Alain Juppé pose un vrai problème
Alain Juppé, membre du Conseil constitutionnel, a répondu à un long entretien dans Le Point sur sa foi. Un sommet de bêtises : il se prononce pour l’euthanasie, l’ordination des femmes… Choisir de s’exprimer sur des sujets qui feront l’objet de débats au Parlement est singulier pour un membre du Conseil constitutionnel, censé être impartial :
[…] Quelle est maintenant votre relation au spirituel ?
Comme Jean d’Ormesson, à qui j’emprunte la formule, je me définis comme un catholique agnostique. Je garde un lien très fort avec l’Église, c’est d’ailleurs parfois un sujet de discussion familiale, où l’on critique la liturgie, la pompe. Pour moi, tout cela est très important. Je suis assez sensible au sacré, aux ornements de la liturgie catholique, ces beautés intellectuelles mais aussi matérielles dont parle Chateaubriand. J’ai été ébloui par la renaissance de Notre-Dame de Paris. Le Vatican continue à me fasciner. Cette institution plus que millénaire est encore puissante, avec une diplomatie qui est une des meilleures du monde et des hommes – hélas, pas beaucoup de femmes – de qualité. C’est ce qui m’attache à l’Église, tout en étant parfaitement conscient des crimes qu’elle a commis au long de son histoire, y compris récente. C’est une institution très critiquable, mais très vénérable, vis-à-vis de laquelle j’ai du respect. Pas toujours facile à expliquer, c’est ainsi. Même si je me sens agnostique, pas athée, parce qu’aujourd’hui ma foi est très chancelante. Je suis en recherche. Et il ne me reste plus beaucoup de temps pour trouver. […]
En 2016, vous étiez opposé à François Fillon , qui avait fait alliance avec Sens commun, le mouvement catholique conservateur. Et, à l’époque, vous avez déclaré être plus proche du pape François que de Benoît XVI. C’est toujours le cas ?
À l’époque, j’avais lâché une phrase qui m’avait valu les critiques des purs et durs. Benoît XVI avait fait une déclaration contestée sur l’usage du préservatif en Afrique, et j’avais dit : « Ce pape, il commence à bien faire. » Ce commentaire m’a valu les foudres des plus conservateurs, mais je ne le regrette pas. J’ai été davantage fasciné par Jean-Paul II, que j’ai eu l’occasion de rencontrer à deux ou trois reprises. […]
Et vous avez rencontré Benoît XVI ?
Non, jamais. J’ai été très attentif à ce qu’il disait, à ce qu’il faisait. Mais j’aurais aimé qu’il ne soit pas prisonnier à ce point des conservateurs. Les femmes dans l’Église, par exemple, c’est une chose que je ne comprends pas, cette espèce de refus de leur donner une place qu’elles méritent et qui, à mon avis, sauvera l’Église. Vu la pénurie de prêtres, on a besoin de prêtres femmes. Qu’est-ce qui, dans les Évangiles, interdit de consacrer une femme prêtre ? […]
Le surnom « Ali Juppé » vous a-t-il vraiment coûté politiquement ?
C’est incontestable. Un jour, j’arrive à Sciences Po pour un topo devant un amphi de 3 000 étudiants. Et, dans la rue, une grande banderole m’accueille : « Bienvenue au grand mufti de Bordeaux ». La dernière chose que j’ai découverte, c’est qu’à la fin, dans mon entourage, certains me disaient : « Fais attention, cela a un impact électoral. Tu devrais répondre, parce que, dans les milieux conservateurs un peu extrémistes, on en fait des choux gras, de cette histoire. » Je le traitais par le mépris en disant : « C’est tellement grotesque, Ali Juppé ! Qu’est-ce que tu veux que je réponde ? » Cette attaque m’a fait énormément de tort.
C’est la raison de votre défaite ?
Je ne crois pas que ce soit la seule raison, pas vraiment, parce que l’écart avec Fillon était considérable. Mais cela a fait basculer la partie catho-conservatrice de mon électorat. J’ai réagi en disant : « À force de caricaturer, on va finir par dire que j’ai construit une grande mosquée à Bordeaux. » Qu’est-ce que c’est devenu, sur les réseaux sociaux ? « Juppé : j’ai construit une grande mosquée à Bordeaux. » Il est vrai que j’avais promis à Tareq Oubrou de trouver un terrain pour qu’il puisse construire une mosquée. Il me paraissait normal que les catholiques aient une cathédrale, que les juifs aient une synagogue, que les protestants aient un temple et que les musulmans aient une mosquée. On ne l’a pas fait, finalement. Ces attaques m’ont beaucoup coûté. Mais je ne regrette pas. […]
En 2017, vous vous étiez prononcé contre une nouvelle loi sur la fin de vie, en disant que la loi Claeys-Leonetti suffisait. Votre position a-t-elle évolué ?
C’est sur ces questions de société – comme le mariage pour tous ou la fin de vie – que l’on voit que j’ai encore des adhérences catholiques. J’ai toujours eu une certaine réticence. Pas sur l’homosexualité, parce que mon meilleur ami depuis le service militaire est homosexuel. J’ai vu la souffrance qui a été la sienne, y compris vis-à-vis de sa famille, qui l’a rejeté quand elle l’a appris. Donc, aujourd’hui, vis-à-vis de l’homosexualité, je suis dans une position de bienveillance, plus que de simple tolérance. En revanche, sur le mariage pour tous, ça peut paraître curieux, mais mon idée était : « OK, on peut reconnaître un couple homosexuel, mais pourquoi singer le mariage ? Imaginons autre chose. » Donc, j’étais réticent. Comme sur la fin de vie. Pour moi, la vie, c’est Dieu – s’il existe – qui la donne et qui la retire. C’est pour cela que j’ai été très réticent à l’idée qu’on puisse choisir la date de sa mort ou de sa fin de vie.
Vous avez changé d’avis ?
Oui. Aujourd’hui, si j’étais parlementaire, je voterais certainement une loi sur la fin de vie. Parce que je pense qu’effectivement, c’est une liberté. Ceux qui n’ont pas envie d’exercer ce droit n’ont qu’à ne pas l’utiliser. Pourquoi ai-je évolué sur cette question ? Parce que j’ai été marqué par la fin de vie de mon père. Il a été atteint d’un cancer qui a traîné pendant un an, deux ans, trois ans. C’était une force de la nature, il s’est retrouvé amaigri comme mon petit doigt. Et je l’ai vu, dans les derniers jours, se tordre de douleur sur son lit d’hôpital. J’ai dit aux médecins : « Ça suffit. » Il n’y avait pas de loi. Mais il s’est passé ce qu’il devait se passer ; entre la famille et les médecins, il y a des solutions. Et je me suis dit : « Dans certaines circonstances, la vie est certes sacrée, mais la dignité de la personne aussi. » Voilà pourquoi j’ai évolué sur ce sujet.
Et sur le mariage pour tous ?
Finalement, je l’aurais voté. J’ai célébré mon premier mariage pour tous, comme maire de Bordeaux, en unissant deux militaires. […]
Euthanasie : “Une fois la porte entrouverte, elle finit grande ouverte”
Bruno Retailleau a été longuement interrogé dans le JDD. Extrait sur la find e vie :
Sur la fin de vie, vous fixiez comme ligne rouge un projet de loi gouvernemental. Il n’y en aura pas a priori. Cela vous convient-il ?
Le Premier ministre a fait preuve de courage. J’ai toujours plaidé pour deux textes distincts : l’un sur les soins palliatifs, qui relève de l’État car il engage des moyens publics, l’autre sur la fin de vie, laissé à l’initiative parlementaire. Ne pas instrumentaliser les soins palliatifs pour imposer l’euthanasie était essentiel. Chaque jour en France, 500 personnes meurent dans la souffrance faute d’unités adaptées dans une vingtaine de départements. La priorité est de les soulager. C’est un devoir d’humanité.
Pourquoi restez-vous opposé à une loi sur la fin de vie ?
Partout où elle a été adoptée, les garde-fous ont fini par tomber un à un. Une fois la porte entrouverte, elle finit grande ouverte ! En commission à l’Assemblée nationale, toutes les protections ont d’ailleurs sauté en quelques heures. Mais surtout, ce n’est pas un texte de fraternité. Dès lors que l’euthanasie ou le suicide assisté sont légalisés, chacun peut se demander : « Suis-je une charge pour mes proches ou pour la société ? » Ce doute brise le lien entre celui qui va mourir et ceux qui l’entourent. Or, les soignants en témoignent : des demandes de mort existent, mais quand l’accompagnement est digne, elles disparaissent dans une immense majorité de cas. Voilà pourquoi je n’ai pas changé d’avis.
“Emile est assurément auprès de Dieu où il adore sans fin la glorieuse Trinité”
Samedi 8 février en la Basilique de la Sainte Beaume (83), l’abbé Louis Le Morvan, de la Fraternité Saint-Pierre, a célébré les obsèques du petit Emile Soleil disparu en juillet 2023 et dont les restes ont été retrouvés le jour de Pâques 2024. Voici son homélie :
Au nom du Père et du Fils et du St-Esprit. Ainsi soit-il.
Cher Colomban, chère Marie, chère famille et vous tous leurs amis, leurs proches, chers frères et sœurs venu les entourer de votre prière et de votre affection,
Aujourd’hui, l’Eglise accompagne un père et une mère à la mise en terre de leur petit garçon, Emile, devenu depuis son baptême, il y a hélas si peu de temps, un fils chéri de Dieu, un enfant aimé de l’Eglise, un frère de Notre Seigneur Jésus-Christ. Le bonheur de le savoir au Ciel ne fait bien sûr pas disparaître la douleur de ce tragique arrachement, mais il permet aux chrétiens que nous sommes de ne pas devenir fous de tristesse en cette vallée de larmes. C’est donc en chrétiens que nous abordons cette difficile journée, et les éléments de joie, de véritable joie, que nous manifestons au milieu de notre douleur sont à vrai dire un peu incompréhensibles par bien des gens, y compris de bonnes personnes, et des personnes de bonne volonté. Et pourtant, il est bien vrai que tout n’est pas que malheur et tristesse puisque la foi et l’espérance nous donnent des certitudes heureuses, et vous pouvez même témoigner, Colomban et Marie, de la délicatesse du Ciel tout au long de cette épreuve. Le Christ, Notre-Dame et quelques saints du Ciel vers lesquels vous vous êtes tournés ont vécu avec vous ce drame, et vous ont aidé à porter votre croix.
Nous fêtions dimanche dernier la purification de Marie et la présentation de Jésus au Temple, selon la loi de Moïse, et cette fête tout à la fois joyeuse et triste en quelque sorte, vient particulièrement accompagner l’enterrement d’Emile.
S. Joseph et Notre-Dame étaient venus, joyeux, se soumettre aux cérémonies exigées par la loi juive 40 jours après la naissance de l’Enfant-Jésus, offrant en particulier deux petites colombes en rachat d’un garçon premier-né dont le Seigneur réclamait la propriété depuis la libération des Hébreux du pays d’Egypte. Le prophète S. Siméon rendit alors grâce à Dieu d’avoir vu le Messie attendu par tout Israël, lumière pour éclairer les nations païennes, nous l’avons entendu à l’instant, puis l’évangile continue au-delà de l’extrait que nous avons entendu à la messe. Siméon avertit la mère de Jésus qu’un glaive de douleur transpercerait plus tard son cœur, car ce fils bien aimé vient accomplir les Ecritures et racheter l’humanité fautive par le sacrifice de la Croix librement consenti, par amour. Cette fête liturgique vient ainsi clore le cycle de Noël, encore rappelé par la préface de la messe, clore le temps de l’innocence de l’enfance en quelque sorte, pour nous introduire dans le mystère de la Croix rédemptrice, raison de la naissance de Jésus, motif de l’Incarnation de Dieu au milieu de nous.
Cher Colomban, chère Marie, le choix de cette messe votive a été facilité par quelques frappantes similitudes avec ce que vécurent S. Joseph et la Vierge Marie. C’est aussi pour vous, aujourd’hui, la fin du cycle de l’enfance d’Emile. Vous allez porter en terre son petit corps, ce corps retrouvé hélas partiellement le 31 mars dernier, jour de Pâques, jour donc où vous avez appris que son âme était déjà parvenue tout entière au bonheur éternel du Ciel. Depuis s’entrechoquent en vous le plus grand malheur pour des parents, la séparation terrestre définitive d’avec un enfant, et le plus grand bonheur en quelque sorte, à savoir la certitude absolue que ce fils chéri est auprès de Dieu où il vous attend. Ô mon Dieu, que vos mystères sont insondables, que les glaives de douleur sont aigus en ce monde, que votre plan nous échappe !
