Les coraneries de l’Union européenne
9 842 534 euros, c’est la subvention, payée avec nos impôts, versée par le Conseil européen de la recherche – organisme créé par la Commission européenne et financé grâce au budget de l’UE – pour « Le Coran européen ».
Ce projet a pour objectif de « découvrir comment le Coran a influencé la culture et la religion en Europe, entre 1150 et 1850 ». Sur le site internet créé après l’obtention de la subvention, les responsables précisent :
« Notre projet repose sur la conviction que le Coran a joué un rôle important dans la formation de la diversité et de l’identité religieuses de l’Europe au Moyen Âge et au début des Temps modernes, et qu’il continue de le faire. »
La volonté de « remettre en question les perceptions traditionnelles du texte coranique et les idées bien établies sur les identités religieuses et culturelles européennes » n’est pas cachée.
Des figurants recherchés pour un film sur Compostelle
Le 18 avril, de 10h à 18h, le centre Roger Fourneyron au Put accueillera un grand casting ouvert à tous pour le film « Compostelle », réalisé par Yann Samuell, avec Alexandra Lamy à l’affiche.
Les profils recherchés :
- Hommes, femmes, enfants, retraités : toutes les générations et tous les parcours sont les bienvenus.
- Adolescents âgés de 16 à 20 ans.
- Hommes sachant chanter des chants liturgiques, pour certaines scènes spécifiques.
Le tournage se déroulera entre mai et juin 2025, au Puy-en-Velay et ses environs.
« Compostelle », c’est l’histoire d’Adam, un ado un peu paumé, à qui une juge propose un défi de taille : faire 1600 km à pied sur le chemin de Compostelle pour se retrouver. Sur sa route, une femme au franc-parler jouée par Alexandra Lamy, à l’énergie contagieuse, qui va l’accompagner dans ce road-trip pédestre… et existentiel.
“Des normes internationales, intangibles et supra-légales, interdisent absolument et sans exception l’euthanasie et l’assistance au suicide”
Nicolas Bauer, chargé de plaidoyer au Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), qui vient de saisir trois instances des Nations unies (ONU) au sujet du débat français sur la fin de vie, est interrogé sur Boulevard Voltaire. Extrait :
Si nous avons choisi de nous adresser à ces instances, c’est que nous savons qu’il est possible que la saisine aboutisse. Nous les avons identifiées comme sensibles à la question de la fin de vie. Par exemple, le Comité des droits des personnes handicapées a recommandé au Canada, le 21 mars 2025, d’abroger l’euthanasie des personnes handicapées. C’est aussi ce même Comité qui avait ordonné au gouvernement français de ne pas euthanasier Vincent Lambert, en 2019.
De même, il y a quelques années, c’est le Rapporteur spécial sur les droits des personnes handicapées qui avait dénoncé l’euthanasie des personnes handicapées, en expliquant que
« si toutes les personnes malades ou présentant une incapacité, qu’elles soient ou non en phase terminale, avaient accès à la mort assistée, la société pourrait en conclure que la mort vaut mieux que la vie avec un handicap […]. Les personnes handicapées pourraient décider de mettre fin à leurs jours en raison de facteurs sociaux, tels que la solitude, l’isolement social ou l’absence d’accès à des services de soutien de qualité […]. Les personnes handicapées, notamment âgées, pourraient être exposées aux pressions explicites ou implicites liées à leur situation, y compris aux attentes particulières des membres de leur famille, aux pressions financières, aux injonctions culturelles et même à des mesures coercitives. »
Des normes internationales, intangibles et supra-légales, interdisent absolument et sans exception l’euthanasie et l’assistance au suicide. Elles sont rappelées dans notre pétition. La France a librement adhéré à ces normes en signant plusieurs traités internationaux, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Les instances que nous saisissons sont chargées d’examiner les lois et pratiques des États au regard de ces normes, en ayant une attention particulière pour les personnes vulnérables, qu’elles soient âgées, handicapées ou malades.
Euthanasie en commission des affaires sociales : le loup est sorti du bois
Communiqué d’Alliance Vita :
En commission des affaires sociales, les députés ont validé un droit d’accès à l’euthanasie à égalité avec le suicide assisté alors que l’euthanasie était censée rester exceptionnelle.
Un an après l’ouverture des débats, le cadre alors vanté par les promoteurs d’une légalisation du suicide assisté n’a cessé de dériver, au point qu’il ne restera bientôt pratiquement plus de limites pour administrer la mort. D’examen parlementaire en examen, les verrous sautent les uns après les autres : dans le nouveau texte porté par le député Falorni, les critères prévus pour accéder au suicide assisté et à l’euthanasie sont déjà aussi larges qu’invérifiables, la procédure est simple, voire expéditive, à la discrétion d’un seul médecin, et toute tentative d’opposition à l’euthanasie serait censurée et pénalisée. Alliance VITA confirme donc son alerte : forcer la légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie alors que notre société est fracturée par la sévère crise que traverse notre système de santé est parfaitement irresponsable.
Pour Tugdual Derville, porte-parole de l’association :
« Ce qui est en train de se passer clarifie les enjeux, car le loup est sorti du bois. Personne ne peut plus ignorer en effet que les digues qu’on présente un temps ne sont que des leurres pour rassurer les indécis. L’interdit de tuer, dès qu’on le lève, envahit les espaces qu’on disait protégés ; les expériences à l’étranger l’ont prouvé. Le texte qui est aujourd’hui aggravé a le mérite de simplifier la question posée à la représentation nationale : soit la prévention du suicide relève encore de la solidarité universelle, soit on en exclut les plus vulnérables de nos concitoyens. Le reste des débats relève du jeu de dupe qui ne doit tromper personne. »
Alliance VITA a lancé une campagne nationale : « On veut des soins, pas l’euthanasie ! » Des tractages ont lieu dans toute la France et une grande mobilisation se tiendra dans une cinquantaine de villes le lundi 12 mai, date du début de l’examen des propositions de loi en séance publique à l’Assemblée nationale.
Il y a 230 ans Charette pleurait la mort de Louis XVII
Le 29 mars 2025 avait lieu en Vendée, dans les bois du célèbre Logis de la Chabotterie, une très belle et émouvante cérémonie à la Croix de Charette, lieu où fut arrêté le Généralissime des Armées Catholiques et Royales, il y a 230 ans. Cérémonie organisée par les Amis de la Chabotterie avec le soutien de l’association Jubilé de la Vendée.
En exclusivité pour le Salon Beige, voici l’allocution prononcée au nom du généralissime :
« Moi, François Athanase Charette de La Contrie, je garde un souvenir précis de ce lieu même où vous êtes ici fidèlement rassemblés. Cela fait précisément 229 années. Ce lieu où mon cher garde du corps, Pfeiffer, m’enlève de force mon couvre-chef pour s’en coiffer, puis pour courir dans les bois, juste ici, devant vous. Pour, en se signalant ainsi aux bleus, aller à une mort certaine. Sacrifice accepté de sa personne, pour que je vive. Ou tout au moins pour que je vive encore un peu, le temps de terminer mon épopée avec panache, puisqu’il ne m’est resté plus que lui à défendre.
Mais que vois-je venir là ? Oui c’est bien lui mon vieux panache tout écorné, tout cabossé. Il revient, il témoigne toujours d’une foi, d’une espérance (le panache est déposé au pieds de la croix).
Mais, jadis, comment suis-je arrivé ici même, moi qu’on a appelé le « Roi de la Vendée », pour finir abandonné par presque tous, traqué comme une bête sauvage, alors qu’il y a peu encore nous étions si près de la victoire ? Moi qui ai combattu souvent, qui fut battu parfois, mais qui ne fut jamais abattu.
Je me souviens de la chute de ce tyran, Robespierre, qui voulait régénérer l’humanité, faire un homme nouveau ! Il lui fallait donc pour cela éliminer l’homme ancien, l’homme de nos bocages et de nos marais qui voulait tout simplement continuer à vivre paisiblement sa foi. Je me souviens de cette Convention atterrée face à notre puissance que rien ne semblait pouvoir arrêter. Je me souviens de ces généraux craintifs de l’armée de l’Ouest, à bout, et qui nous ont proposé la paix.
J’ai voulu cette paix. Beaucoup de mes proches craignaient que ce ne fut qu’un piège pour tuer notre résistance. Mais contre ces avis prudents et inquiets, j’ai espéré. J’ai gardé un immense espoir grâce à une clause secrète. Clause qui devait tout changer, mais que je ne pouvais confier à mes proches tant elle était fragile et risquée.
J’ai accepté à la Jaunaye un traité aux conditions vivement négociées. Que notre religion soit libre, d’abord. Que le territoire insurgé soit érigé en un corps de nation. Que l’armée vendéenne devienne une garde territoriale. Et, suite à sa tentative d’extermination, que notre peuple reçoive une juste indemnisation afin qu’il puisse revivre autant que possible, mais aussi pour confirmer cette infamie aux yeux des générations à venir.
J’ai bâti tout près d’ici, vers le midi à guère plus de trois lieues, une demeure qu’on appellera « Palais royal ». Cela m’a fait bien rire tant elle était accueillante mais modeste. Mon dessin politique était ambitieux. Je l’ai estimé crucial. Je voulais ériger sur notre terre ainsi protégée un petit royaume destiné à recevoir notre tout jeune roi. Voilà cette clause secrète : on m’avait promis le retour de Louis-Charles de France et de sa sœur Marie-Thérèse de France, les deux orphelins innocents maintenus ignominieusement dans la Tour du Temple.
Mais ce 20 juin 1795, à midi, coup de tonnerre. La foudre me tombe dessus. J’apprends que le petit roi, Louis le dix-septième, n’est plus. Le Palais royal restera vide, à jamais ! Mes sentiments sont violents, confus, atterrés. J’ai pleuré la mort du roi. Je voulais pour lui une couronne d’or et de pierres précieuses, il n’eut qu’une couronne d’épines. Je voulais pour lui un royaume sur terre, je compris d’un coup que son vrai royaume ne serait pas de ce monde.
A l’instant même j’ai compris intensément la parole d’un vieux prêtre, un sage : « l’Espérance se construit sur les ruines de l’espoir ». Et lors, il ne m’est resté plus qu’une dernière mission à accomplir : sauver l’honneur ! Transmettre une fierté. Transmettre un panache, pour encourager, pour fortifier l’âme de générations de combattants à venir, tant les épreuves futures resteront nombreuses, je le savais bien.
Panache relevé avec fierté par ceux de ma lignée, ces chers Athanase, Pair de France et Zouave pontifical, qui ont continué les combats de leurs époques. Je les avais prévenus : « tant que la Charette aura une roue, la Charette roulera ! ». Panache porté aussi par bien d’autres, pour défendre Dieu, le Roi et la France, tant Dieu est profondément inscrit dans la destinée de notre pays.
Je contemple aujourd’hui ces cérémonies, ces commémorations, ici même où je fus capturé, à Nantes où mon âme fut rendue à Dieu, ou encore, pas loin, dans ce grand théâtre du Puy-du-Fou. Ils ne sont parfois que quelques poignées de fidèles, deux ou trois pelotons, au mieux une grosse compagnie. Mais qu’ils ne perdent pas courage, avec guère plus j’ai battu des régiments entiers de bleus.
Il y a peu avec ma chère sœur Marie-Anne nous sommes allés à dix lieues d’ici, vers le Levant, sur notre « colline inspirée » de la Vendée, le Mont des Alouettes. Un Jubilé pour commémorer une chapelle de la réconciliation voulue par notre chère Marie-Thérèse. J’ai entendu le chant grégorien monter vers le ciel avec la fumée de l’encens. J’ai ouï la messe du père abbé bénédictin, famille séculaire qui comme toutes les familles bien vivantes engendrent des enfants, et essaiment vers de nouvelles fondations.
Et c’est avec beaucoup d’émotion que j’ai honoré les parents de nos enfants du Temple, en saluant Louis, l’aîné de notre longue lignée capétienne. Et toute sa famille car là aussi la famille est bien vivante, et donne des enfants qui représenteront toujours les piliers de notre patrie, les murs fondateurs. Et c’est avec un immense respect que je lui ai remis mon fier panache, celui-là même que je voulais remettre jadis à notre petit Louis-Charles.
J’ai vu récemment de grandes affiches qui parlent gaillardement du « dernier panache »… Le dernier ? Ils me font bien rire ! Pourquoi le dernier ? Ils auraient dû dire le premier panache ! Je vois surgir dans mon petit royaume de Vendée toute une jeunesse qui sans bruit, comme la forêt qui pousse, se forme, entreprend, monte des spectacles, remplit les églises, fonde des familles et donne des vocations. Une jeunesse qui plus que jamais marche avec allégresse, avec fierté. Une jeunesse qui a la Foi et l’Espérance. Le panache est toujours bien vivant.
