Documentaire sur une mission au Kenya
Prêtre missionnaire en 2025, cela a-t-il encore un sens ? Ce documentaire inédit – images exclusives tournées en 1954, montrant un prêtre arrivant en Cote d’Ivoire – nous entraîne dans une communauté catholique en Afrique.
C’est dans la capitale du Kenya, à Nairobi, qu’Armel Joubert des Ouches, journaliste et réalisateur pour RITV s’est rendu entre le 23 février et le 13 mars 2025. Durant 15 jours, il a suivi des prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X pour tenter de comprendre comment fonctionne aujourd’hui, en 2025, une mission catholique, et ce qui anime les prêtres et religieuses qui y vivent au quotidien.
8e édition du « pèlerinage pour la Bretagne » organisé par l’association Feiz e Breizh
Ouverture des inscriptions pour la 8e édition du « pèlerinage pour la Bretagne » organisé par l’association Feiz e Breizh qui se déroulera les samedi 20 et dimanche 21 septembre 2025.
Les inscriptions sont désormais ouvertes ! Le thème du pèlerinage Feiz e Breizh 2025 sera : « Krist, skouer a Garantez », c’est-à-dire « Le Christ, modèle de Charité ». Le plus grand pèlerinage populaire et catholique de Bretagne clôturera ainsi le thème du jubilé diocésain du 400e anniversaire des apparitions de sainte Anne, patronne de la Bretagne et protectrice des familles, qui se manifesta entre 1623 et 1625 à un modeste laboureur breton.
Les pèlerins sont invités à s’inscrire dans l’un des quelques quarante chapitres proposés à ce jour. Ces chapitres couvrent toute la Bretagne historique ainsi que la diaspora, se répartissant principalement dans les 9 anciens évêchés à l’origine de nos « pays bretons » : Vannetais, Cornouaille, Léon, Trégor, Saint-Brieuc, Saint-Malo, Dol, Rennais et Nantais. De Saint-Nazaire à Brest, les chapitres se rattachent à une commune d’appartenance et se placent sous la garde de saints en dévotion locale. La langue bretonne est principalement valorisée à travers les cantiques et la récitation du chapelet. Ces deux jours de prière et d’amitié, ouverts à tous, enrichissent notre enracinement : il s’agit d’approfondir la foi de nos pères, de se réapproprier l’héritage conduisant à notre sanctification, de favoriser l’unité de l’Église, de vivre un esprit de chrétienté militante dont notre pays a tant besoin !
De Monterblanc à Sainte-Anne-d’Auray, en passant par le bivouac de Bieuzy-Lanvaux, les pèlerins pourront marcher comme chaque année en priant et chantant, accompagnés par des prêtres et des religieux, dans la lignée de la foi de nos pères.
Vous pouvez vous inscrire, seul ou en famille : https://www.billetweb.fr/feiz-e-breizh-2025
Vous pouvez également vous inscrire comme bénvole afin de renforcer les équipes techniques : https://forms.gle/1CupA3WRgz8KaLDZ9
Vous pouvez aussi adresser une demande de création de chapitre : [email protected]
Feiz e Breizh est ouvert à tous les Bretons de cœur, dans le respect de l’esprit du pèlerinage.
Krist, skouer a Garantez, pedit evidomp !
Ô Christ, modèle de Charité, priez pour nous !
Le curé d’Ars et la sainte messe
France catholique consacre son numéro de la semaine au saint curé d’Ars, dont nous fêtons le centième anniversaire de la canonisation. Pour l’occasion, Guillaume d’Alançon, auteur de La Messe du saint curé d’Ars, a été interrogé. Extrait :
Quelle importance le saint Curé accorde-t-il à la liturgie?
Pour lui, rien n’était trop beau pour Dieu, donc pour célébrer ses Saints Mystères à travers la liturgie: très beau maître-autel, magnifique tabernacle, somptueux ornements… alors qu’il vivait lui-même comme un pauvre. Il répandait, comme Marie-Madeleine, le parfum le plus cher sur les pieds du Maître. Il célébrait dans un très profond recueillement, en prenant son temps.
« Ah, si nous avions la foi, si nous étions bien pénétrés de la présence de Notre-Seigneur qui est là sur nos autels avec ses mains pleines de grâces, cherchant à les distribuer, avec quel respect nous serions en sa sainte présence », s’émerveillait le saint Curé.
Son soin pour la liturgie était donc très pastoral: c’était pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.
« Toutes les prières de la messe sont une préparation à la communion; et toute la vie d’un chrétien doit être une préparation à cette grande action », disait-il.
C’était une exigence d’amour pour Dieu et pour ceux qui assistaient à sa messe.
Comment peut-il apprendre aux laïcs à mieux vivre la messe?
La foi immense du saint Curé invite ceux qui communient à prendre conscience du cadeau qui leur est fait; toute leur vie est appelée à rayonner de cette rencontre:
« Ô mon Dieu! Quelle joie pour un chrétien qui a la foi, qui, en se levant de la Table sainte, s’en va avec tout le ciel dans son cœur! »
Il faisait également cette recommandation aux fidèles:
« La Sainte Messe consiste dans les paroles de la consécration; et vous savez que les ministres de la Sainte Messe sont les prêtres et le peuple, qui a le bonheur d’y assister, s’il s’unit à eux; d’où je conclus, que la meilleure manière d’entendre la Sainte Messe est de s’unir au prêtre dans tout ce qu’il dit, de le suivre dans toutes ses actions, autant qu’on le peut, et de tâcher de se pénétrer des plus vifs sentiments d’amour et de reconnaissance: il faut bien conserver cette méthode. »
Dimanche 29 juin : Le Grand Sacre d’Angers
Comme chaque année maintenant depuis plus de dix ans, les rues de la cité angevine retentiront le 29 juin prochain des accords de la fanfare, et les pavés de la vieille ville seront jonchés de pétales.
Héritière d’une tradition de près de huit siècles, instituée en 1080 en réparation de l’hérésie de Béranger qui niait la présence réelle de Notre Seigneur, la procession eucharistique du Grand Sacre rassemblait chaque année jusqu’en 1967 en un cortège grandiose les autorités civiles, militaires et religieuses de la cité. C’était l’occasion pour tous les corps de métiers de faire rayonner leur art, pour tous les ordres religieux, les institutions et les régiments de participer à un habile acte politique pour la cité, et pour la ville entière de parader en habits somptueux pour cette éclatante commémoration.
Rejetée dans l’oubli après les troubles de 1968, mais s’adossant à plus de neuf siècles d’existence, la tradition du Grand Sacre est restaurée depuis 2013 par la Fraternité Saint Pie X, et retrouve peu à peu son lustre d’antan. Pour cette onzième édition, le cortège suivra le trajet défini par le pape Calixte II au 16ème siècle et quasiment inchangé aujourd’hui. Il s’ébranlera du parc saint Nicolas en direction du tertre saint Laurent ; clercs et laïcs, trompettes et cors, enfants de chœur en soutanelle et célébrant en chape d’apparat, sous un dais de velours et de broderies, petits pages jetant des pétales, jeunes filles en costume traditionnel, décors au sol en sable teint…cette année encore les catholiques angevins célèbreront la Fête-Dieu en grande pompe !
Emboîtant le pas aux milliers de pèlerins et de touristes qui l’ont précédé, le badaud étonné suivra peut-être, sur quelques mètres, la foule recueillie escortant le Saint Sacrement en réparation des hérésies passées et des outrages actuels. Angers sera pour un instant le théâtre de la confrontation du spectateur avec le mystère religieux.
Rassemblement à Angers, Parc saint Nicolas à 15h45. Renseignements : FSSPX, Prieuré de Gastines, 02-41-74-12-78
Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.
Fête-Dieu ou Fête du Très Saint Sacrement
Pour la messe, voir à jeudi dernier.
Commentaire de la fête Dieu par Dom Guéranger :
La lumière du divin Esprit qui est venue accroître dans l’Église l’intelligence toujours plus vive du souverain mystère de l’auguste Trinité, l’amène à contempler à la suite cette autre merveille qui concentre elle-même toutes les opérations du Verbe incarné, et nous conduit dès cette vie à l’union divine. Le mystère de la très sainte Eucharistie va éclater dans toute sa splendeur, et il importe de préparer les yeux de notre âme à recevoir d’une manière salutaire l’irradiation qui nous attend. De même que nous n’avons jamais été sans la notion du mystère de la sainte Trinité, et que nos hommages se sont toujours dirigés vers elle ; de même aussi la divine Eucharistie n’a cessé de nous accompagner dans tout le cours de cette Année liturgique, soit comme moyen de rendre nos hommages à la suprême Majesté, soit comme aliment de la vie surnaturelle. Nous pouvons dire que ces deux ineffables mystères nous sont connus, que nous les aimons ; mais les grâces de la Pentecôte nous ont ouvert une nouvelle entrée dans ce qu’ils ont de plus intime, et si le premier nous a apparu hier entouré des rayons d’une lumière nouvelle, le second va luire pour nous d’un éclat que l’œil de notre âme n’avait pas perçu encore.
La sainte Trinité, ainsi que nous l’avons fait voir, étant l’objet essentiel de toute la religion, le centre où vont se rendre tous nos hommages, lors même qu’il semble que nous n’y portons pas une intention immédiate, on peut dire aussi que la divine Eucharistie est le plus puissant moyen de rendre à Dieu le culte qui lui est dû, et c’est par elle que la terre s’unit au ciel. Il est donc aisé de pénétrer la raison du retard que la sainte Église a mis à l’institution des deux solennités qui succèdent immédiatement à celle de la Pentecôte. Tous les mystères que nous avons célébrés jusqu’ici étaient contenus dans l’auguste Sacrement qui est le mémorial et comme l’abrégé des merveilles que le Seigneur a opérées pour nous. La réalité de la présence du Christ sous les espèces sacramentelles faisait que, dans l’Hostie sainte, nous reconnaissions au temps de Noël l’Enfant qui nous était né, au temps de la Passion la victime qui nous rachetait, au temps Pascal le glorieux triomphateur de la mort. Nous ne pouvions célébrer tous ces beaux mystères sans appeler à notre secours l’immortel Sacrifice, et il ne pouvait être offert sans les renouveler et les reproduire.
Les fêtes mêmes de la très sainte Vierge et des Saints nous maintenaient dans la contemplation du divin Sacrement. Marie, que nous avons honorée dans ses solennités de l’Immaculée Conception, de la Purification, de l’Annonciation, n’a-t-elle pas fourni de sa propre substance ce corps et ce sang que nous offrions sur l’autel ? La force invincible des Apôtres et des Martyrs que nous avons célébrés, ne l’ont-ils pas puisée dans l’aliment sacré qui donne l’ardeur et la constance ? Les Confesseurs et les Vierges ne nous ont-ils pas apparu comme la floraison du champ de l’Église qui se couvre d’épis et de grappes de raisin, grâce à la fécondité que lui donne Celui qui est à la fois le froment et la vigne ?
Réunissant tous nos moyens pour honorer ces heureux habitants de la cour céleste, nous avons fait appel à la divine psalmodie, aux hymnes, aux cantiques, aux formules les plus pompeuses et les plus tendres ; mais, en fait d’hommages à leur gloire, rien n’égalait l’offrande du Sacrifice. Là, nous entrions en communication directe avec eux, selon l’énergique expression de l’Église au sacré Canon (communicantes). Ils adorent éternellement la très sainte Trinité par Jésus-Christ et en Jésus-Christ ; par le Sacrifice nous nous unissions à eux dans le même centre, nous mêlions nos hommages avec les leurs, et il en résultait pour eux un accroissement d’honneur et de félicité. La divine Eucharistie, Sacrifice et Sacrement, nous a donc toujours été présente ; et si, en ces jours, nous devons nous recueillir pour en mieux comprendre la grandeur et la puissance infinies ; si nous devons nous efforcer d’en goûter avec plus de plénitude l’ineffable suavité, ce n’est point une découverte qui nous apparaît soudain : il s’agit de l’élément que l’amour du Christ nous a préparé, et dont nous usons déjà, pour entrer en rapport direct avec Dieu et lui rendre nos devoirs les plus solennels à la fois et les plus intimes.
Cependant l’Esprit divin qui gouverne l’Église devait lui inspirer un jour la pensée d’établir une solennité [3] particulière en l’honneur du mystère auguste où sont contenus tous les autres. L’élément sacré qui donne à toutes les fêtes de l’année leur raison d’être et les illumine de sa propre splendeur, la très sainte Eucharistie, appelait par elle-même une fête pompeuse en rapport avec la magnificence de son objet.