On ne peut bien sûr pas tout dire, tout communiquer, de cette délicatesse du Ciel qui vous accompagna. Néanmoins, notons que le calendrier liturgique va vous délivrer bientôt un autre petit message personnel. Le 11 février, dans trois jours, nous fêterons l’apparition à Lourdes de Notre-Dame à Ste Bernadette, et c’est une fête qui vient comme répondre, comme compléter la fête de la Purification de la Vierge dont nous parlions à l’instant. Car en effet, si Marie s’est soumise humblement à la loi de Moïse, elle n’avait pourtant pas à offrir, elle, de sacrifice pour le péché, et elle viendra le proclamer à Lourdes avec ce titre d’Immaculée Conception que l’Eglise a déposé sur son front comme l’une de ses plus précieuses couronnes. Mais le message personnel dont je vous parlais n’est pas celui-là.
Ce message que vous devez prendre pour vous, c’est la promesse qui fut faite à Ste Bernadette : Je ne vous promets pas le bonheur de ce monde mais de l’autre. La Ste Vierge ne lui dit pas qu’elle ne sera pas heureuse en ce monde, elle lui dit que le bonheur dans la vie ne peut pas venir uniquement des joies purement terrestres, et même qu’il est donc au milieu des épreuves de cette vie. Elle lui rappelle que Jésus promet à ses disciples un vrai bonheur, une joie que nul ne peut leur ravir, mais qui se distingue des joies de ce monde, si nobles qu’elles puissent être. Alors, lorsque que ces joies terrestres nous font défaut, parfois si cruellement que nous avons du mal à voir l’expression de l’amour que Dieu continue de nous porter, alors, il nous faut nous souvenir que Jésus est toujours là, souffrant, avec nous. Oui, il nous demande de porter des croix en ce monde. Mais Celui qui fait les croix, ou qui laisse les hommes les charger sur nos épaules, Celui-là fait aussi les épaules pour les porter, et il vient les porter avec nous.
Cher Colomban, chère Marie, trois jours après la mise au tombeau d’aujourd’hui, la Vierge de Lourdes, mère du Ressuscité, va donc se tourner vers vous. Vous tous qui assistez ces parents de votre présence et de votre prière, demandez je vous prie à Notre-Dame la force dont ces parents ont besoin pour continuer à vivre avec les deux autres petits enfants que Dieu leur a confiés dans sa bonté et qu’il leur revient d’élever, entourés de la délicatesse des saints et de l’affection de leur famille. Et vous, parents d’Emile, puisque le bon Dieu vous a demandé, à votre tour, d’accepter le sacrifice d’un fils premier né, songez qu’il vous a donné en retour un intercesseur particulier auprès de Lui. Il y a deux mille ans, le vieillard Siméon portait avec gravité dans ses bras le Créateur du monde entier, la faible créature n’ayant plus qu’un souffle de vie portait ce Tout-Puissant qui le soutenait en fait depuis sa conception. Dans quelques instants, le prêtre va élever l’hostie consacrée, visiblement portant l’hostie pour la présenter à l’adoration de l’assemblée et en réalité s’y accrochant de toute son humaine fragilité.
Ce petit Emile que vous avez porté autrefois est à présent un soutien pour vous deux. Avec sa courte vie depuis son baptême et son rappel à Dieu avant l’âge de raison, il n’est pas le plus grand saint du Paradis, mais il est assurément auprès de Dieu où il adore sans fin la glorieuse Trinité en compagnie des anges et de la foule des saints, et où il intercède pour ceux qu’il a connu ici-bas. Oui, avec le départ d’Emile pour le Paradis, votre vie a pris de la hauteur. Pour reprendre l’heureuse expression d’un père dominicain, en ce lieu marqué de la présence de cet ordre religieux, depuis ce dernier jour de Pâques, le ciel est pour vous encore moins un lieu lointain uniquement peuplé d’anges, de saints connus ou inconnus et du Dieu mystérieux. Le ciel vous est devenu plus familier, vous y connaissez maintenant Emile, vous y voyez mieux la maison de famille de tout chrétien, l’étage supérieur de votre maison où vous pouvez héler ce fils, et du haut en bas, le souvenir, les secours, les appels se répondent.
Mes bien chers frères qui êtes venus prier avec la famille, recevez les remerciements de Marie et de Colomban, vous manifestez encore aujourd’hui un des aspects de la communion des saints. La messe va être suivie immédiatement par l’inhumation d’Emile dans l’intimité familiale, moment le plus poignant de la journée, difficile moment où nous aurons bien besoin de l’élan de cette belle messe. En particulier, Émile n’ayant rien dans sa vie dont il doive être absout, la messe ne s’achèvera pas par une absoute pendant laquelle on aurait prié pour sa délivrance et son entrée dans la gloire céleste et à laquelle toute l’assistance viendrait se joindre en bénissant le cercueil. Seuls les plus proches parents vont bénir le cercueil. Puis ensemble nous chanterons le psaume 23, chant triomphal de l’Église se réjouissant de compter un saint de plus dans le Ciel, avant de clore la cérémonie par une dernière prière rappelant la raison de tout ce mystère de la joie chrétienne au milieu de l’épreuve humaine : cet enfant qui nous a été retiré est entré dans le Paradis, et l’espérance chrétienne nous invite à tout mettre en œuvre pour l’y retrouver.
Qu’est-ce qu’être Français ? L’échec d’une évidence
Du père Danziec dans Valeurs Actuelles :
Interrogé sur l’opportunité d’un débat national à propos du droit du sol, le Premier Ministre a annoncé sur RMC vouloir élargir la question. Une énième réflexion sur l’identité nationale qui en dit long sur la faillite de nos marqueurs identitaires.
L’académicien Jacques Bainville aimait à souligner qu’il en est de certains peuples comme de certains hommes : on s’aperçoit assez vite qu’ils ont un bel avenir derrière eux. Qu’en sera-t-il pour l’interrogation « Qu’est-ce qu’être Français ? » mise sur la table par François Bayrou et qui sent le réchauffé après l’inabouti débat sur l’identité nationale, initié sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy ?
Déjà en 2009, le Premier Ministre d’alors, François Fillon, s’était appuyé sur la pensée Bainvillienne :
« Bainville disait que ce qui était remarquable chez Jeanne d’Arc, ce n’était pas d’avoir délivré Orléans, mais d’avoir reconnu le Dauphin et d’être tombée à genoux devant lui. Je crois que l’identité française se reconnaît à ce dialogue de l’orgueil et de l’abnégation, à cette alternance entre les guerres intestines et les élans d’unité, à ce tiraillement bien Français, et finalement fécond, entre la passion du “je” et la nécessité du “nous” ».
Plus de quinze ans ont passé et cette nécessité du “nous” est devenue plus problématique que jamais dans son incarnation. Le dernier dossier de Valeurs Actuelles en témoigne : les chiffres de l’Observatoire de l’Immigration et de la Démographie montrent en effet combien le phénomène de submersion migratoire ne relève en rien d’un sentiment mais d’une réalité visible et quantifiable. Or, comment faire peuple et dessiner ce “nous” au sein d’une telle disparité de mœurs et de repères ? Lorsque François Bayrou s’interroge sur le plateau des Grandes Gueules :
« Vous voyez bien ce qui fermente depuis des années. Ce qui fermente, c’est : “Qu’est-ce qu’être Français ? Qu’est-ce que ça donne comme droit ? Qu’est-ce que ça impose comme devoir ? Qu’est-ce que ça procure comme avantage et en quoi ça vous engage d’être membre d’une communauté nationale ?” »,
l’observation a le mérite d’être honnête. Mais, surtout, elle mériterait d’être aussitôt prolongée par une lucide introspection, dans la veine de l’Angor Patriae – l’angoisse de la partie – qu’exprimait feu Léon Daudet.
Depuis Madrid où se tient un important rassemblement des droites nationales et des souverainistes ce week-end, Marine Le Pen n’a pas manqué de grincer contre cette énième annonce de débat sur l’immigration, la citoyenneté et l’identité : « Ça fait 25 ans qu’on débat de ça, ça commence à bien faire », appelant de ses vœux « à arrêter de blablater ».
« Blablater », le mot n’est pas choisi par hasard. Nous le savons avec Boileau, ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement. A cet égard, pour définir ce qu’est le véritable sentiment national, Ernest Renan recourait à la formule, ramassée et indépassable, du Chant spartiate : « “Nous sommes ce que vous fûtes, nous serons ce que vous êtes”, voilà dans sa simplicité l’hymne abrégé de toute patrie. » Les Athéniens, les Spartiates, les Thébains, les Eginois, les Milésiens et les citoyens des autres cités ne se pensaient pas nécessairement Grecs mais ils se savaient Hellènes face aux Barbares commentera judicieusement Jean-Yves Le Gallou.
Dans le village global et le développement sans frein du multiculturalisme, le pape François soulignait lui-même, dans l’encyclique Fratelli Tutti, qu’il n’y a pas pire aliénation que celle de faire l’expérience de ne pas avoir de racines. Quant à Jean-Paul II, dans son testament politique Mémoire et identité, il priait déjà « pour que l’esprit de Dieu renouvelle en chacun la conscience que la fidélité à l’identité nationale possède aussi une valeur religieuse ».
Prêtre je suis. Cette identité française, j’aspire à la transmettre, à ma place, de toutes les fibres de mon être sacerdotal. Homme de Jésus-Christ, l’angoisse de la Patrie me traverse de part en part. Depuis les 40 ans de ma courte existence, de Saint-Germain-en-Laye à Béziers, de Sainte-Anne-d’Auray au centre de la France, j’assiste à la lente confusion identitaire de mon pays. Quelle que soit la nature de ce bouleversement considérable, peut-on, en chrétien, se résoudre à l’impuissance ? Michel De Jaeghere prévient de ce risque dans l’un des chapitres de sa magistrale Compagnie des Ombres. Oui, des Français désespérés, dépossédés de leurs quartiers, de leur sécurité, de leurs coutumes poussent parfois ce cri de désespoir : « On est chez nous ! ». Mais pour être « chez nous » et prétendre en demeurer maîtres, encore faudrait-il être « nous » souligne-t-il. Pour le directeur du Figaro Histoire, il ne s’agit pas de former un simple syndicat de locataires. L’enjeu vital consiste à
« être liés par une communauté de foi, d’espérance ou de culture, par ce “souvenir de grandes choses faites ensemble” sans quoi ne peut apparaître la volonté d’en accomplir de nouvelles, parce qu’il est seul susceptible de nous inspirer cet amour de préférence qui donne consistance et vie à une philanthropie condamnée à rester, sans lui, théorique, nébuleuse impuissante. Avoir au cœur le sentiment de la dette que nous avons contractée à l’égard des ancêtres, la volonté de nous comporter en passeurs des trésors que nous avons reçus ».
Contribuer à la paix civile reviendra donc aussi à rappeler les conditions qui la permettent. Innombrables, et étroitement liées les unes aux autres, il y aurait beaucoup à dire sur chacune d’elles. S’il fallait en choisir une pour conclure cette chronique, je choisirais la politesse. « On ne perd rien à vivre généreusement, noblement, courtoisement, et avec un cœur royal, égal et raisonnable » écrivait saint François de Sales. On ne perd rien et l’on peut même gagner beaucoup. C’est du moins ce que suggérait le philosophe Henri Bergson.
Dans un merveilleux discours de remise de prix, prononcé au lycée Henri-IV en 1892, le professeur qu’il est rappelle alors à ses jeunes élèves les charmes inouïs de la politesse. Loin d’être une vertu de luxe, elle joint opportunément la grâce à la force, selon lui. Elle substitue partout la discussion à la dispute. Elle amortie le choc des opinions contraires et conduit les citoyens à une certaine cordialité. La beauté sauvera le monde dit-on, et la politesse ? Sauvera-t-elle la France ? Le final de son intervention pourrait avoir valeur de boussole pour une jeunesse en perte de repères identitaires :
« Dites-vous bien qu’en cultivant votre intelligence, en élargissant votre pensée, en vous exerçant, pour tout dire, à la politesse supérieure de l’esprit, vous travaillez à resserrer ces liens et à fortifier cette union d’où dépendent l’avenir et la grandeur de la Patrie. »
Les conséquences néfastes de l’antijuridisme dans l’Église : la facilitation de l’immigration clandestine et les abus sexuels
Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, des tensions sont apparues entre des laïcs catholiques, et aussi entre des laïcs et une partie de la hiérarchie ecclésiastique, à cause du problème des immigrants illégaux. Récemment le vice-président J. D. Vance, catholique, a dû réagir face aux critiques de la conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) à propos des mesures prises contre les clandestins (https://www.lifesitenews.com/news/jd-vance-defends-traditional-catholic-teaching-on-immigration-sparking-leftist-outrage/). Le but de cet article est de rappeler que ces tensions sont dues à l’antijuridisme qui s’est développé au sein de l’Église depuis les années 1960. Cet antijurisdisme n’a pas seulement contribué à faciliter l’immigration clandestine aux Etats-Unis, en Europe et ailleurs depuis la fin des années 1980, mais en plus elle est l’une des causes de la crise de abus sexuels au sein de l’Église Catholique.
