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Conférence de mobilisation en ligne : Sauvegardons l’interdit de tuer – aujourd’hui lundi à 21h00

Il reste des places pour la visio de ce soir :

Inscription sur : https://toutmaispasca.org/mobilisation/

Intervenants :

  • Grégoire François-Dainville, directeur de la Fondation Jérôme Lejeune,
  • Pascale Morinière, présidente des  Associations familiales catholiques (AFC)
  • Franck Meyer, président du Comité Protestant Évangélique pour la Dignité Humaine (CPDH)
  • Louis Bouffard, auteur d’un livre témoignage est atteint un degré avancé dans sa myopathie. Lourdement appareillé, il ne peut désormais plus bouger. Nous fait l’honneur de témoigner.

Points clés de la conférence :

  • Point sur la situation politique et le fonctionnement parlementaire : calendrier, définitions, contenu du texte en discussion.
  • Raisons de s’opposer : enjeux collectifs, arguments éthiques et sociétaux.
  • Comment se mobiliser : espérance, prière, lettres aux députés, outils concrets.
  • Témoignage inspirant.

Cette conférence vous donnera les clés pour comprendre les enjeux politiques actuels et agir concrètement. En tant que citoyens, nous avons la responsabilité de faire entendre une voix ferme pour le respect de la vie.

Au moment où beaucoup de politiques français saluent les positions du Pape François, rappelons leur qu’il voyait dans l’euthanasie «un échec de l’amour, reflet d’une “culture du rejet”»

Le Café Enchanté : un coup de jeunes pour les Frères Jacques

De jeunes garçons se mettent en scène au théâtre Saint-Léon pour réinterpréter les chansons du fameux quatuor à moustache. Un résultat épatant dont le souffle poétique qui les anime n’y est pas pour rien selon le père Danziec dans Valeurs Actuelles :

Des articles en tout genre. Des invitations sur les plateaux du service public. Un grand renfort de publicité. Une série documentaire sur Canal + plongeant les téléspectateurs dans les coulisses du spectacle. Trente ans après sa sortie en salle, la mise en scène du film iconique La Haine de Matthieu Kassovitz, transformé par ce dernier en comédie musicale, a rencontré son public. Mêlant chansons originales (avant tout du rap) et danses hip-hop, le tout dans le cadre d’un show visuel et immersif rendu possible grâce à un jeux d’écrans derrière les jeunes acteurs qui occupent la scène, Le Parisien qualifie la performance scénique comme « Le spectacle le plus réussi de l’année ». Le triomphe fut bien au rendez-vous l’automne dernier, à la Seine Musicale, avant que la troupe enchaîne une tournée en province depuis janvier 2025.

Il n’en reste pas moins que le bon mot de saint François de Sale nous rappelle une évidence : si « Le bruit ne fait pas de bien », le plus souvent « le bien ne fait pas de bruit. » Au théâtre Saint-Léon, dans le XVe, à Paris, se produisait hier soir une petite troupe, partie de rien et inconnue de tous, venue offrir un spectacle dont on aurait tort de se priver. Ils seront d’ailleurs encore sur les planches ce dimanche 4 mai à 18h30 ; et on l’espère pour d’autres dates à venir.

Au socle de leur amitié : l’amour du chant et de la langue française

Le Café Enchanté – c’est le titre du spectacle – se propose de redonner vie aux célèbres chansons des Frères Jacques, quatuor de l’après-guerre dont le style unique passe les générations. Derrière ce Café Enchanté se cache la troupe des Enlumineurs, joyeuse bande d’une quinzaine de jeunes gens à la moyenne d’âge de 22 ans. Amateurs mais d’un professionnalisme épatant, structurés en association mais bénévoles au grand cœur (la troupe ne cherche pas à “faire de l’argent”, le bénéfice réalisé couvrant les frais de fonctionnement, le reste étant reversé à des œuvres), les Enlumineurs se sont lancés sur les planches il y a un an. A l’origine, il s’agit d’un groupe d’amis, lycéens dans les Yvelines et membres des petits-chanteurs de l’école Saint-Dominique-du-Pecq. Au socle de leur amitié : la culture du chant et l’amour de la langue française. Loin de se vautrer dans des canapés, consoles à la main durant leur week-end, ou de se laisser piéger par le narcissisme de Tik-Tok, ils préfèrent à l’occasion de leurs virées du samedi soir amuser la galerie. Devant leurs connaissances et leurs proches, ils se prennent à interpréter à plusieurs voix les tubes intemporels des Frères Jacques. Rapidement, l’un d’eux propose d’aller plus loin. « Pourquoi ne pas mettre en valeur de façon spectaculaire ce patrimoine de la chanson spectaculaire ? » se demande Jacques de Villiers, à peine âgé de 20 ans. Il se lance alors dans l’écriture, rédige un scénario et imagine sa mise en scène. Hors de question de tomber dans la facilité d’un copier-coller des Frères Jacques. Il s’agit, mieux encore, d’augmenter la dimension poétique de leurs chansons en les insérant dans une histoire, un conte français propre à emporter l’auditoire.

Un toupet monstre pour un résultat bluffant

« Le culot, ça ne s’invente pas », cette réplique de l’un des acteurs/chanteurs au début de la représentation résume à elle seule l’aventure de la troupe des Enlumineurs. Avec un toupet monstre, cette bande d’amis de l’Ouest-parisien s’est donc constituée en troupe de café-théâtre, en plus de mener en parallèle leurs études. Cinq chanteurs et trois musiciens sous les feux des projecteurs et le même nombre en coulisse pour les travaux invisibles, mais ô combien indispensables, allant des décors à l’administratif. Au début de chaque représentation, tout ce groupe se trouve d’ailleurs sur scène, l’air de rien, vaquant à d’ultimes préparatifs. Tandis que le public est installé et discute, plus ou moins bruyamment, dans la salle en attendant le début du spectacle, une voix off résonne « Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs… ». Les acteurs, présents sur l’estrade, se figent alors, offrant un tableau digne de La Guinguette ou du Déjeuner des canotiers de Renoir. La suspension au-dessus du temps commence. Pendant près de deux heures, le spectacle du Café Enchanté captive l’assistance en dévoilant sous ses yeux une promenade musicale où s’épousent légèreté et profondeur, rires et larmes. Le fond du sujet ? Un thème des plus universels : trois amis remontent le moral d’un quatrième compère qui se trouve au plus bas. Il est minuit, la fin du service approche et le garçon de café veut légitimement baisser le rideau. Rien n’y fera, l’amitié vaut bien une nuit à discuter et à chanter. Tous les conseils sont bons pour redonner goût à la vie à celui dont le cœur et le portefeuille sont en berne. C’est sur ce fil rouge que viendront s’intercaler les grands classiques des Frères Jacques. Les jeunes chanteurs redonnent ainsi vie au Fric, à La photographie, aux Tics, au Chasseur, à M. William pour le plus grand bonheur des connaisseurs comme des néophytes. Mais ce qui frappe et saisit dans cette comédie chantante du Café Enchanté réside dans son exceptionnelle capacité à emporter les spectateurs là où ils ne s’attendent pas. Bien sûr, cette histoire d’amitié, comme toutes les véritables sollicitudes, est faite d’esprit potache et de grand cœur, de franches rigolades et de silences complices. Le Tango des perceurs de coffre-fort, le fameux Shah Shah Persan et la mythique chanson de La Ceinture – dont on ne peut que saluer la remarquable chorégraphie originale – arrachent bien entendu des rires aux grands comme aux plus jeunes. Pour autant, grâce à une mise en scène subtile et délicate, cela n’empêche pas les chanteurs d’émouvoir le public en interprétant La lune est morte ou La branche. Des esclaffements, le public passe subitement à un silence méditatif.

Si le bien ne fait pas de bruit, les Enlumineurs ont le grand mérite, le temps d’une soirée, de le mettre en mélodie. Comment ne pas se réjouir devant cette France bien élevée ! Le spectacle du Café Enchanté constitue un délicieux bol de jeunesse et d’air frais. Il nous rappelle opportunément que la bonne éducation, la culture du beau et l’élégance du verbe portent en germe les meilleures moissons d’espérance. Celles-là même dont notre pays a besoin pour aller de l’avant. Et se remettre debout, le cœur plein d’étoiles.

La promotion de l’euthanasie au 20e siècle [Rediffusion]

[Article publié en février 2024, rediffusé aujourd’hui en raison de l’actualité]

Cette enquête historique de l’ECLJ offre un éclairage sur l’origine et la pensée des mouvements occidentaux militant pour la légalisation de l’euthanasie. Elle retrace l’évolution de ce courant de pensée à travers le XXe siècle, permettant ainsi de mieux comprendre les enjeux des débats actuels sur l’euthanasie et le suicide assisté.

Voici la présentation de cette enquête, rédigée par Grégor Puppinck, Directeur du Centre européen pour le droit et la justice :

L’euthanasie, ou les diverses formes « d’aide médicale à mourir », est devenue une pratique courante dans plusieurs pays occidentaux depuis le début du XXIe siècle, à tel point qu’elle y est en voie de normalisation. Cette situation est l’aboutissement d’une histoire qui trouve sa source principale au tournant du XIXe et du XXe siècle.

Matérialisme, malthusianisme, eugénisme, progressisme, etc., les mouvements de pensée qui ont promu l’euthanasie ont changé de discours ces dernières années, mais l’idéologie mortifère est toujours bien là, cachée sous le voile de la bienveillance et de la compassion.

Un rapport à télécharger en ligne.

Dernière minute: conférence sur Louis XI au Centre Saint-Paul demain

Manifeste pour l’unité rituelle

Alors que le pontificat du pape François est achevé et que les cardinaux vont entrer en conclave, il est évident que la place accordée à la liturgie traditionnelle sera un dossier important pour le prochain pontife.

En 2021, l’archidiocèse de Chicago précisait la manière dont il entendait appliquer le motu proprio Traditionis Custodes : parmi différentes mesures restrictives, il interdisait les livres liturgiques traditionnels pour le Triduum pascal. Depuis des mois on apprend avec toujours plus de consternation et de tristesse les arrangements rituels mesquins imposés ici et là (arrangements acceptés malheureusement parfois ici et là…). C’est une idée véritablement saugrenue, moderne et peut-être même areligieuse de vouloir à toutes forces tout mélanger : accoler le nouveau rite d’ordination à une messe traditionnelle (Toulon et Carcassonne si l’on a bien compris), alterner les missels de dimanche en dimanche (Pontcalec), tolérer la messe mais interdire baptême, mariage, extrême-onction, confirmation (les diocèses et les cas abracadabrants ne se comptent plus), chercher à imposer la coexistence des deux missels au pèlerinage de Chartres, ou encore interdire la célébration traditionnelle de certaines fêtes (Chicago donc, avec d’autres)…

Dans le contexte de Traditionis custodes et des responsa ad dubia qui suivirent, la pression a été grande, venant de toutes parts, pour tenter de faire rentrer dans le rang les récalcitrants. L’objectif n’était pas occulte, nul complot, l’action se passait au grand jour : les livres liturgiques promulgués par Paul VI sont la seule expression du rit romain estimait feu le pape François. Législation, menaces, contraintes, chantages ont été tour à tour brandis pour nous décourager. Récemment, es qualité de président de la conférence des évêques de France[1], monseigneur de Moulins-Beaufort, dans un entretien dédaigneux et blessant faisait sentir tout sa superbe vigilance. De son côté dans une autre interview encore plus lunaire, monseigneur Jordy, es qualité de vice-président de la conférence des évêques de France[2], laissait jaillir sa profonde défiance et son absolue mésestime pour le monde traditionnel. Il n’est pas toujours évident de se sentir aimés par nos pasteurs ! Mais laissons là ces avanies, elles passeront. D’autant que tous les évêques et tous les cardinaux ne sont pas coulés au même moule, loin s’en faut et Dieu merci !

Pourquoi ne céderons-nous jamais un centimètre de terrain liturgique ? Ni baptême, ni dimanche, ni calendrier, ni lectionnaire, pas plus de mariage que d’obsèques, aucun saint, aucune rubrique, pas le moindre iota ? Et pas plus demain qu’il y a cinquante ans ?

On pourrait aborder la question sous différents biais :

  • Pastoral avec Jean de Tauriers[3], « Qui osera regarder en face le désastre et en tirer les conséquences ? Les chiffres parlent pourtant d’eux-mêmes. »
  • Spirituel avec Benoît XVI[4], « Ce qui a été sacré pour les générations précédentes ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. »
  • Juridique avec le père Réginald-Marie Rivoire[5], « Ce qui est choquant, ce n’est pas tant que François contredise son prédécesseur, mais qu’il traite un rite liturgique multiséculaire comme s’il s’agissait d’une matière purement disciplinaire. »
  • Doctrinal avec un groupe de théologiens[6], « On est fondé à craindre que, ne mettant plus en évidence le Sacrifice de Jésus, l’ordo Missæ ne le voue en fait à l’oubli ; car ce Sacrifice est une réalité trop surnaturelle pour que l’homme puisse, sans signe, s’en souvenir et en vivre. »

On pourrait. Et il faudrait ; et depuis soixante ans on l’a amplement entrepris sans presque jamais recevoir de réponse autre que celle du doigt tendu et des sourcils froncés en appui de l’injonction : obéissez !

Je voudrais aujourd’hui l’aborder sous un angle simplement rituel.

La liturgie est-elle un matériau disponible que l’on peut modeler à loisir, pétrir, transformer, retrancher, réinitialiser, raboter, découper, adapter ? A-t-elle comme premier effet de favoriser la pastorale qui elle-même se réduirait à du lien social ? N’est-elle pas plutôt la prière que le Christ rend à son Père par l’intermédiaire de l’Église ? Un culte incessant, toujours identique et toujours renouvelé car illuminé de l’intérieur par les paroles du Verbe, les prières des saints, les gestes antiques et patinés ? En ce cas il est alors évident que prendre un bout de ceci et un bout de cela (quel qu’il soit) n’a aucun sens, est littéralement insensé.

Comment peut-on espérer croître dans la vie spirituelle, comment peut-on pénétrer en profondeur les mystères, comment peut-on approfondir la contemplation des choses divines en papillonnant d’un rit à l’autre ? La vie spirituelle est trop exigeante pour cela ; accessible à tous, certes, mais exigeante. Saucissonner c’est au contraire renoncer à rendre à Dieu la perfection (humaine j’en conviens, mais si peu humaine cependant) du culte qui lui est dû, et renoncer tout autant à la puissance de la sanctification qui en jaillit naturellement et nous désaltère. Et si certains, pour se rassurer, se réjouissent que les plus jeunes passent sans difficulté d’un rit à l’autre, je voudrais leur adresser deux remarques ; premièrement pour mettre chacun en garde contre cette bougeotte qui ne permet pas le juste approfondissement spirituel qu’offre la fidélité rituelle ; je crois que l’on ne peut s’en satisfaire, ni s’en réjouir, même si l’on doit momentanément s’en accommoder. Deuxièmement, l’observation montre qu’avec le temps (le mariage, les exigences de l’éducation des enfants) vient la stabilité qui, bien souvent, est en faveur de la liturgie traditionnelle.