Mais cette exaltation de la divine Hostie, ces marches triomphales si justement chères à la piété chrétienne de nos jours, étaient impossibles dans l’Église au temps des martyrs. Elles restèrent inusitées après la victoire, comme n’entrant pas dans la manière et l’esprit des formes liturgiques primitives, qui continuèrent longtemps d’être en usage. Elles étaient d’ailleurs moins nécessaires et comme superflues pour la foi vive de cet âge : la solennité du Sacrifice même, la participation commune aux Mystères sacrés, la louange non interrompue des chants liturgiques rayonnant par le monde autour de l’autel, rendaient à Dieu hommage et gloire, maintenaient l’exacte notion du dogme, et entretenaient dans le peuple chrétien une surabondance de vie surnaturelle qu’on ne retrouve plus à l’âge suivant. Le divin mémorial portait ses fruits ; les intentions du Seigneur instituant le mystère étaient remplies, et le souvenir de cette institution, célébré dès lors comme de nos jours à la Messe du Jeudi saint, restait gravé profondément dans le cœur des fidèles.
Il en fut ainsi jusqu’au XIIIe siècle. Mais alors, et par suite du refroidissement que constate l’Église au commencement de ce siècle, la foi s’affaiblit, et avec elle la mâle piété des vieilles nations chrétiennes. Dans cette décadence progressive que ne devaient pas arrêter des merveilles de sainteté individuelle, il était à craindre que l’adorable Sacrement, qui est le mystère de la foi par essence, n’eût à souffrir plus qu’aucun autre de l’indifférence et de la froideur des nouvelles générations. Déjà, ici et là, inspirée par l’enfer, plus d’une négation sacrilège avait retenti, effrayant les peuples, trop fidèles encore généralement pour être séduits, mais excitant la vigilance des pasteurs et faisant déjà de nombreuses victimes.
Scot Érigène avait produit la formule de l’hérésie sacramentaire : l’Eucharistie n’était pour lui « qu’un signe, figure de l’union spirituelle avec Jésus, perçue par la seule intelligence ». Son pédantisme obscur eut peu d’écho, et ne prévalut pas contre la tradition catholique exposée dans les savants écrits de Paschase Radbert, Abbé de Corbie. Réveillés au XIe siècle par Bérenger, les sophismes de Scot troublèrent alors plus sérieusement et plus longuement l’Église de France, sans toutefois survivre à l’astucieuse vanité de leur second père. L’enfer avançait peu dans ces attaques trop directes encore ; il atteignit mieux son but par des voies détournées. L’empire byzantin nourrissait, dans ses flancs féconds pour l’hérésie, les restes de la secte manichéenne qui, regardant la chair comme l’œuvre du principe mauvais, renversait l’Eucharistie par la base. Pendant qu’avide de renommée, Bérenger dogmatisait à grand bruit sans profit pour l’erreur, la Thrace et la Bulgarie dirigeaient silencieusement leurs apôtres vers l’Occident. La Lombardie, les Marches et la Toscane furent infectées ; passant les monts, l’impure étincelle éclata sur plusieurs points à la fois du royaume très chrétien : Orléans, Toulouse, Arras, virent le poison pénétrer dans leurs murs. On crut avoir étouffé le mal à sa naissance par d’énergiques répressions ; mais la contagion s’étendait dans l’ombre. Prenant le midi de la France pour base de ses opérations, l’hérésie s’organisa sourdement pendant toute la durée du XIIe siècle ; tels furent ses progrès latents, que, se découvrant enfin, au commencement du XIIIe, elle prétendit soutenir les armes à la main ses dogmes impies. Il fallut des flots de sang pour la réduire et lui enlever ses places fortes ; et longtemps encore après la défaite de l’insurrection armée, l’Inquisition dut surveiller activement les provinces éprouvées par le fléau des Albigeois.
Simon de Montfort avait été le vengeur de la foi. Mais au temps même où le bras victorieux du héros chrétien terrassait l’hérésie, Dieu préparait à son Fils, indignement outragé par les sectaires dans le Sacrement de son amour, un triomphe plus pacifique et une réparation plus complète. En 1208, une humble religieuse hospitalière, la Bienheureuse Julienne du Mont-Cornillon, près Liège, avait une vision mystérieuse, où lui apparaissait la lune dans son plein, montrant sur son disque une échancrure. Quoi qu’elle fît pour chasser ce qu’elle craignait être une illusion, la même vision continua de se présenter invariablement à ses yeux, toutes les fois qu’elle se mettait en prières. Après deux ans d’efforts et de supplications ardentes, il lui fut enfin révélé que la lune signifiait l’Église de son temps, et l’échancrure qu’elle y remarquait l’absence d’une solennité au Cycle liturgique, Dieu voulant qu’une fête nouvelle fût célébrée chaque année pour honorer solennellement et à part l’institution de la très sainte Eucharistie : la mémoire historique de la Cène du Seigneur au Jeudi saint ne répondait pas aux besoins nouveaux des peuples ébranlés par l’hérésie ; elle ne suffisait plus à l’Église, distraite d’ailleurs alors par les importantes fonctions de ce jour, et bientôt absorbée par les tristesses du grand Vendredi.
En même temps que Julienne recevait cette communication, il lui fut enjoint de mettre elle-même la main à l’œuvre et de faire connaître au monde les divines volontés. Vingt années se passèrent avant que l’humble et timide vierge pût prendre sur elle le courage d’une telle initiative. Elle s’en ouvrit enfin à un chanoine de Saint-Martin de Liège, nommé Jean de Lausanne, qu’elle estimait singulièrement pour sa grande sainteté, et le pria de conférer sur l’objet de sa mission avec les docteurs. Tous s’accordèrent à reconnaître que non seulement rien ne s’opposait à l’établissement de la fête projetée, mais qu’il en résulterait au contraire un accroissement de la gloire divine et un grand bien dans les âmes. Réconfortée par cette décision, la Bienheureuse fit composer et approuver pour la future fête un Office propre commençant par ces mots : Animarum cibus, et dont il reste encore aujourd’hui quelques fragments.
L’Église de Liège, à qui l’Église universelle devait hier la fête de la Très Sainte Trinité, était prédestinée au nouvel honneur de donner naissance à là fête du Très Saint Sacrement. Ce fut un beau jour, lorsque, en 1246, après un si long temps et des obstacles sans nombre, Robert de Torôte, évêque de Liège, établit par décret synodal que chaque année, le Jeudi après la Trinité, toutes les Églises de son diocèse auraient à observer désormais, avec abstention des œuvres serviles et jeûne préparatoire, une fête solennelle en l’honneur de l’ineffable Sacrement du Corps du Seigneur.
Mais la mission de la Bienheureuse Julienne était loin d’être à son terme : pour avoir trop hésité sans doute à l’entreprendre, Dieu mesurait la joie à sa servante. L’évêque mourut ; et le décret qu’il venait de porter fût resté lettre morte, si, seuls de tout le diocèse, les chanoines de Saint-Martin-au-Mont n’eussent résolu de s’y conformer, malgré l’absence d’une autorité capable d’en presser l’exécution pendant la vacance. La fête du Très Saint Sacrement fut donc célébrée pour la première fois dans cette insigne église, en 1247. Le successeur de Robert, Henri de Gueldre, homme de guerre et grand seigneur, avait d’autres soucis que son prédécesseur. Hugues de Saint-Cher, cardinal de Sainte-Sabine, légat en Allemagne, étant venu à Liège pour remédier aux désordres qui s’y produisaient sous le nouveau gouvernement, entendit parler du décret de Robert et de la nouvelle solennité. Autrefois prieur et provincial des Frères-Prêcheurs, il avait été de ceux qui, consultés par Jean de Lausanne, en avaient loué le projet. Il tinta honneur de célébrer lui-même la fête, et d’y chanter la Messe en grande pompe. En outre, par mandement en date du 29 décembre 1253, adressé aux Archevêques, Évêques, Abbés et fidèles du territoire de sa légation, il confirma le décret de l’évêque de Liège et l’étendit à toutes les terres de son ressort, accordant une indulgence de cent jours à tous ceux qui, contrits et confessés, visiteraient pieusement les églises où se ferait l’Office de la fête, le jour même ou dans l’Octave. L’année suivante, le cardinal de Saint-Georges-au-Voile-d’Or, qui lui succéda dans sa légation, confirma et renouvela les ordonnances du cardinal de Sainte-Sabine. Mais ces décrets réitérés ne purent triompher de la froideur générale ; et telles furent les manœuvres de l’enfer, qui se sentait atteint dans ses profondeurs, qu’après le départ des légats, on vit des hommes d’église, d’un grand nom et constitués en dignité, opposer aux ordonnances leurs décisions particulières.
Quand mourut la Bienheureuse Julienne, en 1258, l’Église de Saint-Martin était toujours la seule où se célébrât la fête qu’elle avait eu pour mission d’établir dans le monde entier. Mais elle laissait, pour continuer son œuvre, une pieuse recluse du nom d’Ève, qui avait été la confidente de ses pensées.
Le 29 août 1261, Jacques Pantaléon montait au trône pontifical sous le nom d’Urbain IV. Né à Troyes, dans la condition la plus obscure, ses seuls mérites avaient amené son élévation. Il avait connu la Bienheureuse Julienne, lorsqu’il n’était encore qu’archidiacre de Liège, et avait approuvé ses desseins. Ève crut voir dans cette exaltation le signe de la Providence. Sur les instances de la recluse, Henri de Gueldre écrivit au nouveau Pape pour le féliciter, et le prier de confirmer de son approbation souveraine la fête instituée par Robert de Torôte. Dans le même temps, divers prodiges, et spécialement celui du corporal de Bolsena, ensanglanté par une hostie miraculeuse presque sous les yeux de la cour pontificale qui résidait alors à Orvieto, semblèrent venir presser Urbain de la part du ciel, et affermir le bon zèle qu’il avait autrefois manifesté pour l’honneur du divin Sacrement. Saint Thomas d’Aquin fut chargé de composer selon le rit romain l’Office qui devait remplacer dans l’Église celui de la Bienheureuse Julienne, adapté par elle au rit de l’ancienne liturgie française. La bulle Transiturus fit ensuite connaître au monde les intentions du Pontife : rappelant les révélations dont, constitué en moindre dignité, il avait eu autrefois connaissance, Urbain IV établissait dans l’Église universelle, en vertu de son autorité apostolique, pour la confusion de l’hérésie et l’exaltation de la foi orthodoxe, une solennité spéciale en l’honneur de l’auguste mémorial laissé par le Christ à son Église. Le jour assigné pour cette fête était la Férie cinquième ou Jeudi après l’octave de la Pentecôte ; car, à la différence du décret de l’évêque de Liège, la bulle ne mentionnait pas la fête de la Très Sainte Trinité, non reçue encore dans l’Église Romaine.
Suivant la voie ouverte par Hugues de Saint-Cher, le Pontife accordait cent jours d’indulgence à tous ceux qui, vraiment contrits et confessés, assisteraient à la Messe ou aux Matines, aux premières ou aux secondes Vêpres de la fête, et quarante jours pour chacune des Heures de Prime, Tierce, Sexte, None et Complies. Cent jours étaient également concédés, pour chacun des jours de l’Octave, aux fidèles qui assisteraient, en ces jours, à la Messe et à l’Office entier. Dans un si grand détail, il n’est point fait mention de la Procession, qui ne s’établit en effet qu’au siècle suivant.
Il semblait que la cause fût enfin terminée. Mais les troubles qui agitaient alors l’Italie et l’Empire firent oublier la bulle d’Urbain IV, avant qu’elle eût pu recevoir son exécution. Quarante ans et plus s’écoulèrent avant qu’elle fût promulguée de nouveau et confirmée par Clément V, au concile de Vienne. Jean XXII lui donna force de loi définitive, en l’insérant au Corps du Droit dans les Clémentines, et il eut ainsi la gloire de mettre la dernière main, vers l’an 1318, à ce grand œuvre dont l’achèvement avait demandé plus d’un siècle.