Dans un article publié en 1970 et intitulé «Le droit canonique dans l’Église d’aujourd’hui» , Mgr Henri Wagnon (1906-1983), professeur émérite à la Faculté internationale de droit canonique de l’Université catholique de Louvain, expliquait que le droit canonique pouvait être réformé et qu’il y avait eu quelques dérives qui devaient être corrigées. Le problème qui est apparu est que beaucoup de catholiques sont passés de la critique pour signaler certaines dérives du droit à une critique du droit tout court. Tout cela s’est passé sans discussions sur les termes utilisés. Dans son article, il définit ce que c’est que le légalisme, le juridisme et l’antijuridisme (https://www.persee.fr/doc/thlou_0080-2654_1970_num_1_2_1011) . En ce qui concerne l’antijuridisme, il écrit (p. 132) :
«Le droit, prétend-on, est incompatible avec l’esprit de l’Évangile. Le Christ n’a apporté au monde d’autre loi que celle de l’Amour : il y a antinomie entre l’Église de la charité et l’Église du droit. En effet, selon l’enseignement de Vatican II, l’Église est le sacrement du salut : elle est le peuple de Dieu, œuvrant à son salut sous la conduite de l’Esprit-Saint. Or le droit paralyse la docilité à l’Esprit, il contient les aspirations, contrecarre les initiatives, entrave les possibilités. Dans l’Église les ministères ne sont que des services tout imprégnés de charité ; or le droit leur a conféré un autoritarisme et un triomphalisme justement condamnés. L’Église n’a du reste pas besoin de droit pour remplir sa mission ; elle se doit de respecter la « sainte liberté des enfants de Dieu», qui, selon la doctrine paulinienne, marque la victoire de la Croix sur la loi. «
C’est cet antijuridisme qui a conduit, en autres autres, à «réhabiliter» des religieux qui avaient été condamnés avant les années 1960 (https://lesalonbeige.fr/les-causes-de-la-crise-des-abus/). Certains d’entre eux ont pu même créer des «communautés nouvelles» dans lesquelles il y a eu beaucoup d’abus sexuels.
En réalité on ne peut pas éviter les règles et le droit, et Mgr Wagno écrivait plus loin (p. 133) :
«2. Un droit canonique est nécessaire
La nécessité d’un droit canonique se fonde sur l’interdépendance, la solidarité des chrétiens dans l’Église. S’il est vrai que l’Église communauté est sacrement de salut, le chrétien ne peut se sauver que dans et par la communauté : ce qui suppose plus que l’exercice de la liberté individuelle. Du reste, seuls les fidèles qui sont parvenus à une certaine maturité et ont été éduqués à la responsabilité pourraient prétendre à la liberté spirituelle. «
Il faut donc un droit canonique et il faut aussi appliquer les sanctions.
L’autre problème qui s’est posé vers la fin des années 1980 est que cette attitude antijuridique vis-à-vis du droit canonique a eu son pendant vis-à-vis du droit civil. C’est ainsi que beaucoup de laïcs, beaucoup de religieux et beaucoup d’associations caritatives catholiques aux Etats-Unis, en Europe et ailleurs, ont commencé à soutenir les immigrés clandestins de diverses manières. Et cela a contribué à créer un appel d’air et il n’est pas étonnant qu’il y ait des millions d’immigrés clandestins aux États-Unis et ailleurs. Ils ont soutenu des immigrants clandestins qui ne fuyaient pas les guerres ou d’autres situations catastrophiques, ceux qu’on appelle aussi des migrants économiques. En faisant cela, ils ont fait le choix d’ignorer les exigences de l’intégration dans une société, dans un pays. Ces exigences sont bien codifiées dans les lois qui demandent, par exemple, un visa pour entrer et/ou un contrat de travail avant de s’y établir. Ces exigences sont même rappelées dans le Catéchisme de l’Église Catholique, au §2241. Mgr Wagon écrivait en 1970 (p. 134) :
«3. Le rôle du droit dans la société
Le droit doit informer toute la vie sociale. a. Le droit a pour tâche primordiale d’organiser la société elle-même : définir le but ou la raison d’être du groupe, les membres qui seront appelés à en faire partie, ainsi que leurs droits et devoirs fondamentaux, l’autorité sociale, les moyens à mettre en œuvre en vue de réaliser le but poursuivi. Tel est le rôle des constitutions et des lois d’organisation et de cadre dans les États ; le rôle des statuts et programmes dans les associations et sociétés de droit privé. «
Ces catholiques ont fait aussi le choix d’ignorer les devoirs que ces immigrants clandestins ont envers leurs pays d’origine. Beaucoup d’entre eux ont dû falsifier aussi des papiers. Ils quittent leur pays et une bonne partie de leurs familles. Et ils disent du mal de leurs pays dans les pays où ils arrivent afin de se victimiser. Et souvent ils sont mus par la jalousie envers leurs compatriotes qui sont se sont établis légalement dans d’autres pays pour diverses raisons. C’est cette jalousie qui a conduit beaucoup de Latino-américains à aller vers les Etats-Unis et l’Europe depuis la fin des années 1980, alors que la situation dans leurs pays, pour la grande majorité d’entre eux, n’était pas catastrophique.
Ces catholiques ont aussi créé une fiction concernant la personne humaine. Ils parlent beaucoup de la dignité de la personne, de ses droits fondamentaux, mais oublient que les immigrés clandestins sont nés d’une mère et d’un père dans leurs pays, y ont appris une langue et font partie d’une société où ils ont dû apprendre à vivre en société. Pour leur construction ils ont besoin des autres et ils ont besoin de respecter les lois. Certains, bien sûr, peuvent aller dans d’autres pays, mais pour cela ils doivent aussi respecter les règles des pays où ils veulent aller. Et le respect de ces règles est important pour leur développement civique ailleurs. La personne humaine doit respecter les règles sociales pour bien se développer.
Et l’immigration clandestine favorise aussi l’augmentation des agressions sexuelles, comme le rappelait récemment Tom Homan, catholique et responsable actuel des frontières des Etats-Unis (https://www.lifesitenews.com/news/trump-border-chief-blasts-pope-francis-hypocrisy-on-illegal-immigration/). Ce problème se voit aussi beaucoup en France.
Il y a quelques jours on a même appris que la conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) et la Catholic Charities ont reçu 449 millions de dollars durant des années pour aider des mineurs non accompagnés (https://www.lifesitenews.com/analysis/usccb-catholic-charities-received-449-million-for-unaccompanied-migrant-children-report/). Or, on sait que les mineurs non accompagnés peuvent être victimes de trafiquants. Ces enfants mineurs doivent être plutôt aidés pour qu’ils retournent dans leurs pays.
Heureusement des laïcs, des religieux, et même des évêques, sont en train de rappeler que l’enseignement catholique ne favorise pas les frontières ouvertes, comme Mgr Michael Burbidge, de Virginie (https://www.lifesitenews.com/news/virginia-bishop-catholic-teaching-does-not-support-an-open-border-policy/). Le Père Gerald Murray a réagi aussi face aux critiques du Père James Martin concernant les mesures contre les clandestins (https://www.lifesitenews.com/news/fr-gerald-murray-debunks-fr-james-martin-usccb-claims-on-immigration-and-deportations/). Le Père James Martin s’est d’ailleurs distingué pour son antijuridisme concernant les relations homosexuelles. Il y a 10 ans Julio Loredo rappelait aussi que, selon Saint Thomas d’Aquin, l’accueil indiscriminé est une erreur (https://www.bastabugie.it/it/articoli.php?id=4044).
Au vu des conséquences catastrophiques de cet antijuridisme depuis 60 ans, il est important que les laïcs et aussi les religieux rappellent l’importance des règles et des lois. Il est important de rappeler l’importance du droit canonique et aussi celle du droit civil.
De la Nouvelle Religion
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Cet été, une cheftaine scout déclarait que devenir musulmane ne lui faisait en rien renoncer à la foi catholique, à l’instar de l’imam de la mosquée de Millau qui l’accueillait, lui-même un catholique apostat. Le dimanche 15 Décembre 2024, dans l’émission musulmane de la chaîne de télévision France 2, le père Antoine Guggenheim, délégué pour les relations avec l’Islam du diocèse de Paris, déclarait reconnaître Mahomet comme un envoyé de Dieu. Pour ne citer que deux exemples attestant que, tranquillement, la France s’islamise … Quel rôle y joue l’Église ?
L’Église a validé le dialogue interreligieux (DIR), et islamo-chrétien (DIC) en particulier, dans sa déclaration Nostra Aetate du concile Vatican II, au motif qu’
« À notre époque le genre humain devient de jour en jour plus étroitement uni et [que] les relations entre les divers peuples se multiplient », et parce qu’elle estime avoir la « tâche de promouvoir l’unité et la charité entre les hommes [en examinant] ce qu’ils ont en commun et qui les pousse à vivre ensemble leur destinée (…) tout en témoignant de la foi et de la vie chrétiennes ».
Nous notons qu’il y est encore question « de témoigner de la foi et de la vie chrétiennes » – ce qui ne sera bientôt plus le cas, comme on va le voir. Puis vient dans cette déclaration la mention des musulmans, distingués, avec les juifs, des membres des autres religions non-chrétiennes, en raison de ce qu’ils auraient en commun avec l’Église … et non en raison du fait que venant APRÈS le Christ, ils rejettent explicitement le Christ et Son Église. Comme si l’accueil ou le rejet de la foi chrétienne comptaient pour rien dans l’évaluation du fait religieux !
Alors que les religions d’avant la venue du Christ s’expliquent par la recherche de ce qui fait la grandeur de l’homme, et leurs erreurs par leur possible ignorance invincible, judaïsme et islam, venant APRÈS le Christ, n’ont, théologiquement, pas d’autre raison d’être que leur refus de la Révélation chrétienne. Ce qui les définit littéralement comme antichrists (1 Jn 2.22). C’est ce que nous enseigne la grille de lecture de l’histoire offerte par le Christ dans la parabole de l’ivraie, en laquelle Il distingue : le monde, l’Église, et la génération diabolique qui la suit et la persécute (Mt 13.36-43). Difficile d’être plus clair.
Malheureusement, pour fonder son dialogue avec juifs et musulmans, l’Église passe sous silence l’incompatibilité absolue posée par le Christ dans cette parabole entre Lui-même et Satan, entre « les fils du Royaume » et « les fils du Mauvais », pour rendre juifs et musulmans non pas seulement semblables aux membres des religions d’avant la venue du Christ, mais participants de sa propre grâce ! Comme dans d’autres textes du concile Vatican II, apparaît ici un fléchissement libéral, une nouveauté, conduisant à concéder qu’il y a des réalités surnaturelles « imparfaites » en dehors de l’unique réalité surnaturelle qu’est l’Église, bâtie par le Christ sur Pierre. Or, on ne peut pas être un peu ou même beaucoup à Jésus, mais seulement tout entier ou pas du tout.
Pour le cardinal Arinze, qui fut président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux (CPDI),
« le DIR n’est ni l’histoire comparative des religions, ni une discussion démonstrative ou apologétique, ni une tentative de convertir l’autre à sa propre religion. »1
Propos que n’a pas démenti le cardinal Tauran, un de ses successeurs à la présidence du CPDI, pour qui :
« Le dialogue n’est pas une stratégie ou un moyen pour convertir, bien qu’un tel dialogue puisse favoriser la conversion. Le dialogue, pour être sincère, doit être mené sans arrière-pensée. (( Conférence sur le dialogue islamo-chrétien, Vatican, 4-6 nov. 2008 )) »
Pour ces deux éminences, il n’est plus question de témoigner de la foi chrétienne, et le désir de convertir est exclu de la pratique du DIR… Or, si la fin de l’Église est le salut des âmes, est-il possible à un chrétien de renoncer à l’idée de convertir ? Si Dieu veut le salut de tous (1 Tm 2.4), et si un chrétien se caractérise par sa communion avec Lui, un chrétien peut-il ne pas avoir toujours l’« arrière-pensée » du salut de son prochain ? Est-il possible à la lumière mise sur le lampadaire de ne pas éclairer tous ceux qui la voient ? Est-il loisible à un chrétien de ne pas vouloir toujours le salut de son prochain, en toute circonstance et de façon efficace ? Le canon 211 du Code de Droit canonique en fait un devoir :
« Tous les fidèles ont le devoir et le droit de travailler à ce que le message divin du salut atteigne sans cesse davantage tous les hommes de tous les temps et de tout l’univers. », et le canon 225 ajoute : « cette obligation est encore plus pressante lorsque ce n’est que par eux que les hommes peuvent entendre l’Évangile et connaître le Christ. »
Dès lors, le DIR est-il encore chrétien ? Comment ne pas avoir compris que ce refus public d’évangéliser allait finir par gangrener tout le corps ?