Il faut une vie entière pour pénétrer un rit. Les contemplatifs bénédictins qui se nourrissent de liturgie (je pense spontanément à Dom Guéranger, à Dom Delatte, à Dom de Monléon, à Dom Gérard…) nous l’ont dit, ils l’ont expérimenté de tout leur être, plusieurs heures par jour ; c’est pourquoi d’ailleurs les moines se méfient des gyrovagues. Car il en va pour un rit comme pour une règle : on ne peut être dominicain le matin et visitandine le soir, chartreux le dimanche et carmélite le restant de la semaine… La liturgie, celle qui mérite pleinement ce nom, ne se laisse pénétrer que lentement, par la répétition qui touche progressivement l’âme embuée, éclaire notre intelligence, ouvre nos yeux sur la réalité de la création et du monde dans lequel nous nous mouvons avec quelques difficultés. C’est parce qu’elle vient de loin et qu’elle est un édifice total qu’elle répond à sa double finalité : d’abord louer Dieu, ensuite nous sanctifier. La vie intérieure n’est pas une mince affaire. Elle nécessite persévérance, silence, recommencement, exploration, décantation. Par l’intériorisation et l’approfondissement de la prière liturgique on entre toujours plus dans les mystères de notre foi. La liturgie est la voie royale pour cela. C’est la voie royale parce que c’est ce qu’a voulu Dieu lui-même, et c’est une mission essentielle qu’il a confié à son Église. A force de côtoyer le rit, à condition d’être patients, humbles et persévérants, le rit nous ouvre pleinement son sens. Immolant souhaits et préférences, sans aller chercher ici et là ce qui nous satisfait immédiatement, nous rejoignons la haute et sainte et vénérable prière de l’Église qui, en un certain sens, n’est pas faite de main d’homme. Les réalités que recouvrent l’œuvre liturgique, l’opus Dei, sont si profondes, mystérieuses, terribles, qu’il faut user de tous ses trésors pour que l’âme en tire profit. Le rit et son noble cortège de rubriques nous aident à aller des choses visibles aux choses invisibles. Ainsi les vêpres répondent à la messe dans l’unité de calendrier qui les lie intimement ; les sacrements s’appuient les uns sur les autres et les sacramentaux les escortent ; les diacres qui proclament l’Évangile pour toute la création sont préalablement ordonnés pour le chanter por vis quam pro defunctis ; les évangiles du dernier et du premier dimanche de l’année liturgique se répondent et nous rappellent notre fin. La trame dense et drue de la liturgie tisse le plus inextricable et le plus extraordinaire ouvrage. Comme pour la pratique des vertus, c’est la force de la fidélité aux petites choses d’imprimer lentement une grande idée, de créer une habitude. « Bon et fidèle serviteur, parce que vous avez été fidèle en peu de chose, je vous établirai sur beaucoup d’autres : entrez dans la joie de votre Seigneur. » (Saint Matthieu.)

Écrivant cela je ne prétends pas que le nouveau rit ne possède aucune disposition au culte et à la sanctification : il en possède autant qu’il conserve de vestiges de l’ancien. De même, je ne prétends pas qu’il soit impossible de se sanctifier avec la liturgie réformée, mais par analogie avec les promesses de Notre Seigneur à ceux qui témoignent d’une dévotion à son Sacré-Cœur, je crois bien que par la fréquentation de la liturgie traditionnelle, les âmes tièdes deviendront ferventes et les âmes ferventes s’élèveront à une grande perfection.

Le pape François que nous confions à la miséricorde divine est mort, la liturgie traditionnelle est toujours là. Puisse le futur pape acter que la liturgie ne se morcelle pas.

Cyril Farret d’Astiès

[1] Il ne l’est plus depuis.

[2] Et responsable du suivi des catholiques de tradition.

[3] https://www.lesalonbeige.fr/atheisme-catholique/

[4] Motu proprio Summorum pontificum.

[5] Sedes Sapientiae n°171, mars 2025, La rationalité des normes canoniques.

[6] La pensée Catholique n°122, 1969.

Sainte Jeanne d’Arc au programme de Gloria

Le numéro de mai du magazine Gloria est consacré à sainte Jeanne d’Arc, avec aussi un article sur le Cœur Immaculé de Marie.

Découvrez la vie de sainte Jeanne d’Arc, héroïne historique et patronne secondaire de la France. Des prières et méditations complètent cet article illustré d’œuvres d’art.

Gloria vous emmène dans la magnifique cathédrale Sainte-Croix. Lieu de pèlerinage depuis des siècles, la cathédrale d’Orléans a une place particulière dans l’histoire de France.

Côté littérature, Jeanne d’Arc a inspiré de nombreux livres, mais si un écrivain a été marqué par cette sainte héroïne, c’est bien Charles Péguy. Focus sur Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc.

L’Etat de Washington viole le secret de confession

Dans l’Etat de Washington, la loi supprimant le secret de la confession, sous peine de prison, a été signée par le gouverneur Bob Ferguson, pro-avortement et pro-LGBT, qui a osé mettre en avant sa « foi catholique » et l’avis de son oncle prêtre jésuite.

Le projet de loi a été adopté par les sénateurs le 28 février par 28 voix contre 20, et par les députés le 11 avril par 64 voix contre 31.

Le lendemain du jour où Trump met en place une commission pour la liberté religieuse.

Déroute des européistes en Roumanie

George Simion, chef du parti de droite souverainiste Alliance pour l’unité des Roumains (AUR), est arrivé, dimanche 4 mai, largement en tête du premier tour de l’élection présidentielle en Roumanie avec plus de 40 % des voix. Il sera opposé au second tour, le 18 mai, au maire de Bucarest, le centriste et pro-européen Nicusor Dan, arrivé deuxième avec 21 % des voix.

Malgré l’acharnement du système, qui a écarté Călin Georgescu de l’élection, « c’est la victoire de ceux qui veulent que la Roumanie soit un pays libre et respecté », selon M. Simion. Avec ses partisans, il a chanté « Dégagez les voleurs, les patriotes arrivent ». Le candidat des partis pro-européens de la coalition gouvernementale, Crin Antonescu, n’est arrivé que troisième, avec 20 % et se retrouve éliminé.

Călin Georgescu pourrait devenir Premier ministre, de quoi susciter l’ire d’Ursula von Der Leyen… Il avait obtenu 23% lors du premier tour annulé fin 2024. Sa persécution a permis d’obtenir l’effet inverse puisque le parti AUR passe donc de 23 à 40% au premier tour !

Née en 2019, l’Alliance pour l’unité des Roumains a prospéré durant la crise du Covid et, à la surprise des sondeurs, a fait son entrée au Parlement en 2020, en recueillant 9 % des suffrages. A l’hiver 2024, aux élections parlementaires – législatives et sénatoriales –, AUR double son score avec 18 %, et devient la deuxième formation du pays.

Euthanasie : le double-jeu de François Bayrou

Comme à son habitude sur les sujets sociétaux, le “catholique” François Bayrou cherche à nous enfumer. Interrogé dans le JDD sur la loi visant à légaliser l’euthanasie, il ne change pas de refrain “démocrate-chrétien” :

J’ai pris la décision de séparer le débat sur les soins palliatifs des débats sur l’euthanasie. Cela ne m’a pas valu que des amis, je le sais bien. Mais ma démarche est simple. Il y a d’abord un devoir national : les soins palliatifs. Sur ce point, deux principes formulés par Jean Leonetti résument tout : « Je ne te laisserai pas seul » et « Je ne te laisserai pas souffrir ». Voilà, selon moi, l’engagement qu’un pays doit prendre envers ceux qui arrivent au terme de leur vie. Et pourtant, encore aujourd’hui, près de 30 % des départements n’ont aucune structure de soins palliatifs. C’est une honte. Et puis, il y a la question de la fin de vie elle-même, de l’aide active à mourir, de l’euthanasie, pour employer le mot juste. Cette question touche à la conscience la plus intime. Je comprends que l’on puisse être pour, contre, ou simplement dans le doute. C’est une question éthique majeure, qu’on ne peut trancher à la légère et sur laquelle chacun doit prendre en conscience sa responsabilité.

Et vous, intimement, êtes-vous favorable ou défavorable à l’euthanasie ?

Je suis spontanément du côté du soin et de la défense de la vie. La vie, c’est unique, fragile et irremplaçable. Mais je ne suis pas aveugle. Il existe des situations extrêmes, des cas de souffrance et de désespoir que nul ne peut ignorer. C’est désormais au Parlement de conduire le travail de discernement. Ce n’est pas une question technique, c’est une question d’humanisme. Une question de civilisation. Ce débat mérite gravité et respect. Parce qu’il touche à ce qu’il y a de plus sacré dans notre condition humaine.

Le texte actuel ne comporte plus certains garde-fous. Cela ne vous inquiète-t-il pas ?

Faire sauter les garde-fous, ce n’est pas ma sensibilité, ni comme citoyen, ni comme chef du gouvernement. Mais j’ai confiance dans notre démocratie. L’Assemblée nationale, dans sa diversité, et le Sénat veilleront à l’équilibre. Je ne crois pas que cette pluralité mène aux excès. Et je serai vigilant, de toutes mes forces. Je me souviens d’une lettre bouleversante, reçue il y a quelques années. Une mère me parlait de sa fille trisomique : « Elle est si douce, disait-elle. Elle veut toujours faire plaisir. Quand je ne serai plus là, il suffira de peu pour la convaincre que ce serait mieux de venir me rejoindre. » Je n’ai jamais oublié cette phrase. Je sais que, pour beaucoup, l’euthanasie active est un combat de liberté. Je respecte cela. Mais on peut, avec la même force, défendre une autre idée de la dignité humaine.

Voilà l’entourloupe : Bayrou se déclare du côté de la vie mais sur l’euthanasie, ce n’est pas une question “qu’on ne peut trancher à la légère”, il est du côté du soin “mais il n’est pas aveugle face aux situations extrêmes”… Ou comment donner son aval à l’euthanasie. Faire sauter les garde-fous ? Mais c’est ne pas avoir confiance en la démocratie. Sic. “Le Parlement veillera à l’équilibre. Re-sic.

Le conclave, une élection pas comme les autres

Véronique Jacquier reçoit

  • L’𝗮𝗯𝗯𝗲́ 𝗖𝗵𝗿𝗶𝘀𝘁𝗶𝗮𝗻 𝗩𝗘𝗡𝗔𝗥𝗗, responsable de la communication du Diocèse de Monaco
  • 𝗟’𝗮𝗯𝗯𝗲́ 𝗧𝗵𝗶𝗲𝗿𝗿𝘆 𝗟𝗔𝗨𝗥𝗘𝗡𝗧, curé de la paroisse Saint-Roch à Paris
  • 𝗣𝗵𝗶𝗹𝗶𝗽𝗽𝗲 𝗣𝗜𝗖𝗛𝗢𝗧-𝗕𝗥𝗔𝗩𝗔𝗥𝗗, historien

Et Aymeric Pourbaix en duplex de Rome

“Nous devons toujours être une nation sous Dieu”

Le 1er mai, Donald Trump a célébré la Journée nationale de prière dans le jardin des Roses de la Maison Blanche. Il a déclaré notamment :

Aujourd’hui, alors que le peuple américain se tourne vers Dieu dans la prière, nous perpétuons une tradition plus ancienne que notre indépendance elle-même. Il y a près de 250 ans, le 12 juin 1775, le Congrès continental a décrété un jour de jeûne et de prière afin que les Américains qui luttaient pour leur liberté puissent demander l’aide du Tout-Puissant. Aujourd’hui, plus de deux siècles et demi plus tard, au cœur d’une Amérique libre et fière, nous nous réjouissons que Dieu ait répondu à ces prières. Et je pense que Dieu a répondu à d’autres prières, car il a mis en place une administration pour diriger ce pays qui vous rendra à nouveau fiers, qui vous fera croire et croire encore plus. Et qu’Il continue d’entendre nos prières pour guider nos pas et édifier notre nation bien-aimée vers des sommets encore plus élevés.

Nous ramenons la religion dans notre pays, et nous la ramenons rapidement et avec force, car pour que l’Amérique soit une grande nation, nous devons toujours être une nation sous Dieu (« One nation under God », serment au drapeau).

Alors que nous inclinons la tête en ce beau jour, une fois de plus, nous devons faire confiance à notre Dieu, car notre Dieu sait exactement où nous allons, ce que nous faisons, il connaît chaque instant de notre vie.

Voilà qui nous change du laïcisme de nos élites politiques, de la Libre Pensée, LDH et autres franc-maçons.

Puis il a signé le décret créant la Commission pour la liberté religieuse, chargée de produire

« un rapport complet sur les fondements de la liberté religieuse en Amérique, les stratégies visant à mieux faire connaître et à célébrer le pluralisme religieux pacifique de l’Amérique, les menaces actuelles qui pèsent sur la liberté religieuse et les stratégies visant à préserver et à renforcer la protection des générations futures ».

Et il nomme président de la commission le lieutenant-gouverneur du Texas, Dan Patrick (l’adjoint du gouverneur Greg Abbott), chrétien évangélique 100% pro-vie, anti LGBT, anti-woke, anti-immigration, pour la liberté scolaire, contre la dictature covidienne, etc.

Réforme de l’OMS: attention, danger!

Nous avons interrogé Jean-Frédéric Poisson, président de Via I Parti chrétien-démocrate, à propos de la plaquette qu’il vient de publier sur l’OMS:

Vous venez de publier une plaquette sur l’OMS. Pourquoi?

Parce que dans une opacité totale, l’Organisation Mondiale de la Santé est en train de récupérer l’intégralité des pouvoirs opérationnels, en cas de pandémie, et la capacité dans ces circonstances d’imposer aux Etats leur politique sanitaire. Autrement dit, si la réforme statutaire de l’OMS, qui est actuellement en cours devait aboutir, cette organisation pourrait de plein droit obliger les Etats membres, dont la France, à décider d’une vaccination obligatoire, et même d’imposer la marque et le type du vaccin à administrer à l’ensemble du peuple français.

Dans cette circonstance, l’État, notre gouvernement, et notre volonté populaire seraient complètement effacés. La crise sanitaire de 2020 a déjà montré les limites du contrôle parlementaire sur l’action du gouvernement : en éloignant un peu davantage le lieu de décision nous prenons le risque de laisser définitivement les laboratoires pharmaceutiques et les intérêts financiers dicter aux États leur politique sanitaire. Inutile de dire que nous nous éloignerions sensiblement – et durablement – de l’idée même d’agir dans l’intérêt des peuples et de leur santé…

En quoi les États seraient-ils écartés de ces décisions ?

Parce que l’OMS a décidé de mettre en chantier une révision très significative de ses textes fondateurs (constitution et règlement intérieur). Les dirigeants de l’OMS, après la crise du COVID, ont considéré que le caractère de la coopération internationale en cas de pandémie était insatisfaisante, et que cette situation nécessitait un renforcement des pouvoirs et une centralisation des décisions. Jusqu’ici, l’OMS était conçue comme une instance d’échanges et de coordination. Demain, elle deviendrait une instance politique chargée de définir seule les politiques sanitaires applicables en cas de pandémie : le directeur général de l’OMS, selon les modifications proposées par l’OMS elle-même, deviendrait en cas de pandémie le décideur en dernier ressort : non pas un super-exécutant, chargé d’appliquer les décisions des Etats membres, mais un décideur à part entière. Les Etats jusqu’ici ont laissé faire cette évolution, de la même manière qu’en Europe, les gouvernements européens ont confié à la coalition de Bruxelles, contre la lettre des traités européen, une compétence sanitaire qu’elle ne devrait pas pouvoir exercer. C’est donc d’abord la faute des gouvernements si cette organisation internationale voit son pouvoir renforcé.