La fête du Très Saint Sacrement, ou du Corps du Seigneur, marqua le point de départ d’une nouvelle phase dans le culte catholique envers la divine Eucharistie. Mais, pour le bien comprendre, il faut entrer plus avant dans la notion du culte eucharistique aux différentes époques de l’Église : étude importante pour l’intelligence de la grande fête à laquelle nous devons maintenant préparer nos âmes. Nous croyons donc choisir le meilleur mode de préparation que puisse offrir aux fidèles l’Année liturgique, en consacrant les deux jours qui nous restent à rechercher succinctement et brièvement les grandes lignes de l’histoire de la très sainte Eucharistie.
C’est à vous, Esprit-Saint, qu’il appartient de nous apprendre l’histoire d’un si auguste mystère. Votre règne est à peine commencé sur le monde, et, fidèle à cette mission divine qui a pour but la glorification de l’Emmanuel ravi à la terre, vous élevez tout d’abord nos regards et nos cœurs vers ce don suprême de son amour qui nous le garde caché sous les voiles eucharistiques. Durant les siècles de l’attente des nations, c’est vous qui déjà présentiez le Verbe au genre humain dans les Écritures, et l’annonciez par les Prophètes. Don premier du Très-Haut, vous êtes, comme amour infini, la raison substantielle et souveraine des manifestations divines ; ainsi attirâtes-vous ce Verbe divin au sein de la Vierge immaculée, pour l’y revêtir de la chair virginale qui le fit notre frère et notre Sauveur. Et maintenant qu’il est remonté vers son Père et notre Père, dérobant à nos yeux cette nature humaine ornée par vous de tant de perfections et d’attraits vainqueurs, maintenant qu’il nous faut reprendre sans lui les pérégrinations de cette vallée des larmes, envoyé par lui, vous êtes venu, divin Esprit, comme le consolateur. Mais la consolation que vous nous apportez, ô Paraclet, c’est toujours son fidèle souvenir, c’est encore plus sa divine présence gardée par vous au Sacrement d’amour. Nous le savions d’avance : vous ne deviez pas agir ni parler de vous-même, ou pour vous-même ; vous veniez rendre témoignage à l’Emmanuel, maintenir son œuvre et reproduire en chacun de nous sa divine ressemblance.
Qu’il est admirable l’accomplissement de cette mission sublime, tout entière à la gloire de l’Emmanuel ! Esprit divin, gardien du Verbe dans l’Église, nous ne pouvons redire ici votre vigilance sur cette divine parole apportée par Jésus au monde, expression très fidèle de lui-même, et qui, sortie comme lui de la bouche du Père, nourrit aussi l’Épouse ici-bas. Mais de quel respect infini, de quelle sollicitude n’entourez-vous pas le Sacrement auguste où réside tout entier, dans la réalité de sa chair adorable, ce même Verbe incarné qui fut dès l’origine du monde le centre et le but de vos divines opérations ! Par votre toute-puissance produisant le mystère, l’Épouse exilée se retrouve en possession de l’Époux ; par vous elle traverse les siècles, gardant chèrement son trésor ; par vous elle le fait valoir avec une délicatesse infinie, ordonnant, modifiant sa discipline et sa vie même, pour assurer dans tous les âges au divin Sacrement la plus grande somme possible de foi, de respect et d’amour. Qu’elle le dérobe anxieuse à la connaissance des profanes, qu’elle accumule autour de lui dans la Liturgie ses pompes et ses magnificences, ou que, sortant avec lui des temples, elle le promène triomphalement dans les rues des cités populeuses ou les sentiers fleuris des campagnes, c’est vous, divin Esprit, qui l’inspirez ; c’est votre divine prévoyance qui lui suggère, selon les temps, la plus sûre manière de conquérir à l’Emmanuel, toujours présent dans l’Hostie, les hommages et les cœurs de ces enfants des hommes, au milieu desquels il daigne trouver ainsi jusqu’à la fin les délices de son amour.
Daignez nous assister dans la contemplation de l’auguste mystère. Éclairez les intelligences, échauffez les cœurs en ces jours de préparation ; révélez à nos âmes Celui qui vient à nous sous les voiles du Sacrement.
Dans la dernière partie de cette Année liturgique, qu’il soit pour nous le pain du voyageur. Une longue route nous reste encore à parcourir, bien différente de celle que nous avons suivie jusqu’ici en compagnie du Seigneur et de ses mystères, route laborieuse à travers le désert qui nous sépare de la montagne de Dieu. Esprit-Saint, vous serez notre guide dans ces sentiers où l’Église, conduite par vous, marche avec courage, se rapprochant chaque jour du terme de son pèlerinage ici-bas. Mais vous-même nous amenez dès le début à ce banquet de la divine Sagesse où le pèlerin trouve sa vigueur. Nous marcherons dans la force du mets céleste ; c’est par lui encore que, la course achevée, de concert avec l’Esprit et l’Épouse, nous ferons retentir l’invincible appel de l’heure suprême qui nous rendra le Seigneur Jésus.
Léon XIV résidera à Castel Gandolfo cet été
La Préfecture de la Maison pontificale a annoncé que le pape Léon XIV se reposera à Castel Gandolfo à partir du 6 juillet. Le pape François avait choisi de ne pas résider à Castel Gandolfo pendant l’été. Dans un entretien accordé à Il Messagero le 29 juin 2014, il déclarait :
« Je ne vais pas à Castel Gandolfo parce que je n’ai pas besoin de partir en vacances. Je n’ai pas quitté Rome depuis que j’ai été élu pape. Et je ne me sens pas fatigué. »
Communiqué de la Maison pontificale :
Dans l’après-midi du dimanche 6 juillet, le Saint-Père Léon XIV se rendra aux Villas pontificales de Castel Gandolfo pour une période de repos.
Le dimanche 13 juillet, à 10 heures, le Saint-Père célébrera la messe dans la paroisse pontificale de San Tommaso da Villanova à Castel Gandolfo. A midi, il récitera la prière de l’Angélus sur la Piazza della Libertà, devant le Palais apostolique.
Le dimanche 20 juillet, à 9h30, le Saint-Père célébrera la messe dans la cathédrale d’Albano. A midi, il récitera l’Angélus sur la Piazza della Libertà de Castel Gandolfo. Dans l’après-midi, le Saint-Père retournera au Vatican.
Au cours du mois de juillet, toutes les audiences privées et les audiences générales des mercredis 2, 9, 16 et 23 sont suspendues.
Les audiences générales reprendront le mercredi 30 juillet.
Le vendredi 15 août à 10h00, le Saint-Père célébrera la messe dans la paroisse pontificale de Castel Gandolfo. A 12h00, l’Angélus sera récité sur la Piazza della Libertà.
Le dimanche 17 août à 12h00, l’Angélus sera récité sur la Piazza della Libertà de Castel Gandolfo. Dans l’après-midi, le Saint-Père retournera au Vatican.
Victoire pour Christian Espeso, directeur de l’Immaculée Conception à Pau, rétabli dans ses fonctions
Christian Espeso, directeur de l’ensemble scolaire catholique de l’Immaculée Conception à Pau, a obtenu gain de cause devant la justice. Sanctionné en septembre 2024 par le rectorat pour des manquements supposés au principe de laïcité, il avait été suspendu de ses fonctions de direction pour une durée de trois ans. Une mesure brutale, vivement contestée dans la communauté éducative et jugée disproportionnée par ses soutiens.
Ce 20 juin 2025, le tribunal administratif de Pau a rendu son verdict :
- Annulation pure et simple de la sanction
- Condamnation de l’État à verser 2 000 € à M. Espeso
Me Hugues de Lacoste Lareymondie, avocat reconnu pour sa défense des libertés éducatives, a plaidé le dossier : le tribunal a considéré que les faits reprochés ne justifiaient pas une mise à l’écart aussi sévère. Christian Espeso, à la tête de l’établissement depuis 2013, avait redressé l’école au bord de la fermeture. Soutenu par de nombreux parents, enseignants et anciens élèves, il incarne une certaine idée de l’enseignement catholique en France, attaché à sa mission spirituelle tout en restant dans le cadre légal du contrat avec l’État.
Ce verdict est plus qu’une décision administrative : il pose un jalon important dans le débat sur la laïcité, la liberté scolaire et le rôle des établissements privés en France.
Question scoute aux aumôniers généraux
Posée par Rémi Fontaine :
Après l’élection de Marine Rosset comme nouvelle présidente des Scouts et Guides de France (SGDF), la question se pose de savoir si les trois “aumôneries générales” des trois grands mouvements scouts – SGDF, SUF (Scouts unitaires de France) et AGSE (Guides et Scouts d’Europe) – réagiront comme elles l’avaient fait après le livre du P. Yves Combeau, op (“Toujours prêts, histoire du scoutisme catholique en France, Cerf, 2021) qui s’interrogeait très timidement sur l’identité catholique et scoute actuelle des SGDF.
Les trois aumôniers généraux écriront-ils une lettre commune à Mgr Pierre-Antoine Bozo, accompagnateur des mouvements de scoutisme et aux Provinciaux des instituts religieux, pour s’étonner du profil de Marine Rosset, comme ils avaient été si prompts à s’indigner collectivement des questions pourtant légitimes du frère prêcheur ?
2027 se prépare dès maintenant…
Message de Guillaume de Thieulloy :
Le Salon beige, Le Nouveau Conservateur, l’Institut Renaissance et le Centre Européen de Recherches en Sciences Humaines et Religieuses (CERSH) unissent leurs forces pour une campagne inédite : publier et diffuser 20 plaquettes sur les grands enjeux de société, avant la présidentielle de 2027.
Pourquoi ? Parce que nous en avons assez de voir nos élus céder aux pressions idéologiques des lobbies de la culture de mort et piétiner les valeurs essentielles – la vie, la famille, la liberté, la dignité humaine.
Ces livrets, rédigés par des penseurs et experts engagés, sont des armes intellectuelles destinées à réveiller les consciences et mettre les politiciens face à leurs responsabilités en faisant à notre tour pression sur eux.
Le premier s’intitule « L’eugénisme qui vient », par Francis Jubert, philosophe et pionnier des soins palliatifs. Il a déjà fait réagir. Et ce n’est que le début.
Mais cette campagne ne pourra continuer qu’avec votre aide.
Votre don est une déclaration politique
Nous ne demandons rien à l’État. C’est à nous de faire vivre ce projet.
Avec votre soutien, nous allons faire entendre la voix de la majorité silencieuse, celle que les médias et les partis veulent faire taire.
Cliquez ici pour faire un don dès maintenant
Chaque euro est un acte de résistance. Chaque don est une voix qui s’élève.
Merci pour votre engagement à nos côtés.
L’idée d’un “monastère maçonnique” fait flop
Nous avions évoqué cette singerie en avril 2024. Un hôtel particulier situé à Thouars devait accueillir, sous le nom de Manoir d’Hiram, des personnes membres de la franc-maçonnerie désireuses d’effectuer une retraite spirituelle…
Un an après, ce monastère laïc franc-maçon a fermé ses portes.
Les propriétaires de l’hôtel particulier ont décidé de vendre leur demeure.
Inde : hausse des attaques antichrétiennes
Le 18 juin, l’organisation chrétienne interconfessionnelle UCF (Forum chrétien uni), qui agit en Inde pour les droits des minorités chrétiennes, a publié un rapport sur les attaques antichrétiennes enregistrées entre janvier et mai 2025. Durant cette période, l’organisation a enregistré 313 attaques, contre un total de 834 en 2024, 734 en 2023 contre 601 en 2022.
L’UCF signale donc près de deux attaques par jour en moyenne depuis le début de l’année, avec des situations préoccupantes en Uttar Pradesh et au Chhattisgarh. Jusqu’au mois de mai, le Chhattisgarh a enregistré 64 attaques antichrétiennes, suivi par l’Uttar Pradesh avec 58 cas. En 2024, l’Uttar Pradesh avait enregistré 209 attaques, soit le chiffre le plus élevé du pays, suivi par le Chhattisgarh avec 165.
Douze États sur 28, en majorité dirigés par le parti BJP (Bharatiya Janata Party) pro-hindou du Premier ministre Narendra Modi, ont voté des lois anti-conversion, que les chrétiens accusent d’être manipulées par des groupes hindous pour les cibler.
C’est le cas dans l’Odisha, dans l’est de l’Inde, où le BJP est arrivé au pouvoir il y a un an, les responsables chrétiens de la région affirment que les violences antichrétiennes ont augmenté depuis : célébrations interrompues dans des églises, enterrements chrétiens refusés, et boycott social dans les villages.