L’Église catholique qui est en France, sur son site internet, promeut :
« Le dialogue entre les chrétiens et les autres religions réalisé dans un respect de liberté, d’ouverture, d’écoute afin d’apprendre à se connaître, à apprécier à la fois nos différences et les valeurs communes qui nous lient les uns aux autres. 2 »
Outre l’amalgame encore fait ici entre personnes et religions, ce propos fait le lit du funeste relativisme en appelant à estimer « les différences » entre religions. En effet, le sens du verbe apprécier est bien ici celui d’estimer, puisqu’il est question d’apprécier aussi les valeurs communes, et que l’on ne peut pas ne pas estimer ses propres valeurs … Aussi le père de la Hougue, directeur de l’Institut de science et de théologie des religions (ISTR) à l’Institut catholique de Paris, milite-t-il pour que les chrétiens aient « une vraie estime de la foi des musulmans (( NURT SVD 2 (2015) s. 242-255 )) » … C’est ainsi que nous sommes très religieusement et doctement invités à estimer la foi qui blasphème la Sainte Trinité, et tous les mystères de la Révélation chrétienne … Faut-il s’étonner dès lors que les églises se vident ? Cet amour des différences a été particulièrement promu par Mgr Américo Aguiar, qui déclara peu avant l’ouverture des JMJ 2023, dont il était le responsable à Lisbonne, que leur « message principal » était le respect des différences, car « la différence est une richesse ». La différence de l’islam haïssant rien tant que la foi chrétienne (Coran 4.48 ; 9.28-33) serait donc « une richesse » … Or, si les différences sont une richesse dans l’ordre naturel, les contradictions s’opposant à la Vérité révélée sont des hérésies ! Et les hérésies conduisent en Enfer ! Mais pour Mgr Américo Aguiar, depuis lors fait cardinal, la conclusion logique de cet amour des différences excluant Jésus-Christ est que : « Nous ne voulons pas convertir les jeunes au Christ, ni à l’Église catholique …3 » Faut-il s’étonner que les églises se vident, et que pullulent sectes et hérésies, malheurs et damnations ?
Un des malheurs du DIR est d’avoir été présenté comme une nouveauté du Concile, et bientôt comme une fin en soi, déconnectée de la fin dernière de toute activité de l’Église : la recherche du salut des âmes. Les chrétiens n’avaient pas attendu Vatican II pour dialoguer, que ce soit pour évangéliser – la Foi étant une adhésion libre de l’intelligence, ou dans la vie courante, voulue la plus paisible et religieuse possible. Mais jamais, jamais ! il n’avait été officiellement demandé, ni même imaginé, qu’en toutes ces occasions, il eût fallu rejeter l’« arrière-pensée » de la conversion d’autrui !
On dira que le dialogue sert à maintenir la paix civile, en permettant à chacun d’exprimer sa pensée aussi rationnellement que possible, délesté de l’influence des passions. C’est certes un art difficile que de savoir parler de choses qui fâchent sans se fâcher, de ne pas trahir l’Évangile pour complaire à ses ennemis, mais lorsqu’en France l’Église catholique participe à la Conférence des Responsables de culte (CRCF), quel message envoie-t-elle à la société ? Celui d’être l’unique voie de salut instituée par Dieu pour le salut de tous, ou bien celui d’être une religion parmi d’autres, dans le grand marché libéral des spiritualités et superstitions ? En ne siégeant pas à cette assemblée, que perdrait-elle ? L’estime du monde ? Mais serait-ce trop cher payé pour rester fidèle à Dieu (Jc 4.4 ; 1 Jn 2.15) ? Et que gagnerait-elle, sinon la reconnaissance de sa mystérieuse différence ?
La paix civile ne relève pas, directement, de la mission de l’Église, mais de celle du pouvoir politique. L’oubli de cette vérité et la confusion qui s’en suit ne peuvent qu’avoir de graves conséquences, à commencer, pour les chrétiens, par le malheur de devenir eux-mêmes des apôtres de la Tolérance, pour qui le Christ, venu apporter en ce monde « non la paix mais la division (Lc 12.51) », ne peut qu’être insupportable … Comment le DIR pourrait-il ne pas bannir la liberté de secouer la poussière de ses sandales (Mt 10.14 ; Jn 6.67 ; Tt 3.10) ?
Je ne dis pas qu’il ne faille pas dialoguer avec des musulmans ou avec les représentants de l’État laïc, mais qu’il faut se garder de jamais cautionner l’un et l’autre, si peu que ce soit, car l’un et l’autre ne se sont forgés qu’en haine de la chrétienté et que pour régner sur ses ruines.
La recherche de l’unité entre tous les hommes promue par Nostra Aetate et portée par le DIR a produit un enseignement de contre-vérités toujours plus énormes, et des actes toujours plus scandaleux visant à colmater la béance tenant lieu de communion imparfaite entre qui est au Christ et qui Le refuse. Ainsi, par exemple, Nostra Aetate loue la vie morale des musulmans, alors qu’elle en est une parfaite négation (nonobstant ce que peut être tel comportement individuel), aussi vrai que l’islam ne se réfère pas à la loi naturelle, aux notions de bien et de mal accessibles à la raison humaine, mais aux notions de licite et d’illicite, décrétées arbitrairement par Allah, révélées par le Coran, et explicitées par la charia. De même, le Concile loue leur attente du jugement, alors qu’il en est une monstrueuse caricature : Allah ayant prédestiné la fin de chacun (Coran 6.39 ; 7.178,179,186 ; 13.27 ; 14.4 ; 17.97 ; 18.17 ; 30.29 ; 32.13 ; 35.8 ; 39.23 ; 40.33 ; 74.31). Et ainsi en va-t-il pour chaque aspect de l’islam loué par le Concile ! Comment ces faussetés ne fausseraient-elles pas les esprits endormis ? Jusqu’à leur demander « d’oublier le passé » … Quel meilleur moyen de les vouer à répéter les erreurs et connaître les mêmes malheurs ?
En affirmant que « Dieu nous sauvera tous (15.09.2021) », le Pape François a résolu tous les problèmes débattus par le DIR : rien n’étant finalement grave, il n’y a plus lieu d’œuvrer au salut d’autrui, non plus qu’à organiser la société pour que chacun y fasse facilement son salut, et les musulmans non pas à devenir chrétiens, mais à suivre l’enseignement du Coran (20.01.2014) …
Un point culminant du DIC a certainement été atteint à Abou Dhabi en février 2019 par le pape François et le Grand Imam d’Al-Azar avec la signature de la « Déclaration sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune ». Passons sur le pléonasme de la coexistence commune, cette déclaration, comme vous savez, affirme que « le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains ». Si cette phrase est une hérésie pour la foi chrétienne, elle ne l’est pas pour l’islam, qui ne distingue pas la nature (race, sexe …) de la culture (langue, religion), car il s’identifie à la nature (Coran 30.30 ; 7.172) … pour se rendre ainsi aussi bon, nécessaire et évident que ce que l’est la nature. La schizophrénie d’Allah crée effectivement plusieurs religions (Coran 7.16 ; 22.66) … pour que l’islam les détruise (Coran 2.193 ; 9.30,33) ! En islam la division spirituelle et morale de l’humanité est voulue par Allah (Coran 7.168 ; 22.66), qui est l’auteur du bien et du mal (Coran 15.40 ; 32.13 ; 38.82 ; 91.8 ; 113.2). Mais en régime chrétien, la division spirituelle de l’humanité est due au péché de l’humanité (Gn 11), non à Dieu ! Mais ce rejet de la précieuse distinction entre l’ordre naturel et l’ordre surnaturel apparaît aussi dans le discours du pape François lorsque ce jour-là, aux membres du Conseil musulman des Anciens à la Grande Mosquée du cheikh Zayed, il dit : « La fraternité certainement exprime aussi la multiplicité et la différence qui existent entre les frères, bien que liés par la naissance et ayant la même nature et la même dignité. La pluralité religieuse en est une expression. ». Si la pluralité religieuse est une expression de la fraternité liée à la naissance, alors Jésus en est exclu, car Il ne connaît d’autre fraternité que celle de l’obéissance à la Volonté divine (Mc 3.32-35). La reconnaissance du « pluralisme et les diversités de religion » qui découleraient d’« une sage volonté divine » fondant « le droit à la liberté de croyance et à la liberté d’être différents », a pour corollaire l’impossibilité pour l’Église d’affirmer qu’elle est la seule vraie religion voulue par Dieu en laquelle tous doivent s’efforcer d’entrer (Mt 28.18-19 ; Lc 14.23) … N’est-ce pas trop cher payé pour elle de ne plus pouvoir dire que la division spirituelle de l’humanité ne vient pas de Dieu, mais du péché, et qu’au prix de Sa croix Jésus est venu rassembler les enfants de Dieu dispersés (Jn 11.52 ; Jn 17.21) ? La division spirituelle et morale de l’humanité n’a rien à voir avec la diversité des couleurs de l’arc en ciel !
Un peu plus tard, en 2021, en Irak, le Pape François chercha encore en dehors de Jésus un lieu commun où bâtir la fraternité universelle … en proposant Abraham comme figure d’un monothéisme supra-confessionnel : « Aujourd’hui, nous, juifs, chrétiens et musulmans, avec nos frères et sœurs d’autres religions, nous honorons notre père Abraham en faisant comme lui. (…) » Quelle est cette foi commune que juifs, chrétiens, musulmans et membres d’autres religions auraient en Abraham ? Jésus n’a-t-Il pas dit aux Juifs qui refusaient de L’adorer qu’ils étaient non pas enfants d’Abraham, mais du Diable (Jn 8.44) ? Saint Paul, pour évangéliser, renonça « à la sagesse du langage », c’est-à-dire aux arguties, au double-sens, aux compromissions « afin de ne pas rendre vaine la croix de Christ (1 Co 1.17 ; 2.1-16 ; 1 Co 3.18-19) », car il ne connaissait, lui, « que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié (1 Co 2.2) », « scandale pour les juifs et folie pour les païens (1 Co 1.23) ». Le Pape continua : « Celui qui a le courage de regarder les étoiles, celui qui croit en Dieu, n’a pas d’ennemis à combattre. […] D’où le chemin de la paix peut-il alors commencer ? Du renoncement à avoir des ennemis. » Or, Jésus a eu des ennemis. Ne croyait-Il donc pas en Dieu ? Et n’avait-Il pas le courage de regarder les étoiles ? Outre qu’avoir des ennemis ne dépend pas nécessairement de soi, Jésus, qui a commandé d’aimer ses ennemis (Mt 5.44), a donc si bien supposé que nous en aurions, qu’Il a même déclaré maudits ceux qui n’en ont point (Lc 6.26) … C’est dire si nos pires ennemis ne sont pas là où on les imaginerait …
L’inauguration de la Maison de la famille d’Abraham à Abou Dhabi le 21 février 2023, a matérialisé l’avènement de cette fraternité universelle, ayant pour but déclaré de prendre soin de la maison commune, la Terre-Mère. Cette fraternité terrestre est la religion de la franc-maçonnerie, une religion sans Jésus-Christ, sans Son Dieu, sans vérité absolue, sans dogmes ni sacrements pour recevoir la grâce salvifique … C’est pourquoi l’Église a toujours dénoncé la franc-maçonnerie comme satanique. Les perspectives du DIC sont donc claires : tel un fleuve se jetant dans la mer, il conduit à devenir membre de la fraternité universelle prêchée par l’encyclique Fratelli tutti, encyclique accueillie avec enthousiasme par tous les francs-maçons du monde, lesquels travaillent à établir « une religion universelle, sur laquelle tous les hommes sont d’accord, consistant à être bons, loyaux, modestes, gens d’honneur, quelle que soit la dénomination ou la croyance particulière qui les distingue4 ». Sur leur site de partage ledifice.net, ils se font gloire « de rechercher ce qui nous rapproche et non de polémiquer sur nos différences, ce qui nous autorise à réellement considérer Abraham comme le précurseur des trois religions monothéistes révélées, et le père des peuples croyants, en nous permettant de nous retrouver tous pour former une grande fraternité universelle. » Ce langage est-il différent de l’enseignement donné par François en septembre dernier à Singapour : « Toutes les religions sont un chemin vers Dieu. » ?
Ainsi donc, l’Église a commencé par justifier sa pratique du DIR sur la base de ce que les hommes ont déjà en commun, pour en arriver à célébrer leur fraternité en Abraham, fraternité par laquelle l’islam se définit lui-même (Coran 2.135 ; 3.67-68,95 ; 4.125 ; 6.161 ; 16.123), et que promeut la franc-maçonnerie. Cette évolution de l’Église vis-à-vis de l’islam suit celle qu’elle a connue vis-à-vis des États nés de la Révolution : l’affirmation de la Vérité révélée et la revendication de ses droits s’est transformée en simple défense de « valeurs » communes … aussi équivoques, douteuses et discutables que ce que l’État moderne et l’islam rejettent tous deux aussi bien l’autorité de Jésus-Christ que la loi naturelle.