Par ailleurs, les sources de financement de l’Organisation Mondiale de la Santé sont de deux natures : les contributions des Etats, calculées comme une part infime de leur produit intérieur brut, et des contributions libres de donateurs privés, personnes physiques ou morales. Il se trouve que les dons des personnes privées représentent une part considérable des ressources de l’OMS. Et par ailleurs ces personnes peuvent demander à ce que leur contribution soit fléchée, donc dirigée au financement des programmes sanitaires en fait imposés à l’OMS ! Autant dire que des doutes très réels peuvent être portés sur l’indépendance de l’OMS et sa vocation à se mettre au service des peuples et des Etats : c’est pourtant l’esprit de sa fondation.

N’est-il pas souhaitable de disposer d’un organisme international pour faire face aux épidémies mondiales?

Si bien sûr ! D’ailleurs, l’Organisation Mondiale de la Santé, créée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, répond à des objectifs tout à fait beaux et louables : l’idée que pour améliorer la santé des peuples dans les pays en voie de développement, de l’humanité toute entière, il faut mutualiser ses connaissances, ses moyens financiers, ses ressources humaines, et déployer dans les pays nécessiteux des programmes de santé publique adaptés à leurs besoins. Cette marque de solidarité, de fraternité universelles est parfaitement conforme à ce qu’on doit attendre de la coopération entre les Etats.

Pensez-vous que les problèmes que vous pointez du doigt étaient en germe dès la fondation de l’OMS ? Et, sinon, qu’est-ce qui a changé et explique ces dérives ?

Malheureusement, assez rapidement, l’Organisation Mondiale de la Santé est devenue le jouet d’un certain nombre de lobbys davantage préoccupés par le contrôle démographique des populations et la propagation de la culture de mort que par la réelle santé des peuples. Dès le milieu des années 1950, soit quelques années seulement après sa création (1948), l’OMS lance des programmes sanitaires dont le but est le contrôle démographique des populations.

Derrière les programmes, décidés par l’OMS, on trouve cette idée très malthusienne qu’une croissance non maîtrisée de la population nuit au développement économique et à sa stabilité, au point de l’empêcher. De sorte que, dans les décénnies qui viennent de s’écouler, l’OMS s’est à la fois occupée à combattre les maladies graves qui impactent les populations, ce qui est sa mission d’origine ; mais elle a également renforcé considérablement la part de ses projets idéologiques, qui provoquent non pas le bien-être et la santé des peuples, mais leur asservissement et leur mutilation.

Pensez-vous qu’il serait envisageable de sortir de l’OMS, tout en conservant une coopération internationale pour les politiques sanitaires ? 

C’est possible, et éminemment souhaitable. D’abord, aucun pays ne devrait accepter d’être privé de pouvoir dans le pilotage de sa politique de santé publique en cas de pandémie. Du reste, la définition même de la notion de pandémie fait l’objet d’une évolution significative dans les nouveaux documents de l’OMS. Dans les textes actuels, cette notion est caractérisée par un risque mortel avéré et susceptible d’être largement transmis par contagion. Dans les textes proposés, la pandémie est caractérisée par un risque éventuel de contagion, même d’une affection dont le caractère létal n’est pas établi… Ce qui veut dire qu’à peu près n’importe quelle maladie peut être contagieuse. Aucun Etat ne doit pouvoir accepter de telles ambiguïtés, surtout si la conséquence consiste à être privé de toute autorité.

Ceci n’induit pas qu’en cas d’affection contagieuse mondialisée, les Etats ne doivent pas travailler ensemble. Chaque pays doit pouvoir décider pour lui-même, mais en concertation avec ses voisins et le reste du monde, au besoin. Or, dans beaucoup de domaines, la coopération internationale est intense, en dépit de l’absence d’une organisation mondiale, pilotée de manière supranationale, sans réel contrôle démocratique, avec des pouvoirs opérationnels étendus (ce qui sera le cas de l’OMS de demain) ! La recherche, ou les projets industriels, ou encore les échanges universitaires eux-mêmes fonctionnent parfaitement en dehors de toute organisation mondiale. Et par ailleurs, n’oublions pas qu’une grande partie de la solidarité sanitaire mondiale est le fait d’organisations bénévoles comme Médecins sans Frontière ou Médecins du Monde, de la Croix-Rouge, du Croissant Rouge. Et également, bien sûr, de l’Eglise, que l’on oublie trop souvent. Tous ces acteurs agissent sans doute fréquemment en lien avec l’OMS, mais de leur propre chef et sans son autorisation préalable ! Les Etats sont assez « grands » (il faut le souhaiter) pour s’organiser intelligemment en cas de besoin. Si l’OMS menace à l’avenir la liberté de notre peuple, il faut en sortir.

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Agenda pour un nouveau Pape

D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:

À l’approche d’un Conclave, il est important d’exprimer certaines suggestions que l’on espère voir considérées comme pertinentes par les Cardinaux appelés à élire le successeur de Pierre. En réalité, étant donné l’importance et la centralité de ces sujets, on ne devrait même pas douter qu’ils soient tenus pour essentiels pour un futur Pontife ; mais vu les temps que nous vivons, repetita iuvant.
Dieu.
Le discours sur Dieu doit redevenir central dans la prédication. Le mal dans le monde, qui rend difficile pour certains de croire en un Dieu miséricordieux et infiniment bon, doit être vu dans la perspective de Dieu lui-même, et non à travers des catégories sociologiques, anthropologiques ou psychologiques. Ces disciplines peuvent aider à la réflexion, mais uniquement si elles sont éclairées par la lumière de la foi, et non suivies avec soumission. Il faut remettre Dieu au centre de tout.
Liturgie.
Il faut avoir le courage d’affronter la profonde crise de la liturgie et de la musique sacrée. Il faut reconnaître où l’on a échoué et chercher à reconstruire à partir des ruines. Nous ne devons pas, comme beaucoup le font malheureusement aujourd’hui dans l’Église, glorifier les ruines comme si elles étaient notre demeure naturelle. Elles sont le signe d’un échec qui, comme le montrent les chiffres, n’a certainement pas retenu les fidèles dans l’Église. Ne blâmez pas les jeunes qui cherchent un réconfort spirituel dans les formes liturgiques traditionnelles ; demandez-vous pourquoi.
Tradition.
La “tradition” doit redevenir un beau mot, et non être associée à des troubles mentaux ou à des problèmes psychologiques. Elle est l’une des sources de la Révélation et nous donne accès à l’éternité. Il ne devrait même pas être nécessaire d’ajouter ce mot à “catholique”, car un catholique est, par définition, “traditionnel”. Le mauvais usage du mot “tradition” découle de la crise du concept de “catholique” et de l’identité catholique. Tout simplement, un catholique contre la tradition cesse d’être catholique.
Argent.
Attention aux dangers du paupérisme. Dans notre civilisation, l’argent est nécessaire, et il l’est aussi pour l’Église, qui sans lui ne pourrait pas accomplir correctement sa mission dans le monde, ni entretenir ses églises, écoles, hôpitaux, etc. Il faut comprendre que l’argent est nécessaire, qu’il peut être une tentation, et qu’une éducation à son usage est donc indispensable. Ne diabolisons pas l’argent ou le sexe, mais leur abus.
Apologétique.
Nous devons revenir à une apologétique saine ; nous devons être capables de rendre compte de l’espérance qui est en nous dans une société de plus en plus indifférente au Christ. Reconsidérons la catéchèse, qui est devenue dans bien des cas de la sociologie. Il faut revenir à l’enseignement des fondements de la foi et pouvoir les défendre dans une société de plus en plus hostile.
Identité.
Nous devons redécouvrir en quoi consiste l’identité catholique, qui a été de plus en plus diluée ces dernières décennies. Il faut retrouver le courage de suivre la via pulchritudinis, le chemin de la beauté. C’est par la grande art que l’Église a construit son identité, que le monde nous enviait. Reprenons sans complexe notre identité catholique.
Mission.
La mission ne consiste pas à se faire des amis, mais à amener de nouvelles âmes au Christ. Les grands missionnaires ont tout quitté non pas pour admirer d’autres cultures, mais pour convertir les peuples et les pousser à suivre le Christ. Il faut retrouver un sens fort de la mission.
Sacerdoce.
Il faut affronter la crise du sacerdoce, la crise d’identité du prêtre, qui en a fait une sorte de conseiller psychologique plutôt qu’un pasteur d’âmes. Et ces dernières années, la crise s’est également accentuée au niveau des évêques et de leur rôle dans le gouvernement de l’Église universelle en communion avec le Souverain Pontife. Revenons à une saine ecclésiologie.
Monde.
Nous sommes dans le monde mais non du monde. Nous devons être dans le monde comme le sel ; nous ne devons pas diluer le potage servi par les puissances de ce monde. Il faut avoir le courage de nos convictions et ne pas craindre le jugement des autres. Le seul jugement qui compte est celui de Dieu.
Fins dernières.
Il faut parler de la mort, de la vie éternelle, de l’espérance chrétienne. N’ayons pas peur d’effrayer les gens : ils le sont déjà. Il est nécessaire de rappeler à tous la vérité de notre existence et d’expliquer pourquoi l’espérance chrétienne n’est ni irrationnelle ni vaine.

Le RN s’engage contre la légalisation de l’euthanasie

Jordan Bardella, président du RN, publie cette tribune dans le JDD :

L’Assemblée nationale s’apprête à débattre d’un texte qui engage la conscience de notre nation. Ce projet, scindé en deux volets, aborde une question fondamentale entre toutes : la fin de vie.

Le premier volet, que je salue, vise à renforcer l’accès aux soins palliatifs. Le second, bien plus périlleux, entend légaliser ce que l’on nomme pudiquement « l’aide à mourir », soit le suicide assisté et l’euthanasie. En réalité, il s’agit d’un basculement historique de notre droit, d’un tournant anthropologique majeur. Je mesure pleinement les raisons qui poussent nombre de nos compatriotes à voir dans la mort provoquée une forme d’avancée. Face à des souffrances extrêmes, à la solitude, à la peur, la tentation d’abréger la vie peut sembler humaine. Certains y voient une ultime liberté, un dernier acte de souveraineté sur son propre corps. Je comprends cette douleur, je respecte ce désespoir, mais je refuse pour autant d’en faire un fondement juridique.

Je ne m’oppose pas à ce texte par dogmatisme. Je connais la réalité de cette France qui prend de l’âge, de ces familles épuisées par la maladie, de ces aidants qui portent au quotidien un fardeau immense. Mais c’est précisément parce que je connais cette réalité que je m’y oppose en conscience. Car une société ne se définit pas seulement par ce qu’elle autorise, mais d’abord par ce qu’elle protège. Et je crois profondément que notre devoir collectif est de protéger la vie, surtout quand elle devient fragile.

Depuis 2005, la loi Leonetti trace un chemin d’humanité : celui qui refuse l’obstination déraisonnable, sans jamais franchir le seuil ultime qui ferait de la mort une solution. Ce chemin est aujourd’hui compromis. Non parce qu’il aurait échoué, mais parce que l’État a failli. Actuellement, seuls 50 % des patients qui en auraient besoin accèdent à des soins palliatifs. Vingt départements n’ont toujours aucune unité dédiée. Ce n’est pas la loi qu’il faut changer, c’est la réalité qu’il faut affronter, avec des moyens à la hauteur de l’ambition que nous nous sommes donnée.

Et pourtant, plutôt que de corriger cette injustice, on nous propose de la contourner. Plutôt que de soigner, on nous suggère d’accélérer la fin. Cette proposition de loi n’est pas seulement une réponse inadaptée : elle est un aveu de renoncement. Une société qui n’a plus les moyens d’accompagner la vie jusqu’à son terme ne se grandit pas en légalisant la mort comme une solution par défaut.

À ceux qui affirment que des garde-fous seront posés, je réponds que l’histoire d’un tel projet de société sera celle d’une digue qui cède. Les débats récents ont montré le jusqu’au-boutisme de certains députés : un « délit d’entrave à l’aide à mourir » a été adopté – avec l’avis favorable du gouvernement ; la notion de « pronostic vital engagé à court ou moyen terme » a été supprimée. Peu à peu, l’exception devient norme. Le droit devient incitation. Et le regard porté sur les plus vulnérables s’altère insensiblement.

L’expérience étrangère doit nous alerter. Aux Pays-Bas, l’euthanasie a été légalisée pour des cas extrêmes. Elle concerne désormais des personnes âgées lassées de vivre, des patients déments ou dépressifs, des couples ou des proches qui demandent à mourir ensemble. En 2024, près de 10 000 euthanasies y ont été pratiquées, soit 5,4 % des décès. Même ceux qui furent à l’origine de cette dérive en dénoncent aujourd’hui les conséquences… Le professeur Theo Boer, ancien membre des commissions de contrôle néerlandaises, confie aujourd’hui son désarroi : « J’ai cru qu’un cadre rigoureux pouvait prévenir les dérives. Je n’en suis plus si sûr. »

La vérité est simple : une fois la porte ouverte, il devient impossible de la refermer. Et ce que nous normalisons aujourd’hui au nom de la liberté, nous le verrons demain se retourner contre les plus vulnérables.

On ne le dit pas assez : les soins palliatifs ne sont pas une médecine de l’abandon, mais une médecine du lien, de l’accompagnement, de la dignité. Grâce à des protocoles éprouvés, nous savons soulager la douleur, apaiser l’angoisse, accompagner les derniers instants sans souffrance, sans solitude, sans jamais attendre passivement la fin.

Ce que réclament les soignants, ce ne sont pas des textes pour donner la mort, mais des moyens pour prendre soin : des unités renforcées, des équipes formées, une reconnaissance à la hauteur de leur engagement.

Les soins palliatifs, comme le disait le professeur Jean Bernard, c’est « ajouter de la vie aux jours quand on ne peut plus ajouter de jours à la vie ». Le médecin est et doit rester celui qui protège.

Ce débat touche à l’intime, à ce que nous avons de plus humain. Il exige de la pudeur, du respect, de la hauteur de vue. La République ne se fonde pas sur des cas extrêmes : elle se fonde sur des principes. Et parmi ces principes, il y a celui-ci : une vie humaine, jusqu’à son terme, mérite d’être entourée, honorée, soutenue. Surtout lorsqu’elle devient fragile. Faisons des soins palliatifs une grande cause nationale. Car l’honneur d’un pays ne se mesure pas à sa capacité à écourter la vie, mais à la dignité avec laquelle il en accompagne la fin.

Droit à l’aide à mourir : un texte violent pour les plus vulnérables

Communiqué des Associations Familiales Catholiques :

Les Associations Familiales Catholiques (AFC) dénoncent un texte violent qui va à l’encontre de toute notre tradition de soin et d’attention aux plus faibles. Elles s’inquiètent des ruptures profondes qui pourront se produire à l’intérieur des familles dont l’un des membres y recourrait. Elles appellent les députés à discerner en conscience et à rejeter cette proposition de loi.

La commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale a approuvé le 2 mai la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir, qui viole délibérément la définition de la mort naturelle.

Votée par 28 députés contre 15, elle sera examinée en séance plénière pour 2 semaines à partir du 12 mai, en même temps que la proposition de loi relative aux soins palliatifs et d’accompagnement.

La proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir constitue en l’état le texte le plus transgressif au monde.

En effet cette proposition de loi prévoit :

– Le libre choix par la personne entre suicide assisté et aide à mourir.

– Des conditions médicales d’accès (Affection grave et incurable, pronostic vital engagé, phase avancée ou terminale, souffrance physique ou psychologique réfractaire ou insupportable) qui permettent d’y inclure de très nombreuses pathologies dès le diagnostic ce d’autant qu’il n’existe pas de définition précise de ce qui constitue la phase avancée d’une maladie. Pourront par exemple être concernés les cancers, les maladies neuro dégénératives (Parkinson, Alzheimer, chorée, sclérose latérale amyotrophique…), l’insuffisance cardiaque, rénale, le diabète et les maladies endocriniennes, la sclérose en plaques et les maladies auto-immunes etc…

– De maintenir le « secourisme à l’envers » puisque le professionnel de santé « doit se trouver à une proximité suffisante pour pouvoir intervenir en cas de difficultés »

– Des contrôles qui ne pourront avoir lieu qu’à posteriori, c’est-à-dire une fois la personne décédée.

– Une judiciarisation de toute opposition au suicide assisté ou à l’euthanasie qui seraient punies d’un an de prison et 15 000€ d’amende mais, en revanche aucun délit d’incitation à recourir à l’aide à mourir n’a été prévu.

– Aucune clause de conscience explicite n’est envisagée, en particulier pour les infirmiers, les aides-soignants ou les pharmaciens, moins protégés que les médecins.

– Et le texte ne prévoit pas que la personne bénéficie systématiquement au préalable de soins palliatifs.

Il est effarant de constater que les mises en garde et demandes de précautions émises par les professionnels de la fin de vie ont toutes été rejetées du débat démocratique alors que ce sont les médecins et soignants de soins palliatifs qui connaissent le mieux cette expérience ultime.

Une telle transgression va à l’encontre de la bientraitance des malades et des personnes fragilisées, de la paix dans les familles et dans l’ensemble de la société.

Nous invitons chacun à écrire à son député pour lui faire part de son opposition https://ensemblepourlavie.afc-france.org

Euthanasie : Mettre le pied dans la porte et étendre la loi chaque année

Stratégie expliquée par le Professeur Jean Louis Touraine à propos de l’euthanasie, et qui a bien fonctionné concernant l’avortement :

 

L’histoire des garde-fous a toujours été du bla-bla pour endormir l’adversaire.

Il y a un mois, j’étais « otage » du Hezbollah

Par Antoine Bordier, auteur de la trilogie Arthur, le petit prince

Cette mésaventure s’est déroulée à Tyr, dans un quartier défiguré par les frappes chirurgicales de Tsahal. Pris pour un espion, molesté, ma vie a été mise entre parenthèse par la milice du Hezbollah. Je me suis, après, plongé dans les années noires des Otages français du Liban, auxquels je veux rendre hommage ici. Ces noms étaient à la une (ou presque) : Christian Joubert, Marcel Fontaine et Marcel Carton, Gilles Sidney Peyroles, Michel Seurat et Jean-Paul Kauffmann, Aurel Cornéa, Georges Hansen, Jean-Louis Normandin et Philippe Rochot. Le dernier sera Roger Auque. Il y a 40 ans, entre 1984 et 1991, la vie de ces 11 otages français – sur une quarantaine au total – rythmait les actualités. Immersion en eaux troubles.

Nous sommes le week-end des 5 et 6 avril 2025. Pour la première fois, depuis le 7 octobre 2023, je me rends dans une région qui est totalement déconseillée par la diplomatie française. J’en suis conscient, je sais que je prends des risques, que j’espère limités. Limités, car les frappes d’Israël, qui ne respecte pas le cessez-le-feu du 27 novembre 2024, sont très ciblées. Ou presque. En outre, je ne suis pas seul, je suis accompagné d’un guide francophone qui connait bien la région comme sa poche, pour y vivre en partie.

A une semaine de la fête des Rameaux pour les chrétiens, qui représentent entre 30 et 33% de la population du Liban, ceux du sud que nous allons rencontrer sont en pleins préparatifs. Ils sont disséminés entre les gouvernorats du Liban-Sud et de Nabatieh. Les villes principales du Liban-Sud sont Jezzine, Saida, Sour et Tyr. Celles de Nabatieh se nomment Bent Jbeil, Hasbaiya, Marjaayoun et Nabatieh. La population globale y est estimée à 650 000 habitants (sur une population globale de 5,1 millions), dont plus ou moins 110 000 chrétiens.

Notre premier objectif est de nous rendre à Maghdouché, une petite ville sur les hauteurs, entre Saida (Sidon) et Tyr, située à 50 km au sud de Beyrouth. Phénicienne, avant de devenir chrétienne, elle est connue pour son sanctuaire marial juché sur une colline à 300 mètres d’altitude, et ses grottes, où auraient séjourné la Vierge Marie et ses amies, attendant Jésus qui évangélisait la région avec ses disciples.

A Tyr, dans l’ancienne capitale

Direction, plus au sud, vers Tyr. Les paysages regorgent de soleil et de paysages à couper le souffle. Mon guide, tel un conteur, transforme la petite voiture bleue à machine à remonter le temps : « Le Liban est un vieux pays. Ici, vous êtes dans le berceau de l’humanité, dans le lit des civilisations. Notre pays a 9 000 ans d’histoire. Il nous reste des textes, des traces, des vestiges qui nous expliquent qui nous sommes. Des experts, des scientifiques ont fait des prélèvements d’ADN sur des squelettes. Et, nos origines remontent à 7 000 ans avant Jésus-Christ. Nous sommes des Cananéens. Nous sommes, également des Phéniciens et des Tyriens. Là les périodes oscillent entre 2 500 et 500 avant Jésus-Christ. Le Royaume de Tyr s’étendait entre Sidon et le Mont Carmel… » Difficile de l’arrêter. Dans cette capitale phénicienne vivait 1 million de personnes !

Avant d’y arriver, des kilomètres de bananeraies s’étalent entre terre et mer. La presqu’île de Tyr apparaît au loin, lumineuse, presque majestueuse. Le guide se gare au niveau du vieux port de pêche. Nous sommes dans le quartier des grecs-melkites-catholiques, des maronites et des orthodoxes. Le lendemain, nous retrouverons l’évêque Mgr Georges Iskandar, et sa sœur, la juge Hélène Iskandar. Elle est très connue au Liban. Notamment, parce qu’à la veille de prendre sa retraite, en janvier dernier, en tant que Directrice du contentieux de l’État, elle a présenté, une plainte au TGI de Beyrouth contre l’ex-gouverneur (en prison) Riad Salamé, le titulaire du poste par intérim Wassim Manssouri, et une dizaine de membres de la Banque du Liban (BDL). Ainsi va le Liban, balloté entre de multiples crises.

Nous dormons à l’hôtel Al-Fanar, vidé de ses touristes à cause de la guerre.

Pris en « otage » ?

Le dimanche 6, nous repartons dans l’après-midi vers Beyrouth. Le guide décide de longer la corniche de la presqu’île, en plein quartier chiite. Dehors, l’ambiance est incroyable, presque festive. Les gens se promènent en famille le long de la mer. On se croirait, dans les années 80, à Nice, sur la promenade des Anglais. Cette ambiance dénote par rapport aux immeubles du front de mer, défigurés par les frappes des drones israéliens. Je prends quelques vidéos et photos de ceux qui ont des trous béants, indiquant la précision du tir à l’étage près. Puis, mon guide décide de faire demi-tour et d’entrer dans un quartier qui longe l’hippodrome et le site archéologique, « pour aller voir les dernières frappes ». Là, il s’arrête au pied d’un immeuble totalement détruit. Il n’y a plus qu’un monticule de gravats et de béton, de barres d’acier désarticulées. Je descends pour faire quelques photos, pas plus d’une minute. Je m’éloigne de 10 mètres, puis, je retourne vers la voiture. Le guide est resté à l’intérieur. Avant de remonter, je suis interpellé par un passant. Je me retourne vers un jeune homme de 25 ans, qui visiblement me suivait. Il m’a vu prendre des photos et me dit que c’est interdit. Il me tutoie et me parle en français. « Je suis franco-libanais. C’est interdit de prendre des photos et des vidéos ». Le chauffeur sort et discute en arabe avec lui. Puis, les deux restent silencieux. Le jeune tapote sur son portable et semble envoyer des messages. Je dis à mon guide que nous repartons. « Non, nous restons. C’est le Hezbollah. » Le jeune, qui était seul, me retient avec la collaboration du guide… Je blêmis. Et remonte dans la voiture, laissée ouverte.

La milice arrive…

10 mn plus tard, une demi-douzaine de miliciens arrivent. Je ressors de la voiture. Ils nous encerclent. C’est vraiment le Hezbollah. Mon guide me dit qu’une personne de la municipalité va venir. Il rajoute : « Ils sont armés. On ne peut pas partir. » C’est trop tard. Il fallait partir tout de suite et ne pas collaborer avec le jeune.

Le type de la municipalité, coiffé d’une casquette, finit par se pointer 15 longues minutes plus tard. Il s’adresse à moi. Je suis remonté dans la voiture, le guide est resté à l’extérieur. L’homme à la casquette me parle en anglais : « Give me your phone and your passeport ». Je lui réponds : « Who are you ?». Il ne me répond pas, devient agressif et essaye à plusieurs reprises de prendre mon téléphone et d’ouvrir la porte de la voiture, la fenêtre étant restée ouverte. La voiture n’est pas sécurisée. Un autre type louche, les cheveux en bataille, le visage marqué, bloque l’autre portière, prêt à intervenir et à faire le coup de main. Il ressemble à un assassin des séries noires.

 C’est l’engrenage

A force d’être molesté, le guide se mettant de leur côté me réclame, à son tour, de vive voix, mon passeport et mon téléphone. Je cède, paniqué, et finit par leur donner, voyant que l’engrenage de l’agression risque de déraper vraiment. Là, leur chef (l’homme à la casquette) supprime mes photos et vidéos et prend mon passeport en photographie. Il me demande sous la menace de m’éloigner, car je suis ressorti de la voiture. Une demi-heure plus tard arrive un policier de la municipalité. Il ne récupère pas tout de suite mon téléphone et mon passeport. Je vois l’homme à la casquette passer plusieurs coups de téléphone une cinquante de mètres plus loin. Il fait les 100 pas dans un terrain vague. Il appelle sans doute sa hiérarchie. Deux hommes du Hezbollah sont restés proches de la voiture. Je ressors et pars marcher un peu vers l’hippodrome. Ils essaient de me barrer la route. Je les évite et l’un d’eux ramasse un bâton par terre. Mon guide revient vers moi. Il me rassure en me disant que la situation va s’améliorer dans 2 minutes. Les minutes passent… interminables. Puis, il me dit : “1 minute”. Cela a duré, en tout, près de 3 heures. Au fil des heures, je blêmis de plus en plus.

Avant qu’ils me prennent mon téléphone, j’ai pu envoyer des messages de SOS à quelques personnes sur Tyr, et sur Beyrouth.

Finalement, le policier récupère mon passeport et mon téléphone. Puis, le guide me dit que nous allons à la sûreté générale de Tyr. Avant de repartir, le chef de la milice et ses sbires fouillent la voiture et nos bagages. En fouillant le bagage du guide, je comprends que celui-ci leur dit : “C’est le mien…”. Ils le fouillent quand même.

A la sûreté, les responsables s’excusent : « Nous nous excusons. Nous vous souhaitons un bon séjour. Vous êtes le bienvenu au Liban. » L’échange est rapide, en anglais. Je leur demande, retrouvant ma “liberté” : « Est-ce que j’avais le droit de prendre des photos et des vidéos ? » Ils me répondent : « Oui, vous pouvez prendre toutes les photos et vidéos que vous voulez ». Et, je leur dis : « Ce n’est pas à moi qu’il faut le dire, c’est à eux ! ».

Nous rentrons sur Beyrouth. Je suis “libre” ou presque. Plus tard, quelqu’un que j’avais rencontré la veille, à Tyr, me dira : « L’important c’est que tu es sauf ».

1984-1991 : les 11 otages français

Remontons le fil du temps… des otages du Liban.

Le 15 février 1984, Christian Joubert, qui travaille pour le compte de la société Bornhauser-Molinari est enlevé alors qu’il sort de l’ambassade de France. Il sera libéré le 15 avril, dans l’indifférence la plus totale. Il est l’un des grands oubliés de la République. Il avait témoigné : « Je portais un bandeau sur les yeux et on me réveillait le matin en manipulant un pistolet automatique tout près des oreilles : Clic clac ». Il est décédé en 2014, à la suite d’une longue maladie. Il est le premier otage français du Hezbollah, du Jihad islamique.

Le 22 mars 1985, c’est au tour de Marcel Carton et de Marcel Fontaine, deux diplomates, d’être enlevés par les « partisans de Dieu ». Ils seront libérés le 4 mai 1988.

Le lendemain, c’est Gilles Sidney Peyroles, directeur du centre culturel français de Tripoli, dans le nord du Liban, qui est kidnappé le 23 mars 1985. La liste des otages s’allonge… Il est libéré le 2 avril 1985.

Le 22 mai 1985, Jean-Paul Kauffmann, journaliste de la presse écrite, est en compagnie du chercheur Michel Seurat, lorsque les deux hommes sont enlevés. Michel Seurat, malade, meurt en captivité le 5 ou 6 mars 1986.

Deux jours après, le 8 mars, Aurel Cornéa, Georges Hansen, Jean-Louis Normandin et Philippe Rochot, 4 journalistes d’Antenne 2, sont, à leur tour, kidnappés. Georges Hansen et Philippe Rochot seront libérés le 20 juin 1986, les autres le 24 décembre 1986 et le 27 novembre 1987.

A partir du 29 mars 1986, telle une litanie, au journal télévisé de 20 heures est rappelé la liste des otages et leur durée de détention. Une détention sans fin…

Du 13 janvier au 27 novembre 1987, le dernier otage français s’appelle Roger Auque, un journaliste accusé de travailler pour la DGSE.

Jean-Paul Kauffmann, Marcel Carton et Marcel Fontaine sont libérés à Beyrouth le 4 mai 1988. Ils sont accueillis le lendemain à l’aéroport de Villacoublay par Jacques Chirac et Charles Pasqua. Un mystère demeure : leur libération a-t-elle été retardée dans le but de servir à des fins politiques ? A des fins politiques ? Oui, dans le cadre du second tour des élections présidentielles, qui voient s’opposer François Mitterrand à Jacques Chirac. Auraient-ils pu être libérés plus tôt ?

©International Pictures/MAXPPP ;
Files Photo of the French hostage Michel SEURAT
this photos taken in his home in Beirut before kidnapping in Beirut 1985.