Et je vois, comme la modeste rivière Vendée serpentant aux confins du département, qui serait sortie puissamment de son lit pour couvrir des régions entières, que mon petit « royaume de Vendée » est devenu une « Province de l’esprit », rayonnant dans la France entière. Je vois que les cœurs unis de Jésus et Marie, qui, à la suite de mes épopées marines, font fièrement le tour des mers du globe au grand étonnement du monde entier. Je me rappelle alors des premiers mots de celui qui m’a capturé, mais qui m’a respecté, le commandant Travot : « Que d’héroïsme perdu ! ». Je lui ai répliqué vivement, je me souviens bien : « Non Monsieur. Rien ne se perd, jamais ! ».
Et c’est en contemplant cette résurrection que j’ai compris le vrai sens de ma vie. Quand mon cher Pfeiffer m’a arraché mon couvre-chef pour partir à une mort certaine, à la place de la mienne, ici même, il m’a donné ces quelques jours de répit, de marche méditative vers Nantes. Six jours, pas plus. Cette ville qui m’avait tant acclamé, presque avec des rameaux, pour me conduire ensuite sur un chemin de croix. Ces jours de répit si nécessaires pour consciemment offrir ma vie entière. Et là j’ai compris que mes valeurs, que nos valeurs ne seraient véritablement transmises que si avec le panache nous y ajoutons le sacrifice offert. »
Pascal Théry,
Pour l’Association Jubilé de la Vendée
Le frère Paul-Adrien face à la désinformation des gauchistes
“Il est payé par Bolloré”, “il est payé par Sterin et le fonds du bien commun”, “il est d’extrême droite”… Depuis quelques mois, le frère Paul-Adrien est attaqué par certains médias et militants. Pourquoi ? Parce que des gens se convertissent….
Dans cette vidéo très personnelle, il répond point par point aux accusations. Pour ses auditeurs qui ont le droit de savoir comment vit cette chaîne, son modèle économique.
Au programme :
- Comment un groupe a modifié ma page Wikipédia
- Pourquoi certains refusent de devenir chrétiens à cause de ces mensonges
- Le fonctionnement transparent de la chaîne
- Le rôle du “fond du bien commun”, des dons, des sushis
- Pourquoi je me bats pour un catholicisme gratuit, missionnaire et sans compromission
- Mon appel à la douceur, à la charité… et à la vérité
Une Passion, quatre évangiles
De l’abbé Cras sur Claves :
La liturgie de la Semaine sainte nous offre d’entendre les quatre récits de la Passion du Christ : Matthieu (dimanche des Rameaux), Marc (mardi saint), Luc (mercredi saint) et Jean (vendredi saint). Il ne s’agit pas de quatre récits identiques, mais bien de quatre regards différents, en harmonie avec le projet de chaque Évangile.
Les différences entre les quatre versions sont méconnues. Dans l’inconscient collectif, la Passion du Christ correspond bien souvent aux souvenirs laissés par l’exercice du Chemin de la Croix, ou par le film de Mel Gibson. Beaucoup, par exemple, diront que Jésus a chuté trois fois, ce qui pourtant n’est pas précisé dans les textes. Et si on demande aux fidèles la différence entre la Passion lue le dimanche des Rameaux et celle du Vendredi saint, ils ne sauront que dire. Alors que les différences sont notables, et importantes à souligner, car Dieu a voulu les quatre versions, avec leurs tonalités particulières. La Passion du Christ est comme un grand diamant : il faut en découvrir chaque facette pour se faire une idée de l’ensemble, qui nous dépassera toujours. Car la Passion est un mystère de foi autant qu’un fait historique.
Marc et Matthieu
Ces deux évangiles sont très proches et montrent Jésus abandonné par les siens, affrontant seul une mort très douloureuse.
Tant chez Marc que chez Matthieu, la marche à la mort de Jésus est encadrée par deux prières. Au début, à Gethsémani, Jésus prie son Père et demande que le calice s’éloigne de lui, sans réponse. À la fin, au Golgotha, il prie encore, mais cette fois en disant « Mon Dieu » (la seule fois dans tous les évangiles) et en exprimant un sentiment d’abandon, qui est moqué par les spectateurs.
Les deux évangiles font état d’un procès juif suivi du procès romain. Dans les deux cas, Jésus est violenté physiquement. Ensuite, aucun ami ou disciple n’est présent au pied de la croix. Il n’y a que solitude, insultes et moqueries.
Finalement, en poussant un grand cri, Jésus expire, apparemment vaincu. Mais alors le Père intervient, alors qu’il semblait jusque-là comme absent. Il accomplit les paroles prophétiques de Jésus. Dans le procès juif, Jésus était accusé de vouloir détruire le Temple, et sur la croix on le lui rappela en se moquant de lui. Mais à sa mort, le voile du sanctuaire se déchire complètement. De même, Jésus avait été accusé de se prétendre le Messie, le Fils du Dieu béni, et bafoué pour cela sur la croix. Or, à sa mort, un centurion romain déclare : « Vraiment cet homme était le fils de Dieu ».
Ainsi ressort un thème bien marqué, que l’on trouvait déjà dans les chapitres précédents de Matthieu et Marc : Jésus doit souffrir et mourir, et ses disciples doivent prendre la croix et le suivre. Les deux évangélistes dramatisent les difficultés de la Passion : c’est à la fois un avertissement et une consolation pour les lecteurs. Si le maître lui-même trouve cela difficile, si les disciples perdent tout courage, c’est que la Passion dépasse les forces humaines. Mais Dieu a été finalement là pour Jésus, et il le sera aussi pour les disciples persécutés.
Les deux évangiles sont donc très proches, mais on peut relever quelques différences notables :
– Marc est très factuel. Il souligne l’échec des disciples à comprendre Jésus. Jésus n’y reçoit aucun soutien depuis la dernière cène jusqu’à sa mort. Marc est le plus brutal dans sa description de l’angoisse de Jésus et de la faillite des disciples. C’est en Marc qu’il y a le plus de souffrance. On peut dire que cet évangile se destine surtout à ceux qui souffrent et sont tentés de demander à Dieu : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
– Matthieu atténue un peu la noirceur de Marc. La prescience qu’a Jésus de ce qui doit lui arriver est plus claire, et sa souveraineté plus manifeste. Mais la grande différence avec Marc, c’est la question de la responsabilité : il faut désigner les coupables. Dans une série de scènes propres à Matthieu, on voit Judas essayant de rejeter sa responsabilité en rendant l’argent reçu, et les prêtres refusant cet argent. La femme de Pilate cherche à éviter à son époux sa responsabilité dans la mise à mort, et Pilate lui-même se déclare innocent en se lavant les mains. Pour Matthieu, tout le monde est coupable, à commencer par les chefs des Juifs à qui il fait dire : « que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ». On peut noter aussi en Matthieu le thème de l’accomplissement des Écritures, ainsi que le rapport de la Passion de Jésus avec son enfance : dans les deux cas il y a des phénomènes cosmiques (étoile / tremblement de terre), dans les deux cas on voit des païens amenés à la foi (mages / soldats), dans les deux cas les manœuvres des puissants de ce monde sont vouées à l’échec (Hérode le Grand / Pilate). Tout l’évangile de Matthieu est cohérent et converge vers son point culminant, la Passion. La réflexion est bien organisée et plus aboutie. Elle présente une intelligence chrétienne des événements.
Luc, c’est l’évangile du pardon et de la miséricorde. Dans le récit de la Passion, il diverge beaucoup plus de Marc que ne le fait Matthieu. Il adoucit les événements. On n’y trouve pas l’insistance sur la solitude de Jésus, qui ne se dit pas triste à en mourir. À l’agonie à Gethsémani, il est même consolé par un ange. Surtout Jésus apparaît en communion constante avec son Père, au point qu’à la fin il ne s’écrie pas « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi… » mais il dit paisiblement : « Père, entre tes mains je remets mon esprit ». Luc ne mentionne même pas la fuite des disciples. Tout cela montre que la Passion selon Luc est moins négative. Le Père y est présent, et pas uniquement après la mort. Jésus guérit l’oreille blessée du serviteur du grand-prêtre, Jésus pardonne sur la croix, et promet le paradis au bon larron. Les Juifs ne sont pas tous hostiles : certains accompagnent Jésus jusqu’au Golgotha et s’en retournent en se frappant la poitrine, tandis que les filles de Jérusalem se lamentent sur lui. Cette version est plus émouvante : elle vise à toucher le cœur du lecteur pour l’encourager à devenir disciple.
Jean
La différence est nette avec les trois synoptiques, et avec Marc elle est très forte : la moitié environ du récit johannique diffère de la passion de Marc. On pourrait presque dire qu’en Jean, il n’y a pas de passion de Jésus. L’aspect historique de la Passion est déjà connu. Le déroulement exact des faits intéresse donc moins Jean que le message théologique qu’il faut en retirer.
La Passion selon Jean, c’est le récit de l’élévation et de la victoire de Jésus. La souffrance est minimisée. La scène de l’agonie à Gethsémani est omise, et il n’y a pas de procès juif. Le procès romain est très développé et manifeste la majesté de Jésus (scènes de l’Ecce homo et de l’Ecce rex vester). Le chemin de croix n’est pas détaillé. Sur la croix, Jésus n’est ni insulté ni moqué. Il n’exprime pas de sentiment d’abandon : il meurt avec le soutien de sa mère et du disciple bien-aimé. Tout est résumé en Jn 10,18 : « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne ». Jésus et le Père sont un, et donc on ne voit pas Jésus demander (comme dans les synoptiques) que son heure soit repoussée ou que le calice de la Passion s’éloigne de lui. Au contraire, c’est son objectif : arriver à son heure, boire la coupe et accomplir sa mission, pour glorifier le nom de Dieu et accomplir les Écritures. Il contrôle tout. À Gethsémani, il n’a pas fléchi. Au contraire ce sont ceux qui venaient l’arrêter qui sont tombés à terre quand il a dit « c’est moi ». Jésus selon Jean, c’est le Fils de l’homme descendu des cieux et à qui le Père a remis tout jugement. Il ne peut donc pas être jugé par des créatures. Il faut souligner que le récit est structuré, avec pour centre le couronnement d’épines : Jésus est vraiment roi. C’est pourquoi il a pu dire au grand-prêtre : « pourquoi m’interroges-tu ? » Et à Pilate : « Tu n’as aucun pouvoir sur moi », ce qui l’impressionne. Tout au long de la Passion, Jésus n’est pas celui qui est jugé, mais celui qui juge. La victime est victorieuse… « Regnavit a ligno Deus » comme le chante l’hymne Vexilla regis : « Dieu a régné par le bois ». Notons bien que c’est la version choisie par l’Église pour le Vendredi Saint.
Conclusion
Les évangélistes ne se contredisent pas : ils se complètent, mettant en valeur les diverses facettes de la Passion. Comme Jésus l’a expliqué aux disciples d’Emmaüs : « ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » (Lc 24,26). De la souffrance à la gloire : les versions de la Passion expriment tout le parcours qui va de l’une à l’autre, de Marc insistant sur la souffrance, à Matthieu, puis Luc, puis Jean insistant sur la gloire.
Ainsi, on peut dire en forçant le trait que pendant la Passion :
– selon Matthieu et Marc, Jésus n’est vainqueur qu’aux yeux de Dieu. Sur la Croix il est méprisé.
– selon Luc, Jésus est vainqueur pour les disciples qui ont la foi. Sur la Croix il pardonne.
– selon Jean, Jésus est vainqueur aux yeux de tous. Sur la Croix, qui est son trône, il règne.
Comme l’Église le Vendredi Saint, il faut mettre en valeur ce dernier aspect, car la force des images fait que pour beaucoup de fidèles la Passion du Christ est celle que présente le film de Mel Gibson. C’est une vision ultra-réaliste et sanglante, basée sur Marc (et les révélations de la bienheureuse Anne-Catherine Emmerich). Elle est importante, mais pas suffisante. Si le Christ a dit à sainte Marguerite-Marie qu’il avait plus souffert à Gethsémani que sur la Croix, il faut mettre en valeur ses souffrances morales. Car nous n’avons pas été sauvés par la seule souffrance physique de Jésus, mais par la puissance de son amour, exprimé par son sacrifice, aussi intérieur qu’extérieur.
Votre mutuelle soutient-elle l’euthanasie ?
La Mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN, régime obligatoire de sécurité sociale de l’éducation dite nationale, comme le précise un lecteur) a envoyé à des parlementaires des propositions d’amendements de la loi sur l’euthanasie. L’organisme « préconise d’élargir les conditions d’accès au suicide assisté et à l’euthanasie au travers de quinze amendements prêts à l’emploi ».