Le pape Pie XI, dans l’encyclique Mortalium animos (1928), nous avait prévenus :
« Convaincus qu’il est très rare de rencontrer des hommes dépourvus de tout sens religieux, on les voit nourrir l’espoir qu’il serait possible d’amener sans difficulté les peuples, malgré leurs divergences religieuses à une entente fraternelle sur la profession de certaines doctrines considérées comme un fondement commun de vie spirituelle. C’est pourquoi, ils se mettent à tenir des congrès, des réunions, des conférences, […] invitant tous les hommes indistinctement, les infidèles de tout genre comme les fidèles du Christ, y compris ceux […] qui nient la divinité de Sa nature et de Sa mission. De telles entreprises ne peuvent, en aucune manière, être approuvées par les catholiques, puisqu’elles s’appuient sur la théorie erronée que les religions sont toutes plus ou moins bonnes et louables […]. En vérité, les partisans de cette théorie s’égarent en pleine erreur, mais de plus, en pervertissant la notion de la vraie religion ils la répudient […]. La conclusion est claire : se solidariser des partisans et des propagateurs de pareilles doctrines, c’est s’éloigner complètement de la religion divinement révélée. »
Le Beau : chemin vers l’invisible
Aymeric Pourbaix et Véronique Jacquier reçoivent :
- Abbé Philippe de MAISTRE, curé de St-André de l’Europe à Paris
- Pierre HENRI-ROUSSEAU, artiste-peintre, spécialisé dans l’art sacré
- Frédéric GUILLAUD, philosophe
Saint Colomban : les racines chrétiennes de l’Europe
Aymeric Pourbaix et Véronique Jacquier reçoivent le père Jean-François Thomas :
Terres de Mission : Le roman de la fin des temps
Eglise universelle : Le maître de la terre – La crise des derniers temps
Les éditions Téqui viennent de rééditer le célèbre ouvrage de Robert Hugh Benson, préfacé par Mgr Rougé, évêque de Nanterre : “Le maître de la terre – La crise des derniers temps”. Jean-Pierre Maugendre nous présente ce passionnant roman prophétique écrit en 1907 qui met en scène un monde totalitaire, à prétention humaniste, menant une lutte féroce contre l’Eglise catholique et la papauté.
Eglise en France : Les adieux de Mgr Rey à son diocèse
Contraint à la démission par le pape François, Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, après 25 ans d’épiscopat, a fait ses adieux à ses diocésains le samedi 1er février au séminaire de la Castille. Jean Rivière, président de l’association Nosto Fe, était présent à cet événement. Il nous rend compte de cette belle et émouvante cérémonie qui laisse néanmoins un diocèse meurtri entre les mains de Mgr Touvet qui s’est, cependant, engagé publiquement à oeuvrer dans la continuité de l’action de Mgr Rey.
Eglise en Marche : Le mystère de Camblain au Théâtre Saint-Léon
L’école Saint Jean-Baptiste de la Salle est une école de garçons située au nord d’Arras. L’abbé du Fayet y est professeur. Il nous présente, avec verve et enthousiasme, une pièce écrite pour l’occasion qui sera jouée par des élèves de l’école le jeudi 13 février au théâtre saint Léon à Paris. Alors que s’annonce une inspection académique, le directeur de l’école, l’abbé Héon a disparu. Des enquêteurs recherchent le directeur disparu…
Cinquième dimanche après l’Épiphanie : parabole du bon grain et de l’ivraie
Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir.
Vous aurez la totalité des textes sur le site et nous ne pouvons que vous encourager à vous abonner à la newsletter hebdomadaire en cochant dans la case adéquate sur la page d’accueil.
Nous sommes toujours ce dimanche, selon les livres liturgiques de 1962, pour le Cycle Temporal, au Temps après l’Épiphanie qui commence au lendemain de l’octave de cette fête et va jusqu’à la Septuagésime, mais ce Temps allait jusqu’au 2 février, fête de la Purification pour le Cycle Sanctoral.
Nous compterons cette année cinq dimanches après l’Épiphanie, mais en fait quatre (nous avons célébré la semaine dernière la fête de la Présentation au Temple du 2 février). Les chants du IIIe dimanche de la messe après l’Épiphanie Adoráte Deum seront donc répétés quatre fois cette année 2025.
► Introït : Adorate Deum
L‘Introït est tiré du psaume 96 Dominus regnavit : Le Seigneur est Roi, dont nous retrouverons le début à l’Alléluia. Il chante la souveraineté du seul vrai Dieu sur toute la création et sur toutes les divinités et idoles païennes. Comme dans la messe de dimanche dernier, ce sont toutes les créatures de la terre qui sont invitées L’adorer.
Adorate Deum omnes Angeli ejus : audivit et lætata est Sion : et exsultaverunt filiæ Judæ.
Adorez Dieu tous ses anges ; Sion a entendu et s’est réjouie et les filles de Judas ont exulté.
Sion, c’est-à-dire Jérusalem, les filles de Juda, c’est-à-dire toutes les cités d’Israël, c’est le peuple élu, et c’est comme toujours la figure de l’Église. Qu’a-t-elle donc entendu qui la mette ainsi dans la joie ? C’est la proclamation de cette souveraineté universelle de Dieu : ici, dans la liturgie du temps après l’Épiphanie, c’est la manifestation de la divinité et de la royauté du Messie que nous acclamons.
La mélodie commence par un grand élan d’adoration et monte dans les hauteurs pour invoquer les Anges. Puis elle s’apaise et exprime une joie contenue mais bien affirmée. Cet Introït est accompagné bien entendu du premier verset du psaume 96, celui que nous retrouverons dans l’Alléluia.
Dominus regnavit, exsultet terra : lætentur insulæ multæ.
Le Seigneur est Roi, la terre exulte, les îles innombrables se réjouissent.
► Graduel : Timebunt gentes
Le chant du Graduel du troisième dimanche après l’Épiphanie est tiré du psaume 101, qui est, dans son ensemble, une grande supplication douloureuse du peuple d’Israël en butte aux persécutions des ses ennemis, emmené en captivité loin de la ville sainte de Jérusalem et du temple détruit ; mais il contient aussi une partie pleine d’espérance, prophétisant la victoire du Seigneur sur ses ennemis et la reconstruction du temple.
Timebunt gentes nomen tuum, Domine, et omnes reges terræ gloriam tuam. Quoniam ædificavit Dominus Sion, et videbitur in majestate sua.
Les nations craindront votre Nom, Seigneur, et tous les rois de la terre craindront votre gloire, car le Seigneur a rebâti Sion, et Il y paraîtra dans Sa majesté.
On retrouve ici Sion déjà mentionnée à l’Introït, la cité sainte de Jérusalem, une fois encore figure de l’Église dont Isaïe déjà, le jour de l’Épiphanie, avait annoncé le triomphe et la gloire quand tous les peuples et les rois de la terre, qu’ils le veuillent ou non, devront se soumettre au règne du Christ Roi. La mélodie reprend encore des formules connues que nous avons déjà entendues les deux précédents dimanches mais qui s’adaptent parfaitement bien au texte du jour dans une tonalité de joie très affirmée.
► Alléluia : Dominus regnavit, exsultet
Nous retrouvons à l’Alléluia du troisième dimanche après l’Épiphanie le début du psaume 96 qui figurait déjà comme verset de l’Introït.
Dominus regnavit, exsultet terra : lætentur insulæ multæ.
Le Seigneur est Roi, la terre exulte, les îles innombrables se réjouissent.
C’est donc encore la divinité et la royauté de notre Seigneur qui provoquent la joie de tous les hommes, ceux qui habitent le continent et ceux qui habitent dans les îles, c’est à dire tout l’univers connu.
La mélodie légère, fluide, aux grandes vocalises, exprime à merveille cette joie. C’est encore, comme les deux derniers dimanches, une mélodie type que nous avons déjà entendue, notamment celle-ci à la messe de minuit de Noël.
► Offertoire : Dextera Domini
L‘Offertoire du troisième dimanche après l’Épiphanie est un magnifique chant d’action de grâce.
Dextera Domini fecit virtutem, dextera Domini exaltavit me : non moriar, sed vivam, et narrabo opera Domini.
La droite du Seigneur a exercé sa puissance, la droite du Seigneur m’a relevé, je ne mourrai pas, je vivrai et je raconterai les œuvres du Seigneur.
On retrouvera ce chant pendant la Semaine sainte où il sera placé alors dans la bouche du Christ. D’ailleurs le psaume 117 d’où il est tiré est par excellence un psaume pascal qui est largement utilisé dans la liturgie de Pâques. C’est un des grands psaumes qui commencent par : » Louez le Seigneur car Il est bon, car sa miséricorde est éternelle « , comme celui que nous avons trouvé au Graduel de dimanche dernier. Et ici encore c’est l’œuvre de la Rédemption pour laquelle l’âme fidèle remercie et glorifie le Seigneur. Cette action de grâce se termine comme celle de l’Offertoire de dimanche dernier avec le même mot narrabo, je raconterai tout ce que le Seigneur a fait pour moi : mais la mélodie est très différente de celle de ce dernier qui était tout à fait exceptionnelle par son ampleur et son enthousiasme. Celle-ci est assez solennelle mais dans une ambiance contemplative. Elle exprime admirablement les sentiments du texte. Les mots dextera Domini, qui désignent la main droite du Seigneur symbole de sa puissance, reviennent deux fois, la première fois d’une façon très solennelle, la deuxième fois avec une insistance joyeuse et pleine d’assurance. L’affirmation non moriar je ne mourrai pas, est lancée avec une inébranlable certitude, tandis que la finale narrabo opera Domini je raconterai les œuvres du Seigneur, s’épanouit en un épanchement mystique et assez doux.
► Communion : Mirabantur
Le texte de la Communion du troisième dimanche après l’Épiphanie est un passage de l’Évangile, mais il ne s’agit pas de l’Évangile du jour. Il est pris ici en saint Luc au chapitre IV.
Mirabantur omnes de his quæ procedebant de ore Dei.
Tous étaient stupéfaits des paroles qui sortaient de la bouche de Dieu.
Bien entendu saint Luc n’a pas écrit » de la bouche de Dieu » mais simplement » de sa bouche « , celle du fils de Joseph qui venait de prendre la parole pour la première fois dans la synagogue de Nazareth, laissant entendre nettement, après avoir lu un passage d’Isaïe, que le Messie annoncé par le prophète c’était lui. On comprend la stupéfaction des auditeurs. La liturgie a modifié le texte pour affirmer, en ce temps après l’Épiphanie, que nous croyons à la divinité de Jésus. Nous qui savons qu’Il est Dieu, nos sentiments ne sont plus de stupéfaction comme ceux des habitants de Nazareth, mais d’admiration, d’adoration et de louange. C’est ce qu’exprime la mélodie ce cette petite antienne, qui bien que courte, est très ornée et chargée de neumes.
Jean-Yves Le Gallou nous invite à son procès le 18 février
A-t-on encore le droit de critiquer une décision de justice qui concerne des millions de Français ? Les juges doivent-ils assumer les décisions collégiales ? Un procès pour 2 – deux – tweets commentant une décision de justice, est-ce bien prioritaire ? Faut-il protéger la liberté d’expression ou interdire X ? Doit-on pouvoir critiquer d’autant plus librement que celui que l’on critique a le plus de pouvoir ?
Jean-Yves Le Gallou nous invite à suivre son procès devant la 17 e chambre correctionnelle de Paris le mardi 18 février 2025 à 13h30.
L’influence chinoise sur le canal de Panama
Lu dans Conflits :
Ouvert en 1914 et modernisé à plusieurs reprises, le canal de Panama est aujourd’hui un passage maritime incontournable. Selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (UNCTAD), il représente environ 3 % du commerce maritime mondial. Il est particulièrement stratégique pour le transport des hydrocarbures, des conteneurs et des céréales entre les États-Unis, l’Asie et l’Europe. D’après l’Autorité du Canal de Panama, près de 14 000 navires empruntent cette voie chaque année, représentant plus de 300 millions de tonnes de marchandises.
Élargissement de 2016 et nouveaux défis
Face à la croissance du commerce maritime et à l’augmentation de la taille des navires, un programme d’expansion a été initié et achevé en 2016. Cette modernisation a inclus la création d’une nouvelle voie de navigation, permettant le passage des porte-conteneurs Neo-Panamax, capables de transporter jusqu’à 14 000 EVP (équivalents vingt pieds), contre 5 000 EVP pour les navires Panamax traditionnels. L’Autorité du Canal de Panama indique que cette expansion a permis d’augmenter de 50 % la capacité de transit.
Cependant la raréfaction de l’eau douce, essentielle au fonctionnement des écluses, est un véritable défi pour le canal. En effet, le changement climatique et les sécheresses récurrentes affectant les bassins du lac Gatún et du lac Alajuela compliquent l’approvisionnement en eau du canal. En 2023, ces conditions ont contraint l’Autorité du Canal de Panama à réduire le nombre de transits quotidiens de 36 à 24, impactant ainsi le trafic maritime mondial.
Trump et l’influence chinoise
Sous la première présidence de Donald Trump, la relation entre Washington et Panama avait déjà évolué, notamment en raison des tensions commerciales avec la Chine, l’un des principaux utilisateurs du canal. Les États-Unis ont ainsi exprimé leurs inquiétudes quant à l’implication croissante des entreprises chinoises dans l’économie panaméenne, y compris dans des projets portuaires liés au canal. Le renforcement des relations entre Panama et Pékin après l’établissement de relations diplomatiques en 2017 a conduit à des pressions diplomatiques américaines pour limiter l’influence chinoise sur le canal.