M comme Michel Seurat

Cette personnalité est une belle figure de la sociologie et de la recherche académique. Michel est né à Bizerte, en Tunisie, le 14 août 1947. Trente ans plus tard, il s’installe définitivement à Beyrouth en 1974, où il enseigne l’histoire à l’Ecole supérieure des lettres de Beyrouth. En 1979, il épouse Marie Maamar Bachi, une romancière d’Alep. En 1981, il intègre le CNRS et continue ses travaux sur l’islam, le Moyen-Orient et la politique.

Il est, donc, enlevé le 22 mai 1985 à Beyrouth, en compagnie de Jean-Paul Kauffmann. Il tombe, hélas, malade en captivité. Sa lente agonie se terminera le 5 ou 6 mars 1986.

Relisons le témoignage de Jean-Paul Kauffmann : « [Pour moi] les premières semaines de détention furent affreuses. Michel, lui, était tout-à-fait… il prenait les choses avec une certaine philosophie. Il prenait des notes, il écrivait, etc. Il disait : ” Moi, tu sais, je suis prêt à attendre 3 ans pour revoir mes 2 filles “. Mais, je lui disais : ” 3 ans, mais, tu es fou. Tu te rends compte “. Et, finalement, c’est lui qui a disparu. La dernière fois, nous l’avons vu le 28 décembre 1985. Il n’arrivait plus à tenir debout… Il toussait effroyablement. C’était terrible… Il aurait pu mourir auprès des siens. Et, il est mort tout seul… »

Jean-Paul Kauffmann finit son témoignage en parlant des conditions de détention par cette phrase qui veut tout dire : « On était enchaîné. Mais, on s’y habitue, on ne revient pas des camps de la mort. »

Le Hezbollah et les chrétiens ?

Ce « parti d’Allah », que certains appellent « les fous de Dieu », est né en 1982, en réponse à l’invasion du Liban par Israël. Il est accusé, avec le Jihad islamique et d’autres factions comme l’Organisation de la justice révolutionnaire (OJR), d’être responsable de la prise d’otages des 11 Français et de nombreux autres. A son actif mortifère, il faudrait ajouter de nombreux attentats comme ceux du 23 octobre 1983, à Beyrouth, en pleine guerre du Liban (1975-1990), qui ont fait 305 victimes, dont les 58 militaires français.

Dans les rues de Beyrouth ouest et sud, et dans tout le sud du Liban, le drapeau du Hezbollah flotte, plus que jamais, aux 4 vents. Il ne passe pas inaperçu et symbolise plus que n’importe quel emblème son action, son idéologie et sa ligne politique : sur fond jaune, est inscrit « Hezbollah », en arabe. Le mot se déplie accompagné d’une kalachnikov surmontée d’un extrait du Coran écrit en rouge : فإن حزب الله هم الغالبون . Ce qui veut dire : « [Et quiconque prend pour alliés Allah, Son messager et les croyants, réussira] car c’est le parti d’Allah qui sera victorieux. ». En bas, on trouve en écriture rouge المقاومة الإسلامية في لبنان : « la résistance islamique au Liban ». Le globe terrestre, le rameau, le poing tenant une AK-47 sont directement liés aux Gardiens de la révolution islamique d’Iran.

Le Hezbollah a, donc, du sang, beaucoup de sang sur les mains. C’est pour cela qu’il est considéré par beaucoup de pays comme une organisation terroriste. Un petit bémol néanmoins, et cette petite nuance a son importance au Liban : lors du Printemps arabe en Syrie (à partir de 2011) Daech a essayé d’envahir à plusieurs reprises le nord du Liban ; et a attaqué des villages chrétiens. « Certains ont été défendus par la milice du Hezbollah », avouent des chrétiens de Tyr et de Beyrouth.

Le Hezbollah en France et en Europe

La France, de son côté, considère le Hezbollah comme un parti politique et sa branche armée, sa milice (à laquelle j’ai eue à faire), comme une organisation terroriste.

D’ailleurs, récemment, Emmanuel Macron, en janvier dernier, n’appelait-il pas ce parti chiite à « faciliter le consensus » politique au Liban pour l’élection du président libanais ? Depuis, le Liban, après deux ans de vacance et de crise institutionnelle, a élu Joseph Aoun à la tête du Pays du Cèdre.

Un « en même temps » opportun, qui dérange et qui ne plait pas à tout le monde. Il pose question.

D’autant plus qu’en France et en Europe, il n’en reste pas moins que les services de sécurité sont sur le qui-vive. Depuis un an, en Allemagne, en Angleterre, en Espagne et en France, des opérations clandestines menées par « un réseau de soutien logistique au Hezbollah » étaient dans le collimateur des cellules et des parquets anti-terroristes. Selon certaines sources, comme celle du Figaro, « ce réseau s’adonnait à l’achat de matériel pour la fabrication de drones… L’ensemble des éléments acquis auraient pu permettre la fabrication de plusieurs centaines, peut-être jusqu’à un millier, d’engins de mort. » Attention danger !

Le rôle de l’ambassade et du consulat de France

De mon côté, dans les jours qui suivirent « mon 6 avril », j’ai contacté l’ambassade et le consulat de France, pour savoir s’ils pouvaient m’aider d’une façon ou d’une autre. 12 jours plus tard, je rencontrais le Consul, Monsieur Eric Amblard, arrivé au Liban en septembre 2024. Depuis, nous continuons nos échanges.

A ce jour, je reste, néanmoins, déçu par leurs services. Certes, ils m’ont reçu pendant plus d’une heure (le consul était accompagné de 3 fonctionnaires). Ils m’ont écouté. Mais, ils m’ont surtout posé beaucoup de questions. Ils m’ont, également, donné quelques informations : il y aurait « 50 000 franco-libanais vivant dans le sud du Liban ». Ce qui voudrait dire que la moitié d’entre-eux, voire plus, sont plus ou moins proches du Hezbollah. Le jeune franco-libanais qui m’a agressé et qui à la fin de ma prise d’otage m’a menacé en disant : « Si on te revoit dans le quartier, on te casse la tête » est l’un d’eux.

Une autre information, passée sous les radars médiatiques : je ne serais pas le premier – toujours selon la diplomatie française – à avoir subi une telle mésaventure, qui aurait pu mal se terminer. « D’autres Français l’ont vécue ».

Au final, sur le sujet d’un dépôt de plainte éventuel contre X, ils peuvent m’accompagner sur Beyrouth mais pas sur Tyr. Le Consul avoue qu’il ne s’est pas encore rendu dans le sud du Liban. Déposer plainte à Tyr ? La plupart des avocats contactés me le déconseillent. En outre, tous s’accordent pour me dire que « la gendarmerie, la municipalité, la police et la sûreté générale sont aux mains du… Hezbollah » !

Un Etat dans l’Etat…

Austin TICE, le dernier otage

Si au Liban, il n’y a plus d’otage, en Syrie, c’est autre chose. Austin Tice est le dernier otage de la région. Arrêté le 13 août 2012, le photo-journaliste américain serait toujours en vie. Sa maman, Debra Tice, a tenu en janvier dernier une conférence de presse à Damas, organisée par l’ONG Hostage Aid Worldwide. Elle a dit que le nouveau pouvoir était « déterminé » à retrouver son fils.

« J’ai eu le privilège de rencontrer les nouveaux dirigeants de la Syrie », a-t-elle ajouté, en pleine conférence. « J’ai été ravie d’apprendre qu’ils (étaient) déterminés à ramener mon fils. »

Au moment où j’écris ces quelques lignes, le Liban, Beyrouth et sa banlieue, ainsi que le Liban-Sud et Tyr, sont de nouveau bombardés par Israël.

Alors qu’il n’y a plus d’otages au Liban, le Liban, par endroit, vit une guerre sans fin. Espérons la Paix. Vite la Paix pour Tous !

Antoine Bordier, auteur de la trilogie Arthur, le petit prince (d’Arménie, du Liban, d’Egypte).

Terres de Mission : Bilan d’un pontificat et défis à relever

Eglise universelle : In memoriam, le pape François

A l’occasion du décès du pape François le 21 avril, l’abbé Barthe revient sur les axes majeurs d’action de ce pontificat ainsi que sur les éléments de bilan qui peuvent être dressés. Il présente les principaux acteurs du conclave à venir ainsi que les défis que le nouveau souverain pontife aura à relever.

Eglise en France : IRVIN : former des jeunes à la vie active

Irvin, racine en breton, est un centre de formation à la vie active. Fondée il y a 15 ans par un ancien légionnaire, Patrice Valentin, aujourd’hui engagé dans le génie écologique, cette association aide des jeunes à se reconstruire au contact de la nature, dans l’exigence, la mixité sociale et l’anonymat. Jacques Bert nous présente cette œuvre au service de la jeunesse perdue de France.

Eglise en Marche : Pèlerinage de Saint-Malo au Mont-Saint-Michel

En partenariat avec la Communauté Saint-Martin, qui assure la présence spirituelle à l’abbaye du Mont-Saint-Michel, il est organisé un pèlerinage de 4 jours de Saint-Malo au Mont-Saint-Michel du 8 au 11 mai. Brieuc Clerc, président de l’association organisatrice, nous présente les raisons de cette démarche ainsi que les modalités pratiques d’inscription.

De mauvaise foi : En salle à partir du 7 mai, ce film est une comédie, drôle et pas méchante, qui nous plonge dans l’univers, surprenant pour le néophyte, des sessions de la communauté de l’Emmanuel à Paray-le-Monial.

Conversion à la chapelle des Franciscaines à Saint-Germain-en-Laye

Cyril Farret d’Astiès relaie le témoignage d’une conversion :

Depuis deux ans la messe traditionnelle est célébrée chaque dimanche et fête d’obligation à 11h30 à la chapelle des Franciscaines à Saint-Germain-en-Laye (excepté juillet et août) après un accord passé entre des fidèles et le diocèse.

Comme de plus en plus d’adultes en France depuis quelques temps, un fidèle a été baptisé cette année lors de la vigile pascale dans une autre église (la semaine sainte n’est pas assurée pour l’instant aux Franciscaines). Il livre son témoignage emblématique dans la lettre mensuelle de l’association Les Franciscaines (disponible sur demande à [email protected] ) :

Âgé de 25 ans et originaire de Toulouse, je suis né d’un père certes baptisé, mais non pratiquant, et d’une mère musulmane, qui m’a donné, par la grâce de Dieu, un frère jumeau, lui aussi musulman. Peu de choses me prédisposaient donc à demander le baptême. J’étais incroyant aussi loin que je m’en souvienne et j’ai toujours perçu les religions comme irrationnelles, dénuées de sens et pleines de contradictions.

Mon cheminement vers le baptême a commencé durant l’été précédant ma dernière année de Master en droit du travail. Cet été là, j’ai fait un constat : mes grands-parents et arrière-grands-parents étaient tous catholiques (du moins du côté paternel), et la société française elle-même était profondément marquée par le catholicisme. Pourquoi donc étais-je si éloigné de cette religion, comme étranger à elle ?

J’ai alors entamé des recherches sur la foi catholique. Je me suis aperçu qu’un esprit cartésien comme le mien ne pouvait qu’y adhérer, tant sa cohérence et sa vérité peuvent être démontrées. Je pense notamment à l’existence historique de Notre Seigneur Jésus-Christ, à la fiabilité de la Sainte Écriture d’un point de vue historique, à l’identité bien connue des auteurs des quatre Évangiles, aux nombreux miracles attestés, à la vie des saints, et à la mort en martyre des apôtres etc.

C’est notamment le livre Soyez rationnels, devenez catholiques de Matthieu Lavagna qui m’a conforté dans la conviction que la religion catholique est la seule et unique religion.

En mars 2024, je suis monté à Paris pour un stage de fin d’études. En avril de la même année, j’ai poussé pour la première fois les portes de la chapelle des Franciscaines à Saint-Germain-en-Laye. Je ne connaissais rien de cette chapelle, ni de ce que j’allais y trouver, sinon une chose : la messe tridentine, celle que mes ancêtres avaient connue, aimée, et à laquelle ils avaient participé durant des siècles. C’est précisément cette tradition qui m’attirait. Non pas par goût du passé ou par esthétique (même si la beauté de cette liturgie m’a profondément touché), mais parce qu’elle portait en elle un témoignage de continuité, de fidélité et d’universalité que je cherchais tant.

C’est dans ce cadre que j’ai eu la grâce d’assister à ma première messe. Cette rencontre avec Notre Seigneur, réellement présent dans la Sainte Eucharistie, a scellé mon désir de recevoir le baptême.

Si je devais dire une seule chose à quelqu’un qui ignore tout du Christ, je me contenterais de paraphraser le titre du livre qui m’a tant aidé : Soyez rationnels, devenez catholiques.

Un hymne à la vie par les Petites Sœurs des Maternités Catholiques

Les Petites Sœurs des Maternités Catholiques sont des religieuses qui œuvrent au service de la vie naissante et de la famille, dans le quotidien de leurs différents lieux de mission et en particulier dans leurs maternités.

Pour témoigner de la beauté et de la grandeur de chaque vie humaine, les Petites Sœurs des Maternités Catholiques viennent de réaliser un clip, avec le concours de l’agence Cifral. Son nom porte un message : « Un mystère si précieux ». Elles témoignent :

« La vie est un don si merveilleux de Dieu que nous avons donné nos vies pour elle, à travers notre consécration religieuse ».

« Dans un monde qui a du mal à croire à la beauté de la vie, de l’amour humain, de l’accueil d’un enfant, nous souhaitions :

  1. Inviter le monde à une espérance : la vie est précieuse
  2. Dire à chacun : tu as du prix aux yeux de Dieu et à nos yeux
  3. Offrir ainsi une raison d’espérer et de retrouver confiance en la famille et la vie.

Ce clip est aussi un hommage à tous ceux qui nous aident, dans nos établissements, à servir la vie et la famille au quotidien : soignants, administratifs, services techniques, bénévoles, administrateurs, bienfaiteurs… : toute une chaine humaine qui voudrait rappeler à notre société que prendre soin de la vie et de la famille est une mission pour tous… car chacun de nous un jour a été accueilli, soigné, aimé… parce que chacun est unique, à l’image et à la ressemblance de Dieu. Ce clip a pu être réalisé avec la participation des parents présents dans nos maternités : il est aussi un Merci à toutes les mamans et tous les papas qui donnent la vie. Nous leur redisons notre proximité dans leurs joies et aussi dans leurs larmes, car la vie est belle et fragile. C’est le désir de mettre nos vies au service de la vie qui est au commencement de notre appel. »

Pour les besoins du tournage, seules deux de leurs maternités sur trois ont été sollicitées, le rayonnement de leur mission dépasse le seul cadre de la maternité, tant en France qu’au Sénégal.

Le clip sortira le 31 mai 2025 sur YouTube, sur le site internet et la page Instagram de la congrégation.

