François au Canada, la révélation d’un “scandale” enflammait les médias internationaux : l’Église en était l’accusée. En 2025, tout tombe à l’eau, sans rectification des médias de grand chemin ou des politiciens exploiteurs de la veine. C’était l’affaire des “pensionnats autochtones”.
• La fausse fosse
Un radar à pénétration de sol avait permis, était-il affirmé, la découverte sous terre d’une fosse contenant les corps de 215 écoliers à proximité d’un pensionnat autrefois tenu par des religieux catholiques canadiens. Quelques semaines plus tard, était annoncée la découverte de quelques 700 tombes anonymes près d’un autre pensionnat… Aussitôt, dans une déclaration télévisée, Justin Trudeau, alors chef du gouvernement, avait déclaré :
Je demande aux catholiques à travers le pays de parler à leurs prêtres, de parler à leurs évêques, de passer le message qu’il est temps que l’Église catholique reconnaisse sa responsabilité, sa part de culpabilité.
Il n’en fallait pas plus pour que l’hallali soit sonné. L’Église était coupable de crimes : « extinction culturelle des autochtones », « rapt des enfants amérindiens », « fosses communes de la honte », « génocide culturel »… Dans la foulée, s’ensuivirent incendies d’églises et vandalisme contre le patrimoine catholique. Si bien qu’un an plus tard, la visite pastorale de François devint, sous la férule de Trudeau, un parcours “repentance” auprès des familles des disparus et des anciens des pensionnats pour des crimes sans réalité. En effet le gouvernement canadien a mis fin le 31.03.2025 au financement du National Advisory Committee mis en place par Trudeau pour enquêter, après une dépense en trois ans de plus de 200 millions de dollars. Ni charnier, ni fosse commune….
Des précisions sont ici nécessaires pour des lecteurs européens, qui n’ont peut-être pas entendu parler de cette nouvelle charge lancée contre l’Église que lorsque les médias de grand chemin ont vu l’occasion de la salir une fois de plus.
• En finir avec le problème indien
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le gouvernement canadien d’Ottawa mit en œuvre une politique d’assimilation forcée des populations indigènes. L’éducation fut choisie pour en être une des voies privilégiées ; confiée aux institutions religieuses, leurs pensionnats (Residential schools) accueillirent les enfants amérindiens au nom de l’État, qui en assurait le financement. En quelques 130 ans, près de 150 000 enfants furent accueillis dans les établissements religieux des provinces. Pour les autorités religieuses, il s’agissait, en christianisant, de faciliter l’accès à la société eurocanadienne aux amérindiens (inuits, métis). Selon les autorités publiques canadiennes, l’éducation permettait de régler le problème indien, objectif brutalement énoncé par Duncan Campbell Scott en 1920, qui pensait ainsi “tuer l’Indien au cœur de l’enfant”. Bien des voix catholiques s’étaient insurgées au XIXe siècle contre le fait de retirer les enfants de leurs familles. Mais, ainsi que l’écrit un de nos correspondants québécois, en les coupant ainsi de leur culture et de leurs traditions, « le Canada a contrevenu à la loi naturelle en forçant l’acculturation des enfants. L’Église n’a pas considéré l’importance de maintenir l’attache à la culture autochtone et cela s’est retourné contre elle. »
Par ailleurs, le gouvernement fédéral, par un sous-financement, de plus sporadique, établi en fonction du nombre d’élèves, encouragea le gonflement des effectifs avec les conséquences inévitables sur les conditions de vie des enfants. Au point que :
En 1907, le Dr Peter Henderson Bryce, médecin hygiéniste en chef du Canada, soumet un rapport au ministère des Affaires indiennes (souvent appelé “Rapport Bryce”, mais officiellement “Report on the Indian Schools of Manitoba and the North-West Territories”), qui révèle que les conditions de vie insalubres et surpeuplées dans les pensionnats promeuvent la prolifération des maladies. C’est notamment le cas de la tuberculose, qui tue de nombreux élèves autochtones. Malgré ces révélations-chocs, Duncan Campbell Scott ignore le Rapport. En 1920, il modifie la Loi sur les Indiens pour forcer tous les enfants autochtones de 7 à 15 ans à fréquenter les pensionnats autochtones.
• Leçons d’un montage politico-médiatique
“L’affaire des pensionnats autochtones” et du traitement des populations indigènes ne date pas d’aujourd’hui. Depuis la fin du siècle dernier, les autorités tant politiques que religieuses avaient fait amende honorable, reconnaissant des erreurs et des pratiques qu’aujourd’hui on ne peut comprendre et accepter. Mais il semble bien qu’elle ait été pour Trudeau l’occasion de masquer bien des difficultés personnelles – qui expliqueraient son récent départ – en faisant porter à l’Église les conséquences d’une décision qui était du ressort de l’État canadien.
À partir d’un événement d’importance réelle, l’affaire des pensionnats aujourd’hui est une remarquable orchestration de tous les procédés de désinformation et propagande. Malheureusement, François, en battant la coulpe de ses prédécesseurs, a joué le rôle de caisse de résonance au mensonge et à la calomnie, à la grande joie des ennemis de l’Église.
Ainsi que le note le correspondant québécois :
La réalité est que nous avons une population qui peine à se retrouver sur le plan identitaire (…). Les protestants ont continuellement cherché à diviser le pays, voire à détruire les identités catholiques et autochtones (…). Le Canada se trouve donc toujours avec son incapacité à unir les divers peuples sous une bannière, ce que seule l’Église peut faire.
Cela ne paraît pas possible aujourd’hui !
Pour l’heure, aucune repentance envers l’Église n’est en vue de la part du successeur de Justin Trudeau, Mark Carney, nouveau chef du gouvernement. Pourtant, malgré les erreurs qui ont pu être faites, les témoignages des services qu’elle a rendus sont innombrables. Mais les médias de grand chemin n’en parleront pas, aveuglés par l’idéologie ou la paresse d’y voir de plus près.
Yann Le Coz