Dilexit Nos, “Il nous a aimés” : l’encyclique à découvrir pour la fête du Sacré-Coeur de Jésus
A l’occasion du 350ᵉ anniversaire de la première apparition du Sacré-Cœur à sainte Marguerite-Marie Alacoque, l’application de prière Hozana vous propose de recevoir chaque jour, dès le 27 juin, un extrait de la dernière encyclique du Pape François, Dilexit Nos (« Il nous a aimés ») publiée le 24 octobre 2024 !
Dilexit Nos est un appel à une redécouvrir la dévotion au Sacré-Cœur comme réponse aux défis contemporains, notamment les guerres, les inégalités socio-économiques et les dérives technologiques qui menacent notre humanité.
Inscrivrez-vous ici : https://lc.cx/vrvT5k
Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.
Détente pour les chrétiens au Nicaragua
Depuis l’été 2024, le gouvernement du Nicaragua avait suspendu la plupart des ordinations sacerdotales.
En la vigile de la Pentecôte, le cardinal Leopoldo Brenes, archevêque de Managua, la capitale du pays, a pu ordonner huit séminaristes aux ordres majeurs. Cet événement, bien que modeste par rapport aux années précédentes, semble indiquer un léger assouplissement des restrictions imposées par le régime.
Lors de son homélie, le cardinal Brenes a partagé des réflexions tirées de sa récente participation au conclave, exprimant sa tristesse face à la crise des vocations affectant d’autres pays, notamment hors d’Amérique latine.
« Dans certaines Eglises sœurs, des évêques m’ont parlé de diocèses sans ordination depuis des années, ou d’une seule ordination après une décennie ».
Avant 2024, l’archidiocèse de Managua ordonnait régulièrement deux groupes de prêtres par an. Avec plus de 100 séminaristes dans son séminaire diocésain, ainsi qu’un séminaire géré par le Chemin néocatéchuménal, l’archidiocèse bénéficie d’un flux constant de vocations.
En 2024, neuf prêtres ont été ordonnés en janvier et seize en août. Cependant, la cérémonie de 2025, limitée à l’ordination de diacres, contraste avec cette tradition, reflétant les restrictions imposées par le régime.
Depuis l’été 2024, la plupart des diocèses nicaraguayens ont l’interdiction d’ordonner des prêtres ou des diacres. Ainsi, dans le diocèse d’Esteli, l’ordination de trois diacres, prévue le 26 juillet 2024, a été annulée sur ordre de la police. Le même jour, l’administrateur diocésain, le père Frutos Valle Salmeron, âgé de 80 ans, a été interrogé par les autorités et assigné à résidence.
A l’exception du diocèse de Leon, où l’évêque du lieu, Mgr René Sandigo, prudent dans son attitude à l’égard du régime sandiniste, a pu ordonner huit prêtres en août 2024, et de Managua, qui a également tenu des ordinations à la même période, la majorité des diocèses restent sous embargo.
Cette répression s’inscrit dans une campagne plus large contre l’Eglise catholique, intensifiée depuis les manifestations de 2018-2019 contre le régime de Daniel Ortega. Plus de 250 prêtres et religieux, dont quatre évêques, ont été contraints à l’exil, représentant environ 20% du clergé du pays. Des dizaines de stations de radio et de télévision catholiques ont été fermées, les structures juridiques des congrégations religieuses et des institutions catholiques dissoutes, et leurs biens confisqués.
L’ordination de Managua pourrait être interprétée comme un geste de bonne volonté du régime envers le Saint-Siège, le président adoptant une approche modérée face au nouveau pontificat. Cette amorce de détente pourrait être liée à la question des nominations épiscopales, un point de friction majeur. Le pape François s’était jusqu’ici opposé au chef de l’Etat, refusant de nommer des évêques ayant les faveurs du gouvernement, laissant plusieurs diocèses dirigés par des évêques au-delà de l’âge de la retraite ou en exil.
Le caractère profondément stupide de l’expression « mourir dans la dignité »
Dans l’Homme Nouveau, François-Marie Portes, Docteur en philosophie, revient sur la terminologie employée pour justifier l’euthanasie. Extrait :
[…] Comme d’habitude, c’est une expression qui nous a fait réagir. Pourtant, peu de personnes semblent vouloir s’y arrêter. Il s’agit de l’expression, érigée en nom d’association, « mourir dans la dignité ».
Tentons, dans un premier temps, de montrer le caractère profondément stupide de cette expression. En effet, associer le concept de « dignité » à celui de « mort » n’est absolument pas légitime. La dignité signifie selon le Larousse le « respect que mérite quelqu’un ou quelque chose ». La loi actuelle, ainsi que la communication autour, va donc introduire une profonde confusion dans l’appréciation de ce qui est en jeu. Deux choses sont à remarquer et à préciser. Premièrement, une « mort digne » n’existe pas. Mourir est un fait. Le respecter est inutile. La raison fondamentale de cela est que ce qui est subi (le fait de pâtir) ne souffre pas d’être respecté. Être fiévreux, mouillé, avoir chaud ou être blessé sont autant d’exemples qui, si on les affublait d’un adjectif comme « respectable », deviendraient absurdes. Ainsi « être respectablement mort » est rarement voire jamais employé. Les seules réalités susceptibles d’être respectées sont la personne ou son action et non pas ce qu’elle subit.
Par ailleurs, parler de « morts dignes » ou alors de « mourir dans la dignité » supposerait qu’il puisse exister des morts indignes ou des décès dans l’irrespect. Or ce n’est pas la mort qui est plus ou moins respectable. Une personne qui meurt dans sa salle de bains en glissant subit une mort qui n’est pas moins digne qu’une autre décédant dans un accident de voiture. Aussi il n’existe pas de dignité dans le fait de mourir.
Il s’agit donc de respecter la personne qui meurt et non la mort, ou la modalité par laquelle elle meurt. Le respect peut alors se décliner de plusieurs manières.
- Soit on respecte la mémoire des morts, et donc il s’agit d’honorer les défunts, leur vie et ce qu’ils ont fait. Ici, on parlera de rendre hommage aux morts.
- Soit on va respecter le mourant en refusant toute attitude dégradante vis-à-vis de son agonie.
[…]
La présence chrétienne en Iran
Alors que les tensions entre Israël et l’Iran atteignent un niveau critique, le pape Léon XIV a lancé mercredi à la suite de l’audience générale un vibrant appel à la paix. L’archevêque de Téhéran à la tête d’une petite communauté catholique en Iran a lui aussi lancé un appel à la paix entre Israël et l’Iran en début de semaine.
Thomas Oswald, journaliste à l’Aide à l’Eglise en détresse, explique sur RCF que dans ce pays de 84 millions d’habitants, où l’islam chiite est religion d’État, le cardinal Dominique Mathieu, nommé cardinal en 2024 est à la tête d’un petit diocèse latin comptant six paroisses et environ 2 000 fidèles, principalement des expatriés. Sa mission est simple mais immense : maintenir en vie une présence chrétienne en Iran.
On trouve également des Églises orientales très anciennes, comme l’Église chaldéenne, forte d’environ 6 000 membres à Téhéran.
« C’est une Église qui a une histoire très profonde, héritière de l’Église de Perse, qu’on appelait autrefois, l’Église nestorienne. Elle a essaimé jusqu’en Mongolie et en Indonésie
“La foi y est vécue dans la discrétion”. “Les messes, interdites en farsi, se célèbrent en araméen. Une survivance linguistique précieuse, mais qui limite la possibilité de témoigner auprès de la population iranienne.”
L’Église est tolérée tant qu’elle n’évangélise pas. Et les conversions de musulmans au christianisme, bien que nombreuses, restent cachées et surveillées . Il arrive que des fidèles ferment la porte à un musulman intéressé par le Christ, par peur qu’il ne soit un informateur du régime.
Cinquante catholiques français tués par le régime nazi reconnus martyrs et bientôt béatifiés
Le pape Léon XIV a approuvé ce 20 juin, la béatification du père Raymond Cayré (1915-1944), du frère franciscain Gérard Martin Cendrier (1920-1944), du séminariste Roger Vallée (1920-1944) et du laïc Jean Mestre (1924-1944), morts dans divers camps de concentration. Ces « Martyrs de l’apostolat », dont la cause collective avait été ouverte en 1988 à Paris, devraient être béatifiés prochainement.
Le site officiel du dicastère pour les Causes des saints explique que 50 vénérables ont tous consacré leur apostolat aux ouvriers français envoyés en territoire allemand par le régime de Vichy, dans le cadre du Service du Travail Obligatoire. Encouragés par l’archevêque de Paris, le cardinal Emmanuel Suhard, ils ont été arrêtés pour activités subversives contre le Troisième Reich, torturés et mis à mort principalement dans des camps de concentration.
Ces catholiques français sont morts « en haine de la foi » – selon la formule consacrée pour les martyres – entre 1944 et 1945, dans diverses régions allemandes (Cologne-Rhénanie, Saxe et Anhalt, Thuringe, Berlin, Brunswick, Silésie, Bade-Wurtemberg, Sudètes) ainsi qu’en Autriche. Leurs décrets ont été validés ce vendredi matin par Léon XIV lors d’une audience avec le cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère pour les Causes des saints. Le Vatican dénombre :
QUATRE RELIGIEUX FRANCISCAINS
- Gérard Cendrier (1920-1944), mort au camp de concentration de Buchenwald (photo)
- Paul Le Ber (1920-1945), mort au camp de concentration de Buchenwald ;
- Joseph Paraire (1919-1945) mort dans un « convoi de la mort » ;
- André Boucher (1920-1945) mort à Buchenwald.
Neuf prêtres diocésains figurent parmi ces martyrs :
- Raymond Cayré (1915-1944), mort de typhus au camp de concentration de Buchenwald ;
- Jules Grand (1905-1945), mort à Buchenwald ;
- Maurice Rondeau (1911-1945), mort à l’hôpital bavarois de Cham ;
- Antoine Charmet (1906-1945), mort de tuberculose à Buchenwald ;
- Louis Doumain (1920-1944), mort au camp de concentration de Zöschen ;
- Pascal Vergez (1910-1944), mort de typhus à Zöschen ;
- Pierre de Porcaro (1904-1945), mort de typhus à Dachau ;
- René Giraudet (1907-1945), interné à Bergen-Belsen, malade du typhus, mort à Paris ;
- Jean Batiffol (1907-1945) mort à Mauthausen.
De nombreux « jocistes » – membres de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne – ont participé à cette « aumônerie clandestine » pour les ouvriers. Le Vatican publie 19 noms appartenant à ce mouvement :
- Jean Lépicier (1921-1945), mort à Buchenwald ;
- Bernard Lemaire (1920-1944), mort de typhus à Buchenwald ;
- Maurice Grandet (1920-1944), mort de typhus à Buchenwald ;
- René Ponsin (1923-1945), mort à Buchenwald ;
- Claude-Colbert Lebeau (1922-1945), mort à Zöschen ;
- Jean Chavet (1922-1945), mort du typhus à Mauthausen ;
- André Parsy (1922-1944), interné à Zöschen, mort à Trebitz ;
- André Vallée (1919-1945), mort à Flossenbürg ;
- Henri Marrannes (1923-1945), mort à Zwickau ;
- Louis Pourtois (1919-1945), mort à Mauthausen ;
- Camille Millet (1922-1945), mort à Flossenbürg ;
- Marcel Carrier (1922-1945), mort à Neustadt lors de la « marche de la mort » ;
- Alfredo Dall’Oglio (1921-1944), italien naturalisé français, mort à Wuhlheide ;
- Marcel Touquet (1914-1945), mort à Ravensbrück ;
- Lucien Croci (1919-1945), mort à Barth ;
- Jean Mestre (1924-1944), mort peu après son arrestation ;
- Jean Perriolat (1920-1945), mort à Mauthausen ;
- René Rouzé (1922-1945), mort à Dora-Mittelbau ;
- Henri Euzenat (1920-1945), mort à Dachau.