Tout juste investi pour son 2e mandat, Donald Trump a une nouvelle fois annoncé son intention de réévaluer les relations commerciales avec Panama, critiquant une influence chinoise jugée grandissante sur le canal et une surtaxation des navires américains qui empruntent le canal. Il a menacé de réduire les accords commerciaux avec Panama et de renforcer la présence américaine dans la région – voire prendre le contrôle du canal – pour sécuriser les routes commerciales vitales des États-Unis. Cette annonce a suscité une réaction immédiate du gouvernement panaméen, qui a réaffirmé son engagement envers la neutralité du canal et son autonomie totale dans la gestion de cette infrastructure stratégique.
Un espoir pour le Liban ?
D’Antoine de Lacoste dans Politique magazine :
Aimer le Liban, observer tristement son déclin apparemment inexorable, peser ses chances de survie, réclament l’exercice permanent de la vertu d’Espérance.
A vue humaine, le Liban semble perdu. Ruiné par une crise financière qui a dépossédé ses habitants de leurs économies, fracturé par le communautarisme, pris en otage par une classe politique corrompue, aucune porte de sortie ne semble possible. Alors beaucoup de jeunes, chrétiens notamment, fuient. Ils vont retrouver familles et amis en France, au Canada, en Australie, en Afrique même. Rien ne semble pouvoir arrêter cette descente aux enfers.
Mais depuis quelques jours, une petite musique nouvelle se fait entendre. Et si Joseph Aoun était différent des autres ? Et si le nouveau président de la République libanaise allait parvenir à s’élever au-dessus du marigot ?
Elu le 9 janvier par 99 voix sur 128 par le Parlement, il a réussi à rallier sur son nom une large partie des multiples tendances du Parlement. Même le Hezbollah, tenté par Frangié, a fini par se faire une raison.
Le chef d’Etat major de l’armée va donc succéder à son homonyme, sans lien de parenté, Michel Aoun, lui-même ancien patron de l’armée. Michel Aoun a déçu le peuple libanais. Il s’était concilié la Syrie et le Hezbollah mais n’a pas su convaincre les sunnites. Honni par une partie de la communauté chrétienne, il ne fit rien pour s’en rapprocher. Son triste mandat s’est achevé en octobre 2022. Il n’en restera rien.
Joseph Aoun fut très habile au cours de la campagne auprès des députés, où il ne donna jamais l’impression de s’engager à fond. Point de petits arrangements entre amis, pas de promesses inconsidérées, le nouveau président s’est comporté comme s’il était l’ultime recours après deux ans et trois mois de vacance du pouvoir présidentiel.
La campagne fut menée pour lui par trois puissances étrangères : Etats-Unis, France et Arabie Saoudite. Bien décidées à imposer leur candidat, elles n’ont pas lésiné sur les démarches. « C’est une des rares fois où nous subissons ce niveau de pressions internationales » a déclaré Nabih Berri, le président chiite du Parlement libanais.
Si les chiites, représentés par Nabih Berri et sa milice Amal d’un côté, et le Hezbollah de l’autre, ont fini par céder, c’est qu’ils n’avaient plus le choix. Depuis l’invasion du Liban par Israël, le Hezbollah est affaibli. Certes, les Israéliens sont loin d’être en terrain conquis au Liban sud, ont subi des pertes non négligeables et devront sans doute partir sous la pression américaine, Trump n’étant pas Biden. Mais, contrairement aux invasions précédentes, le Hezbollah n’a cette fois pas réussi à résister au point d’impressionner les opinions publiques libanaises et israéliennes. Surtout, sa direction a été décapitée par les bombardements israéliens qui ont, encore une fois, ravagé le sud Liban et une partie de Beyrouth.
UN PREMIER MINISTRE PRESTIGIEUX
Le premier acte de Joseph Aoun fut bien sûr de nommer un premier ministre. Conformément à la règle non écrite, issue du Pacte de 1943, c’est à un sunnite qu’échoit ce poste (en complément d’un président chrétien et d’un président de l’assemblée chiite). Son choix s’est porté sur Nawaf Salam. Brillant fonctionnaire international, il était juge à la Cour Internationale de Justice depuis de nombreuses années, et en avait été nommé président en 2024. Un poste prestigieux et très convoité.
Comme Joseph Aoun, il a la réputation d’être incorruptible, chose rare au Liban. L’avenir dira si cela est vrai mais il est certain que rien n’est venu entacher sa réputation sur ce plan-là. Issu de la gauche, Salam est un chaud partisan de la cause palestinienne. Cela rassure les Hezbollah qui, bien que n’ayant pas voté pour lui au parlement, va adopter une position neutre dans un premier temps.
Malgré tout, la voie de Joseph Aoun et de Nawaf Salam est étroite. Depuis les accords de Taëf de 1989 qui ont affaibli les pouvoirs du président et donc des chrétiens, on sait que même un président désireux de réformer le pays ne peut réussir que s’il est soutenu par l’ensemble de la classe politique. Or, c’est aujourd’hui à peu près impossible. Il y a trop d’intérêts occultes, de corruptions collectives et individuelles, d’arrangements douteux. Le pacte de 1943 est devenu, depuis la fin de la guerre, un pacte de corruption. Celui qui voudra faire bouger les lignes se heurtera à une résistance passive infranchissable. Dans le pire des cas, il risque de se faire assassiner. Une longue liste a ensanglanté le Liban.
UN SOUTIEN INTERNATIONAL DECISIF
Alors pourquoi espérer cette fois ? Parce que les Etats-Unis ont décidé de saisir une opportunité : l’affaiblissement du Hezbollah et, par-delà, de la communauté chiite. La victoire des islamistes sunnites en Syrie, les pertes importantes dues aux bombardements israéliens puis aux combats dans le Liban sud et enfin (et peut-être surtout) la disparition de son commandement ont fait reculer de plusieurs années la puissance de la milice chiite. Elle se reconstituera, soyons en sûrs, mais cela prendra du temps. Alors c’est le bon moment pour Washington de pousser son candidat. Car Joseph Aoun est très proche des Américains. Il est diplômé de l’université américaine de Beyrouth et a effectué plusieurs séjours aux Etats-Unis où il a notamment été formé à la lutte contre le terrorisme.
Son alignement n’est toutefois pas complet et il ne faudrait pas le voir comme une marionnette de Washington : entre un Américain et un Libanais, il y aura toujours le hiatus israélien. Les ravages provoqués par les bombardements israéliens depuis des années indignent les Libanais. Joseph Aoun a déjà évoqué « l’agression israélienne » depuis son élection.
Cependant, les Américains sont en confiance avec le nouveau président et cela ouvrira la voie à un soutien financier fourni à l’armée dans un premier temps puis à la reconstruction et la modernisation du pays dans un second temps, une fois que les Etats-Unis seront certains que leurs dollars ne se perdront pas dans les sables de la corruption.
Les motivations saoudiennes sont un peu différentes. Contrairement aux Américains qui se sont réjouis de la chute de Bachar el-Assad et ont probablement donné un coup de main aux islamistes de HTC, le prince héritier Mohamed ben Salman (MBS) est mécontent de ce changement de régime. Il avait normalisé sa relation avec Damas et ne voulait surtout pas voir la Turquie mettre la main sur la Syrie. Ce n’est pas vraiment le cas bien sûr mais les ambitions d’Erdogan dans la région sont bien connues et l’avenir en Syrie est plus qu’incertain. MBS est d’autant plus vigilant que les réseaux turcs sont très actifs dans la communauté sunnite du Liban.
Il vaut donc mieux sécuriser le Liban avec un homme qui s’entendra certainement avec l’Arabie Saoudite dont les moyens financiers seront précieux pour reconstruire le pays.
La France quant à elle représente l’Europe et sa capacité à distribuer de l’argent. Cela nous changera du puits sans fond de l’Ukraine.
Les mots et les actes de Joseph Aoun vont être maintenant disséqués. Le peuple libanais espère en lui, il ne doit pas le décevoir.
Antoine de Lacoste
Gaza : la proposition de Donald Trump arrange beaucoup de monde
Lu dans la lettre hebdomadaire de la revue de géopolitique Conflits :
La diplomatie façon Trump vient de prendre tout le monde de court. Sa dernière proposition de déplacer les Gazaouis et de faire de la bande de Gaza une Côte d’Azur du Moyen-Orient a suscité une vive réaction.
Le sujet des Gazaouis gêne tout le monde, surtout les pays arabes qui leur rappellent pourtant sans arrêt leur « indéfectible soutien ». Mais ils craignent tous – surtout les voisins – la bombe démographique plus ou moins à retardement de Gaza. En 1950, ils étaient 200 000. Aujourd’hui ils sont 2 millions (+ 1 000% en 70 ans) pour 45 km2. La situation n’est pas tenable et que D. Trump aborde le sujet arrange beaucoup de monde.
Outre l’alimentation de la guerre, l’explosion démographique pourrait provoquer une marche du retour de centaines de milliers de femmes et d’enfants (avec parmi eux des combattants) qu’Israël serait incapable de repousser. Mais ils peuvent aussi partir à l’est, en Jordanie, ou au sud, en Égypte. Et ces deux pays redoutent l’arrivée de Gazaouis pétris d’idées du Hamas qui renverseraient leur fragile stabilité.
L’Égypte a déjà fait l’expérience des Frères musulmans, dont le Hamas est une émanation. Ils sont arrivés au pouvoir (2012-2013) avec les Printemps arabes puis ont été rejetés par la rue après un virage autoritaire et des résultats économiques catastrophiques. Pour rien au monde les Égyptiens ne voudraient les revoir.
Mais pour Fabrice Balanche, l’un des meilleurs spécialistes du Moyen-Orient, on ne peut exclure l’hypothèse égyptienne. Le clan d’al-Sissi tire des profits considérables de l’économie clandestine dans le Sinaï. Les passages d’hommes et de matériels entre Gaza et l’Égypte alimentent un circuit court entre les tribus locales et le gouvernement. L’Égypte est en crise économique ; il faut faire rentrer de l’argent.
« Le Caire pourrait accepter d’accueillir une partie des Palestiniens, pense-t-il. Sûrement pas dans le Sinaï, au risque de déclencher une guerre avec Israël, mais peut-être pour les installer à l’ouest, à El-Alamein. Le gouvernement égyptien ne refuserait pas de capter les fonds américains. Alors bien sûr il faudrait tout construire, mais les Égyptiens sont des bétonneurs, ça ne leur fait pas peur. »
La cause palestinienne, et surtout gazaouie, ne rassemble plus personne au Moyen-Orient. Alors que la plupart des pays sont ruinés par des décennies de conflit, la priorité est de se nourrir puis de se reconstruire. Il n’y a guère plus qu’en Occident qu’on s’en soucie. Provocateurs, les Israéliens ont proposé d’envoyer des Gazaouis en Espagne et Irlande, ce que l’UE ne pourra refuser au nom du droit des réfugiés… Les Européens ferment toute porte à la discussion.
Pourquoi voit-on tant d’oeuvres modernes si laides dans les églises ?
Dans un numéro de France catholique consacré à l’art et au beau, Emilie Pourbaix a interrogé Pierre-Henri Rousseau. Extrait :
“Guerre de Géants”, des vitraux racontent leur histoire, la Guerre de Vendée.
Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.
Pour ne pas oublier les souffrances endurées pendant la guerre de Vendée, et pour honorer la bravoure et le courage de ses héros, souvent anonymes, les vitraux des églises de l’ancienne « Vendée militaire » leur rendent hommage.
Dans cet ouvrage de Daniel Durandet, près de 220 décors enchâssés dans les pierres des murailles, dans un magnifique jeu de lumières aux couleurs de l’arc-en-ciel, vous sont proposés, pour la première fois, en grand format et dans leur intégrité.
Une œuvre monumentale mettant sous vos yeux, comme vous n’avez jamais pu la contempler jusque-là, cette imagerie guerrière et sa double identité, à la fois religieuse et historique. Ce véritable drame en six actes et soixante scènes prenant les allures d’une sublime bande dessinée d’images populaires, est accompagné d’un récit passionnant, imagé et compréhensible par tous, décrivant minutieusement le message porté par ces vitraux.
En faisant « parler ces vitraux » l’objectif est d’interpréter l’histoire qu’ils racontent à leur manière, à savoir les événements de cette guerre ancrés dans la mémoire collective, que leurs créateurs ont voulu transmettre à travers ce travail d’art, afin que les générations futures se souviennent et n’oublient pas ces faits à la fois glorieux et tragiques.
On retrouvera avec émotion, la représentation d’une des premières victimes dès les répressions précoces de mai 1791. Aux soldats menaçants qui lui disaient : « Rends-toi ! » il répondit : « Rends-moi mon Dieu ! ». Puis les scènes de pardon avec le Pater de d’Elbée et le cri de Bonchamps mourant : « Grâce, grâce aux prisonniers ! ». Magnifique. Bouleversant.
Dans ce « catéchisme », il ne faudrait pas oublier d’y associer les maitres verriers, véritables magiciens qui ont su par leur sensibilité et leur art nous permettent de communier avec ce glorieux passé en y créant les décors immortels de ce théâtre du Souvenir.