Des élargissements tous azimuts
La mutuelle voudrait tout d’abord voir supprimer la notion de « phase avancée ou terminale » de la maladie des conditions à remplir pour avoir recours au suicide assisté. « Cette notion est médicalement très complexe à déterminer et a pour conséquence d’exclure certaines personnes atteintes de maladies dégénératives voire neurodégénératives », argumente la MGEN.
L’organisme recommande aussi de prévoir la possibilité de demander l’euthanasie via les directives anticipées, « notamment “dans un état de mort cérébrale” (sic), de “coma” ou d’”état végétatif irréversible” ». D’autres amendements visent à laisser le « choix » entre suicide assisté et euthanasie ou encore à supprimer le critère de nationalité.
Des euthanasies pour faire des économies ?
Le député LR Philippe Juvin interroge :
« Est-ce un calcul économique ou de l’idéologie ? Difficile à dire ». « Mais je ne suis pas sûr que ce soit le rôle d’un organisme chargé de rembourser des soins de faire la promotion de l’euthanasie alors que l’on sait bien qu’abréger des vies fait faire des économies à la société dans les pays où elle est autorisée ». « Les périodes de fin de vie coûtent très cher, particulièrement la dernière année ».
Procréation et embryologie au menu des prochains états généraux de la bioéthique
Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a officialisé les dix thèmes retenus pour les prochains états généraux de la bioéthique, prévus en 2026. En effet, l’article 41 de la loi de bioéthique dispose qu’elle doit faire l’objet d’une révision « au plus tard en 2028, sept ans après sa publication ». En outre, le Code de la santé publique prévoit l’organisation d’états généraux « avec chaque révision et au moins tous les cinq ans, même en l’absence d’un projet de réforme ».
C’est le CCNE qui est en charge de leur organisation. Les dix thèmes retenus sont les suivants :
- numérique et santé ;
- santé et environnement ;
- examens génétiques et médecine génomique ;
- dons et transplantations d’organes ;
- neurosciences ;
- cellules souches et organoïdes ;
- procréation et embryologie ;
- organisation du système de soins ;
- population à travers les âges ;
- outre-mer.
La fin de vie est « un thème régulier de réflexion lors des états généraux de la bioéthique », « même si elle n’entre pas dans le champ de la loi proprement dite ». En revanche, les sujets de recherche génétique ou de procréation sont « dans le périmètre légal ».
Avec son dernier avis relatif à la baisse de la natalité et de la fertilité, le CCNE « ouvre déjà la porte à des réflexions sur la procréation ». Parmi les questions qui devront être débattues figurent la question de la PMA post-mortem ou encore la technique de la ROPA, à savoir le « don d’ovocyte d’une femme à sa conjointe qui portera l’enfant issu du don »…
Islam coranique : gagnons la bataille des mots
Islamisme ? Islam politique ? Islam radical ? En utilisant ces formules, il est « autorisé » de critiquer. De dénoncer clairement le danger. Même la Gauche le fait. C’est consensuel. C’est porteur.
En revanche, quasi impossible d’utiliser le mot « islam » tout seul. On risque une plainte pour « incitation à la haine ». Critiquer l’« islam tout seul » n’est pas consensuel, pas porteur. On donne l’impression de rejeter les personnes musulmanes, d’inciter à la haine contre elles.
Pour dénoncer l’islam, il faut y ajouter un adjectif.
La guerre des mots…
Cet article vise à montrer que nous aurions le plus grand intérêt à dénoncer l’ISLAM CORANIQUE.
L’ISLAM CORANIQUE EST POLITIQUE, RADICAL, VIOLENT, DANGEREUX
Avec Internet, chacun peut lire tous les versets appelant à la violence contre les Juifs-Chrétiens-Femmes-Infidèles-Etc., à la discrimination des femmes, à imiter le « beau modèle Mahomet », etc.
Il est donc légitime de critiquer l’« islam coranique », d’afficher clairement le danger représenté.
LE CORAN EST L’AUTORITE SUPREME DE L’ISLAM
Le Coran prétend être la parole incréée d’Allah. Aucun autre texte n’a la même autorité. Aucun autre n’est accepté unanimement par tous les groupes musulmans. Lire le Coran, c’est comme si le lecteur avait Allah en face de lui, qui lui donne son enseignement, ses ordres.
L’islam politique, radical, l’islamisme, ce sont l’application stricte des ordres donnés par Allah dans le Coran.
L’islam politique, radical, l’islamisme, ce sont donc en réalité l’islam coranique.
DENONCER L’ISLAM CORANIQUE, C’EST DENONCER L’ISLAM, DE MANIERE ACCEPTABLE
L’expression « islam coranique » renvoie aux deux réalités : la violence inacceptable, et la référence absolue de l’islam. Ces deux termes liés montrent la perversité intrinsèque de l’islam.
La charge mentale est forte en employant ces termes. Essayez, vous serez surpris.
Le Coran est en effet indéfendable. Il serait intéressant de comparer certains de ses fondements avec ceux de Mein Kampf.
Que les politiciens, les journalistes, et même tous les Patriotes, que tous utilisent ces termes « islam coranique ». A chaque fois, c’est le lien entre la violence et le fondement islamiste qui est ainsi rappelé, de manière socialement acceptable.
IL Y A UN ISLAM NON CORANIQUE, EN PRATIQUE
Cette dénonciation de l’ « islam coranique » aidera les nombreux « musulmans modérés » à expliquer leur positionnement. En effet, beaucoup de personnes issues de la culture musulmane ne veulent surtout pas se réclamer du Coran.
« Etudier » se dit « tâlib », en arabe. Etudier le Coran (et autres écritures), c’est entrer dans un dilemme : faire comme Allah l’a écrit, ou désobéir à Allah. Le premier choix, c’est devenir « tâliban ». Le second, c’est devenir apostat, donc rejeté par tous les proches.
Ces deux choix répugnent aux musulmans modérés, qui préfèrent donc ne pas savoir.
Ils font ramadan, évitent le porc, ont une certaine piété, etc. Mais ils se tiennent éloignés des textes sacrés violents. Sont-ils vraiment musulmans ? Ce n’est pas à nous de le dire.
En martelant le message du danger de l’ « islam coranique », nous aiderons ces musulmans à identifier et même dénoncer la cause profonde de leur mal-être : ce texte fondateur d’une religion qu’ils sont censés n’avoir pas le droit de quitter. Cela peut même aider certains à la quitter.
Même la courageuse Sonia Mabrouk se sent obligée de reprendre le journaliste Arthur de Watrigant quand il parle des « combattants de l’islam » ; elle le corrige avec « islamisme » (https://www.dailymotion.com/video/x9hhcd2 à 10min 50s).
Aidons les Français, aidons les « musulmans modérés », aidons toutes les bonnes volontés à désigner le cœur du problème, en utilisant sans relâche cette expression d’« islam coranique ».
Charles Rosiers, ancien chroniqueur au quotidien Présent, [email protected]
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Même dans le foot…
Chaque année, pendant le carême, on voit un concours d’abominations, insultes, blasphèmes, satanisme en tout genre. Cette année n’a pas manqué à l’appel, avec le spectacle blasphématoire à Caen, le retour de la loi pro-mort visant à éliminer les personnes indésirables… Récemment, c’est même dans le football que le satanisme a fait son apparition.
Des supporters du club de football FC Kaiserslautern ont suscité la controverse début avril avec une chorégraphie aux allures sataniques dans le stade Fritz-Walter. A l’occasion du match à domicile contre le Fortuna Düsseldorf, ils ont mis en scène une image sombre avec des symboles sataniques et des incantations. Des films noirs ont transformé le virage ouest en une surface noire d’où émergeait un pentagramme rouge flamboyant inversé, symbole du satanisme. Au-dessus de l’étoile à cinq branches apparaissait une banderole en latin : « Exaudi Nos, Lucifer, Et Surge Ex Abysso, Sume Animas Nostras » (« Entends-nous, Lucifer, sors de l’abîme et accepte nos âmes »). En parallèle, une énorme figure de diable s’est élevée de la foule, accompagnée de fumée et de fontaines de feu. Une deuxième banderole criait : « Ad Lucem Nos Trahe, Orbem Mundi Regna » (« Conduis-nous vers la lumière, règne sur le monde »).
L’engagement pro-vie ne s’arrête pas à la Marche pour la vie
Communiqué de la Marche pour la vie de Lyon, qui s’est déroulée le 6 avril :
Il y a deux ans, nous étions 700, l’année dernière nous étions 1300, cette année nous étions près de 2000 ! A ce rythme dans 50 ans, c’est la France entière qui marchera avec nous !
Un immense merci à chacun d’entre vous pour cette marche lyonnaise historique !
Grâce à votre présence à la Marche pour la Vie Lyon, nous avons pu porter haut et fort un message d’espérance, de dignité et de solidarité.
Chaque pas, chaque sourire a montré combien la Vie humaine mérite d’être célébrée.
La Marche continue !
La Marche pour la Vie est un moment fort, mais notre engagement ne s’arrête pas là.
Nos associations partenaires oeuvrent chaque jour pour accompagner les mamans, soutenir les familles et protéger la vie.
Pourquoi ne pas prolonger votre engagement en rejoignant l’une d’elles ? Que ce soit Choisir la Vie, Réseau Vie, les Associations Familiales Catholiques, Juristes pour l’enfance, CitizenGO, la Fondation Jérôme Lejeune, 40 jours pour la vie, la Lejeune Academie, Génération Pro Vie, Femmes enceintes en difficulté, ou Mère de Miséricorde, chacune a besoin de bénévoles enthousiastes et déterminés !
En danger, nos traditions sont à protéger
Du père Danziec dans Valeurs Actuelles :
La logique qui regarde le bébé panda devrait être la même que celle qui concerne les enlumineurs sur parchemin : toute espèce en voie de disparition réclame, pour survivre, d’être protégée. Tant pour le monde animal que pour ce qui relève de notre patrimoine immatériel.
En titrant son analyse magistrale – au parfum de testament – La fin d’un monde (Albin Michel), Patrick Buisson soulignait l’ampleur du problème. Les fondements de ce qui a pu construire notre identité collective, favoriser le lien social, entretenir une mémoire commune se sont trouvés dynamités non pas seulement par une pensée unique mais par une standardisation navrante. Finis les costumes régionaux, bonjour les T-shirt Mickey pour tous. Oubliées les ritournelles de nos campagnes, bienvenue aux tubes internationaux qui résonnent dans les supermarchés.
Tel un sage délivrant ses ultimes leçons sur la vie et l’observation du monde, le pape Jean-Paul II offrait à ses lecteurs un précieux témoignage dans ce qui fut son dernier livre, publié en 2005, année de sa mort. Le titre de l’ouvrage donnait le ton : Mémoire et identité (Flammarion). Le pape polonais y faisait le constat que « Les pays d’Europe occidentale se trouvent aujourd’hui à un stade que nous pourrions qualifier de “post-identité” ». Il pressait alors ses contemporains et les générations à venir à s’interroger : comment faire en sorte que la culture – qui est un bien supérieur à l’économie, « plus grand, plus humain »– ne soit pas détruite au profit de la civilisation de l’argent, « au profit du pouvoir excessif d’un économisme unilatéral » ? Celui qui a vécu avant son accession au trône de Pierre dans une Pologne mutilée, d’abord par le nazisme puis par le communisme, sait quels furent les ressorts de la survie psychologique de son peuple. Dans un discours prononcé au début de son pontificat au siège de l’Unesco, à Paris, à l’occasion de son premier voyage en France, Jean-Paul II avertissait son auditoire : « L’avenir de l’homme dépend de la culture. » On mesure aujourd’hui, dans le grand flou identitaire qui domine, la valeur prophétique de ces paroles délivrées en 1980. L’articulation d’une telle réflexion était pourtant simple. L’athlète de Dieu était aussi philosophe et, selon lui, la culture possède cet atout de rendre plus humain l’homme. Elle le civilise. La culture, affirmait-il, est un mode spécifique de l’exister et de l’être de l’homme. « La culture est ce par quoi l’homme en tant qu’homme devient davantage homme, “est” davantage. » Sous ce regard, le concept de Nation est appréhendé comme un espace protecteur : la grande communauté des hommes qui sont unis par des liens divers, mais surtout précisément par la culture. Le Saint-Père d’insister : « La Nation existe par la culture et pour la culture ». Grande éducatrice des hommes donnant à “être davantage” dans une communauté nationale possédant une histoire qui dépasse celle de l’individu et de la famille.