14 membres du mouvement des Scouts de France sont recensés :
- Louis Didion (1917-1945), mort à Buchenwald ;
- Robert Saumont (1919-1945) mort à Buchenwald ; Bernard Morizot (1924-1945), interné à Buchenwald et fusillé ;
- Jean (1920-1945) interné à Dachau, mort d’épuisement après l’évacuation du camp à l’hôpital d’Emmendingen ;
- René Boitier (1917-1945), interné à Dachau, mort d’épuisement après l’évacuation du camp ;
- Robert Défossez (1920-1945) mort de septicémie à Buchenwald ;
- Jean Préhu (1920-1945) mort à Dachau ;
- Maurice-Philippe Bouchard (1916-1944), mort à Buchenwald ;
- Raymond Louveaux (1913-1944) mort à Buchenwald ;
- Gaston Raoult (1921-1945) mort dans la mine de Bad Salzungen ;
- Bernard Perrin (1921-1945) interné à Mauthausen, mort à Gusen ;
- Eugène Lemoine (1920-1945), mort à Zöschen ;
- Robert Beauvais (1922-1945), mort à Neuengamme ;
- Joël Anglès d’Auriac (1922-1944), décapité à Dresde.
Trois séminaristes sont également reconnus parmi ces « Martyrs de l’apostolat » :
- Roger Vallée (1920-1944), mort à Mauthausen ;
- Jean Tinturier (1921-1945), mort à Mauthausen ;
- Jean Duthu (1921-1945), mort à Flossenbürg.
Enfin, le doyen de cette liste est un jésuite , Victor Dillard (1897-1945), décédé au camp de concentration de Dachau à l’âge de 47 ans.
Pilule cancérigène : France intox confirme la “rumeur”
La rubrique Vrai ou Faux de France intox est amusante :
C’est une rumeur qui fait le tour de TikTok et de X, dans des publications vues parfois quelques milliers de fois, parfois plus d’un million. “Ça y est, c’est officiel, l’OMS a annoncé que la pilule était aussi nocive, aussi cancérogène, que le tabac, l’alcool… et l’amiante”, annonce une internaute. “La pilule augmente le risque de cancer du sein et de cancer de l’utérus de 20% à 30%”, dénonce une autre. “Tous les jours en fait on s’empoisonne”, déplore une troisième. Vrai ou Faux ?
France Intox confirme que c’est vrai et même que ça fait longtemps que c’est vrai. Sauf qu’à promouvoir la pilule tous les 4 matins, c’est une vérité que la grosse presse préfère passer sous silence :
L’OMS a classé la pilule parmi les produits cancérogènes il y a plus de 20 ans
Le sujet est complexe. D’abord, ce qui est vrai, c’est que le Centre international de recherche sur le cancer, qui est une agence de l’Organisation mondiale de la santé, a classé il y a plus de 20 ans certaines pilules contraceptives parmi les produits cancérogènes de groupe 1, comme on peut le voir sur son site, c’est-à-dire “cancérogènes pour les humains”. Groupe dans lequel il y a aussi en effet l’alcool, le tabac et l’amiante.
Et France intox tente de relativiser la menace :
Les pilules sont-elles très dangereuses ou pas ? On peut facilement trouver sur internet une étude publiée dans la revue Plos Medicine en 2023 qui explique que la pilule contraceptive (combinée ou non) peut augmenter les risques d’avoir un cancer du sein de 20% à 30%. Des chiffres impressionnants dits comme ça. Néanmoins, cela reste “très petit en termes de risque absolu”, selon la coauteure de cette étude, Gillian Reeves, professeur à l’université d’Oxford, dont les propos sont rapportés par Ouest-France.
Un autre spécialiste, Stephen Duffy, professeur à l’université Queen Mary de Londres, trouvait ces résultats “rassurants car l’effet [était] modeste”. En fait, il faut bien comprendre que la pilule augmente un peu des risques qui sont assez faibles. Cela ne signifie pas qu’en prenant la pilule les femmes ont 30% de risque d’avoir un cancer. Actuellement, le cancer du sein touche une femme sur neuf. Le risque d’avoir un cancer du sein est donc en général de 11% – sans prendre en compte les antécédents particuliers. Si on y applique schématiquement une hausse de 30%, cela signifierait que la pilule fait passer le risque de contracter un cancer du sein à 14%.
Circulez il n’y a rien à craindre.
Le député RN Caroline Parmentier face à la dédiabolisation
Mediapart a ressorti des écrits de Caroline Parmentier, ancienne journaliste du quotidien Présent, aujourd’hui député du Rassemblement national :
Artisane de la stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen, Caroline Parmentier a publié pendant trente ans des écrits racistes, antisémites et homophobes. Sur Facebook, elle affichait aussi ouvertement son soutien au maréchal Pétain en 2018, a découvert Mediapart. L’embarras gagne le Rassemblement national.
Cette dernière a réagi :
Lors de la constitutionnalisation de l’avortement, elle s’était aussi “courageusement” abstenue à deux reprises. Quant à l’inauguration du buste de Simone Veil, nous avions déjà pointé l’incohérence de cette ancienne journaliste, en soulignant “Quel est l’intérêt de se réjouir d’avoir 89 députés RN, si c’est pour faire comme la gauche ?”. Surtout que cela ne suffit pas à être épargné par Mediapart.
Qui se dévoue pour lui offrir le “Manuel de lutte contre la diabolisation” de Jean-Yves Le Gallou ? Elle y apprendrait notamment que face aux “diabolisateurs”, il ne faut pas s’excuser mais contre-attaquer et rendre coup pour coup. Et cesser d’essayer de passer pour un élu gaucho-compatible…
I-Média : Morale antiraciste = nouvelle religion ? Un lavage de cerveau signé France 2
Cette semaine, Jean-Yves Le Gallou et Floriane Jeannin décryptent sans concession la manipulation médiatique et la censure croissante qui menacent nos libertés fondamentales.
Au programme :
L’image de la semaine : “Sommes-nous tous racistes ?”
Le programme que France 2 veut vous faire avaler pour vous culpabiliser ! Dans cette émission, le service public recréé des expériences sociologiques parfois biaisées pour montrer que le racisme et les préjugés font partie de notre vie quotidienne. Le but quasi avoué : culpabiliser les Français et rééduquer leur cerveau pour les rendre plus tolérants et casser leurs instincts naturels. L’illustration même que la science est parfois au service d’une instrumentalisation idéologique.
Le dossier du jour : Internet glisse vers la zone de non droit !
Entre Emmanuel Macron qui souhaite interdire les réseaux sociaux au moins de 15 ans, le gouvernement qui surveille attentivement toutes les plateformes grâce à une entreprise étrangère, un des directeurs de YouTube qui assume de censurer les contenus qu’il juge “nuisibles”, le RN qui surveille les groupes Facebook de ses propres élus, Pavel Durov qui appel à défendre la liberté d’expression… Pas de doute, la liberté sur internet, c’était mieux avant !
Les pastilles de l’info :
- Grooming Gangs : Enfin une enquête sur le scandale pédocriminel britannique !
- Macron et Meloni au G7
- Cerfia racheté par Pierre Edouard Stérin, Matthieu Pigasse monte au créneau : la paille et la poutre !
- Rachida Dati vs France Télévisions : la guerre est déclarée
- Salon du Bourget : Bayrou coincé dans le Rafale
Portrait piquant : Patrick Cohen, le journaliste devenu symbole du conformisme !
La parade LGBTQXYZ interdite à Budapest
La police de Budapest interdit la marche « des fiertés » prévue le 28 juin.
Une loi récente interdit les événements publics qui « manifestent des déviations par rapport à l’identité de genre reçue à la naissance, au changement de sexe ou à l’homosexualité », et interdit la propagande LGBT auprès des enfants, ce qui est appuyé par un amendement constitutionnel (voté en avril) stipulant que les droits des enfants priment sur tous les autres droits constitutionnels à l’exception du droit à la vie.
Le maire de Budapest, militant pro-LGBTQXYZ, avait affirmé qu’il n’y avait pas besoin d’une autorisation de la police d’Etat puisqu’il s’agit d’un événement municipal. Mais la police répond que la loi s’applique aussi à ce que le maire organise.
Menace de mort contre les fidèles dans l’église d’Ambazac (87) : « On vous tuera tous »
Mardi 17 juin, à Ambazac (Haute-Vienne), un homme a fait irruption dans une église vers 18h30. Visiblement agité et sous l’emprise de l’alcool, il a insulté les fidèles et proféré des menaces : « Si tu bouges, t’es mort ! » et « On vous tuera tous un jour ». Il a aussi accusé l’Église de soutenir « les Israéliens » et traité ses membres de « pédophiles ».
L’homme, identifié comme Hasein O., né en 1968, a été interpellé vers 20h30 sans résistance. Déjà connu pour 86 faits enregistrés au TAJ — incluant vols, cambriolages, menaces de mort, port d’arme blanche — il n’est pourtant pas fiché pour radicalisation, bien que ses propos aient été fortement teintés de religion et de politique.
A peine restaurée par SOS Calvaires, une croix a été vandalisée
Communiqué de SOS Calvaires :
Contribuez au développement de l’App’ qui aide à la Prière quotidienne
Mère Teresa décelait l’importance fondamentale de la prière dans un monde de plus en plus vide de sens sans Dieu :
“Beaucoup de gens perdent goût à la vie et au travail, ils se sentent mécontents et vides simplement parce qu’ils ont délaissé la prière.”
Après une enquête réalisée auprès d’un panel de catholiques, Timothée Berthon (fondateur et Président de YouPray) relève ce constant sans appel : “peu de catholiques arrivent à prier fidèlement chaque jour”. Or sans prière, la vie chrétienne perd son sel et sa force. Il décide alors de créer un outil pédagogique adaptée à la vie d’aujourd’hui qui aide à la prière quotidienne.
Partant du constat que le plus dur dans la prière, « c’est de s’y mettre », YouPray a développé une pédagogie de la prière basée sur l’audio qui facilite la méditation et l’entrée dans la prière à travers une application numérique téléchargeable sur Smartphone : prière du matin inspirée des laudes, évangile quotidien lu et commenté, prière du soir, chapelets, méditations adaptées aux circonstances, neuvaines, parcours d’épanouissement spirituel… Il suffit d’appuyer sur Play et de se laisser guider.
Depuis 2020, l’attention a été portée sur la qualité de l’offre tant sur la forme que sur le fond. La notation des utilisateurs est déjà un succès : 4.9 sur 5 !
Après des premières années pour parfaire l’Application, YouPray a désormais besoins de ressources pour se faire connaître du plus grand nombre !
Souhaitez-vous contribuez au développement de YouPray en donnant du sens à votre épargne ?
Pour accéder à la Page de présentation de cette opportunité d’investissement, il vous suffit de cliquer sur le lien ci-après : https://www.credofunding.fr/fr/youpray
Vous pouvez contacter Edouard Vieilfault ([email protected]) pour toute demande de précisions si nécessaire.
L’investissement comporte des risques de perte partielle ou totale du capital investi – Des frais sont dus par le porteur de projet et les investisseurs (18 € TTC).
Entre 2008 et 2026, le nombre moyen de démissions de maires par an a été multiplié par 4
Les prochaines élections municipales auront lieu en mars 2026. Or, selon une enquête, en l’espace de trois mandats municipaux (entre 2008 et 2026), le nombre moyen de démissions de maires par an a été multiplié par 4 (129 vs. 417).
Avec plus de 3 000 changements de maires depuis l’élection municipale de 2020, les démissions volontaires, au nombre de 2 189, ont atteint un niveau historique. Entre septembre 2020 et mars 2025, ce sont en moyenne 40 démissions par mois enregistrées, soit plus d’une démission par jour. Au total, c’est près de 6 % de l’ensemble des maires élus qui ont démissionné.
C’est ce que révèle l’étude conduite par Martial Foucault, professeur des universités à Sciences Po et chercheur au CEVIPOF, en partenariat avec l’AMF dans le cadre de l’Observatoire de la démocratie de proximité. Son analyse s’appuie sur les données du répertoire national des élus (RNE) du ministère de l’Intérieur, couvrant la période de juillet 2020 à mars 2025, complétée par des articles de la presse régionale et un recueil de témoignages.
Comment expliquer ce phénomène ? Quelles leçons en tirer à quelques mois de la prochaine échéance municipale de mars 2026 ?
Trois causes de démission dominent :
- la difficulté à mener jusqu’au bout les projets municipaux sur lesquels les élus se sont engagés qui créé des tensions au sein des conseils municipaux (30,9 % des cas) ;
- les passations de pouvoir anticipées et organisées dès le début de la mandature (13,7 % des cas) ;
- les questions de santé physique (13,1 % des cas) et de santé mentale (5,1 % des cas).
Les raisons de ces démissions apportent un éclairage nouveau sur les débats parlementaires en cours qui visent à modifier le statut de l’élu local et apporter des garanties pour maintenir l’engagement municipal, pierre angulaire d’une démocratie de proximité.