“Seule une identité bien enracinée permet la souplesse, l’adaptation, la vie”

L’abbaye de Sept-Fons a élu son nouveau Père Abbé en août 2024. Dom Thomas Getti a été interrogé dans La Nef du mois de mai. Extrait :

[…] La crise actuelle de la vie religieuse en Occident est multiforme, à l’image des évolutions profondes de notre civilisation. Deux éléments me paraissent particulièrement décisifs : la question de l’identité et celle de la transmission. Toute vie humaine, y compris la vie monastique, est fragile et complexe. Elle suppose une conscience claire de ce que l’on est et de ce que l’on veut vivre. Aujourd’hui, on tend parfois à confondre identité et rigidité. En réalité, c’est l’inverse: seule une identité bien enracinée permet la souplesse, l’adaptation, la vie. À défaut, on risque de se crisper sur des détails et de perdre de vue l’essentiel. Cette identité suppose une transmission vivante: avoir quelque chose à transmettre, savoir le transmettre, et être capable de le recevoir. C’est un défi majeur à notre époque. Quant à l’exigence de notre Règle, elle ne rebute guère les candidats. Ceux-ci ont souvent déjà rencontré les exigences de la vie ordinaire, et seraient plutôt surpris de ne pas en trouver ici. L’important est que les exigences soient justes, et que leur finalité soit claire. Le seul « secret » est peut-être celui-ci: garder la conscience vive de la finalité poursuivie, et faire confiance à Dieu, qui appelle et donne ce qu’il faut pour répondre à son appel, quelles que soient nos pauvretés. […]

Vœu du cardinal Müller : «Que le nouveau Pape contrecarre le lobby gay»

En ce moment où le Conclave approche, il faut saluer l’appel du cardinal Gerhard Müller à freiner les avancées de ceux qui veulent faire accepter, au sein de l’Église, des pratiques qui sont en réalité des actes peccamineux. Et cela doit être aussi la tâche du nouveau Pape, comme il le souhaite. Il l’a fait lors d’une interview qui a été publiée lundi 28 avril 2025 par le journal italien La Stampa.

Le cardinal Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, souhaite que le nouveau Pape ait une foi forte, qu’il ait de l’autorité, qu’il soit ferme, respectueux. Il souhaite aussi que le Pape soit fort en matière de doctrine, indépendant face aux pressions, «déterminé à contrecarrer les lobbies idéologiques, y compris celle gay».

Il est important de rappeler tout cela au moment où il y a, effectivement, au sein de l’Église, une pression plus grande pour faire accepter certaines pratiques. Et il faut déplorer justement que ces dernières années il n’y ait pas eu de lutte claire contre ces pratiques. Ces dernières années on a vu beaucoup d’agents pastoraux, de prêtres, d’évêques et même de cardinaux suivre les injonctions du «lobby gay» mentionné par le cardinal Müller. Cette situation a créé énormément de confusion au sein du catholicisme.

Comme l’explique le cardinal Müller, il ne s’agit pas d’une lutte entre des «conservateurs» et des «progressistes». Il s’agit de protéger et de transmettre la saine doctrine reçue des Apôtres, le Magistère authentique, etc. Il s’agit aussi notamment de suivre les enseignements de la Bible en matière de morale sexuelle. Et d’ailleurs on observe une continuité de l’enseignement sur l’homosexualité entre l’Ancien et le Nouveau Testament.

Continuons à prier pour l’Église et pour que nous puissions avoir un Pape fort en matière de doctrine, comme le souhaite le cardinal Müller.

Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.

René Laurentin, Lumen gentium et le « minimalisme marial »

Voici un texte de Karen Darantière, organisatrice du colloque sur la co-rédemption de la sainte Vierge, organisé fin mai à Paris, avec la participation de Mgr Schneider :

Une question de vérité doctrinale et non de diplomatie œcuménique

Dans son livre polémique, La question mariale, publié en plein Concile, en 1963, dans le but de combattre le mouvement marial qui espérait la proclamation du dogme de la Médiation de toutes grâces, René Laurentin affirme explicitement que « la question mariale » est une question fondamentale de vérité doctrinale et non de simple conciliation œcuménique. Il dit explicitement qu’il ne s’agit pas d’une simple minimisation du mystère marial uniquement dans le but de concilier la bienveillance des protestants, tout en maintenant au fond la vraie doctrine, mais que c’est au contraire un problème de fond, interne au catholicisme, c’est-à-dire un problème doctrinal à résoudre à l’intérieur de l’Église avant toute tentative de réconciliation avec ceux que l’on désigne sous le nom de « frères séparés ». C’est René Laurentin lui-même, qui est en grande partie responsable de la minoration de la doctrine mariale dans Lumen gentium, qui affirme qu’il ne s’agit pas de simple diplomatie œcuménique, mais de doctrine catholique ; et il exprime le regret que beaucoup de gens pensent à tort le contraire. Ainsi, il écrit à propos de ce qu’il appelle une « fausse optique » à ce sujet :

Selon une opinion aujourd’hui répandue, « le problème marial », c’est essentiellement un problème œcuménique. Faut-il en rabattre pour favoriser la réconciliation avec les protestants ? Toute autre est la question critique qui s’est imposée progressivement à mon attention : une question essentiellement intérieure au catholicisme. Résoudre cette question, c’est un préalable nécessaire à toute démarche œcuménique lucide en matière mariale. [1]

Alors, quelles sont, selon Laurentin, les points de doctrine mariale qui posent problème ? Les points litigieux sont ceux de la médiation et de la corédemption de Notre Dame.

Lumen gentium et la notion de « médiation » 

Laurentin a grandement contribué à ce que la doctrine de la médiation universelle des grâces soit diminuée, autant que possible, dans Lumen gentium, et le passage suivant est attribué spécialement à son intervention efficace :

La bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Église sous les titres d’avocate, auxiliatrice, secourable, médiatrice, tout cela cependant entendu de telle sorte que nulle dérogation, nulle addition n’en résulte quant à la dignité et à l’efficacité de l’unique Médiateur, le Christ. (Lumen gentium n° 62)

En quoi est-ce que ce passage minimise la médiation universelle des grâces? Cette doctrine traditionnelle est affaiblie parce que dans ce passage, Lumen gentium :

  • noie le titre de « médiatrice » parmi d’autres, l’attribuant à Marie comme un titre honorifique parmi d’autres, sans qu’aucune signification lui soit attribuée, permettant des interprétations aussi bien « minimalistes » (hétérodoxes) que « maximalistes » (traditionnelles) ;
  • omet la notion d’universalité, en désignant Marie comme « médiatrice » tout court, sans ajouter « de toutes grâces » ;
  • affirme que, dans un sens affaibli, Marie est ainsi invoquée, non pas par l’Église, mais seulement dans l’Église ;
  • rejette la demande d’un grand nombre de Pères conciliaires de modifier ce passage, en remplaçant « in Ecclesia » par « ab Ecclesia »[2] ;
  • est interprétée par Jean-Paul II lui-même comme étant ouverte à des interprétations « maximalistes » ou « minimalistes » : « Le chapitre 8 de Lumen gentium rappelle [le titre] de « médiatrice ». Toutefois on prit soin de ne l’attacher à aucune théologie particulière de la médiation, mais de l’ajouter uniquement aux autres titres reconnus à Marie[3]» ;
  • n’indique pas la signification de la médiation, mais seulement ses limites, c’est-à-dire qu’en omettant sa substance, et en n’en inspirant que la peur de dépasser la limite, ce passage laisse dans l’esprit un vide de sens quant à l’essence de cette médiation. C’est comme si l’on marquait les frontières d’un pays, au-delà desquelles il ne faut pas s’aventurer, sans évoquer les merveilleux paysages qui se trouvent à l’intérieur même du pays. 

Lumen gentium et la notion de « corédemption » 

Le terme « corédemption » étant absent, comme on le sait, de Lumen gentium, peut-on néanmoins dire que la doctrine y est malgré l’absence du mot ? Le terme qu’emploie Lumen gentium est celui de la coopération de Notre Dame à la Rédemption, mais encore une fois, de manière à lui insuffler un sens affaibli. Il convient de considérer brièvement cette doctrine traditionnelle avant d’évoquer la minimisation opérée par Lumen gentium.

Un développement doctrinal organique de Grignion de Montfort à Pie X

Depuis les premiers siècles de l’Église, la doctrine de la coopération de Marie à l’œuvre salvifique du Christ a connu un développement organique et homogène, atteignant un sommet spirituel admirable chez saint Louis-Marie Grignion de Montfort, qui appelle la Sainte Mère de Dieu « la réparatrice du genre humain », ce qui est l’équivalent de Corédemptrice :

Telle est la volonté du Très-Haut, qui exalte les humbles, que le Ciel, la terre et les enfers plient, bon gré mal gré, aux commandements de l’humble Marie, qu’il a faite la souveraine du ciel et de la terre, la générale de ses armées, la trésorière de ses trésors, la dispensatrice de ses grâces, l’ouvrière de ses grandes merveilles, la réparatrice du genre humain, la médiatrice des hommes, l’exterminatrice des ennemis de Dieu et la fidèle compagne de ses grandeurs et de ses triomphes. (Traité de la Vraie Dévotion, n°29) 

Saint Louis-Marie parle du mystère de la coopération de la Vierge Marie à l’œuvre de la Rédemption qui, selon la divine volonté, est active et efficace, et qui se manifeste par sa participation aux mêmes actes rédempteurs accomplis par son divin Fils. Il évoque la médiation de la Vierge Marie tant dans l’acquisition des grâces, comme « réparatrice », que dans leur distribution, comme « dispensatrice ».

Saint Pie X, reprenant la doctrine montfortaine et lui accordant une valeur magistérielle, la développe et l’explicite dans l’Encyclique Ad diem illum :

Quand vint pour Jésus l’heure suprême, on vit la Vierge debout auprès de la croix, … participant tellement à ses douleurs que de prendre sur elle les tourments qu’il endurait lui eût paru, si la chose eût été possible, infiniment préférable. La conséquence de cette communauté de sentiments et de souffrances entre Marie et Jésus, c’est que Marie mérita très légitimement de devenir la réparatrice de l’humanité déchue, et, partant, la dispensatrice de tous les trésors que Jésus nous a acquis par sa mort et par son sang … Du fait que Marie l’emporte sur tous en sainteté et en union avec Jésus-Christ et qu’elle a été associée par Jésus-Christ à l’œuvre de la Rédemption, elle nous mérite de congruo (de convenance), comme disent les théologiens, ce que le Christ Jésus nous a mérité de condigno (de plein droit), et elle est le ministre suprême de la dispensation des grâces.

La clarté thomiste du Père Réginald Garrigou-Lagrange

L’éminent théologien thomiste que fut le Père Réginald Garrigou-Lagrange, o.p., explique clairement cette doctrine enseignée par saint Pie X dans son ouvrage La Mère du Sauveur, et de notre vie intérieure, où il affirme d’abord que Marie participe à l’acquisition des grâces du salut :

Ce n’est pas seulement au ciel que la Sainte Vierge exerce ses fonctions de médiatrice des grâces, elle les a déjà exercées sur la terre, selon l’expression reçue, « pour l’acquisition de ces grâces », en coopérant à notre rédemption, par le mérite et la satisfaction.[4]

Ensuite, il indique comment elle participa à l’acquisition des grâces salvifiques, en expliquant la notion de mérite telle que l’emploie saint Pie X :

Au-dessous des mérites infinis du Christ, qui seul peut en stricte justice nous mériter le salut … il y a le mérite de convenance de congruo proprie, fondé sur les droits de l’amitié, et qui est encore un mérite proprement dit, qui suppose l’état de grâce et la charité. (Ibid., p. 210)

Il précise que cette distinction théologique entre le mérite de convenance de la Vierge et celui de stricte justice du Christ est de source vénérable : « à partir surtout du XVIème siècle, les théologiens enseignent communément de façon explicite que ce que le Christ nous a mérité de condigno, la Sainte Vierge nous l’a mérité d’un mérite de convenance, de congruo proprie. » (Ibid., p. 211) Puis, il précise que son mérite s’applique à l’acquisition et à la dispensation de toutes les grâces sans exception :

La Sainte Vierge a pu ainsi nous mériter non seulement quelques grâces, mais toutes et chacune, et … elle ne nous en a pas seulement mérité l’application mais l’acquisition, car elle a été unie au Christ rédempteur dans l’acte même de la rédemption ici-bas, avant d’intercéder pour nous au ciel. (Ibid., p. 212)

Ensuite, il explique plus précisément pourquoi Notre-Dame mérite, de convenance, toutes les grâces. Il formule la question : « Quelle est l’extension de ce mérite de convenance de Marie pour nous ? », à laquelle il répond :

Comme elle a été associée à toute l’œuvre rédemptrice du Christ et comme … tout ce que le Christ nous a mérité de condigno, Marie nous l’a mérité de congruo, comme enfin Pie X, sanctionnant cette doctrine, n’y met pas de restriction, il suffit de se rappeler ce que Jésus nous a mérité. Or Jésus nous a mérité en justice toutes les grâces suffisantes nécessaires pour que tous les hommes puissent réellement observer les préceptes, … toutes les grâces efficaces suivies … de l’accomplissement effectif de la volonté divine, et enfin Jésus a mérité aux élus tous les effets de leur prédestination : la vocation chrétienne, la justification, la persévérance finale et la glorification ou la vie éternelle. Il suit de là que Marie nous a mérité d’un mérite de convenance toutes ces grâces, et qu’au ciel elle en demande l’application et les distribue. (Ibid., p. 213-214)

Et enfin, il explique que sur ce mérite de convenance se fonde la satisfaction de convenance par laquelle, en subordination au mérite de stricte justice et à la satisfaction infinie du Christ, la Sainte Vierge participa à la réparation et à l’expiation des péchés du genre humain. Ainsi, à la question : « Comment a-t-elle satisfait pour nous ? », il répond :

L’œuvre méritoire devient satisfactoire ou réparatrice et expiatrice, lorsqu’elle a quelque chose d’afflictif ou de pénible, et Jésus, en offrant sa vie au milieu des plus grandes souffrances physiques et morales, a offert dès lors à son Père une satisfaction d’une valeur infinie et surabondante. Lui seul pouvait ainsi satisfaire pleinement en stricte justice, car la valeur de la satisfaction comme celle du mérite provient de l’excellence de la personne qui, en Jésus, a une dignité infinie. Mais à la satisfaction parfaite du Sauveur a pu s’ajouter une satisfaction de convenance, comme à son mérite s’est ajouté un mérite de convenance. (Ibid., p. 217)

Après avoir expliqué le sens du passage d’Ad diem illum de saint Pie X concernant la valeur méritoire et satisfactoire de la coopération de Notre-Dame à l’œuvre salvifique de son Fils, Garrigou-Lagrange cite la Lettre apostolique Inter Sodalicia, de Benoît XV, qui dit :

Elle souffrit en effet et mourut presque avec son Fils souffrant et mourant, elle abdiqua ses droits maternels pour le salut des hommes, et autant qu’il lui appartenait, immola son Fils pour apaiser la justice de Dieu, si bien qu’on peut justement dire qu’elle a, avec le Christ, racheté le genre humain.

Dire qu’«autant qu’il lui appartenait, [elle] immola son Fils pour apaiser la justice de Dieu », c’est dire qu’elle a participé à l’immolation de la victime, d’abord en rendant le sacrifice possible par son Fiat, en fournissant le corps et le sang au Christ ; puis en préparant la victime, en la gardant et en la nourrissant ; et enfin, surtout, en l’offrant en sacrifice au Père sur le Calvaire, de sorte que l’on peut dire que sa coopération est de la nature d’un sacrifice. Et dire qu’« elle a racheté, avec le Christ, le genre humain », comme le dit Garrigou-Lagrange, « c’est l’équivalent du titre de corédemptrice. » (Ibid., p. 219) Ainsi, la coopération de la Sainte Vierge à l’œuvre salvifique de son divin Fils est de nature méritoire, satisfactoire, sacrificatoire, et corédemptrice.