La culture remonte dès son origine à deux acceptions. Du latin « cultura », ce terme correspond à la fois à la « culture de la terre » (l’agriculture) mais aussi au « culte des ancêtres » (la piété filiale). Ainsi, la matrice originelle du mot « culture » se réfère à la terre et aux morts. Faire fructifier la première, en même temps que se souvenir avec respect de ceux qui l’ont travaillée avant nous. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi t’en glorifies-tu comme si tu ne l’avais pas reçu ? » s’interrogeait déjà saint Paul (1 Cor 4, 7).
Notre filiation nous fait naître sans mérite de notre part dans un peuple déterminé, sur un continent déterminé, dans une nation, dans une province, dans un milieu, dans une famille, qui ont eux-mêmes un passé, des traditions, des usages, une langue, une manière de concevoir l’existence. De tout cela, nous héritons. La filiation nous fait aussi grandir sur une terre particulière, dans des paysages, dans des bruits, dans des odeurs qui vont impressionner notre sensibilité. La liste des réalités qui interviennent dans notre construction personnelle et qui nous constituent pourrait être longue. Une chose est certaine : notre âme, cultivée par l’éducation selon le mot de Cicéron, reçoit de ce labourage intérieur une conception du vrai, du beau et du bien. Cette culture de l’âme se réalise dans des conditionnements liés à notre filiation, à celle qu’ont reçue nos parents, et ainsi de suite. L’universel, qui serait inaccessible sans la culture, nous est rendu sensible à travers les médiations propres à notre environnement.
Pourquoi cette réflexion en ce dimanche des Rameaux ? Parce qu’un tout récent article du Figaro fait état de la menace de disparition qui pèse sur les fêtes traditionnelles de nos terroirs. Ces festivités issues de notre passé, de notre gastronomie, de nos traditions agricoles, de nos coutumes, de nos arts de vivre régionaux, qui animaient nombre de villages et qui constituaient des rendez-vous annuels marqueurs de sens, s’effacent peu à peu. Faute de soutien financier des collectivités et de bénévoles, 30% de ces fêtes traditionnelles ont disparu en quatre ans indique une étude menée par Infopro.
On ne peut que se réjouir de l’heureuse initiative entreprise par lesplusbellesfetesdefrance.fr, association qui entend rassembler les amoureux des traditions françaises. Son but ? Proposer de labelliser ces fêtes pour mieux défendre leur survie, grâce à un jury composé de journalistes, d’élus et de mécènes. « Plus que de simples manifestations folkloriques, ces célébrations incarnent l’âme d’un peuple, la mémoire d’une région et la transmission vivante d’un patrimoine immatériel. Leur disparition signifierait non seulement une perte irréparable pour notre identité collective, mais aussi un appauvrissement du lien social qui tisse nos communautés » explique avec enthousiasme Thibault Farrenq, architecte de ce projet.
Occasion de rappeler, avant d’entrer dans la Semaine Sainte, qu’il est un lieu, un cadre privilégié entre tous, pour tisser et créer du lien. Celui de se retrouver dans une même âme, au sein d’une même nef, tournés vers les mêmes mystères qui ont fondé l’âme du doux royaume de France : célébrer la mort et la résurrection du Christ, et se mettre à l’école de son Evangile seul en mesure de pacifier nos mœurs. Et de donner un souffle inégalé à nos traditions les plus simples.
La Passion du Christ : la science à l’appui de la foi
Aymeric Pourbaix et Véronique Jacquier reçoivent :
- l’abbé Guy-Amaury Cariot, recteur de la basilique d’Argenteuil
- Jean-Christian PETITFILS, historien et écrivain
- Dr Philippe BOXHO, médecin légiste
Restauration de Notre-Dame de Consolation à Paris
Le chantier pour la restauration de la chapelle Notre-Dame de Consolation (Paris VIII e ), Mémorial des victimes de l’incendie du Bazar de la Charité (4 mai 1897), classée au titre des Monuments historiques, est lancé pour une durée de deux ans minimum. Stéphane Bern, personnalité engagée en faveur de la sauvegarde du patrimoine français, est parrain du projet :
« Je suis heureux de vous apporter mon modeste concours pour sauvegarder votre belle chapelle ».
La chapelle Notre-Dame de Consolation fait face aujourd’hui à l’usure du temps et aux conséquences de la pollution. Un ambitieux programme de restauration des deux coupoles en plomb qui la surmontent, ainsi que ses vitraux, est en cours pour sauver ce chef-d’œuvre architectural. Ce chantier est placé sous le contrôle de la Direction Régionale des Aires Culturelles (DRAC) Île de France et sous la direction d’Arnaud Vialatte de Pemille, architecte du Patrimoine.
L’urgence d’une restauration
Les couvertures en plomb, zinc et cuivre des deux coupoles nécessitent d’importants travaux, leur étanchéité n’étant plus assurée, ce qui provoque de graves altérations sur les magnifiques décors intérieurs. Sur le dôme figurent quatre frises décorées avec le saint Suaire et les instruments de la Passion du Christ. A l’origine, ces décors étaient dorés à la feuille d’or, raison pour laquelle la chapelle a été qualifiée de « petit dôme des Invalides » : aujourd’hui cette dorure a disparu. Les trois vitraux du lanternon situé au-dessus du chœur sont abimés et encrassés. Le programme de réhabilitation prévoit, à court terme, la restauration complète de la grande et de la petite coupole avec le ravalement des façades (travaux déjà engagés) ; dans un second temps, la rénovation complète de l’intérieur de la chapelle et du chemin de croix.
Ces travaux urgents et nécessaires dans un bâtiment classé représentent évidemment un lourd investissement. En raison de ce classement, la DRAC Île de France soutient le projet à hauteur de 40 %. Parallèlement, une campagne de financement participatif a été lancée en partenariat avec la Fondation du patrimoine.
Le chantier a démarré le 7 octobre 2024. Trois mois ont d’abord été nécessaires pour mettre en place un immense échafaudage qui culmine à trente mètres de hauteur, et a été lui-même enveloppé entièrement d’une bâche de plastique pour protéger la chapelle des intempéries et éviter les émanations du plomb. Les tables en plomb de la couverture ont été en bonne partie retirées et expédiées en Grande-Bretagne pour être refondues selon une méthode traditionnelle. Pendant ce temps, le soubassement de la couverture, en plâtre et bois, est remis à neuf. Dès qu’il sera entièrement prêt, les tables de plomb seront remises en place. Les frises portant les instruments de la Passion ont été descendues en vue d’être restaurées, puis dorées à la feuille d’or, conformément à l’état initial de 1900. Parallèlement, les tailleurs de pierre nettoient les pierres salies au cours du temps, et retirent les pierres altérées afin de remettre des pierres neuves taillées à l’identique. Les gouttières en cuivre sont reprises, avant d’être, elles aussi, redorées. Couvreurs, charpentiers, maçons, tailleurs de pierre, soudeurs, métalliers, serruriers, vitraillistes, électriciens : de nombreux corps de métier s’activent chaque jour pour faire avancer ce chantier d’exception.
“Je veux l’insécurité et l’inquiétude ; je veux la tourmente et la bagarre”- André Zirhneld, 1913-1942 – Un héros, tout simplement
Une préface : Un homme, une prière, un destin. Préface émouvante, détaillée du caractère trempé de cet homme fauché à l’aube de sa vie, par le général de corps d’armée Olivier Tramond : « Il était de la taille des Estiennes d’Orves, des Saint-Exupéry, ce philosophe d’origine alsacienne aux allures de James Dean de la France libre, mort au champ d’honneur à 29 ans, le 27 juillet en pleine guerre des sables. C’est la prodigieuse trajectoire de cet intellectuel antifasciste, de la bohème parisienne et du groupe Esprit, à l’âpreté des combats du désert, à la “Prière”, que retrace pour la première fois cette magistrale et passionnante biographie.
II était temps ! Le lecteur découvrira en ce compagnon de la Libération – sur une chevalerie qui n’en compte que 1038 – une des plus fascinantes figures de la Résistance extérieure. Ce rebelle né est de surcroit tombé sous l’uniforme mythique des commandos franco-britanniques du Special Air Service. SAS. Une extraordinaire unité fantôme de combattants d’exception qu’Hitler jugeait très dangereux, des as de raids les plus audacieux sur les arrières de Rommel. Zirnheld en était un des chefs les plus admirés.
« André Zirnheld le magnifique, l’homme qui n’a jamais rien demandé », comme le surnommait le général Bigeard n’est pas un inconnu. Premier officier parachutiste à la Croix de Lorraine tué par les allemands, il était aussi poète. C’est par ce poème « Prière », retrouvé dans son paquetage par ses compagnons, qu’il est entré dans la légende. Passé à la postérité sous le nom de “Prière du parachutiste”, voilà cependant que ce texte et son auteur sont du même coup passés à travers les mailles de la mémoire nationale. Une éclipse d’autant plus aberrante qu’il ne faut jamais perdre de vue, comme le rappelle Erwan Bergot que la « Prière fut écrite par un intellectuel, épris d’absolu qui ne savait pas encore que son destin serait de mourir au combat quatre ans plus tard, sous l’uniforme des parachutistes ». Oui, un prof de philo ! qui venait de soutenir en Sorbonne sa maîtrise sur Spinoza.
Cette odyssée, racontée à hauteur d’homme et fondée sur de formidables archives familiales inédites dont maints écrits méconnus de Zirnheld, nous emmène sur ses pas, du Quartier latin à Cyrénaïque, en passant par la Tunisie, le Liban, la Syrie, la Palestine, l’Egypte, Bazzaville … Une enquête qui tient à la fois du roman d’apprentissage, du récits d’aventures, de l’épopée, mais aussi de la quête de sens que le résistant poursuivra à travers le tumulte de la guerre.
A l’âge de l’individualisme exacerbé, combien de nos contemporains réclameraient non pas la tranquillité, le succès ni la santé, mais l’inquiétude, l’insécurité et la tourmente ? Puis le courage. Un mot disparu de notre lexique, remplacé par la notion guimauve de « résilience ». Zirnheld, savait avec Aristote que le courage constitue la première des qualités, celle qui garantit toutes les autres. Un homme vivant, est un homme capable d’engager en lui-même la première des batailles, strictement intérieure. Saint Michel contre le dragon. « Qui Ose Gagne », la fameuse devise du SAS. Dans ce livre, le penseur ne disparaît pas dans le guerrier, il s’y accomplit.
Ces pages nous ramènent au pays des hommes debout, des aventuriers, des anticonformistes et des idéalistes. « Certes ils n’étaient pas tous des anges, nous rappelle Kessel. » Zirnheld non plus. Pas des anges, mais des hommes habités par la fureur de vaincre, la sainte colère des justiciers, le goût du risque et la passion de la liberté.
A l’heure où la guerre fait son grand retour en Europe, cette passionnante enquête, fondée sur des archives inédites, se révèle d’une brulante actualité.
Plus d’informations et commandes sur LIVRES EN FAMILLE
https://www.livresenfamille.fr/biographies-temoignages/28526-andre-zirnheld-le-chant-d-un-partisan.html
André Zirnheld, le chant d’un partisan, De Alexandra Laignel-Lavastine, Editions du Cerf, 480 pages, 25 €
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Terres de Mission : Immersion dans la Russie de Poutine
Eglise universelle : Je reviens de Russie
Président de l’agence de voyages culturels et historiques Clio, Christian Marquant, effectue depuis de nombreuses années des séjours réguliers en Russie. Il nous décrit ici ce qu’est la vie quotidienne en Russie loin des propagandes des uns et des autres. Une vie somme toute normale, malgré la guerre en Ukraine et les sanctions internationales, dans un pays de vieille civilisation chrétienne.
Eglise en France : Les mystères du Saint Suaire de Turin
Scénariste d’une bande dessinée intitulée “Les mystères du Saint Suaire de Turin – L’odyssée du Linceul du Christ”, Thomas Oswald revient d’abord sur le périple du linceul : Jérusalem, Edesse, Constantinople, Paris, Lirey, Chambéry, Turin avant de présenter l’état des recherches scientifiques à propos de ce linceul.
Eglise en marche : Odeia : voyages et pèlerinages pour l’année jubilaire
Directrice de l’agence de voyages culturels et de pèlerinages Odeia (de odos : le voyage, la route), Sophie Magerand nous présente le programme des nombreux voyages et pèlerinages proposés dans les mois à venir, en particulier à Rome à l’occasion de l’année jubilaire.
Présentation : “La Servante” en DVD, l’émouvante histoire de la fondatrice, au XIXème siècle en Espagne, des Sœurs de Marie-Immaculée, Vincenta Maria Lopez, au service des femmes fragilisées en ayant quitté leurs campagnes natales.