À l’heure du bilan et de l’élaboration de nouveaux projets, force est de reconnaître que le mandat 2020-2026 n’aura ressemblé à aucun autre. Il a commencé avec la crise du Covid-19 et s’achève dans un climat d’instabilité nationale depuis la dissolution et une situation financière difficile.
Sans doute faut-il revenir au principe de subsidiarité ?…
Refaire la Chrétienté ?
Dans cette table ronde, trois intellectuels engagés livrent une analyse lucide et une parole d’espérance sur les conditions de possibilité d’un redressement chrétien :
- Abbé Matthieu Raffray, prêtre, philosophe, enseignant à Rome.
- David Engels, historien et essayiste européen.
- Jean-Pierre Maugendre, écrivain et directeur de Renaissance Catholique.
Face à Julien Langella, ils débattent des grandes questions contemporaines :
✦ Le Christ-Roi est-il encore une espérance politique crédible ?
✦ Peut-on faire renaître une Chrétienté enracinée dans une nation ?
✦ La stratégie doit-elle être d’en haut ou d’en bas ?
✦ Comment faire face aux défis anthropologiques, spirituels et géopolitiques du XXIe siècle ?
La continuité ou la discontinuité de Vatican II par rapport à l’Eglise précédente
La réédition du livre du Professeur de Mattei, Vatican II, l’histoire qu’il fallait écrire, a suscité diverses réactions et commentaires. Il est en particulier reproché par Yves Chiron (Aletheia n°356) au Professeur de Mattei de ne pas avoir tenu compte, dans cette réédition, des remarques formulées par le cardinal Marchetto sur son ouvrage originel. Nous publions ci-dessous la première partie de la réponse du Professeur de Mattei au cardinal Marchetto (Il Foglio, 9 octobre 2012).
Continuité ou rupture ?
Le moment est peut-être venu de sortir de la cage herméneutique dans laquelle se débattent les spécialistes du Concile Vatican II. Tous ceux qui abordent la discussion historiographique sur le Concile, en mettant en lumière, sous divers points de vue, les éléments de « virage » objectif par rapport à l’époque précédente, sont en effet hâtivement étiquetés comme partisans de l’ « herméneutique de la discontinuité », en opposition avec le magistère de Benoît XVI et de ses prédécesseurs.
Tel est par exemple le critère souverain de jugement de Mgr Agostino Marchetto dans son récent ouvrage Il Concilio Ecumenico Vaticano II. Per la sua corretta ermeneutica[1] (Libreria Editrice Vaticana, 2012), comme il l’avait déjà été dans sa précédente étude Il Concilio Ecumenico Vaticano II. Contrappunto per la sua storia[2] (Libreria Editrice Vaticana, 2005).
Dans ces deux livres, Mgr Marchetto fait moins un travail d’historien que de recension attentive de tout ce qui a été publié au cours de la dernière décennie à propos de Vatican II. Ce n’est pas nécessairement une limite. La limite est de lancer aux auteurs recensés des accusations de « discontinuisme », en s’abritant derrière un présumé magistère à ce sujet pour couvrir une faiblesse argumentative substantielle. Mais Benoît XVI, dans son discours à la Curie romaine du 25 décembre 2005, a déclaré qu’à l’herméneutique de la discontinuité ne s’oppose pas l’herméneutique de la continuité « tout court », mais une « herméneutique de la réforme », dont la vraie nature consiste en un « ensemble de continuités et de discontinuités à des niveaux différents ». Peut-être est-ce précisément à partir de la constatation de l’existence de niveaux différents de continuité et de discontinuité qu’il faudrait avancer.
La continuité ou la discontinuité de Vatican II par rapport à l’Eglise précédente peut être considérée sous deux aspects : la dimension historique et humaine de l’Eglise et sa dimension ontologique, qui s’exprime dans l’immuabilité de sa Tradition. Une distinction qui correspond à la double nature de l’Eglise, humaine et divine, et qui rend le discours bien plus articulé et riche de nuances que ne le voudraient Mgr Marchetto et d’autres auteurs. Le premier niveau d’étude revient à l’historien, qui a pour critère de vérité celui de la vérification et de l’évaluation des faits. Le second niveau appartient au théologien, au pasteur et, en dernière instance, au Souverain Pontife, gardien suprême des vérités de foi et de morale. Il s’agit de deux plans distincts, mais liés et interdépendants, comme le sont l’âme et le corps dans l’organisme humain. Mais c’est seulement après la reconstruction historique, et non avant, qu’interviennent les pasteurs, pour formuler leurs jugements théologiques et moraux.
Les deux niveaux, historique et herméneutique, ne peuvent pas se confondre, à moins de ne pas considérer que l’histoire coïncide avec son interprétation. Cela signifie que le Concile Vatican II doit être abordé non seulement sur le plan théologique, mais avant tout sur le plan historique en tant qu’événement. Le théologien exercera sa réflexion sur les textes, l’historien, sans négliger les textes, réservera surtout son attention à leur genèse, à leurs conséquences, au contexte dans lequel ils se situent. L’historien et le théologien cherchent tous les deux la vérité, qui est la même, mais ils y arrivent par des chemins différents, non opposés.
Il semble que ce soit le cardinal Ruini qui ait confié à Marchetto le devoir de s’opposer à l’œuvre historique, de marque ultra progressiste, de Giuseppe Alberigo et de son « école de Bologne ». Mais contre l’histoire tendancieuse d’Alberigo et des ses continuateurs il n’est pas suffisant d’affirmer que les documents du Concile doivent être lus en continuité et non en rupture avec la Tradition.
Lorsqu’en 1619 Paolo Sarpi écrivit une histoire hétérodoxe du Concile de Trente, on ne lui opposa pas les formules dogmatiques de Trente, mais une histoire différente, la célèbre histoire du Concile de Trente écrite sur l’ordre du pape Innocent X par le cardinal Pietro Sforza Pallavicino (1656-1657) : l’histoire, en effet, se combat avec l’histoire, et non avec les affirmations théologiques. C’est la raison pour laquelle les critiques que fait Marchetto au sujet de mon étude Il Concilio Vaticano II. Una storia mai scritta[3](Lindau, 2011) sont des balles tirées à côté de leur cible. Je ne suis en effet ni un « discontinuiste », comme Marchetto s’obstine à le répéter, ni un « continuiste », parce que je juge ce terme tout aussi dépourvu de signification que le précédent.
Je suis simplement un historien qui se propose de raconter de façon vraie et objective ce qui s’est passé, non seulement pendant les trois années pendant lesquelles se déroula le Concile Vatican II, du 11 octobre 1962 au 8 décembre 1965, mais aussi pendant les années qui le précédèrent et celles qui le suivirent immédiatement, l’époque de ce que l’on appelle le « post Concile ». Je fais mien le souhait que le cardinal Ruini adressait le 22 juin 2005 à l’entreprise de Mgr Marchetto (« il est temps que l’historiographie produise une nouvelle reconstruction de Vatican II qui soit aussi, finalement, une histoire de vérité ») mais je ne crois pas qu’il soit productif de cacher la vérité historique derrière le voile d’une « herméneutique de la continuité » mal comprise. Ma lecture du Concile diverge radicalement de celle que l’historien de Bologne Giuseppe Ruggieri propose dans son récent ouvrage Ritrovare il Concilio[4] (Einaudi, 2012), Mais je ne peux pas lui donner tort quand il affirme que le devoir de l’historien consiste à « connaître, à partir des sources, ce qui s’est vraiment passé, et à comprendre le sens effectif de ce qui s’est vraiment passé », et quand il explique pourquoi le Concile Vatican II n’est pas réductible à ses décisions (pp. 7-11).
J’ai déjà eu l’occasion de l’écrire : les Conciles peuvent promulguer des dogmes, des vérités, des canons, qui émanent du Concile, mais qui ne sont pas le Concile. Le Concile est différent de ses décisions, qui, seulement quand elles sont promulguées infailliblement, deviennent partie intégrante de la Tradition (Apologia della Tradizione. Proscritto a Il concilio Vaticano II. Una Storia mai scritta[5]). Comment nier que le Concile Vatican II ait eu une « spécificité » par rapport aux autres événements historiques, et qu’il ait constitué, sous de nombreux aspects, une « Révolution » ? En attestent les témoignages qui, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile, ont été recueillis par Avvenire, et celui du sociologue canadien Charles Taylor, qui rappelle l’événement par ces paroles : « C’était comme la chute de Jéricho » (Avvenire, 26 juillet 2012).
La principale nouveauté de Vatican II fut sa nature pastorale. Le cardinal Walter Brandmüller l’a bien expliqué. Les Conciles exercent, sous et avec le pape, un magistère solennel en matière de foi et de morale, et ils se posent comme juges et législateurs suprêmes en matière de droit et de discipline de l’Eglise, mais Vatican II, contrairement aux précédents Conciles, « n’a pas exercé de juridiction, ni légiféré, ni délibéré sur des questions de foi de façon définitive. Il a plutôt été un nouveau type de Concile, dans la mesure où il s’est défini comme Concile pastoral, qui voulait expliquer au monde d’aujourd’hui la doctrine et les enseignements de l’Evangile de façon plus attrayante et instructive. En particulier, il n’a prononcé aucune censure doctrinale. […] Au contraire, la crainte de prononcer tant des censures doctrinales que des définitions dogmatiques a eu pour conséquence l’émergence d’affirmations conciliaires dont le degré d’authenticité et donc le caractère obligatoire fut extrêmement varié. […] Chaque texte conciliaire a un degré différent d’adhésion. C’et aussi un aspect totalement nouveau dans l’histoire des Conciles » (Walter Brandmüller, Il Vaticano II nel contesto della storia conciliare[6], in Aa. V., Le « chiavi » di Benedetto XVI per interpretare il Vaticano II[7], Cantagalli, 2012, pp. 54-55). Les études de Mgr Brunero Gherardini (la dernière est Il Vaticano II. Alle radici di un equivoco[8], Lindau, 2012) demeurent le point de référence fondamentale pour une évaluation du degré d’adhésion de ces enseignements tout au plus pastoraux. Caractéristique surprenante que celle de la pastoralité, car dans les vingt Conciles universels précédents, la forme est toujours dogmatique et normative. La forme définitoire, comme l’observe Enrico Maria Radaelli, dans son étude pointue sur le langage de Vatican II, est « la forme naturelle du langage de l’Eglise » (Il domani – terribile o radioso – del dogma[9], édition pro manuscripto, 2012).
La pastoralité ne fut pas seulement un « fait », c’est-à-dire l’explication naturelle du contenu dogmatique du Concile d’une façon adaptée à son époque, comme cela avait toujours été le cas. Ni le Concile Vatican I ni le Concile de Trente n’étaient en effet dépourvus de dimension pastorale. La « pastoralité » fut en revanche élevée au rang de principe alternatif à la « dogmaticité », sous-entendant une priorité de la première sur la seconde. La dimension pastorale, en soi accidentelle et secondaire par rapport à la dimension doctrinale, devint prioritaire dans les faits, opérant une révolution dans le langage et dans la mentalité. Un auteur n’appartenant pas à l’école de Bologne, le père John O’Malley de la Georgetown University, a défini Vatican II comme un « événement linguistique », en expliquant qu’aux professions de foi et aux canons se substitua « un genre littéraire » qu’il appelle « épidictique », c’est-à-dire discursif (What happened at Vatican II[10]).
Victoires pour l’ECLJ
C’est une grande semaine pour l’ECLJ, marquée par une victoire au Parlement européen et un «succès diplomatique» autour d’une réception sur le thème de «l’obstruction judiciaire aux élections libres» :
La victoire d’abord: vous l’avez peut-être vu si vous nous suivez déjà sur YouTube: le Parlement européen a adopté cette semaine en commission un amendement pour obliger les sites obscènes à vérifier l’âge de leurs visiteurs. C’est une formidable mesure pour protéger nos enfants de ces contenus scandaleux. L’ECLJ a beaucoup travaillé pour soutenir cette politique, publiant un rapport, participant à plusieurs conférences au Parlement européen, publiant des tribunes, etc. C’est un beau succès qui doit encore être confirmé par un vote en assemblée plénière.
Cette semaine a aussi été marquée par un beau succès diplomatique. Nous avons en effet eu l’honneur de recevoir dans nos locaux de nombreux ambassadeurs et diplomates en poste auprès du Conseil de l’Europe, ainsi que des députés au Parlement européen de divers pays et groupes politiques pour parler du futur de l’Europe. Grégor Puppinck a abordé un sujet crucial: la protection de la démocratie contre l’obstruction judiciaire aux élections libres.