Que ces témoignages réunis dans une très belle édition, nous aide à porter toujours plus haut, pour les générations à venir, la mémoire de ces hommes qui se sont levés pour défendre leur foi chrétienne au risque de leur vie.
Plus d’informations et commandes sur LIVRES EN FAMILLE
Album relié de 265 pages, Préface de Mgr Jacolin, évêque de Luçon, Edition La Geste, 39 €.
Création d’un groupe de travail, dirigé par le ministre de la Justice, pour “poursuivre les faits de violence et vandalisme antichrétiens”
Evidemment, ça ne se passe pas en France, mais aux Etats-Unis.
Donald Trump a annoncé jeudi 6 février la création d’un groupe de travail, dirigé par le ministre de la Justice Pam Bondi, pour “éradiquer les préjugés antichrétiens” au sein du gouvernement fédéral et dans la société américaine en général.
“Je vais signer un décret pour faire de Pam Bondi le chef d’un tout nouveau groupe de travail pour éradiquer les préjugés antichrétiens. Il est grand temps, non?”
“La mission de ce groupe de travail sera de mettre fin immédiatement à toutes les formes de discrimination contre les chrétiens au sein du gouvernement, y compris au sein du ministère de la Justice, (…) du service des impôts, du FBI”.
Donald Trump a expliqué que ce groupe de travail allait également
“poursuivre les faits de violence et vandalisme antichrétiens dans notre société, et remuer ciel et terre pour défendre les droits des chrétiens et des croyants dans tout le pays.”
Basilique Saint-Pierre : un forcené est monté sur l’autel de Saint-Pierre
Au Vatican, un forcené est monté sur l’autel de la tombe de Saint-Pierre et a tenté de tout casser pic.twitter.com/SYU3t8dv99
— Fdesouche.com est une revue de presse (@F_Desouche) February 7, 2025
Questa mattina un uomo è salito sull’altare della Basilica di San Pietro. Si tratta del secondo episodio che vede una persona riuscire a superare le protezioni.
Mons. Rino Fisichella aveva previsto tutto: “Durante l’Anno Santo con Gambetti ci sarà da ridere”, disse.
La… pic.twitter.com/HxJIceD8Ji
— Silere non possum (@silerenonpossum) February 7, 2025
Idéologie du genre : L’Argentine interdit les traitements pour les mineurs
Le gouvernement argentin a annoncé vouloir interdire les traitements hormonaux et les opérations chirurgicales de « transition de genre » pour les mineurs.
Actuellement, les mineurs peuvent subir des traitements de « transition de genre » avec l’accord de leurs parents. Si ces derniers refusent, ils peuvent recourir à un juge. « Ces interventions auxquelles les enfants sont exposés constituent un risque sérieux pour leur santé, tant physique que mentale, car elles impliquent une interruption de leur processus de maturation », relève le porte-parole de la présidence.
D’autre part, les autorités empêcheront les prisonniers d’être transférés « s’ils changent de sexe après avoir commis un crime ». Ainsi, les détenus seront assignés aux quartiers pénitentiaires en fonction du sexe inscrit sur leur carte d’identité au moment où le crime pour lequel ils sont emprisonnés a été commis. Pour les délits sexuels, aucun transfert ne sera autorisé, même si les détenus se déclarant transgenres ont demandé un changement de sexe sur leurs papiers d’identité avant de commettre le délit.
Ces mesures qui constituent un « combat frontal contre l’extrémisme de genre » seront adoptées par décret, précise la présidence argentine.
Source : Gènéthique
Saint Théodore : La sainteté est héroïsme
D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:
“Son culte se répandit dans tout l’Orient chrétien et plus tard dans l’Empire byzantin. En Occident, la première trace d’un culte qui lui fut rendu est le mosaïque absidial encore existant dans la basilique des saints Côme et Damien au Forum Romain, érigée entre 526 et 530. Des monastères lui étaient déjà dédiés à la fin du VIe siècle à Palerme, Messine, Ravenne et Naples. À Venise, jusqu’au XIIe siècle, il était invoqué comme le patron de la ville avant d’être remplacé par saint Marc. Selon une tradition ancienne, son corps fut transféré à Brindisi, où il est conservé dans une châsse en argent dans la cathédrale. À Venise, il est représenté sur des vitraux et sur les portes d’orgues de deux églises, ainsi que sur la colonne de la Piazzetta San Marco, au sommet de laquelle se dresse sa statue en armure de guerrier, avec un dragon à ses pieds, semblable à un crocodile.Au IXe siècle, Théodore était le seul saint portant ce nom. Cependant, plus tard, un autre Théodore apparut – non plus soldat, mais général – qui serait mort à Héraclée sous le règne de Licinius le 7 février et qui fut également enterré à Euchaita le 3 juin. Cette duplication du même martyr Théodore donna naissance à deux traditions légendaires distinctes, dont les récits subsistent en grec, en latin et dans d’autres langues orientales, influençant ainsi les dates de commémoration. Dans les synaxaires byzantins, le général Théodore est commémoré le 8 février, tandis que le soldat l’est le 17 février. Dans les martyrologes occidentaux, en revanche, le général est célébré le 7 février et le soldat le 9 novembre. Parfois, ils apparaissent ensemble dans des mosaïques ou des fresques représentant des saints militaires. Toutefois, il s’agit bien de la même personne commémorée à deux dates différentes.”
“Nous vivons une époque triste pour la foi, et toutes les difficultés sociologiques actuelles (athéisme de masse, pornographie, drogue, alcoolisme, homosexualisme, idéologie du genre, effondrement de la famille et de l’Église telle qu’elle a été vécue pendant des siècles) nous poussent vers un christianisme où le combat spirituel est le pain quotidien du chrétien militant. Tout le catholicisme authentique… est imprégné d’héroïsme.Traditionnellement, la confirmation fait des jeunes catholiques des soldats du Christ, et la gifle rituelle donnée par l’évêque sur la joue droite du confirmé provient de l’alapa militaris, la claque infligée aux recrues de l’armée romaine pour symboliser leur première blessure. Le mot sacramentum, qui au IIIe siècle commence à désigner les sacrements chrétiens du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie, désignait à l’origine le serment prêté par les légionnaires romains, signifiant l’initiation à une nouvelle forme de vie, un engagement total et un service fidèle jusqu’à la mort.Dans le Nouveau Testament, saint Paul nous parle de l’armure spirituelle, et nous constatons qu’en Éphésiens 6, 11-17, il décrit l’équipement militaire qui nous est donné pour mener la guerre spirituelle. Paul était emprisonné à Rome, probablement enchaîné à un soldat romain, lorsqu’il écrivit son épître aux Éphésiens. La description de l’armure spirituelle est basée sur celle d’un soldat romain prêt pour le combat rapproché. L’armure de Dieu représente la vérité dans notre mode de vie, et la revêtir ne signifie pas accomplir des gestes symboliques. Le mot grec utilisé indique que nous la revêtons une fois pour toutes, et non chaque jour, bien que nous devions marcher avec elle quotidiennement.” (in riscossacristiana.it).
« Puisque les sacrifices et les offrandes des mortels vous ont toujours plu, ô Majesté, et vous plaisent encore, lorsqu’ils sont offerts d’un cœur pur pour votre gloire, je présente ce petit traité du Combat Spirituel, le dédiant à votre divine Majesté. Et je ne recule pas sous prétexte que ce traité est modeste : il est bien connu que vous êtes le seul Seigneur suprême qui se complaît dans les choses humbles et méprise les vanités et les prétentions du monde. Et comment aurais-je pu, sans reproche ni dommage, le dédier à une autre personne que votre Majesté, Roi du ciel et de la terre ? Tout ce qu’enseigne ce petit livre est votre doctrine, car vous nous avez appris que, cessant de nous fier à nous-mêmes, nous devons nous confier en vous, combattre et prier. De plus, si chaque combat a besoin d’un chef expérimenté pour guider la bataille et encourager les soldats—qui combattent d’autant plus vaillamment qu’ils servent sous un capitaine invincible—combien plus ce Combat Spirituel en aurait-il besoin ? C’est pourquoi nous avons tous, résolus à combattre et à vaincre tout ennemi, choisi pour Capitaine Vous, Jésus-Christ : Vous qui avez vaincu le monde, le prince des ténèbres, et qui, par les blessures et la mort de votre très sainte chair, avez vaincu la chair de tous ceux qui ont combattu et combattront courageusement. »
« Écoute, Israël ! Vous allez aujourd’hui livrer bataille à vos ennemis ; que votre cœur ne défaille pas ; ne craignez pas, ne tremblez pas et ne vous épouvantez pas devant eux, car le Seigneur votre Dieu marche avec vous pour combattre pour vous contre vos ennemis et vous donner la victoire. »
Programme d’éducation sexuelle à l’école : « une occasion ratée de construire une ambition pour la jeunesse »
Communiqué du Syndicat de la famille :
Comme redouté par de nombreux observateurs, professionnels, associations et parents, le programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité est inadapté et ne répond pas aux enjeux fondamentaux d’une jeunesse marquée par l’explosion du porno, des réseaux sociaux et de la sexualité sans amour. Si quelques améliorations demandées par Le Syndicat de la Famille ont pu être intégrées dans le texte, la vigilance s’impose sur les modalités de mise en œuvre de ce programme qui doit évidemment être assuré intégralement par des enseignants. Cela implique d’interdire à des associations ou à des personnes extérieures à l’Education nationale d’assurer ce qui est désormais un enseignement scolaire.
L’apprentissage de la notion d’intimité, du respect de soi et des autres va naturellement dans le bon sens, tout comme la prévention vis-à-vis de l’utilisation des réseaux sociaux et de ses dérives comme les sextos et le partage de nude. En revanche, il est très regrettable de ne commencer en CM2 pour ce qui concerne la prévention vis-à-vis de la pornographie, qui n’arrive réellement qu’en 4e. A contrario, ouvrir la guerre des sexes dès l’âge de 3 ans est parfaitement déplacé, tout comme l’obsession des « stéréotypes de genre », « assignations de rôles » (notions que l’Education nationale n’évoque d’ailleurs pas dans ses éléments de langage officiels sur le programme pour les maternelles) et autres concepts politiques inspirés du wokisme. Au lieu d’opposer une moitié de la société contre l’autre, il est urgent de faire de la pédagogie sur la différence entre les filles et les garçons et leurs complémentarités, dans un esprit d’égalité.
L’école doit rester un sanctuaire préservé de toute idéologie
A partir de la rentrée 2025-2026, le programme sera déployé dans les écoles, collèges et lycées. Compte tenu de la sensibilité des enjeux qui touchent à l’intime de chaque jeune, les parents seront attentifs et les enseignants mobilisés. Il va de soi que ce programme scolaire doit être assumé et dispensé par des enseignants. Ils sont formés pour transmettre les savoirs aux élèves. Ce lien est le socle de la confiance entre l’école et les parents. Aussi, tout comme les séances scolaires consacrées à la lutte contre le harcèlement, l’éducation affective, relationnelle et à la sexualité doit être exclusivement dispensée par des enseignants. Cela signifie qu’aucune association, qu’elle soit ou non agréée par l’Education nationale, ne doit prendre en charge cet enseignement.
Questionner la représentativité du conseil supérieur des programmes
La préparation du programme d’éducation à la sexualité a fait l’objet de vives controverses et inquiétudes depuis plusieurs années. De multiples voix se sont fait entendre pour souligner la sensibilité de cet enseignement et la nécessité de construire un programme bénéfique pour les élèves, en tenant compte de leurs âges et de la responsabilité des parents. Comme détenteurs de l’autorité parentale, ces derniers sont les éducateurs de leurs enfants et doivent pouvoir, à ce titre, en assumer toute la responsabilité, notamment sur les enjeux de sexualité, de lutte contre la pornographie, le harcèlement et toutes formes de violences entre enfants. Dans ce contexte, il est étonnant que le conseil supérieur des programmes ait validé à l’unanimité un texte si sensible. Sa composition ne reflète manifestement pas la diversité de la société ce qui appelle à une réflexion sur son évolution.
« Le contenu du programme d’éducation affective, relationnelle et à la sexualité à l’école est une réponse plus que décevante à une préoccupation bien réelle. L’opposition entre les garçons et les filles, les premiers étant systématiquement les agresseurs présumés et les secondes les inévitables victimes, n’est pas la réponse à la hauteur des enjeux. Ce n’est pas non plus en opposant le sexe et l’amour que les jeunes pourront affronter les ravages de la pornographie, du harcèlement et de la violence et devenir des adultes responsables. Ce programme est une occasion ratée de construire une ambition pour la jeunesse » résume Ludovine de La Rochère, présidente du Syndicat de la Famille.
Tous ces journaux « indépendants » qui vont faire faillite, privés de l’aide du gouvernement américain
Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche :
« La Maison Blanche ne financera plus les médias américains Politico, The New York Times et Associated Press. L’USAID a financé des médias, y compris Politico, dont le représentant est présent dans cette salle. Je peux confirmer que plus de 8 millions de dollars de l’argent des contribuables ont servi à subventionner des abonnements à Politico. L’équipe travaille actuellement à l’annulation de ces paiements.