Nefarious : Un psychiatre rationaliste devant se prononcer, le jour de son exécution, sur la responsabilité d’un tueur en série découvre que celui-ci est, en réalité, possédé par un démon : Nefarious. Captivant !
Le Dernier sacre : exposition du 11 avril -20 juillet
Du 11 avril au 20 juillet 2025, le Mobilier national propose un regard inédit sur Le Dernier Sacre français.
La Galerie des Gobelins plonge le visiteur dans les coulisses des préparatifs de la fastueuse cérémonie du Dernier Sacre français.
Le 16 septembre 1824, le roi Louis XVIII s’éteignait après de longues semaines de maladie. Le sacre de son successeur Charles X a lieu huit mois plus tard, le 29 mai 1825, à Reims : c’est une cérémonie grandiose.
Du 11 avril au 20 juillet 2025, le Mobilier national raconte cet événement dans le cadre d’une exposition riche en couleur et en décors, sous le commissariat général de Stéphane Bern, assisté pour la scénographie de Jacques Garcia : préparatifs, costumes, carrosse, décors, cérémonie, festin, cadeaux diplomatiques, commandes officielles, produits dérivés d’époque… Revivez le dernier sacre comme si vous y étiez !
Informations pratiques
Galerie des Gobelins, 42 avenue des Gobelins, 75013 Paris
Métro : Gobelins (ligne 7), Place d’Italie (lignes 5, 6)
Horaires d’ouverture
- Du mardi au dimanche de 11h à 18h.
- Dernière entrée 17h15.
- Fermé le 1er mai 2025.
- Ouvert le samedi 17 mai 2025 en nocturne de 19h à 23h à l’occasion de la Nuit des musées.
Tarifs
Visite libre sans réservation préalable, paiement sur place.
Plein tarif : 8 euros
Tarif réduit : 7 euros (étudiant et groupes à partir de 20 personnes)
Gratuit pour les enfants de moins de 18 ans, pour les 18-25 ans ressortissants de l’Union européenne, les demandeurs d’emploi.
Louis de Bourbon était à l’inauguration :
C’est un bel hommage qui est rendu à cette période de paix et de prospérité qu’a été la Restauration. Alors que nous commémorons cette année le bicentenaire de ce dernier sacre, il est bon de constater que la mémoire d’un tel évènement se perpétue, pic.twitter.com/zyUdxjzEEJ
— Louis de Bourbon (@Louis_DucAnjou) April 11, 2025
Une présence abondante de sang sur la tunique d’Argenteuil
Le numéro de France catholique est consacré à la tunique d’Argenteuil. À l’occasion de l’Année sainte, la Sainte Tunique de la basilique Saint-Denys d’Argenteuil (Val-d’Oise) sera exceptionnellement exposée au public du 18 avril au 11 mai. À cette occasion, le cardiologue italien Franco Serafini, auteur d’Un cardiologue rencontre Jésus, revient sur les derniers enseignements scientifiques de cette tunique portée par le Christ lors de sa Passion. Extrait :
Le Lavement des pieds au Collège des Frères Mont La Salle : pour le bien de la jeunesse du Liban
Par Antoine Bordier, auteur de la trilogie Arthur, le petit prince
Ah, cette colline qui se situe entre 300 et 350 mètres d’altitude et qui surplombe tout Beyrouth. Il faut y vivre quelques jours pour bien assimiler, comprendre et tenter de rejoindre le doigt de Dieu qui a marqué de sa croix et de ses grâces cette Terre Sainte. Ces 8 et 9 avril au matin, alors que la veille le bruit d’un drone israélien se faisait entendre, le Collège des Frères ouvre grandes les portes de la chapelle pour commémorer la scène du Lavement des pieds du Christ, avant sa Passion. Une foule de jeunes se tient debout dans un silence quasi religieux… Reportage lumineux au cœur de l’Education, de la Foi, de la Francophonie, de la Jeunesse et de l’Espérance !
Les ignorants sont nombreux sur le sujet, moi le premier. La Terre Sainte n’est pas seulement à Bethléem, à Jérusalem ou encore à Nazareth. Elle est, également, en Egypte, en Jordanie, au Liban et en Syrie. Oui, le Christ, avec ses parents, puis, avec ses premiers disciples et ses apôtres, a foulé de ses pieds ces terres devenues saintes. Il y a vécu ; et, il a enseigné à des milliers de juifs. Un grand nombre se sont convertis. Jésus aimait tout particulièrement se rendre au sud de Beyrouth, dans les cités de Sidon et de Tyr. Il y a fait des miracles et de nombreuses conversions.
Longtemps après, comme si son enseignement ne devait jamais s’éteindre, mais plutôt s’étendre, et parce que la France a une vocation particulière sur le sujet, des centaines d’écoles françaises y ont fleuri au fil des siècles. Les premières écoles ? Elles furent ouvertes pendant les croisades, lorsque les chrétiens d’Occident décidèrent de défendre les chrétiens d’Orient et de sauver les lieux saints en péril, menacés par le sabre des conquêtes musulmanes. Puis, c’est à partir du 16è siècle, que l’école française s’enracina jusqu’à aujourd’hui, en Terra Sancta. Pensez : plusieurs centaines de milliers d’élèves se sont assis sur les bancs de ses établissements !
La première pierre vivante de l’enseignement qui perdure encore ? Elle fut posée par des franciscains en 1550, à Bethléem.
Et, au Liban ?
Il y a 490 ans…
Nous sommes en 1536. Le roi François Ier et Soliman le Magnifique, le sultan ottoman, se rapprochent presque fraternellement. Le second accorde au premier le privilège de commercer librement dans tous les ports ottomans. Cet accord est une première entre un empire chrétien et un empire musulman. En plus, le roi de France devient, après saint Louis, le protecteur officiel et exclusif des chrétiens d’Orient.
Dans cette haute-dynamique qui s’enracine pendant plusieurs siècles, des congrégations catholiques (comme les capucins, les carmes, les dominicains, les jésuites, les lazaristes, les sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition, les Filles de la Charité, etc.) sont envoyées au Levant pour construire des églises, fonder des monastères, des écoles et des hôpitaux. C’est, également, dans ce contexte favorable que le pape Grégoire XIII fonde le Collège maronite de Rome en 1585. Des jeunes gens du Mont-Liban s’y rendent l’âme en fête pour acquérir une formation religieuse et intellectuelle. Ils retournent ensuite au pays pour assurer des fonctions au sein du patriarcat et pour fonder des écoles… Oui, la jeunesse est au cœur de leur vocation !
Grâce à cet échange politique, commercial, religieux et culturel, une fenêtre éducative francophone s’ouvre sur le Levant.
Le 29 octobre 1886 et le 10 octobre 1972
Ce jour-là, ce 29 octobre, trois frères des Ecoles lassaliennes (des Ecoles chrétiennes) embarquent à bord d’un bateau à vapeur qui rallie Alexandrie à Tripoli (dans le nord du Liban) en quelques jours. Ils y posent la première pierre des 7 futurs établissements (à ce jour) lassaliens. Le nom du premier collège s’appelle Collège Français de la Sainte Famille.
Plus de 85 ans plus tard, le Collège des Frères Mont La Salle ouvre ses portes, le 10 octobre 1972. Il accueille pour sa première rentrée près de 2000 élèves disséminés entre la 4è et la Terminale.
Ce collège est une véritable institution officielle, selon le décret ministériel libanais n° 4004 du 25 septembre 1972. « C’est un “établissement ouvert” car, tout en s’affichant comme établissement catholique, fidèle à ses origines, il accueille les jeunes de tous les milieux sociaux et de toutes les confessions. La formation qu’il donne veut ouvrir l’esprit des jeunes au respect des grands courants culturels et spirituels. Tout en étant trilingue, son enseignement s’enracine particulièrement dans les cultures arabe et française. L’enseignement du français y est approfondi ; le grand nombre d’élèves qui sont régulièrement admis à continuer leurs études dans les universités francophones en est une preuve éclatante. »
Cet esprit, ces valeurs, cette vocation, s’expliquent par la volonté d’un seul homme : Jean-Baptiste de La Salle.
« Un inventeur génial… »
Difficile de « résumer » la vie d’un tel saint. Surtout lorsque l’on sait que sa sainteté ne s’est pas arrêtée à la porte de sa mort. Elle est encore, aujourd’hui, diffusée. Elle suinte, telle une statue miraculeuse, sur les murs de ses établissements. De ses pierres vivantes, elle exhale, en plus, un parfum qui se répand dans tout le Liban.
Orphelin très tôt, né à Reims le 30 avril 1651, et décédé le 7 avril 1719, alors qu’il est, déjà, chanoine depuis l’âge de 16 ans, Jean-Baptiste de La Salle compte mettre entre parenthèse sa vocation sacerdotale pour s’occuper de ses 6 frères et sœurs.
Oui, c’est bien dans son terreau familial et dans cette épreuve terrible de la perte de ses parents que va naître sa magnifique vocation de saint prêtre-éducateur. Il devient prêtre en 1678 et se passionne pour la jeunesse. D’autant plus que la poussée démographique de ces années-là, en France, entraîne une croissance importante de la pauvreté. C’est pour cela qu’il fonde des écoles gratuites ; puis, sa propre congrégation : les Frères des Ecoles chrétiennes, qui portent, aussi, le nom de « lassaliennes ».
Il est canonisé en 1900. Le pape François dit de lui : « Saint Jean Baptiste de la Salle, est un inventeur génial et créatif dans sa vision pour l’école, dans sa conception de l’enseignement et de la pédagogie ».
Tel un pionnier, il invente une spiritualité et une pédagogie nouvelles. C’est ainsi que l’apprentissage de la lecture se fait dans ses écoles, non sur le latin, mais sur le français ! C’est, d’ailleurs, pour cela qu’il est devenu le saint patron des enseignants et des éducateurs.
Un lavement des pieds à Mont La Salle
Chaque matin, au Collège des Frères Mont La Salle, ils sont plus de 3000, de la petite section à la terminale à gravir la colline francophone pour y recevoir une instruction digne de ce nom. Du centre de Beyrouth, il faut compter 20 mn en temps normal pour rejoindre le site. Une forêt de pins, de cyprès et de chênes, annonce l’arrivée.
A l’entrée, la photo d’un ancien élève attire le regard : celle de Joseph Aoun. Le 9 janvier 2025, il est devenu le 14è Président de la République libanaise (depuis 1943) ! Le président est un ancien élève.
La barrière se lève. Nous entrons dans le haut-lieu – l’un des premiers par son nombre – de l’éducation au Liban francophone. Là, dans la verdure des pins, la dizaine de bâtiments se faufilent. Il y a le bâtiment de la Communauté des Frères, les salles de classe, le gymnase, la grande chapelle, le bâtiment de l’administration et les terrains de sport, le centre équestre, la piscine, etc. Mont La Salle est un observatoire qui domine Beyrouth.
Dans une des allées menant aux classes, 450 élèves de terminale sont en place. Ils sont vêtus d’un uniforme impeccable, bleu azur. Le lendemain, ce seront les collégiens qui se rendront à la grande chapelle.
« Aujourd’hui, nous fêtons le Lavement des pieds du Christ à ses apôtres », indique le nouveau directeur, Gilbert Hallal, qui a succédé il y a un an à Edouard Spanioli.
Dans l’église, au pied du grand autel, la scène est reconstituée : le prêtre maronite représentant le Christ s’est drapé d’un linge et s’agenouille devant chacun des 12 élèves (12 comme les 12 apôtres). « Nous signifions, ainsi, commente le directeur, que nous sommes au service de tous les élèves sans exception. » Sans exception ? Oui, car même Juda est représenté !
Le frère Emile : au service de la Jeunesse
Il est là, avec son expérience et son amour, sa vocation dédiée à la jeunesse. Son talent de pédagogue, sa passion de la musique et des textes, celle des chansons et des poésies.
Le frère Emile Akiki est une pierre vivante qui synthétise l’esprit et les valeurs lassaliennes. Imaginez : à 15 ans, il frappe à la porte du Juvénat, du petit noviciat de Beit-Méry. Sa vocation ? C’est, d’abord, l’histoire d’une rencontre dans son village familial de Kfardebian avec le frère Bernard Rock, Lassalien. La rencontre a lieu à 1700 m d’altitude. Elle va le mener pendant plus de 70 ans du Liban à Bethléem (le noviciat), en passant par Jérusalem (où il est professeur de français et responsable de la petite section au Collège de La Salle, il a alors 25 ans). Puis, il revient au Liban à Tripoli où il est nommé responsable d’une école gratuite. Il y reste 3 ans (entre 1969 et 1972). Les guerres du Liban ne font pas encore rage. Mais les Palestiniens sont, déjà, là… Pendant un an, il fait une parenthèse pour parfaire sa formation en France (entre 1972 et 1973). Puis, il dirige le Collège Sainte-Marie à Beit-Méry. Le frère Emile est un francophone-francophile, qui aime jouer du Mozart à… l’harmonica.