Nous avons aussi eu le plaisir d’accueillir Me Jordan Sekulow, le Directeur General de l’American Center for Law and Justice (ACLJ). Il a présenté l’ACLJ et sa volonté de renforcer la coopération entre mouvements conservateurs de part et d’autre de l’Atlantique.
La démocratie est en danger, a alerté Grégor Puppinck. Il n’est plus suffisant de défendre des convictions et des valeurs ; il est à présent nécessaire de défendre aussi la liberté politique, c’est-à-dire la faculté pour chacun de comprendre le monde dans lequel il vit et d’y agir politiquement. Or, ces facultés sont menacées.
Face à la montée du conservatisme, le pouvoir en place n’hésite pas à réduire les libertés pour conserver son contrôle. C’est pourquoi nous assistons à une volonté croissante de limiter la liberté d’expression, de censurer et de réduire les espaces de liberté. Mais cette volonté de contrôle va encore plus loin. Nous constatons avec inquiétude un recours croissant à l’appareil judiciaire, par les gouvernements en place, pour disqualifier leurs opposants.
C’est le cas actuellement en Turquie, où le maire d’Istanbul Ekrem İmamoğlu, et principal opposant à Erdogan, est actuellement en prison. C’est aussi le cas en Roumanie, où le premier tour des élections présidentielles a été annulé pour éviter l’élection de l’opposant Călin Georgescu. C’est aussi le cas actuellement en Pologne, où les forces gouvernementales contestent le résultat des dernières élections présidentielles, et ont procédé à une forme de purge contre des anciens cadres conservateurs. Un ancien secrétaire d’Etat catholique a même obtenu l’asile politique en Hongrie après avoir été condamné à 25 ans de prison en Pologne.
C’est aussi le cas en Allemagne, où l’administration en place a classé l’AfD comme parti «extrémiste» et «d’extrême droite», en raison de ses positions sur l’islam et l’immigration, afin de pouvoir le placer sous surveillance policière renforcée, et permettre son éventuelle interdiction. C’est aussi le cas en France, bien sûr, où un jugement adopté par une juridiction de première instance prétend empêcher Mme Marine Le Pen de se présenter aux prochaines élections présidentielles.
Nous pourrions allonger la liste en mentionnant aussi les tentatives judiciaires d’empêcher Donald Trump de se présenter aux dernières élections présidentielles, ainsi que les poursuites gravissimes initiées au Brésil contre l’ancien président Jair Bolsonaro, depuis le retour au pouvoir de son rival socialiste Lula.
Nous pourrions aussi mentionner les énormes sanctions financières imposées par la Commission européenne à la Hongrie et à la Pologne en raison de leurs politiques conservatrices, sanctions levées contre la Pologne aussitôt après l’élection du Gouvernement Tusk.
Les personnes actuellement au pouvoir sont prêtes à tout pour conserver le contrôle des institutions. À défaut de parvenir à combattre les idées de leurs opposants, elles attaquent ceux qui les portent. L’ECLJ, qui subit ces attaques, est bien placé pour le savoir. Les conservateurs doivent donc se battre sur tous les terrains, non seulement sur celui des idées, mais aussi sur le terrain institutionnel. Vous pouvez compter sur l’ECLJ pour mener ce combat, pour défendre nos convictions et notre liberté politique.
Les évêques de France condamnent la laïcité
….en 1925, lors d’une grande déclaration trop méconnue, dont nous fêtons le centenaire cette année. La revue Le Sel de la Terre remet ce texte à l’honneur à l’occasion de cet anniversaire.
Le numéro 131 du Sel de la Terre est sorti !
Le centenaire de la Déclaration épiscopale de 1925 sur la laïcité
Les condamnations du catholicisme libéral vinrent souvent de Rome : Mirari vos, Quanta cura, Lettre sur le Sillon. A ces documents papaux s’ajoutent des écrits nationaux, moins connus – qui n’en méritent pas moins la lecture. Rédigée en 1925 par l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France, la déclaration épiscopale en question rappelle la place que doit occuper la religion catholique dans la société
Dans le contexte de la loi de 1905, le venin laïciste trouve des défenseurs jusque dans les rangs catholiques. Emmanuel Desgrées du Loû, par exemple, fervent promoteur de la démocratie chrétienne, préconise dans un mémoire intitulé La Politique religieuse en France et les élections de 1924 que les candidats catholiques soutiennent les lois dites laïques. Cette position provoque de nombreuses réactions de la part d’évêques.
La déclaration de 1925 vient matérialiser dans un document officiel toutes ces réactions éparses. L’idée est de dénoncer les lois liées à la laïcité et d’indiquer les moyens pour les combattre. Particulièrement intéressante se trouve être la liste des préjugés contre lesquels les catholiques doivent lutter par l’information : « La loi, juste ou injuste, est la loi ; on est tenu de lui obéir », « La religion est affaire privée », « La religion n’a rien à voir dans la politique », etc.
Loin d’être datée, cette déclaration mérite d’être lue non seulement pour connaître les combats des catholiques au début du XXe siècle, mais aussi pour opérer une piqûre de rappel dans un monde qui isole toujours plus la religion de la sphère publique et combat toujours plus les vestiges de la civilisation chrétienne. Cette lecture, vous pourrez la faire dans le numéro 131 du Sel de la Terre qui vient de paraître. Un article de Yves Gérardin précède le texte de la déclaration pour en donner le contexte et les enjeux.
Pour acheter ce numéro : https://www.seldelaterre.fr/numeros/sdt131
Pour s’abonner : https://www.seldelaterre.fr/abonnements
Vous trouverez également dans ce nouveau numéro :
Un dossier sur Mgr Tissier de Mallerais.
Une étude sur la préfiguration de Marie dans la Genèse.
Une réponse à l’ouvrage d’un musulman ressassant des sophismes antichrétiens.
Un article sur Sigrid Undset, écrivain de Norvège, ancienne féministe convertie au catholicisme en 1924, Nobel de littérature.
Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.
Pèlerins lors de la marche de la Pentecôte vers Chartres en France – Sous l’inspiration du Saint-Esprit
Le Frankfurter Allgemeine Zeitung a consacré un long reportage avec de belles photos sur le pèlerinage de Chartres. Traduction :
Trois jours de chants, de confessions, de messes – et de douleurs dans les jambes : est-ce ainsi qu’on fait l’expérience de la grâce ? Et pourquoi les jeunes préfèrent-ils prier en latin ? Récit du pèlerinage de la Pentecôte de Paris à Chartres.
Mon couteau suisse reste introuvable. Il est peut-être resté dans la petite chambre que j’ai louée dans le Quartier latin à Paris, ou alors il s’est perdu dans les profondeurs de mon sac à dos déjà bien rempli. Plusieurs fouilles minutieuses dans les poches n’ont rien donné, et pourtant il va bien falloir découper les provisions pour les trois jours à venir. Mais parmi les 19 000 pèlerins auxquels je me joins aujourd’hui, en ce samedi précédant la Pentecôte, quelqu’un aura bien un couteau à me prêter. Il est cinq heures du matin, et il pleut. Pourtant, la place devant la troisième plus grande église de Paris, Saint-Sulpice, est sans doute l’endroit le plus animé de la métropole française à cette heure. Des bus y déposent sans cesse des catholiques, tandis que d’autres fidèles arrivent à pied par les ruelles étroites pour rejoindre le point de départ. Tous ont en tête le même but : la ville de Chartres, située à environ 86 kilomètres à vol d’oiseau, dont la cathédrale Notre-Dame abrite la relique du voile de la Vierge Marie. Le parcours à pied totalise 105 kilomètres.
Pour moi, c’est un premier pèlerinage. Je n’ai renoué avec l’Église que récemment, après m’en être longtemps tenu à distance. Pourquoi avoir choisi précisément celui de Chartres ? Pour une raison particulière : les messes célébrées au cours de ce pèlerinage suivent l’ancien rite, tel qu’il était pratiqué avant la réforme liturgique du concile Vatican II dans les années 1960. Ce qui signifie : les prières sont en latin, récitées principalement par le prêtre ; celui-ci tourne le dos aux fidèles, tourné vers le maître-autel et le tabernacle où sont conservées les hosties consacrées ; et la communion se reçoit à genoux, sur la langue. La « forme extraordinaire du rite romain », ainsi que l’on appelle officiellement l’ancienne messe, laisse peu de place à l’improvisation ou à la personnalité du célébrant — sauf dans l’homélie. Les ornements liturgiques y sont en général plus fastueux, et la messe est accompagnée du chant grégorien, plurimillénaire. Elle me paraît ancrée bien plus profondément dans le spirituel, là où le nouveau rite met davantage l’accent sur la personne humaine. Or ce n’est ni l’homme, ni le monde que je cherche dans l’Église, mais Dieu, à qui le prêtre s’adresse à voix basse pendant le sacrifice eucharistique. Pour moi, la messe ancienne — en raison de la langue latine et de sa durée nettement plus longue — me permet plus aisément de m’abandonner intérieurement à ce qui se joue. Le français de la nouvelle messe, lui, me ramène à chaque mot dans le monde d’ici-bas. Ce qui est étonnant dans ce rite rigide, fixé dans les missels de 1962, c’est qu’il exerce une fascination particulière… sur les jeunes. C’est ce que me confirme Frank, pèlerin né en 1968, venu comme moi d’Allemagne, et qui participe pour la deuxième fois au pèlerinage. « Ce sont mes enfants qui m’y ont conduit », dit-il quand je lui demande pourquoi il marche vers Chartres. Son fils l’accompagne aussi. « Il y a quelque chose à voir », lui ont dit ses enfants lorsqu’ils ont découvert la messe ancienne.
Selon l’association *Notre-Dame de Chrétienté*, qui organise le pèlerinage, l’âge moyen des participants cette année est à peine de 20 ans. De manière générale, le catholicisme semble connaître en France une petite renaissance, notamment parmi les jeunes. Ce printemps, à Pâques, 10 384 adultes s’y sont fait baptiser — soit une hausse de 45 % par rapport à l’an dernier. La moitié d’entre eux avaient entre 18 et 25 ans. Un fidèle d’une paroisse de Francfort, où cette forme de messe est célébrée dans l’église de l’ordre Teutonique, en est convaincu : « Tout cela, c’est grâce à la messe ancienne ! » Ce samedi, je me retrouve donc principalement entouré d’adolescents et de jeunes adultes, dont beaucoup appartiennent à des mouvements scouts catholiques. La majorité de mon groupe est venue en car depuis Wigratzbad, en Allgäu. Nos *chapitres* — c’est ainsi que l’on appelle les groupes d’environ 50 pèlerins — sont dirigés par Alexander et Andreas, deux habitués du pèlerinage vers Chartres depuis plusieurs années. Les nôtres portent les noms de saint Pierre et de Marie — cette dernière étant la sainte patronne officielle de la Bavière. Ces noms sont inscrits sur deux crucifix que nous porterons en tête du groupe pendant trois jours, aux côtés des drapeaux allemand et bavarois.
Dès le départ, nous manquons cependant la première messe, commencée à sept heures à Saint-Sulpice. Le car venu de Wigratzbad est arrivé en retard, et la remise des bagages a pris du temps en raison de l’affluence. « L’an prochain, il faudra faire partir les bus plus tôt », grognent les responsables. Les bagages volumineux et les tentes sont transportés dans des camions qui accompagnent la colonne des pèlerins ; chacun ne porte sur le dos qu’un léger sac pour la journée. Nous arrivons tout juste à temps pour la communion. L’église est trop petite pour accueillir tous les fidèles, aussi la messe est-elle retransmise sur des écrans dans les rues avoisinantes. Des prêtres y distribuent aussi le Corps du Christ, aux fidèles agenouillés à même le sol, qui se protègent de la pluie avec leurs parapluies. Le sol est fait de sable et de gravier, qui s’enfoncent douloureusement dans les genoux pendant la communion — mais chacun endure cette souffrance avec une pieuse dignité.