Reporters sans frontières écrit sans honte :
Le gel de l’aide à l’étranger décrété par Trump plonge le journalisme, dans le monde entier, dans le chaos.
Nouveaux témoignages de viols contre le cofondateur du Planning familial
L’affaire avait éclaté en octobre 2024. Depuis, de nouveaux témoignages ont vu le jour :
Traumatisme chez les gauchistes : Bardella invité au déjeuner des best-sellers de L’Express
Jordan Bardella a été invité au déjeuner des best-sellers de L’Express organisé au Royal Monceau, avenue Hoche, en raison du succès de son livre, Ce que je cherche (Fayard), publié le 9 novembre, à la 18e place des meilleures ventes de l’année avec près de 190 000 exemplaires à ce jour (175 000 en 2024).
L’Express assume :
C’est un fait, nous ne censurons aucun best-seller, essai comme fiction. En 2015, Éric Zemmour était bel et bien présent lui aussi à nos agapes de l’édition pour Le Suicide français (Albin Michel)- faut croire qu’à l’époque il sentait moins le soufre. Tout comme Philippe de Villiers, invité pour Le moment est venu de dire ce que j’ai vu (Albin Michel) en 2016, Christiane Taubira en 2017 pour Murmures à la jeunesse (Philippe Rey) ou encore François Hollande en 2019 pour Les Leçons de pouvoir (Stock). Etre sur la photo avec Bardella alors que l‘élection présidentielle est dans deux ans, nos auteurs ne vont jamais l’accepter, clament en substance quelques éditeurs.
Mediapart s’étrangle et c’est savoureux :
La lecture du compte rendu de ce déjeuner, commis par L’Express une fois les petits-fours digérés, permet à elle seule de mesurer le moment de bascule dans lequel nous nous trouvons. Concentré d’entre-soi et de dépolitisation, il donne un aperçu effarant de ce petit monde sans problèmes. […] Un monde où l’extrême droite ne représente aucun véritable danger et où l’on raille même celles et ceux qui s’en inquiètent. Un monde où l’on aperçoit Amélie Nothomb, donc, une « coupe de (très bon) Moët à la main et sourire aux lèvres », déambuler dans les salons chics du Royal Monceau, où s’est retrouvé ce petit comité. […] « Vous auriez invité Trump, c’était pareil, je serais venue ; cela fait vingt-cinq ans que je participe au déjeuner, ce n’est pas Bardella qui va m’empêcher d’assister à celui-là », a-t-elle affirmé à ses hôtes, en évoquant son père qui « était diplomate » et « a reçu Mao Zedong à la maison » – comment cela, il n’y a pas de rapport ?
On pourrait aisément arguer qu’Amélie Nothomb a construit une partie de sa légende sur le fait de manger des fruits pourris et de saliver devant des poubelles. Elle n’en est donc plus à cela près. Mais que dire des autres, cette « cinquantaine de convives » qui se sont joyeusement « attaqués au saumon fumé, suivi d’un suprême de volaille et d’une tartelette à la poire », sans s’interroger un seul instant sur leur entrée fracassante dans le grand monde de la banalisation de l’extrême droite ?
Parmi eux, figuraient l’auteur de polars Maxime Chattam, le romancier David Foenkinos – qui en a profité pour faire des blagues sur le nom du côtes-du-Rhône servi à table, parce que « çaaa vaaaa », on peut quand même rire de tout avec tout le monde –, l’autrice de dark romance Laura Swan, le médecin légiste belge Philippe Boxho, ou encore le prix Goncourt 2023 Jean-Baptiste Andrea. Mais l’essentiel des assiettes du Royal Monceau a été vidé par des dirigeant·es du milieu de l’édition.
Leurs échanges, retranscrits partiellement par L’Express, donnent à voir ce milieu encore profondément bourgeois, conservateur et homogène, qui se pense trop souvent au-dessus de la société et de ses considérations. Et qui ne voit vraiment pas le problème à déjeuner avec le président du RN. D’autant que si on le leur proposait – anticipons déjà les arguments qui pourraient être opposés, à grand renfort de citations apocryphes de Voltaire –, ils déjeuneraient avec n’importe qui d’autre.
[…] Pour conclure cette mauvaise blague, l’hebdomadaire cite un éditeur qui confie en fin de repas à son voisin de table que Jordan Bardella « est quelqu’un de très bien élevé » parce qu’« il n’a pas cherché à attirer l’attention ». C’est vrai, quoi, c’est quand même drôlement agréable cette extrême droite polie, bien habillée, qui ne met pas ses coudes sur la table et mange proprement. Et puis, c’est rassurant d’être entre personnes qui n’ont rien à redouter de l’arrivée du RN au pouvoir. C’est même assez grisant de faire la nique aux grincheux qui ne se résolvent pas à ce que la haine et le rejet deviennent la norme.
Immigration : nos dirigeants ne manquent pas de lucidité mais de courage
Pierre Brochand, ambassadeur français, ancien directeur général de la Sécurité extérieure de 2002 à 2008, déclare dans Valeurs Actuelles :
Les derniers chiffres de l’immigration laissent entrevoir un phénomène plus massif que jamais. Vous qui avez appelé à un contrôle strict de l’immigration, comment réagissez-vous ?
Avec consternation, mais aussi exaspération. Car, après cinquante ans d’inaction, la déploration finit par lasser. Si je suis sorti de la réserve qu’imposaient mes fonctions antérieures, c’est
parce que j’estimais de mon devoir, au nom de l’expérience accumulée, d’avertir mes concitoyens des périls non pas de l’immigration en général mais de celle que nous subissons actuellement.
C’est pourquoi, à mes yeux, constater que le phénomène se poursuit et s’amplifie défie l’entendement alors même que le recul est désormais suffisant pour dresser un bilan, globalement très négatif. Au moment, aussi, où, sondage après sondage, une grosse majorité de Français (des deux tiers aux trois quarts) partage ce jugement. Car les statistiques ne concernent pas seulement les arrivées irrégulières mais également les titres de séjour légaux et semi-légaux (demandes d’asile), délivrés – théoriquement – en pleine souveraineté et dont l’accroissement est encore plus stupéfiant. Comment ne pas déceler, dans cet aveuglement, une pulsion suicidaire, que rien ne semble vouloir contrarier ?
Que manque-t-il à nos dirigeants ? De la lucidité ? du courage ? des moyens ?
Je ne crois plus au manque de lucidité. Au long de mon parcours, j’ai eu l’occasion de converser, en privé, avec nombre de responsables de tous bords : leurs propos sur l’immigration, quand ils ne se sentent pas surveillés, vous étonneraient par leur sévérité. Force est, donc, de dénoncer une absence de courage, car la carence des moyens n’est qu’une conséquence. Pour expliquer ce double jeu, il convient de remonter aux causes. Car, avant la satisfaction d’intérêts économiques, ce qui nous arrive découle d’une idéologie, hégémonique depuis un demi-siècle, qui donne la priorité absolue aux droits des individus, d’où qu’ils viennent, sur les institutions, censées les réguler, désormais en voie de déconstruction. À commencer par la plus éminente, l’État national, réduit à garantir et promouvoir des prérogatives privées, au rebours de sa mission d’intérêt général : la protection de la collectivité, sur un territoire, délimité par des frontières. Soit, de fait, un désarmement unilatéral, que le reste du monde se garde bien d’imiter.
Puisque ce nouveau dogme exclut d’emprisonner les corps, il use, pour régner, de la manipulation des esprits. Avec, pour sanction suprême, l’excommunication, c’est-à-dire la mort sociale de ceux qui osent récuser le mythe de la bienveillance universelle. Le nouvel évangile est “l’État de droit”, florilège de principes abstraits, décrétés supérieurs à la volonté populaire. Le paradoxe veut que nos “dirigeants”, issus de cette volonté, endossent son abaissement. D’après ce que j’ai observé, leur hantise est d’échapper aux anathèmes, briseurs de carrières (racisme, extrême droite). Pourtant, dans la pratique, rien ne leur interdit de modifier “l’état du droit” tout en préservant “l’État de droit”, distinction capitale que la doxa s’emploie à gommer. En bref, si nos élites ne sont pas au rendez-vous, c’est, avant tout, par terreur du bannissement, hors du “cercle de la raison”, ce petit village où l’on se blottit, bien au chaud, et dont il ne fait pas bon sortir. […]
Les aides pour les femmes enceintes, mères célibataires et parents en difficulté en 2025
Liste établie par le Réseau vie, à jour au 1er janvier 2025 :
Table des matières
I. Les associations d’aide aux femmes enceintes et jeunes mamans
1. Les lignes d’écoute
2. Aide matérielle pour femmes enceintes et jeunes mamans
3. Maisons d’accueil pour femmes enceintes et jeunes mamans
II. Les aides sociales de l’État pour les femmes enceintes et parents, seuls ou en couple
1. Aides pour femmes enceintes seules ou en couple
2. Aides pour parents solos ou en couple
a. Au moment de la naissance
b. Pour tout enfant à charge sans limite d’âge
c. Pour les enfants de 0 à 20 ans
d. Pour les enfants de 0 à 6 ans
e. Pour les enfants de 0 à 3 ans
f. Pour les enfants de 3 à 21 ans
g. Pour les enfants de 6 à 18 ans
3. Aides uniquement pour les mères célibataires, ou pères célibataires
Mgr Robert Barron salue le décret de Trump protégeant les enfants des mutilations chimiques et chirurgicales
Mgr Robert Barron, président du comité des laïcs, du mariage, de la vie familiale et de la jeunesse de la conférence des évêques catholiques des États-Unis, s’est réjoui du décret signé par le président Trump “Protéger les enfants des mutilations chimiques et chirurgicales” :
« Je salue le décret du président interdisant la promotion et le financement fédéral de procédures qui, fondées sur une fausse compréhension de la nature humaine, tentent de changer le sexe d’un enfant. Tant de jeunes gens qui ont été victimes de cette croisade idéologique regrettent profondément ses conséquences sur leur vie, telles que l’infertilité et la dépendance à vie à l’égard de thérapies hormonales coûteuses qui ont des effets secondaires importants. Il est inacceptable que nos enfants soient encouragés à subir des interventions médicales destructrices au lieu d’avoir accès à des soins authentiques et respectueux de leur corps.
J’applaudis également l’objectif du décret d’identifier et de développer des thérapies basées sur la recherche pour aider les jeunes qui luttent contre la dysphorie de genre ». Ces personnes sont aimées de Dieu et possèdent la même dignité inhérente que toutes les personnes. Ils méritent des soins qui guérissent plutôt que de nuire.
Comme l’affirme le pape François (Dignitas Infinita, 60), « nous sommes tous appelés à accepter le don de nos corps créés à l’image et à la ressemblance de Dieu en tant qu’homme et femme. La différence sexuelle est profondément belle et constitue la base de l’union des époux dont l’amour peut porter du fruit dans le don inestimable d’une vie humaine. Aider les jeunes à accepter leur corps et leur vocation de femme et d’homme est le vrai chemin de la liberté et du bonheur. »
Le tribunal administratif de Melun confirme le dossier de Frontières
Nouveau rebondissement dans l’affaire de l’influenceur algérien surnommé Doualemn, expulsé le 9 janvier du territoire, refusé par l’Algérie qui l’a renvoyé le soir même, incarcéré dans un centre de rétention administrative, puis son expulsion a été annulée le 29 janvier. Le tribunal administratif de Melun a annoncé l’annulation de l’obligation de quitter le territoire français (OQTF). Le ministère de l’Intérieur compte faire appel de cette décision et poursuivre la procédure d’expulsion à l’encontre de cet individu, accusé d’antisémitisme et d’appels au meurtre. Boualem Naman a été libéré aujourd’hui du centre de rétention et a obtenu une autorisation provisoire de séjour, assortie d’une indemnité de 1 200 euros (avec nos impôts).
Dans son dernier numéro, Frontières a enquêté sur ces avocats militants qui font du business sur les clandestins, provoquant l’ire de la profession. Le Conseil des barreaux européens, représentant 1 million d’avocats sur 46 pays, a même écrit au Président Macron
Plus de 40 % des affaires traitées par les tribunaux administratifs français concernent le droit des étrangers. En 2023, ce taux était précisément de 43,3 % selon le rapport annuel du Conseil d’État sur l’activité juridictionnelle et consultative des juridictions administratives, soit 111 473 affaires sur les 257 329 jugées.
Du 1er octobre au 30 novembre, les tribunaux administratifs (métropole et DROM) ont traité plus de 10 000 dossiers relatifs à un recours initié par un requérant étranger.
Savez-vous que presque chaque jour, un clandestin mis en cause pour des faits de viol dépose un recours devant les tribunaux administratifs pour contester son expulsion ?
A titre d’exemple, entre octobre et novembre 2024, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a traité 73 affaires concernant des clandestins. Sur 69 jugements, 55% ont été remportés par les clandestins.
Dans un jugement, l’État a été condamné à payer une astreinte de 900 euros par mois car il n’a pas trouvé d’hébergement à un étranger en situation irrégulière. Cela s’appelle le droit à l’hébergement opposable.