Une sur-vie !
Son parcours est semé d’embûches à partir des Guerres du Liban, où il a failli perdre la vie à 5 reprises. Blessé, il continue son ascension. Premier de cordée, il n’est pas seul. Derrière-lui, toute une jeunesse, tout un peuple… Le serviteur ne veut pas se reposer. Son repos, c’est d’être au service de la jeunesse. Kidnappé deux fois, il en réchappe… grâce à Dieu et grâce à son flegme de montagnard aguerri.
Ensuite, il est nommé pour une mission très délicate dans le village de Zgharta qui a subi de plein fouet les atrocités des guerres. Il y restera 18 ans. Très délicate mission ? Oui, car beaucoup de familles avaient perdu leurs maisons, et des élèves étaient devenus orphelins. Nous sommes, alors, en 1981.
De guerres lasses, les tragédies du Liban se terminent en 1990. 35 ans après, le frère est là, toujours debout, malgré toutes ces épreuves. Il est resté ancré dans la confiance et le service. Il se rappelle de ses anciens élèves tombés sur le champ d’honneur. « C’était très dur. Et, je me souviens même que pendant les funérailles de 6 élèves, ils nous ont tiré dessus… » Ils ? Les Syriens et leurs alliés.
Direction le… désert
Entre 1996 et 2007, il parcourt… la Jordanie. Là, il respire la paix au milieu du désert, et dirige le Collège de La Salle à Amman. Il y rencontre même le roi Hussein et la reine Nour. « Le roi aimait la France. Je me souviens quand il a reçu Jacques Chirac, il m’avait également invité. Une sorte de complicité sur la langue française avait été nouée lors de ces rencontres. » Parmi ses autres souvenirs : celui d’un ambassadeur qui venait à la messe régulièrement. Ses souvenirs remontent à la surface…
Il oublie de raconter que, comme saint Jean-Baptiste de La Salle, il a innové. Notamment, en créant un jardin dans le… désert. « Nous n’avions pas le droit de creuser des puits », explique-t-il en souriant. Comment a-t-il fait ? Mystère. Le frère ressemble à un rocher, celui de la Bible d’où jaillit l’eau.
« A jamais ! »
Le frère Emile a refusé dans les années 2000 de recevoir l’Ordre du Mérite. Finalement, sur l’insistance de l’ambassadeur de France, il l’accepte au nom de l’Institut des Frères des Ecoles.
Aujourd’hui, le frère Emile approchant des 90 ans reste très actif, il est le coordinateur des Frères au Liban. Mélomane et musicien, il est aussi un compositeur. Comme si son âme, éternelle jeunesse, aimait virevolter au-dessus de Mont La Salle où il vit depuis 2007. Il aime fredonner des chants dédiés à la maman, au papa, à la jeunesse, à la famille et aux enfants. Et, c’est pour cela qu’il est rempli d’espérance pour le Liban. Il croit beaucoup en sa jeunesse, qu’il confie tous les jours à la Vierge Marie… en chantant ! Comme le Christ, il est un serviteur infatigable.
Terminons avec la belle apostrophe de saint Jean-Baptiste de La Salle qui résume bien cette vie donnée à la jeunesse du Liban, de la France et du monde entier (les 3116 frères sont présents, aujourd’hui, dans plus de 80 pays, et scolarisent plus de 1 million d’élèves).
« Vive Jésus dans nos cœurs. A jamais ! »
De notre envoyé spécial Antoine Bordier, consultant et journaliste indépendant. Auteur de la trilogie Arthur, le petit prince (d’Arménie, du Liban, d’Egypte).
Contact : [email protected]
Dimanche des Rameaux : Glória, laus, et honor tibi sit, Rex Christe, Redémptor
Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir.
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Nous entrons maintenant en ce dimanche dans la semaine qui précède Pâques et qui va nous faire revivre directement les douloureux souvenirs de la Passion. C’est la Semaine sainte. En ces jours, aucune fête ne peut supplanter l’office du temps. Le dimanche des Rameaux est la porte d’entrée monumentale qui nous y introduit. Il est ainsi appelé parce qu’à la Procession qui précède la Messe on porte des palmes et des rameaux bénits.
1- Ce dimanche rappelle et célèbre l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem quelques jours avant sa Passion.
C’était un dimanche. Le Divin Maître venait de Béthanie, monté sur un ânon, et entouré de ses disciples. Il s’avançait vers Jérusalem.
La Sainte Église veut que nous renouvelions chaque année le souvenir de ce triomphe de l’Homme-Dieu et qu’en ce jour Jésus soit acclamé par nous comme notre Roi.
2- La liturgie du dimanche des Rameaux est empreinte de joie et de tristesse. Elle exprime d‘un côté la joie à la vue du triomphe du Sauveur figuré par la procession des Rameaux, et, de l’autre, la tristesse à l’émouvant récit de la Passion selon l’Évangile de Saint Matthieu.
Les cérémonies du dimanche des Rameaux constituent comme un drame sacré en trois actes : 1) la bénédiction des Rameaux, 2) la procession, 3) la célébration de la messe pendant laquelle a lieu le chant de la Passion.
Première partie : la bénédiction des rameaux
Les chants de la bénédiction des Rameaux commencent par une petite antienne légère et joyeuse, dont le texte reprend les acclamations des Hébreux saluant l’entrée du Christ à Jérusalem, en citant un verset du psaume 117, psaume que l’on retrouve à Pâques. Ce verset est répété à la messe dans le Sanctus :
Hosánna fílio David benedíctus qui venit in nómine Dómini, Rex ĺsrael, hosánna in excélsis.
Hosanna au fils de David, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le Roi d’Israël, hosanna dans les hauteurs.
*****
La cérémonie de la Bénédiction des Rameaux a été considérablement réduite par Pie XII en 1956.
Pendant la distribution des rameaux, on chante deux autres petites antiennes qui reflètent bien la joie recueillie et quelque peu naïve des juifs à l’entrée de Notre Seigneur à Jérusalem.
Púeri Hebræórum, portántes ramos olivárum, obviavérunt Dómino, clamántes et dicéntes : « Hosánna in excélsis ».
Les enfants des Hébreux portant des rameaux d’olivier allèrent à la rencontre du Seigneur en s’écriant : « Hosanna dans les hauteurs ».
Les moines psalmodient les deux premiers versets du psaume, reprennent l’antienne puis les versets 7 et 8.
Deuxième partie : La Procession
La deuxième cérémonie de ce jour est la Procession qui fait suite à la bénédiction solennelle des rameaux.
Elle a pour objet de représenter la marche de Jésus vers Jérusalem et son entrée dans cette ville et c’est afin que rien ne manque à l’imitation du fait raconté dans l’Évangile que les rameaux qui viennent d’être bénits sont portés à la main par tous ceux qui prennent part à la Procession.
Le célébrant accompagné de ses ministres revient au pied de l’autel et, après la révérence convenable, met de l’encens et le bénit. Ensuite le diacre [ou le célébrant] se tournant vers le peuple dit :
Procedámus in pace
Avançons en paix.
Tous répondent :
In nómine Christi
Au nom du Christ. Ainsi soit-il
La Procession commence.
Occúrrunt turbæ cum flóribus et palmis Redemptóri óbviam…
Les foules accourent avec des fleurs et des palmes au-devant du Rédempteur, et rendent au vainqueur dans son triomphe les hommages qui lui conviennent ; les nations acclament le Fils de Dieu et dans les airs leurs voix, à la louange du Christ, disent comme un tonnerre : « Hosanna ».Cum Ángelis et púeris fidéles inveniámur…
Avec les anges et les enfants, ayons assez de foi pour acclamer le vainqueur de la mort : Hosanna au plus haut des cieux !
C’est la 2e antienne qui peut accompagner la Procession.
Le Benedíctus si joyeux de l’Hosanna d’entrée se trouve dans la 3e antienne. Tempérée de gravité et de ferveur respectueuse, elle est tirée d’un manuscrit du Xe siècle:
Coepérunt omnes turbæ descendéntium gaudéntes laudáre Deum voce magna…
Dans sa joie, toute la foule qui descendait (de Jérusalem) se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus.
Ils disaient : « Bénit soit le Roi qui vient au nom du Seigneur !
La paix descend du ciel, gloire au plus haut des cieux !
Au Moyen Âge, la Procession était un hommage solennel à Jésus Roi. On sortait en ville, portant à la main des palmes ; Jésus était représenté dans le cortège soit par la croix, soit par le livre des Évangiles porté solennellement, soit, comme en Angleterre et en Normandie, par le Saint-Sacrement lui-même.
Aujourd’hui, la Procession des rameaux n’est qu’esquissée ; on sort simplement de l’église. En certains pays, on va encore jusqu’au cimetière.
Jusqu’à la réforme de la Semaine sainte sous le Pape Pie XII en 1956, la fin de la procession était marquée par une cérémonie tout à fait symbolique. Que les anciens se souviennent. Que les autres imaginent la scène :
Le cortège revient à la porte de l’église. Les chantres et les enfants de la maîtrise pénètrent seuls dans l’église et on ferme la grande porte derrière eux. Le clergé et les fidèles qui ont pris part à la Procession restent dehors devant la porte fermée. Alors, les chantres, ou de préférence les enfants, entonnent à l’intérieur de l’église une hymne de louange au Christ-Roi, et le clergé et le peuple qui sont au dehors répètent toujours le même refrain d’une belle gravité.
Glória, laus, et honor tibi sit, Rex Christe, Redémptor,
Gloire, louange et honneur à vous, Christ-Roi, Rédempteur,Cui pueríle decus prompsit Hosánna pium.
Pour qui l’hommage des enfants fit jaillir un pieux Hosanna.
Cette hymne merveilleuse est toujours chantée. Elle est l’œuvre de Théodulphe, évêque d’Orléans au IXe siècle.
La tradition rapporte que vers 821 le roi Louis le Débonnaire assistait à la Procession des Rameaux à Angers. La Procession passa près de la tour où était alors prisonnier l’évêque Théodulphe qui avait encouru la disgrâce du roi. Théodulphe se mit à chanter le Glória Laus dont il était l’auteur.
En entendant ce chant, le roi en fut si touché qu’il fit remettre Théodulphe en liberté.
En voici la traduction :
1) Vous êtes le roi d’Israël, le noble fils de David, ô Roi béni, qui venez au nom du Seigneur.
2) L’armée angélique tout entière, au plus haut des cieux, les hommes mortels et toutes les créatures vous adressent ensemble leurs louanges.
3) Le peuple hébreu vint au-devant de vous avec des palmes ; nous voici avec des prières, des vœux et des cantiques.
4) Vous alliez souffrir lorsqu’il vous offrit le tribut de sa louange ; à vous qui régnez maintenant, nous adressons ces hymnes.
Quand le chant est terminé, le sous-diacre frappe trois fois à la porte de l’église avec le pied de la croix de Procession ; la porte s’ouvre et le cortège entre dans l’église.
*****
Le texte du répons Ingrediénte que l’on chante en rentrant dans l’église est tout à fait analogue à celui des petites antiennes de la bénédiction des rameaux ; il est inspiré de l’Évangile, mais la mélodie est évidemment beaucoup plus ornée, faite de formules que l’on rencontre dans d’autres répons : elle est calme et douce, nous préparant déjà à l’ambiance toute différente de la messe.
Voici la traduction du texte :
Comme le Seigneur entrait dans la cité sainte, les enfants des Hébreux, annonçant par avance la résurrection de celui qui est la vie, tenant des rameaux de palmiers, criaient : Hosanna au plus haut des cieux.
Comme tous les répons celui-ci comporte un verset après lequel est reprise la dernière phrase :
Cumque audísset pópulus quod Jesus veníret Jerosólymam…
Lorsque le peuple apprit que Jésus venait à Jérusalem, ils sortirent au devant de lui.
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Troisième partie : la Messe
Après l’entrée triomphale à Jérusalem, toute la messe sera consacrée à cette douloureuse Passion qu’exprime parfaitement le messianique psaume 21 d’où est pris le texte de l’introït :
Dómine, ne longe fácias auxílium tuum a me, ad defensiónem meam áspice.
Seigneur, n’éloignez pas de moi votre secours, veillez à ma défense.Líbera me de ore leónis, et a córnibus unicornuórum humilitátem meam.
Délivrez-moi de la gueule du lion, protégez ma faiblesse des cornes des licornes.