Peu après la messe, tout le cortège se met lentement en marche. « On démarrera d’ici une heure », nous crie Alexander, qui connaît notre position dans la colonne. Une heure ? En effet : le flot de pèlerins semble ne jamais finir. Ils passent devant nous en chantant, brandissant les drapeaux de différentes régions françaises et de nombreux pays. Alors que nous quittons progressivement la ville, les responsables de groupes entament le chapelet. Les pèlerins les relaient ensuite : tantôt en allemand, tantôt en latin ou en français. J’ai suivi des cours de latin en option au lycée, mais cela ne me vient pas aussi naturellement que chez d’autres du groupe. Pourtant, ici, personne ne trouve étrange de prier dans une langue prétendument morte. Le latin a acquis au fil des siècles une fonction sacrée dans l’Église — précisément parce qu’il n’est plus utilisé ailleurs. Gisela, une pèlerine venue de Bavière, me confie à propos de la liturgie et de l’action de Dieu : « Si tu comprends tout à la messe, alors tu n’as rien compris. » Elle fait le pèlerinage de Chartres chaque année depuis 1998. Je laisse passer entre mes doigts les grains argentés et noirs de mon chapelet, reçu il y a plus de vingt ans pour ma première communion. Grain après grain, pas après pas, je poursuis ma prière, m’enfonçant toujours plus dans les mystères de la vie et de la mort du Christ, que le rosaire nous fait méditer. Sans que je m’en aperçoive, arrive la fin de la prière : « Marie, douce mère de l’Enfant, / Donne à tous ton saint présent. »
Une demi-heure et quelques kilomètres ont déjà passé. Le pèlerinage n’est pas seulement une marche ponctuée de prières et de messes. Pendant le trajet, entre les chapitres, on croise aussi des prêtres en étole violette et en vêtements liturgiques, qui confessent les pèlerins. Tandis que les confessionnaux paraissent parfois vides et tristes dans nos églises modernes, ici, il ne se passe presque aucun moment sans qu’un prêtre ne soit sollicité. « Un pèlerinage sans confession, c’est comme un tir sans explosion », cite Andreas, responsable de chapitre, reprenant les mots d’un aumônier. Jeunes et vieux se pressent autour des prêtres ; certains entretiens, même avec de jeunes enfants, durent parfois une demi-heure. Pour préserver le secret de la confession, les chapitres s’arrêtent à bonne distance. Et il arrive régulièrement que l’on doive s’arrêter, lorsqu’un fidèle s’agenouille au bord de la route pour recevoir l’absolution. Chacun revient dans son chapitre avec le sourire. Les prêtres et les séminaristes qui marchent tout le long du parcours en aube blanche ou en soutane noire appartiennent pour la plupart à la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre. À Wigratzbad se trouve l’un des deux séminaires de cette fraternité, ce qui explique le lien particulier que les membres de mon chapitre entretiennent avec elle. Cette société de droit pontifical a reçu l’autorisation explicite d’utiliser les anciens livres liturgiques pour toutes ses messes et sacrements. Nombre de ces séminaristes semblent avoir moins de trente ans. « Pourquoi remet-on en cause ce qui porte du fruit ? », s’interroge Frank, un pèlerin, qui ne comprend pas pourquoi le pape François a restreint l’usage du rite ancien alors que tant de jeunes y sont attirés. Le pape, décédé le lundi de Pâques, craignait une division croissante dans l’Église, qu’il attribuait notamment à l’attachement de certains catholiques au rite traditionnel. Sur le chemin de Chartres, on entend cependant peu de plaintes concernant la situation actuelle de la messe. Sans doute aussi parce que chacun ici partage les mêmes convictions, et que presque tous connaissent les tensions.
Après plus de onze heures de marche, vers neuf heures du soir, nous arrivons au premier bivouac. Le campement est une mécanique bien rodée, dans laquelle les pèlerins, arrivant peu à peu, se voient attribuer un tas de sacs et une tente. C’est là que se révèle toute l’ampleur de la logistique prise en charge par les 1 300 bénévoles : aucun engorgement ne doit se produire, chacun doit pouvoir accéder au repas, installer son couchage et, pour finir la journée, réciter une prière avec les prêtres. Malgré toutes les prières, les chants et les enseignements des séminaristes pendant la marche, il m’a manqué ce premier jour un certain élan spirituel – celui qui me montrerait pourquoi je me suis lancé dans ce pèlerinage. La messe à Saint-Sulpice aurait sans doute été un bon départ ; il en reste heureusement deux autres à venir. À peine avons-nous récupéré nos bagages qu’une pluie persistante s’abat sur le bivouac. Plus la nuit tombe, plus l’air devient glacial. Des milliers de pèlerins exténués, enveloppés de ponchos et de coupe-vents, essaient de se réchauffer avec une soupe brûlante ; mais à chaque minute, à chaque goutte de pluie, leurs visages se font plus longs. Après avoir installé mon couchage sous la tente, je sors quelques saucisses de ma Bavière natale, soigneusement emballées sous vide, et fouille encore une fois mes sacs. La joie que je ressens en retrouvant mon couteau dans la poche des chaussures de rechange efface d’un coup tous les tracas de la journée.
À cinq heures du matin, chants et annonces au haut-parleur nous réveillent. Il faut faire vite, car aujourd’hui notre groupe est plus en tête de colonne. Départ à six heures. Je suis surpris de constater que toutes les douleurs aux pieds ont disparu après seulement quelques heures de sommeil agité. Ma fatigue s’est transformée en une énergie volontaire qui me pousse à faire mon sac, m’habiller et manger rapidement. C’est dimanche, et l’itinéraire traverse de longues forêts de chênes. Le rythme est bon, et bientôt, nous approchons du point culminant de la journée : la messe de la Pentecôte, célébrée dans un champ près de la petite ville de Rambouillet. Le célébrant est Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire du diocèse d’Astana, au Kazakhstan. Quiconque s’intéresse à la messe traditionnelle tombera tôt ou tard sur son nom : il est l’un des critiques les plus virulents du nouveau rite et du feu pape François. Dans son homélie de ce dimanche de Pentecôte, il qualifie le rite traditionnel de « véritable expression de la piété catholique envers le Saint-Esprit ». L’ordre et la sobriété de cette liturgie, dit-il, permettent aux fidèles de se tourner tout entiers vers Dieu. Pendant la liturgie de la Parole, l’assemblée est encore agitée, certains se lèvent, chuchotent, ou cherchent un prêtre pour se confesser avant la communion – nombreux sont ceux répartis dans le champ. Mais au moment de l’Eucharistie, un silence sacré descend sur la foule. Les fidèles s’agenouillent dans l’herbe humide. Tous les regards sont fixés sur l’autel, où Mgr Schneider consacre les saintes espèces. Au début de la prière eucharistique, il lance : « Sursum corda – Élevons notre cœur. » Et tous de répondre : « Habemus ad Dominum – Nous le tournons vers le Seigneur. » Dans la plupart des messes, cela sonne comme une promesse ; ici, dans ce champ empreint de recueillement, c’est presque une évidence.
Peu après la messe, la marche reprend. L’espérance grandit : ce soir, peut-être, verrons-nous déjà apparaître au loin les flèches de la cathédrale de Chartres. Mais la douleur et la fatigue se font de nouveau sentir, plus violemment que la veille. En fin d’après-midi, une dernière pause est accordée, à sept kilomètres du campement. Je m’allonge un instant dans l’herbe, mais à peine ai-je fermé les yeux que les encadrants appellent déjà à repartir. Dès que je me relève, mes jambes refusent de me porter. Après quelques pas, je dois m’asseoir à nouveau. Gisela applique de nouveaux pansements sur mes pieds, tandis que le flot des pèlerins passe devant nous. Elle m’encourage doucement, puis tente de rejoindre le chapitre. Elle m’impressionne par sa délicatesse et sa foi : elle est sans doute la personne qui m’a le plus marqué au cours de ce pèlerinage. Pour ma part, je ne peux plus qu’avancer à petits pas, m’interrompant sans cesse pour me reposer. Les derniers kilomètres jusqu’au bivouac sont le plus grand effort physique que j’aie jamais accompli. Les chants et les prières me soutiennent. Surtout la mélodie d’un Salve Regina, qui me tire presque des larmes, me redonne un sursaut d’énergie. Lorsque j’arrive à l’entrée du camp, accueilli par une haie d’honneur de scouts et de bénévoles applaudissant et acclamant les pèlerins, je peine à lever le bras pour leur montrer le bracelet qui prouve que je suis inscrit. Ce soir-là, je signale à notre chef de chapitre, Alexander, que je devrai me poser la question le lendemain matin : suis-je capable de continuer, ou dois-je prendre le bus prévu pour les pèlerins blessés ? « Chaque année, on se demande pourquoi on fait ça, » dit Alexander à propos de cette marche. « Mais la récompense, on l’a à Chartres », promet-il. Je m’enroule dans mon sac de couchage, sans me changer, tiraillé entre espoir et renoncement.
À cinq heures du matin, une nouvelle fois, un joyeux « Amis pèlerins, bonjour ! » retentit par haut-parleur dans le camp, où déjà l’agitation recommence. Malgré deux visites aux toilettes surchargées, j’ai plutôt bien dormi cette nuit ; mes forces semblent être revenues. Je change aussi de chaussures, ce qui m’aide énormément. Après deux jours à marcher quarante kilomètres, il n’en reste aujourd’hui plus que vingt-trois. Mais le départ, à sept heures, est pénible : la colonne piétine pendant longtemps. En attendant, les jeunes scouts chantent la comptine de la belle Laurencia, en enchaînant les flexions de genoux. Je demande à Johannes, un des plus âgés, qui accompagne les chants à la guitare, où il trouve la force de revenir chaque année. Il me répond qu’il espère par là obtenir une grâce particulière de la Vierge Marie — et je la lui souhaite aussi, à lui et aux siens, pour cette endurance qui entraîne tout le groupe.
En début d’après-midi, c’est enfin l’instant : les flèches de la cathédrale de Chartres se dessinent à l’horizon. La ville repose dans une cuvette, mais la cathédrale s’élève sur une colline. Pendant des kilomètres, on dirait qu’elle se tient seule, suspendue dans le paysage. Cette vision efface toute fatigue : le rythme du cortège s’accélère, et certains doivent courir pour ne pas se faire distancer. L’entrée dans la ville se fait sous les applaudissements des habitants. Et soudain, nous voilà arrivés : au bout d’une allée ombragée de platanes menant à la vieille ville, barrée de rubans. Une nouvelle fois, certains doivent suivre la messe sur des écrans extérieurs, la cathédrale ne pouvant contenir tous les pèlerins. Mais, debout sous les grands arbres et au pied d’une paroi rocheuse, nous avons presque l’impression d’être dans une église.
Dès que Mgr Philippe Christory, évêque de Chartres, nous souhaite la bienvenue avant la messe, et proclame que la Vierge Marie elle-même nous accueille et nous protège en ce lundi de Pentecôte, les larmes me montent aux yeux. Elles reviendront encore par vagues — et lorsque le Sanctus s’élève sur la mélodie de la messe grégorienne VIII, je suis submergé. La douleur dans tout mon corps disparaît, balayée par l’un des plus beaux et solennels chants de la liturgie, repris par des milliers de voix autour de moi. Et je comprends pourquoi, avec tous ces autres pèlerins, j’ai poussé mon corps jusqu’à ses limites. Il fallait sans doute cette fatigue extrême pour pouvoir s’abandonner pleinement, à la fin, au mystère de la Pentecôte — celui qui réunit ici, dans une ville de France, des milliers de personnes venues de toutes les langues. Après la messe, la foule se disperse rapidement. Certains se rendent à la cathédrale, d’autres vont récupérer leurs bagages. Pour ma part, je m’arrête un instant devant le voile de la Vierge Marie pour la remercier de m’avoir accompagné, puis je prends moi aussi la direction de la gare. Je ne sens presque plus mes pieds. Mon esprit, lui, baigne dans la gratitude et la paix.
Dans le train en direction de Paris-Montparnasse, parmi les voyageurs ordinaires, on aperçoit encore beaucoup de pèlerins portant drapeaux et crucifix de chapitre. Le voyage se passe dans un grand silence. Mais sur le quai, à Paris, retentit soudain un chant : Laudate Dominum – Louez le Seigneur. La mélodie m’accompagne à travers la vaste gare jusque dans les couloirs du métro parisien. Je prends une ligne qui doit me conduire à l’aéroport. Sur le quai opposé, les chanteurs sont toujours là. Un instant, leurs voix traversent les vitres ouvertes de la rame avant que le tunnel n’engloutisse le train. L’écho de ce chant, encore puissant après trois jours d’épreuve, résonne dans ma mémoire.
Louez le Seigneur.