Une régression doctrinale nette et volontaire dans Lumen gentium

On voit bien un développement doctrinal homogène et organique depuis saint Louis-Marie Grignion de Montfort jusqu’aux papes saint Pie X et Benoît XV. Or, contrairement à ce qu’enseignent ces papes, que Garrigou-Lagrange explique avec clarté, toute notion de mérite, de satisfaction, de sacrifice ou de rachat, en un mot, toute notion de corédemption de la part de Notre-Dame est entièrement absente de Lumen gentium qui, à la place, ne parle que d’une simple « coopération » qui, même si on la dit « singulière », est bien affaiblie, puisque sans notion de mérite effectif, ni de satisfaction, ni de rachat. Ainsi, Lumen gentium dit : « elle a coopéré à l’œuvre du Sauveur selon un mode tout à fait particulier par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. » (n° 61) Autrement dit, selon ce passage, sa coopération se limite à un assentiment intérieur à l’œuvre de son Fils par les vertus cachées de foi, obéissance et espérance, sans qu’il y ait un seul mot pour désigner une quelconque efficacité propre à la Sainte Vierge qui serait le fruit de cette coopération. De même, Lumen gentium dit ailleurs que : « la bienheureuse Vierge avança dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l’union avec son Fils jusqu’à la croix où, … associée d’un cœur maternel à son sacrifice, [et] donnant à l’immolation de la victime, née de sa chair, le consentement de son amour. » (n° 58)  Ce passage parle d’un simple consentement à l’immolation, c’est-à-dire d’un assentiment intérieur par les vertus théologales, alors que Benoît XV dit qu’elle « immola son Fils pour apaiser la justice de Dieu », coopérant au sacrifice du Christ comme seule la Mère de Dieu pouvait le faire. Par conséquent, si l’on compare ces deux passages de Lumen gentium aux enseignements précédents de saint Pie X ou de Benoît XV, il est clair comme le jour qu’il s’agit non d’un développement, mais d’une régression doctrinale nette, et d’une régression non accidentelle, mais volontaire.

Les stratégies de René Laurentin pour masquer la régression doctrinale

         La stratégie du juste milieu 

René Laurentin, devenu adversaire de la corédemption et de la médiation, a joué un rôle significatif en manœuvrant avec succès afin de minimiser la doctrine mariale dans Lumen gentium. Comment a-t-il réussi dans ses efforts de minoration de la doctrine mariale ? Par le recours à ce que l’on pourrait appeler « la stratégie du juste milieu », qu’il emploie habilement dans La question mariale, ce pamphlet virulent, publié en plein Concile, contre la doctrine traditionnelle de la médiation et de la corédemption.

Cette stratégie consiste à s’entourer de deux extrêmes pour apparaître au juste milieu entre les deux, alors qu’en réalité au moins l’un des deux extrêmes est un postiche, une sorte de fausse fenêtre placée artificiellement, comme le font les architectes pour donner de l’équilibre et de la symétrie à une façade. Le postiche, dans ce cas, c’est la doctrine dite « maximaliste » que Laurentin veut combattre, qui, en réalité, n’a rien d’extrême, puisqu’elle est simplement une doctrine catholique traditionnelle telle que l’enseignent saint Louis-Marie Grignion de Montfort et saint Pie X. En revanche, la doctrine dite « minimaliste », celle à laquelle Laurentin adhère, qui est en réalité hétérodoxe (tendant vers le protestantisme, voire vers le modernisme), est la seule qui soit véritablement extrême.

Comment Laurentin applique-t-il donc cette stratégie dans La question mariale ? Et tout d’abord, comment arrive-t-il à présenter ceux qui adhèrent à la doctrine traditionnelle, qualifiée de « maximaliste », sous un mauvais jour, comme extrémistes ? Il le fait non en critiquant leur doctrine, à laquelle il ne touche que très superficiellement, mais en examinant le mouvement marial comme phénomène, et en brossant un portrait psychologique de ceux qui y adhèrent. Et en réalité, ce n’est pas un portrait, mais plutôt une caricature qu’il esquisse.

Il présente le mouvement marial comme un phénomène novateur, susceptible d’« exagérations », de « déviations » (p. 24), d’une « intensité fiévreuse », voire « pathologique » (p. 37), non comme un développement organique de la doctrine mariale. Au contraire, il présente les « minimalistes » sous un beau jour, comme étant « soucieu[x] de rigueur, de distinctions précises, d’objectivité » (p. 69), comme cultivant « une attitude spéculative, sans autre souci que la perception de la vérité révélée » (p. 76). Il est regrettable qu’il n’en donne pas l’exemple dans cet ouvrage qui, plutôt qu’une œuvre sérieuse de théologie, est une sorte de pamphlet acerbe qui semble n’avoir pour but que de ridiculiser l’adversaire. En effet, les « maximalistes » seraient coupables d’«affectivité subjective » (p. 75) et d’« extrapolations superfétatoires ou falsifiantes » (p. 76). Il dénigre ceux qui adhèrent à la doctrine « maximaliste » comme étant susceptibles « d’abus de la dévotion mariale » qui « relèvent de l’assouvissement affectif d’une tendance infantile » (p. 90). Or, tout en les accablant d’épithètes désobligeantes, il ne justifie en rien son abondant flot de propos péjoratifs : il n’apporte aucune pièce à conviction. C’est comme s’il n’avait aucune connaissance de l’ouvrage de Garrigou-Lagrange.

Au milieu de tous ces propos, dont le but est de brosser un portrait défavorable de l’adversaire et de présenter sa propre position sous un jour favorable, Laurentin révèle tout à coup « la différence la plus profonde » entre les deux positions, et qui, en fait, est d’ordre doctrinal : selon lui, insister sur « la suprématie de Marie à l’égard des créatures, et sa vertigineuse participation à la divinité de son Fils », en indiquant l’analogie entre les mystères de Marie et ceux de son Fils, ce serait porter atteinte à « la transcendance du Christ, [à] la primauté incommensurable de sa divinité, qu’il faut éviter de noyer ou de minimiser » (p. 78). Autrement dit, l’objection doctrinale qui se cache au milieu d’une avalanche de propos désobligeants, c’est tout simplement la même que tant de saints ont rejetée avec véhémence, comme saint Alphonse de Liguori qui, citant lui-même un autre docteur de l’Église, dit : « Non, non, s’écrie saint Bernard, qu’on ne s’imagine pas obscurcir la gloire du Fils en louant beaucoup la Mère, car “plus on honore la Mère, plus on loue le Fils”. » [5]

Alors que, manifestement, Laurentin se tient résolument du côté des « minimalistes » du point de vue doctrinal, quel est, au juste, le juste milieu, la « via aurea », qu’il propose d’adopter ? Tout en se présentant sous le jour favorable de l’homme pondéré, évitant les extrêmes, situé au juste milieu, il ne se distingue en réalité des « minimalistes » qu’en se montrant favorable à la dévotion mariale, mais tout en restant hostile à la doctrine mariale qui sous-tend cette dévotion. Il s’agit donc de maintenir la doctrine « minimaliste » tout en accueillant la dévotion mariale, évitant d’être comme « certains esprits [qui] se croient obligés de bouder Lourdes. » (p. 126). Par la suite, et « jusqu’à la fin, devenu aussi maximaliste en apparitions mariales qu’il était minimaliste en doctrine mariale, il rejeta la corédemption et la médiation des grâces. »[6] En effet, Laurentin a maintenu ce « minimalisme » doctrinal dans les décennies qui ont suivi le Concile et jusqu’à la fin de sa vie.  En 1994, il écrit ceci : « Le Concile à délibérément évité cette formule. Il a craint, à juste titre, d’obscurcir le fait que le Christ est le « seul Médiateur » (1 Tm, 2, 5), le seul Rédempteur. »[7] Puis, en 2009, il réitère son hostilité à l’égard de l’idée d’attribuer le titre de Corédemptrice à la Sainte Vierge et affirme que ce titre « conviendrait d’abord et en rigueur de termes à l’Esprit Saint ».[8]

Bref, en se présentant comme au juste milieu, Laurentin ne rectifie nullement sa doctrine « minimaliste », même s’il présente sa position comme distincte de celle-ci, puisqu’au fond sa doctrine ne change pas. La seule chose qui change, c’est qu’il se montre bienveillant envers les pratiques de dévotion mariale, et spécialement envers toutes les apparitions mariales (vraies ou douteuses), tout en restant hostile à la doctrine qui fonde ces dévotions. Autrement dit, sa doctrine « minimaliste » est voilée derrière une façade de dévotions, ce qui permet de mieux propager cette doctrine nocive, en l’enveloppant dans des pratiques de piété. Sa tactique consiste, en somme, à paraître modéré en se montrant favorable à la dévotion mariale, pour pouvoir accuser les catholiques d’extrémisme en raison de leur adhésion à la vraie doctrine mariale.

La stratégie du « flatus vocis »

En plus de la stratégie du juste milieu, qu’il emploie tout au long de ce livre, Laurentin suggère implicitement, dans un bref passage de ce même livre, une autre stratégie possible dans le combat à mener contre la doctrine de la corédemption : celle consistant non à rejeter, mais au contraire à adopter le titre de « corédemptrice », mais en le réduisant presqu’à un pur flatus vocis. En effet, il semble suggérer que l’on pourrait éviter d’écarter le titre de « Corédemptrice », pourvu que l’on écarte la doctrine traditionnelle qui sous-tend ce titre. Autrement dit, il semble prêt à concéder le titre si l’on accepte d’abandonner la doctrine qui le justifie, c’est-à-dire toute notion de mérite de convenance, comme l’enseigne saint Pie X, ou de rachat comme l’enseigne Benoît XV, et si l’on se contente d’une simple « coopération », même « singulière ». Ainsi ce titre serait réduit presqu’à un pur nominalisme, quasiment à une sorte de flatus vocis, ce dont Laurentin se défend, mais auquel ses propos n’échappent guère. Ainsi il critique, en les accusant de céder à une « tentation rationaliste », ceux qui diraient ceci : « Marie est corédemptrice, cela ne serait pas vrai si elle n’a pas opéré efficacement la Rédemption de par son activité propre. Qui ne reconnaît pas cela nie en fait la corédemption. » (Ibid., p. 124) Or, réduire la corédemption à une simple coopération, qui se limiterait à un simple assentiment intérieur, sans notion d’efficacité propre qui serait le fruit de cette coopération, c’est bel et bien réduire ce titre à une parole au sens très affaibli.

Malheureusement, il faut avouer que toute tentative de défendre la corédemption en s’appuyant sur l’œuvre de René Laurentin, ou sur Lumen gentium, en y appliquant une sorte d’herméneutique de réforme dans la continuité, en réalité risque fort d’aboutir à ce que Laurentin semble suggérer implicitement, c’est-à-dire à se contenter de la notion de « coopération singulière » en abandonnant toute mention explicite de mérite, de satisfaction, de sacrifice, et de rachat, instrumentalement subordonnés à ceux du Christ, qui sont le fruit de cette coopération et qui seuls donnent un sens plein et véritable à ce titre de corédemptrice.

Laurentin lui-même affirme une « coopération » de la part de Marie, qui, selon lui, est tout à fait « singulière », mais tout en niant la doctrine de la corédemption telle que l’entend saint Pie X et ceux qu’il nomme « maximalistes ». Pour Laurentin, la « singularité » de la Sainte Vierge se mesure non selon sa ressemblance avec le Christ dans ses mystères, mais selon sa ressemblance avec les autres membres de l’Église, dont elle n’est qu’un membre éminent :

Ainsi la « singularité », « l’éminence » qui caractérisent la Vierge se dégagent sur la base de sa ressemblance fondamentale avec les autres hommes, avec les autres rachetés.  Et il n’est pas sans intérêt de détailler ce principe-là, en disant, par exemple : La Vierge Marie réalise les traits spécifiques de la nature humaine comme toute autre créature humaine, identiquement.  Elle réalise les traits spécifiques de la féminité, comme toute autre femme. Si sa grâce atteint à une plénitude hors pair, elle est de même espèce que la grâce des autres rachetés : elle est pareillement une participation à l’être et à la vie même de Dieu ; elle s’exerce par les mêmes vertus théologales. Et tout cela procède en Marie comme dans les autres, d’un don gratuit de Dieu. (Ibid., p. 122)

Femme éminente, mais simple femme tout de même. Laurentin ne nie pas « une certaine coopération de la Vierge à l’œuvre de la Rédemption », mais il précise qu’« on n’en peut rien tirer de précis » (Ibid., p. 119), ni répondre de manière affirmative à la question de savoir si elle a coopéré à l’acquisition des grâces du salut ainsi qu’à leur dispensation. Autrement dit, selon Laurentin, on ne peut affirmer que Marie est Corédemptrice et Médiatrice de toutes grâces.

Restons auprès de la Corédemptrice au Calvaire

Quelle conclusion en tirer sinon que s’appuyer sur la mariologie de René Laurentin pour défendre la corédemption, c’est comme s’appuyer sur Montesquieu pour défendre la monarchie de droit divin ou sur Voltaire pour défendre la Sainte Église ? De même, s’appuyer sur Lumen gentium pour défendre cette doctrine implique, nécessairement, d’ignorer volontairement les omissions ou les minimisations intentionnelles, tout en interprétant le texte appauvri qui en résulte de manière à lui faire dire implicitement ce qu’il omet volontairement de dire explicitement. Ce genre d’herméneutique de la continuité est, comme tout esprit honnête doit l’avouer, tout à fait insatisfaisante. C’est comme poser une belle statue de la Sainte Vierge sur des sables mouvants.

Si la question mariale, si essentielle, pouvait être résolue si facilement, alors le problème ne serait pas si grave après tout. Il est à craindre qu’au fond, cette position, ostensiblement conciliatrice, provient d’une attitude spirituelle, quoique inconsciente, un peu apparentée à celle des apôtres qui ont fui le Calvaire, plutôt que de rester au pied de la Croix avec Notre-Dame, comme le Disciple bien-aimé.  Ne faut-il pas à cette heure, qui est l’heure de la Corédemptrice au pied de la Croix, lors de la Passion de la Sainte Mère l’Église, qu’en reconnaissant en vérité toute la gravité de l’état des choses, nous restions fermement et fidèlement à ses côtés, et que nous acceptions de participer à la Compassion crucifiante qu’elle a endurée par amour pour nous et pour notre salut éternel ?

[1] René Laurentin, La question mariale, Éditions du Seuil, 1963, p. 13-14.

[2] Acta synodalia, vol. III, pars VIII, p. 163.

[3] Jean-Paul II, 2 octobre 1997 ; ORLF 2489 (7 octobre 1997), p. 8.

[4] Réginald Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur, et de notre vie intérieure, Éditions Saint-Rémi, reproduction de l’édition de 1948 (éditions du Cerf), p. 206.

[5] Paraphrase du Salve Regina, chapitre 5.

[6] Défense de la doctrine de la Corédemption de la Sainte Vierge, de l’abbé Claude Barthe, publié le 5 avril 2025 dans Res Novae : https://www.resnovae.fr/defense-doctrine-coredemption/

[7] Marie clé du mystère chrétien, Fayard, Paris 1994, p. 24.