La mélodie commence d’une façon grave et sombre puis elle s’élève progressivement dans la deuxième phrase jusqu’à l’aigu en un cri douloureux sur le mot áspice = veillez, préparé par un grand crescendo. La troisième phrase est plus calme et plus assurée, introduisant une note de confiance qui n’est pas dans le texte. Le verset est bien entendu le premier du psaume 21, celui que Notre Seigneur a récité sur la croix :
Deus, Deus meus, respíce in me, quare me dereliquísti ?
Mon Dieu, mon Dieu, regardez-moi. Pourquoi m’avez-vous abandonné ?Longe a salúte méa verba delictórum meórum.
La voix de mes péchés éloigne de moi le salut.
Et, comme dimanche dernier, on ne chante pas le Glória Pátri et on reprend aussitôt l’introït.
*****
Le graduel Tenuísti et le Trait du dimanche des Rameaux sont tout à fait exceptionnels par leurs dimensions. Le graduel d’abord est le plus long du répertoire ; de plus sa mélodie est très originale : elle n’est pas faite de formules qui reviennent souvent comme c’est habituellement le cas des graduels. Enfin il est un peu à part dans les chants de cette messe : s’il peut très bien être placé dans la bouche du Christ, il n’exprime aucune souffrance.
Le texte est tiré du psaume 72, qui est précisément une méditation sur la confiance que le juste doit toujours garder dans le Seigneur malgré la tranquillité dont semblent jouir les pécheurs. On trouvera le début de ce psaume dans la deuxième partie du graduel, tandis que la première partie exprime l’abandon à la volonté divine et l’espérance de la résurrection en des termes qui font penser à ceux de l’introït Resurréxi du dimanche de Pâques, pourtant tiré d’un autre psaume :
Tenuísti manum déxteram meam
Vous me tenez par la main droiteIn voluntáte tua deduxísti me
Vous me conduisez selon votre volontéEt cum glória assumpsísti me
Et vous m’élevez dans la gloireQuam bonus Ísrael Deus rectis corde…
Oui, Dieu est bon pour Israël, pour ceux qui ont le cœur droit, et pourtant mes pieds ont failli être ébranlés, mes pas ont failli hésiter, car j’étais jaloux des pécheurs en voyant la paix où se trouvent les pécheurs.
La mélodie est très ornée mais ne comporte pas de grandes vocalises ; elle reste calme et paisible d’un bout à l’autre.
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Pour la dernière fois cette année, en ce dernier dimanche du Carême, le graduel est suivi d’un Trait. Nous y retrouvons le psaume 21, le grand psaume prophétique de la Passion d’où était tiré l’introït, et dont il reprend 14 versets sur 34. C’est donc le Christ qui parle.
7. Tractus. Ps. 21, 2-9, 18, 19, 22, 24 et 32. | 7. Trait. |
Deus, Deus meus, réspice in me : quare me dereliquísti ? | Mon Dieu, mon Dieu, tournez vers moi votre regard, pourquoi m’avez-vous abandonné ? |
V/. Longe a salúte mea verba delictórum meórum. | La voix de mes péchés éloigne de moi le salut. |
V/. Deus meus, clamábo per diem, nec exáudies : in nocte, et non ad insipiéntiam mihi. | Mon Dieu, je crie pendant le jour et vous ne m’écoutez pas ; la nuit, et je n’obtiens pas de soulagement. |
V/. Tu autem in sancto hábitas, laus Israël. | Pourtant vous habitez dans votre sanctuaire et vers vous montent les louanges d’Israël. |
V/. In te speravérunt patres nostri : speravérunt, et liberásti eos. | Nos pères ont espéré en vous et vous les avez délivrés. |
V/. Ad te clamavérunt, et salvi facti sunt : in te speravérunt, et non sunt confusi. | Ils ont mis en vous leur confiance et ils n’ont pas été trompés. |
V/. Ego autem sum vermis, et non homo : oppróbrium hóminum et abiéctio plebis. | Mais moi, je suis un ver de terre et non un homme, l’opprobre des hommes et le rebut du peuple. |
V/. Omnes, qui vidébant me, aspernabántur me : locúti sunt lábiis et movérunt caput. | Tous ceux qui me voient me méprisent. Ils ouvrent les lèvres et branlent la tête, en disant |
V/. Sperávit in Dómino, erípiat eum : salvum fáciat eum, quóniam vult eum. | « Il a mis sa confiance dans le Seigneur, qu’il le sauve, puisqu’il l’aime. » |
V/. Ipsi vero consideravérunt et conspexérunt me : divisérunt sibi vestiménta mea, et super vestem meam misérunt sortem. | Ils m’observent et me regardent. Ils se partagent mes vêtements, ils tirent au sort ma tunique. |
V/. Líbera me de ore leónis : et a córnibus unicórnium humilitátem meam. | « Seigneur, délivrez-moi de la gueule du lion et des cornes des buffles. » |
V/. Qui timétis Dóminum, laudáte eum : univérsum semen Iacob, magnificáte eum. | Vous qui craignez le Seigneur, louez-le, vous tous, descendants de Jacob, chantez ses louanges. |
V/. Annuntiábitur Dómino generátio ventúra : et annuntiábunt cæli iustítiam eius. | On parlera du Seigneur à la génération future. Et les cieux annonceront sa justice. |
V/. Pópulo, qui nascétur, quem fecit Dóminus. | Au peuple qui naîtra, ils diront ce qu’il a fait. |
La mélodie reprend une des deux formules de psalmodie ornée que l’on trouve dans les Traits, celle du premier dimanche de Carême : calme, douce et très priante, avec de beaux élans vers l’aigu.
*****
L’offertoire Impropérium, un des grands chefs d’œuvre du chant grégorien, est le plus douloureux des chants de cette messe, et peut-être le plus douloureux de tout le répertoire. Le texte est tiré du psaume 68 qui est, comme le psaume 21, un des grands psaumes prophétiques de la passion, annonçant tout spécialement la solitude du Christ et l’abandon de tous ses amis :
Voici la traduction de son texte :
Mon cœur s’est attendu à l’outrage et au malheur ; j’ai espéré quelqu’un qui s’attristât avec moi, mais il n’y a eu personne ; j’ai cherché un consolateur et je n’en ai pas trouvé ; pour nourriture ils m’ont donné du fiel, et pour étancher ma soif ils m’ont abreuvé de vinaigre.
La mélodie exprime parfaitement cette souffrance. Tous les mots sont soulignés par des neumes longs et lourds : de nombreuses cadences en demi-ton sonnent douloureusement ; Cette mélodie culmine à l’aigu dans la dernière phrase sur le mot síti, la soif, qui éclate comme un cri ; Ce n’est pas seulement la soif physique dont il est question ici, mais la soif d’une réponse généreuse à l’amour infini dont Notre Seigneur a fait preuve en mourant pour nous.
*****
Le texte de l’antienne de Communion qui suit maintenant provient de l’Évangile. Ce ne sont plus les paroles des psaumes que nous mettons dans la bouche du Christ, mais ce sont celles qu’il a lui-même prononcées que nous répétons. Il s’agit ici de la prière qu’il a adressée à son Père, dans son agonie au jardin des Oliviers :
Pater, si non potest hic calix transíre nisi bibam illum ;
Père, si ce calice ne peut passer sans que je le boive ;fiat volúntas tua.
Que votre volonté soit faite.
Cette prière résume en quelques mots les sentiments du Christ dans sa Passion, la souffrance qu’il doit endurer, et sa soumission à la volonté de son Père. Bien que cette antienne soit beaucoup plus courte que le chant de l’offertoire et la mélodie beaucoup plus dépouillée, elle exprime pourtant la même souffrance. Cependant les derniers mots fiat volúntas tua sont plus paisibles et assurés.
Pie VII : le pape qui défia Napoléon
Dans l’émission Les Belles figures de l’Histoire, sur CNews, Aymeric Pourbaix et Véronique Jacquier reçoivent le père Jean-François Thomas, jésuite :
Saint Jules et la souffrance des hérétiques
D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:
« Lorsqu’il y a des accusations contre l’évêque d’Alexandrie et d’autres évêques, il faut avant tout, selon la coutume, nous écrire pour que l’affaire puisse être réglée équitablement ici. »
« Le Concile Vatican II commente : “Ce que les Apôtres ont transmis contient tout ce qui contribue à une conduite sainte du Peuple de Dieu et à l’accroissement de la foi ; ainsi, dans l’Église, la doctrine, la vie et le culte perpétuent et transmettent à chaque génération tout ce qu’elle est elle-même, tout ce qu’elle croit” (Dei Verbum, n. 8). L’Église transmet tout ce qu’elle est et tout ce qu’elle croit, elle le transmet par le culte, par la vie et par la doctrine. Ainsi, la Tradition est l’Évangile vivant, annoncé dans son intégrité par les Apôtres, sur la base de la plénitude de leur expérience unique et non répétable : par leur activité, la foi est transmise aux autres, jusqu’à nous, et jusqu’à la fin du monde. La Tradition est donc l’histoire de l’Esprit qui agit dans l’histoire de l’Église par la médiation des Apôtres et de leurs successeurs, dans une continuité fidèle avec l’expérience des origines. C’est ce que disait saint Clément de Rome à la fin du Ier siècle : “Les Apôtres”, écrivait-il, “nous ont prêché l’Évangile de la part du Seigneur Jésus-Christ ; Jésus-Christ a été envoyé par Dieu. Le Christ vient donc de Dieu, les Apôtres du Christ. L’un et l’autre ont été envoyés selon l’ordre de Dieu… Nos Apôtres ont connu, par Notre Seigneur Jésus-Christ, qu’il y aurait des disputes autour du nom de l’épiscopat. C’est pourquoi, ayant reçu une parfaite connaissance de l’avenir, ils désignèrent les ministres déjà mentionnés et, par la suite, établirent une règle selon laquelle, après leur mort, d’autres hommes éprouvés devaient leur succéder dans leur ministère” (Ad Corinthios, 42, 44 : PG 1, 292, 296). Cette chaîne du service a continué jusqu’à aujourd’hui ; elle continuera jusqu’à la fin du monde. En effet, le mandat que Jésus a confié aux Apôtres a été transmis par eux à leurs successeurs. En allant au-delà de l’expérience du contact personnel avec le Christ, unique et non répétable, les Apôtres ont transmis à leurs successeurs le mandat solennel reçu du Maître d’aller dans le monde. “Apôtre” vient précisément du mot grec apostéllein, qui signifie “envoyer”. Le mandat apostolique — comme le montre le texte de Matthieu (Mt 28, 19s) — implique un service pastoral (“allez donc, de toutes les nations faites des disciples”), liturgique (“baptisez-les”) et prophétique (“enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit”), garanti par la proximité du Seigneur, jusqu’à la fin des temps (“et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde”). Ainsi, même si c’est différemment des Apôtres, nous avons aussi une expérience vraie et personnelle de la présence du Seigneur ressuscité. Par conséquent, à travers le ministère apostolique, c’est le Christ lui-même qui atteint ceux qui sont appelés à la foi. La distance des siècles est surmontée, et le Ressuscité se rend présent pour nous, dans l’Église et dans le monde d’aujourd’hui. C’est notre grande joie. Dans le fleuve vivant de la Tradition, le Christ n’est pas à 2 000 ans de nous, mais il est réellement présent parmi nous et nous donne la Vérité, il nous donne la lumière qui nous fait vivre et trouver le chemin de l’avenir. »
Le collège Notre Dame de l’Aurore a besoin de votre soutien
Reçu d’un lecteur :
Chers lecteurs,
Nous savons combien l’enjeu éducatif pour nos jeunes est grand et le chantier est vaste.
Le collège Notre Dame de l’Aurore a besoin de votre soutien. Proche de Toulouse, indépendant et résolument ancré dans la campagne lauragaise, il a déjà formé 245 jeunes depuis sa fondation en 2018.
Cela n’aurait pas pu se faire sans la générosité des anges gardiens que vous êtes.
Ancré dans l’Espérance, le collège vous remercie pour votre don de carême qui lui permettra de poursuivre sereinement sa mission jusqu’à la rentrée prochaine.
Ensemble, construisons l’avenir !
J-1 avant le 50è anniversaire des Guerres du Liban : deux guerriers… racontent
Par Antoine Bordier, auteur de la trilogie Arthur, le petit prince
Le 13 avril 1975 commençaient les Guerres du Liban. Pourtant, elles n’auraient jamais dû débuter. Effectivement, en 1972, Soleimane Frangié, le Président, tente de désarmer les camps palestiniens. Le grand nettoyage a lieu. Mais, avant qu’il ne soit total, les pays arabes lui donnent l’ordre de retirer l’armée des deux derniers camps qui restent à pacifier. 3 ans plus tard, démarre la première des guerres du Liban : celle des Palestiniens de Yasser Arafat. Fouad Abou Nader et Tony Fata s’engagent encore plus pour défendre et sauver le Liban. 50 ans plus tard, ils racontent… Suite de notre trilogie : Il y a 50 ans, les Guerres du Liban.