[8] Court traité sur la Vierge Marie: La crise de l’après concile et l’avenir de Marie dans l’Église, sixième édition mise à jour et augmentée, François-Xavier de Guibert Editeur, Paris 2009, p. 145.

Deuxième dimanche après Pâques : Dimanche du Bon Pasteur

Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir.
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Les sept semaines du temps pascal, jusqu’à la Pentecôte inclusivement, sont consacrées à la joie et à l’action de grâces pour le grand bienfait de la Rédemption, joie qui se traduit principalement dans la liturgie par le mot Alléluia revenant sans cesse dans tous les chants. Cependant en ce deuxième dimanche après Pâques l’expression de cette joie se fait moins extérieure et plus contemplative. Ce dimanche est appelé  » Dimanche du Bon Pasteur  » en raison de l’Évangile qui est lu en ce jour, et nous allons trouver deux fois dans les chants de cette messe la phrase centrale de cet Évangile  » je suis le bon pasteur, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent « .

La dévotion à Jésus Rédempteur sous les traits du Bon Pasteur pénétra de bonne heure dans le cœur des premiers fidèles. Abercius, dans son inscription funéraire, parle du Bon Pasteur qui, de ses yeux toujours vigilants, regarde son troupeau.

L’architecture de la messe est d’une belle unité comme vous allez le constater…

Introït : Misericordia Domini

Le texte réunit deux versets du psaume 32 Exsultate justi. Ce psaume est un chant de louange et d’action de grâces à Dieu pour sa toute puissance et sa bonté, dont il énumère toutes les manifestations dans l’univers. Le premier verset se rapporte à la terre, c’est-à-dire toute la création visible, qui chante la magnificence et l’amour infini du Créateur ; le deuxième se rapporte au ciel, c’est-à-dire tout l’univers invisible qui nous entoure, œuvre également de la parole créatrice.

Misericordia Domini plena est terra ; verbo Dei cæli firmati sunt.
La terre est pleine de la miséricorde du Seigneur, et les cieux ont été créés par la parole de Dieu.

La mélodie donne à ce chant d’action de grâces un caractère de joie douce et intime. Le point culminant de cette œuvre d’amour divin est la Rédemption dans laquelle le Bon Pasteur a donné sa vie pour nous, nous accordant la grâce de le connaître et de l’aimer à notre tour, et c’est principalement pour cette grâce que nous exprimons ici notre reconnaissance. Bien entendu cet Introït est accompagné du premier verset du psaume 32 suivi du Gloria Patri.

Exsultate justi in Domino, rectos decet collaudatio.
Justes, exultez pour le Seigneur car la louange convient aux cœurs droits.

Alléluia : Cognoverunt

Comme pour tous les dimanches du Temps pascal, il n’y a pas aujourd’hui de Graduel, mais deux Alléluias, et comme c’est souvent le cas à cette époque de l’année, les versets de ces deux Alléluias sont tirés de l’Évangile. Celui du premier Alléluia est pris dans l’Évangile des pèlerins d’Emmaüs, à la fin du passage qui a été lu à la messe du lundi de Pâques, lorsque les deux disciples, revenus à Jérusalem, racontent aux apôtres leur rencontre :

Cognoverunt discipuli Dominum Jesum in fractione panis.
Les disciples ont reconnu le Seigneur Jésus à la fraction du pain.

En quoi a consisté exactement cette fraction du pain ? Notre Seigneur a-t-il prononcé les paroles sacrées du Jeudi saint ? Ou bien l’évangéliste a-t-il voulu dire seulement que c’est au moment où ils ont partagé le pain que les yeux des deux disciples s’ouvrirent et qu’ils reconnurent  leur compagnon ? On ne peut le savoir avec certitude, mais ce qui compte ici c’est que les disciples ont reconnu le Seigneur, et c’est volontairement que cette phrase a été rapprochée de celle de l’évangile du Bon Pasteur qui sera chantée au deuxième Alléluia :
Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent.

On retrouve dans les deux cas le même verbe  » connaître « . Nous avons la grâce de connaître le Christ notre rédempteur et nous l’en remercions : c’est le thème principal de ce dimanche. La mélodie exprime cette reconnaissance avec un enthousiasme vibrant ; par trois fois, dans l’Alléluia et dans chacune des deux phrases du verset, elle part du grave et s’élance vers l’aigu en un grand élan, et elle s’y tient joyeusement avant de redescendre doucement vers une cadence mystique et contemplative.

Alléluia : Ego sum pastor

Dans le deuxième Alléluia du deuxième dimanche après Pâques, nous trouvons la phrase de l’Évangile du jour que nous avons déjà citée :

Ego sum pastor bonus, et cognosco oves meas, et cognoscunt me meæ.
Je suis le Bon Pasteur, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent.

Ici ce ne sont plus les disciples, ce ne sont plus les brebis qui expriment leur reconnaissance, c’est le Bon Pasteur qui parle, et sa voix est douce et pleine de tendresse. On remarquera que la mélodie de l’Alléluia se répète deux fois dans le verset, une fois sur et cognosco oves meas et une fois sur et cognoscunt me meæ, les deux verbes cognosco et cognoscunt se reproduisant identiquement.

Offertoire : Deus, Deus meus

Le chant de l’Offertoire du deuxième dimanche après Pâques est composé de deux versets du psaume 62, qui est la prière d’un exilé. Jour et nuit il veille en pensant à Dieu et à son temple, qu’il espère revoir, et où il aspire à offrir sa prière en levant les mains au ciel.

Deus, Deus meus, ad te de luce vigilo, et in nomine tuo levabo manus meas.
Dieu, mon Dieu je vous cherche dès l’aurore. En votre nom je lèverai les mains.

En ce dimanche cette prière exprime notre désir de connaître toujours davantage le Bon Pasteur qui est venu nous sauver. La mélodie, comme nous l’avons souvent remarqué pour les Offertoires, est une méditation intérieure et contemplative avec un faible développement et des notes longues très calmes.

Communion : Ego sum pastor

Nous retrouvons dans la Communion du deuxième dimanche après Pâques la phrase centrale de l’Évangile du Bon Pasteur qui formait déjà le texte du deuxième Alléluia.

Ego sum pastor bonus, et cognosco oves meas, et cognoscunt me meæ.
Je suis le Bon Pasteur, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent.

C’est donc toujours le Bon Pasteur qui parle et sa voix est toujours douce. Mais ici la mélodie est moins développée que dans l’Alléluia ; elle est plus syllabique et suit davantage le texte dont elle souligne toutes les inflexions. Par ailleurs elle possède un caractère plus mystique et contemplatif.

I-Média – Macron, Trump et Zelensky au Vatican : la chaise de la discorde

Jean-Yves Le Gallou et Floriane Jeannin décryptent l’actualité brûlante, entre diplomatie chaotique, récupérations politiques et dérives médiatiques.

L’image de la semaine nous permet de revenir sur une séquence marquante de l’enterrement du pape François : la rencontre entre Trump et Zelensky, dont Macron semble bel et bien avoir été exclu. Une certaine idée des rapports de force internationaux…

Et puis dans notre dossier, nous reviendrons sur deux faits divers que la gauche s’est empressée de récupérer au nom de la nécessaire lutte contre “l’extrême droite”. Découvrez comment les rédactions minimisent les faits… jusqu’à ce que l’origine des coupables les force à changer de narratif.

A Nantes : le meurtre d’une Française par un adolescent d’origine turque – silence médiatique sur l’immigration.

Dans le Gard : l’assassinat d’un jeune Malien par un Français d’origine bosniaque dans une mosquée – la gauche instrumentalise le drame en criant à l’”islamophobie”.

Le dilemme libéral : jusqu’où peut-on aller au nom de “l’État de droit” ?

Lu dans Conflits à propos des élections en Roumanie, mais qui peut s’appliquer à la France, suite à la condamnation en 1ère instance de Marine Le Pen à une peine d’inéligibilité :

[…] L’année 2024 a été difficile pour les partis libéraux en Occident : victoire de Donald Trump aux États-Unis, élections européennes marquées par une poussée des droites nationales, dissolution de l’Assemblée nationale en France, élections roumaines, etc. Les réactions varient d’un pays à l’autre mais, au niveau européen, l’on regarde d’un œil attentif les outils employés par chacun dans le barrage face à l’« illibéralisme » et à la lame de fond populiste.

Du point de vue des différentes forces libérales – qu’on peut qualifier de pro-européennes, multiculturalistes et attachées à une vision extensive des droits humains –, le populisme de droite est une menace existentielle pour la démocratie. Une large victoire d’un candidat comme Calin Georgescu aurait signé, de leur point de vue, vraisemblablement la fin de la démocratie roumaine. C’est un combat dans lequel chaque élection est un risque de voir le pays sombrer dans l’obscurantisme, l’« illibéralisme » et l’ombre du Kremlin. Partant, l’utilisation de moyens extraordinaires est légitime ; la justice devient un ultime rempart pour sa propre survie.

Le dilemme des libéraux consiste à faire barrage aux souverainistes sans trahir l’État de droit. Dans ces grandes controverses politiques, on le voit, l’instrumentalisation de la justice est acceptée par une partie de la classe politique et de l’opinion. Elle révolte symétriquement ceux qui sont visés. Le risque est important, pour le camp libéral, de voir ces coups de force grossir les rangs populistes, et surtout d’accentuer une colère qui peinera à redescendre. La Roumanie est marquée par la persistance de la corruption et un personnel politique qui peine à se renouveler du côté des grands partis de gouvernement. Le vote Georgescu n’était pas qu’une adhésion tout entière au projet du candidat, mais aussi le symptôme d’un dégagisme particulièrement visible dans les votes de la diaspora roumaine en Europe occidentale.

La Roumanie est un pays qui entre tardivement dans l’ère des poussées populistes. Là où des pays comme la Suède ou l’Italie ont absorbé en partie la vague des années 2010 et où l’on peut observer un moment « post-populiste, selon la formule du politologue Thibault Muzergues, la droite dure roumaine est assez récente comme force sérieuse d’opposition. La riposte judiciaire contre Calin Georgescu a montré à quel point les partis de gouvernement roumains ne s’étaient pas préparés à faire face à ce surgissement.

Enfin, dans cette tendance qui traverse presque toutes les démocraties occidentales, de la mer Noire à l’Atlantique, il est difficile de tirer autre chose qu’une conclusion en demi-teinte, et peu satisfaisante selon laquelle chaque partie est fautive à un moment ou un autre et porte une part de responsabilité dans le marasme qu’elle prétend combattre. Dans ces polémiques et ces controverses, qui fragilisent la démocratie et le corps politique de la nation, la question de la légitimité est au cœur de la tension entre un pouvoir judiciaire qui redéfinit les contours de l’expression démocratique au nom de la loi et des personnalités politiques fortes d’une légitimité « populaire », bien réelle ou parfois artificiellement gonflée, on l’a dit. Il semblerait que, dans cette période cathartique de nos démocraties, l’antagonisme des forces libérales et des forces populistes produise un moment « schmittien » dans lequel chaque partie revendique un type de légitimité qui sauvegarde son existence politique. Le droit contre le peuple : voilà le dilemme dont on peine à voir comment nos pays vont sortir, la Roumanie comme les autres.

12 mai : mobilisation dans plusieurs villes contre la loi sur l’euthanasie

Vendredi 2 mai, l’examen de la proposition de loi pour légaliser le suicide assisté se termine en commission et montre que c’est bel et bien une loi faite par et pour le lobby de l’euthanasie, l’Association pour le droit de mourir dans la dignité.

En effet :

  • Le texte créant un « droit à mourir » est large et ne s’appliquerait pas uniquement à « la fin de vie », mais à toute personne malade ;
  • Les amendements de bon sens pour protéger les personnes vulnérables, garantir un consentement éclairé et promouvoir les soins palliatifs sont systématiquement rejetés ;
  • Le délit d’entrave au suicide assisté est déjà prévu dans la loi et l’ADMD pourra exercer des recours juridiques contre ceux qui voudront « entraver » le suicide d’autrui, y compris les pharmaciens qui refuseraient de préparer le poison.

À partir du 12 mai, les parlementaires examineront deux propositions de loi, l’une sur les soins palliatifs et l’autre sur la fin de vie visant à légaliser le suicide assisté et l’euthanasie.

À l’approche de cette date, il devient urgent de se mobiliser pour rappeler que donner la mort n’est pas un soin. La légalisation de l’euthanasie constituerait une rupture éthique profonde, fragilisant les plus vulnérables et bouleversant la mission du monde médical, déjà bouleversé par l’avortement.

Lundi 12 mai, Alliance VITA organise une mobilisation dans une cinquantaine de villes en France pour réclamer des soins et refuser l’euthanasie. Nous vous invitons à rejoindre l’événement à Paris où dans la ville la plus proche de chez vous.

Le retour de Nigel Farage

Une élection partielle du nord de l’Angleterre a été remportée par Reform UK, le parti dirigé par Nigel Farage, champion du Brexit. Il s’agit d’un revers important pour le parti travailliste au pouvoir et notamment le Premier ministre Keir Starmer.

Nigel Farage, qui a fait campagne sur la lutte contre l’immigration irrégulière, souligne :

“Pour le mouvement, pour le parti, c’est un très, très grand moment”. Cette victoire “prouve que nous sommes désormais le parti d’opposition au gouvernement travailliste”.

Elle confirme la montée de Reform UK et la fragmentation du paysage politique au Royaume-Uni. Après cette victoire dans la circonscription de Runcorn et Helsby, Reform UK détient cinq députés à la chambre des Communes à Westminster, qui compte au total 650 sièges.

Ces élections sont le premier scrutin en Angleterre depuis l’arrivée au pouvoir du Labour, du Premier ministre Keir Starmer, en juillet. Jusqu’ici marginal, Reform UK gagne au moins 600 élus locaux. Reform UK revendique désormais plus d’adhérents que le parti conservateur britannique, le plus vieux parti politique d’Europe.

Selon les enquêtes d’opinion, les Britanniques manifestent une désillusion croissante à l’égard des deux grands partis, préoccupés par le manque de résultats sur la croissance économique, les chiffres de l’immigration clandestine ou des services publics en difficulté.

La montée en puissance de Nigel Farage révèle que la révolution du Brexit n’est pas terminée. Les fractures qui ont mené au vote du Brexit sont toujours présentes et constituent un moteur électoral efficace : la question migratoire, le sentiment d’abandon économique de certaines régions éloignées des centres urbains mondialisés et les questions culturelles (lutte contre le wokisme). Par conséquent, le système bipartisan vole en éclat et l’union des droites au Royaume-Uni devient inévitable.

Le parti de Nigel Farage est en bonne voie pour devenir une alternative crédible aux partis traditionnellement au pouvoir à Londres. Il y travaille en développant une plateforme idéologique et politique sérieuse et non plus seulement contestataire. Reform se mue en parti de gouvernement.

Neuvaine de prière autour de la loi sur la fin de vie

Voici une neuvaine du  4 au 12 mai, pour tout ce qui tourne autour du projet de loi :

«Quand vous mettez ensemble des gens qui n’ont pas la même manière d’habiter le monde, vous organisez la société du face à face»

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