Fouad Abou Nader et Tony Fata sont des fidèles. Fidèles de leur foi chrétienne, de leurs engagements et de leur pays si convoité. Ils portent, encore, sur eux des traces indélébiles : celles qui ont marqué leur chair, leur esprit et leur volonté. Ce sont des hommes entiers, racés. Ils n’ont jamais renoncé à sauver et servir leur pays. Les attentats, les complots, les guerres, les influences et les trahisons… ils connaissent. En 50 ans, ils ont relevé tous les défis et ont failli mourir plus de 100 fois.
Aujourd’hui, après avoir combattu pendant des années, ils ont tourné, définitivement, les pages ensanglantées des guerres de 1975, en oeuvrant pour la paix, la réconciliation et la renaissance de leur Etat souverain et indépendant.
Les deux hommes ont presque le même âge : Fouad est né en 1956, Tony en 1957. Le premier est un montagnard, originaire de Baskinta. Il est un premier de cordée. Le second, également, même s’il est né à Tripoli. Sa famille est originaire d’un petit village du Mont-Liban proche de Bikfaya : Beit Chabab.
En 1975, les deux hommes ne se connaissent pas encore. Ils sont étudiants lorsque la guerre éclate.
A 14 ans, ils s’engagent !
Ils n’ont pas attendu le « jour noir » du 13 avril 1975 pour servir leur pays, comme le raconte Fouad.
« Oui, je me suis engagé à 14 ans au sein du parti Kataëb. Mes parents ne le savaient pas. Ils l’ont su 4 ans plus tard, vers l’âge de 18 ans, lorsque la guerre a commencé. Je n’étais pas seul. Des milliers de jeunes s’engageaient. Il y avait un dynamisme, un élan, une ferveur incroyable, dans ce parti politique qui s’occupait de la jeunesse. J’avais envie de défendre l’identité libanaise menacée par l’afflux massif de Palestiniens, dont les chefs voulaient faire du Liban leur nouvelle Palestine. »
C’est le temps de l’effervescence au Liban, où les mots patriotisme et souveraineté du pays s’écrivent en lettres d’or.
Tony, lui aussi, se souvient : « Déjà, en 1969, ils ont bombardé l’aéroport de Beyrouth. » Pour Tony, c’est le bombardement de trop.
« Je me suis, alors, engagé, comme beaucoup de mes concitoyens chrétiens au Kataëb, le parti fondé par Pierre Gemayel. »
Pour bien comprendre leur engagement, il faut reculer un peu dans le temps. Et remonter au mandat français de 1920 à 1943 qui prépare le Liban à devenir indépendant. Ce qui sera effectif le 22 novembre 1943. 7 ans auparavant, en 1936, Pierre Gemayel et des proches ont fondé le parti.
Cette indépendance, les Libanais ne le savent pas encore, sera remise en question trente ans plus tard. Et, la création de l’Etat d’Israël en 1948, n’y est pas étrangère. Le nouvel Etat entre en guerre, dès le lendemain de son indépendance, pour chasser les Palestiniens de leurs terres ancestrales. Chassés « comme des chiens », ils trouvent refuge au Liban, en Jordanie et en Egypte, surtout. Puis, la guerre des Six Jours, de 1967, menée par Israël contre l’Egypte, la Jordanie et la Syrie, suivie de la guerre en Jordanie où les Palestiniens ont essayé de renverser le pouvoir royal (lors du septembre noir de 1970), inondent le Liban de nouveaux réfugiés palestiniens. Ces derniers avaient, dès lors, trois objectifs : vivre, faire du Liban leur base-arrière, et reconquérir leur terre.
« Je ne pensais pas que la guerre allait venir »
C’est ce que déclare Tony, en 2025 :
« Je ne pensais pas que la guerre allait venir. Nous étions des enfants. Nous ne pensions pas à la guerre. Nous nous entraînions au cas-où. Notre armée légale et notre souveraineté étaient bien présentes. Mais, elles se sont révélées trop fragiles, impuissantes. Comme si, en plus, certains pays arabes avaient voulu nous affaiblir, jusqu’au point de non-retour. Jusqu’à notre chute et à notre disparition totale. Je me souviens que tous les après-midis, après l’école (NDLR : qui se termine à 15h30), je me rendais au parti, dans le quartier Aïn el-Remmaneh ».
Pourtant, comme Fouad, en 1973, Tony participe à une première guerre entre l’armée libanaise et les camps palestiniens. « Nous étions chargés de défendre leurs arrières », raconte-t-il. En 1974, au Liban, les jeunes, comme Tony, sont près de 15 000 à s’engager.
Et, Fouad ?
Fouad pressent que la guerre va venir :
« Au Liban, entre l’armée nationale et les fedayins de Yasser Arafat, les clashs se sont multipliés depuis 1970, après les accords secrets du Caire de 1969. Tony a raison, 1973 est comme un premier tocsin qui sonne fort pour le Liban. »
Face à une armée libanaise composée de 10 000 militaires, les fedayins de Yasser Arafat sont 3 à 4 fois plus nombreux. C’est pour cela que l’armée reçoit le renfort des milices chrétiennes.
Premier fait d’armes
Fouad fait partie de la milice des étudiants. Certains sont très jeunes et n’ont pas 18 ans. Avec eux, il est prêt à monter au front. Il est tellement prêt qu’il sait manier la kalachnikov et qu’il a, déjà, son premier fait d’armes.
« A l’été 1974, le 30 juillet, il y a un conflit entre le camp palestinien de Tall Zaatar et nous. Je fais, alors, partie de la milice BJ, les Bejins. C’est l’élite de la milice des étudiants. Quelques mois plus tard, en mars 1975, je me retrouve face à Yasser Arafat, car je me suis fait arrêter par sa propre milice, à Beyrouth. Je me souviens qu’il a appelé le Premier ministre de l’époque, et lui a dit : “ Je t’envoie 3 petits chrétiens.” Et puis, il nous a dit : “ Vous les chrétiens, vous allez apprendre ce que c’est que vivre sous la tente…” »
Le jeune homme, les yeux bandés, a eu la première peur de sa vie. Vivre à la dure ? Il s’y est préparé.
Tony, de son côté, a remarqué une chose : « la multiplication et la position des camps palestiniens a été clef dans le déclenchement de la guerre, car ils entouraient Beyrouth, tel un verrou ». Oui, les camps de Sabra et Chatila, de Dbaych, de Tal el-Zaatar, de Jisr el-Bacha et de la Quarantaine (liste non exhaustive), forment une sorte de ceinture autour de Beyrouth qui s’est urbanisée de façon galopante.
Le 13 avril 1975
Au cours de ces guerres, Fouad, leader dans l’âme, va devenir le chef des Forces Libanaises.
« Les guerres ont commencé le 13 avril 1975. J’ai dit à mes parents : “Je descends combattre.” Les Palestiniens ont tiré le matin sur une église en pleine cérémonie d’inauguration où se trouvait Pierre Gemayel. Puis, un bus palestinien, dans l’après-midi, qui passe dans la rue, est pris en représailles. C’est le début de la guerre. »
Ah, terrible 13 avril 1975 ! Il rappelle un autre 13 avril : celui de 1919 où les colons britanniques massacrent des manifestants indiens… Ce dimanche 13 avril 1975, Tony, lui, est aux premières loges. Il assiste à la tragédie du haut de son balcon, sans pouvoir rien faire ; et, entend les coups de feu avant d’arriver sur le terrain.
« Oui, la guerre est devenue inévitable ce 13 avril 1975. Dans l’après-midi, après l’attentat avorté contre Pierre Gemayel, un bus palestinien, passant par Ain el-Remmaneh et se dirigeant vers le camp palestinien de Tal Al-Zaatar, est sous le feu des miliciens de Kataëb… »
Tony s’en souvient comme s’il revivait la scène. L’adolescent est aux avant-postes.
« J’ai pris les armes, et je me suis rendu à l’église en courant. Je suis arrivé trop tard. Les Palestiniens voulaient assassiner Pierre Gemayel. Ils l’ont loupé. Et, il y a ce bus… Ce jour-là, je fêtais mes 18 ans ! »
Trois jours plus tard, le nombre de morts a été multiplié par 15. Le conflit va durer 15 ans. On évoque même le terme de « guerres sans fin ». Entre 1975 et 1990, 150 000 à 250 000 victimes vont mourir, sans compter les blessés, les disparus et les exilés.
La paix ?
Dans la Bible, dans le Livre d’Isaïe, au chapitre 40, verset 16, il écrit : « Le Liban ne pourrait suffire au feu, ni ses animaux, suffire à l’holocauste. » Le Liban, où ruisselle l’eau, le lait, le miel, les neiges éternelles et le vin de Dionysos, recherche inlassablement la Paix !
Le 11 mai 1997, plus d’un million de Libanais, chrétiens et musulmans, accueillaient dans la ferveur et dans la joie le pape Jean-Paul II qui lançait son appel en faveur de la paix, de la réconciliation et de la souveraineté du Liban.
Les 12 et 13 août 1982, c’était mère Teresa qui s’était rendue au Liban, à Jounieh exactement, sous les bombes !
Quant à Fouad et Tony, ils se retrouvent ce jour avec 5000 personnes, et d’autres leaders comme le Président actuel du parti Kataëb, Samy Gemayel. Il est le petit fils de Pierre Gemayel, le fils d’Amine Gemayel, Président de la République de 1982 à 1988, neveu de Bachir Gemayel, le Président de la République, assassiné le 13 septembre 1982, avant son investiture officielle.
Ce samedi 12 avril 2025, ils commémorent le « dimanche noir » 13 avril 1975.
De notre envoyé spécial Antoine Bordier, consultant et journaliste indépendant. Auteur de la trilogie Arthur, le petit prince (d’Arménie, du Liban, d’Egypte).
URGENT : pour le collège SFJF à Lyon – Aidez-nous à rénover notre toit
AIDEZ-NOUS A RENOVER LE TOIT du collège Saints François et Jacinthe de Fatima à Lyon.
En effet, suite à des fuites récurrentes, il nous faut entreprendre les travaux dès cet été et nous cherchons urgemment 65 000€ pour financer le projet.
Vous pouvez le faire dès maintenant sur le lien suivant: https://www.helloasso.com/associations/association-cours-prive-francois-de-fatima/formulaires/1
Nous comptons sur chaque bonne âme. Même les petits dons sont les bienvenus.
In Christo Rege per Mariam
Benoist DEBAY
Président du collège SFJF
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Un homme se filme en train de détruire une statue de la vierge Marie
Dans la Nièvre, un homme en véhicule s’est arrêté à hauteur d’un calvaire, l’homme s’est approché de la croix où se situait une statue de vierge, a saisi la statue, pour la jeter au sol plus loin.
Un voisin l’a alors interpellé par la fenêtre et la personne a pris la fuite en voiture. Cette personne semblait se filmer.
Une plainte a été déposée par la commune.
Les Pénitents noirs de Toulon : la sanctification des laïcs
Alors que nous nous apprêtons à entrer dans la Semaine Sainte et à suivre Notre Seigneur dans Sa Passion, la Fraternité Saint-Ephrem vous propose une interview d’Alain Vignal, recteur des Pénitents Noirs de Toulon.
En effet, les confréries de pénitents, comme la Fraternité Saint-Ephrem, ont pour but de se sanctifier au quotidien tout en gardant l’état laïc. La fraternité y est vécue pleinement, et la sanctification passe par l’amitié.
Cette interview répond à certaines questions que l’on peut se poser en voyant les pénitents dans le chœur de nos églises méridionales comme lors des processions. Mais elle nous permet aussi d’aller plus loin, par exemple en interrogeant la pratique biritualiste des Pénitents Noirs de Toulon, à une époque où les querelles liturgiques sont monnaie courante. Ou encore, de nous émerveiller de la complémentarité des états de vie au sein de la confrérie pénitente, alors que les interrogations sur le rôle et la place des laïcs dans l’Église sont plus que jamais d’actualité.
L’interview d’Alain Vignal par les pénitents sera aussi, on l’espère, une vitrine pour les jeunes catholiques qui souhaitent découvrir les confréries de pénitents. Et peut-être, qui sait, suscitera-t-elle des vocations pénitentes dans la ville de Toulon… ou ailleurs en France !
https://www.youtube.com/watch?v=6JCDbt-MPts
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