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S’il faut exclure de l’enseignement de l’Eglise des expressions susceptibles d’interprétations fausses, il y a du ménage à faire dans le Concile

Réagissant au récent texte du Dicastère de la Doctrine de la Foi, l’abbé Nicolas Cadiet (FSSPX) ironise :

On est ravi d’apprendre qu’il faut exclure de l’enseignement de l’Eglise des expressions susceptibles d’interprétations fausses. Pourrions-nous à ce propos suggérer une révision – assez complète – du Concile Vatican II ? Les théologiens romains peuvent compter sur une vaste documentation accumulée depuis 60 ans. Mais peut-être y a‑t-il des inopportunités plus opportunes que d’autres !

De son côté, La Bussola juge que le Vatican entretient plus de confusion, alors que le cardinal Newman, qui soutenait le titre de Marie Corédemptrice, a été fait Docteur de l’Eglise samedi dernier :

Le mardi 4 novembre, le Dicastère pour la Doctrine de la Foi a publié une Note Doctrinale de 80 paragraphes, approuvée par le pape Léon XIV, dans laquelle il est expliqué que « compte tenu de la nécessité d’expliquer le rôle subordonné de Marie au Christ dans l’œuvre de la Rédemption, il est toujours inapproprié d’utiliser le titre de Corédemptrice pour définir la coopération de Marie » (§ 22, italiques dans le texte). Toujours inapproprié, nous dit le Dicastère ; du moins pour les lecteurs des principales langues dans lesquelles le document a été publié, car le texte anglais se limite à « il  ne serait pas approprié », omettant l’adverbe et préférant le conditionnel. Mais puisque quelqu’un a dû décider que les documents originaux de l’Église ne devaient plus être écrits en latin, il est laissé au choix du lecteur quant à la version à privilégier.

Trois jours plus tôt seulement, le samedi 1er novembre, Léon XIV avait proclamé saint John Henry Newman Docteur de l’Église. Un détail important : Newman était parmi ceux qui avaient défendu la possibilité d’utiliser le titre de Corédemptrice. La proclamation du dogme de l’Immaculée Conception (1854) avait troublé, entre autres, le monde anglican. Edward B. Pusey, ami et compagnon de John Henry Newman au sein du Mouvement d’Oxford, formula les objections du monde anglican dans son Eirenicon, auquel Newman répondit par la célèbre Lettre au révérend E.B. Pusey au sujet de son récent Eirenicon, qui constitue son traité mariologique par excellence. Pusey déplorait que la corédemption ne soit pas affirmée « dans des passages isolés d’un auteur de dévotion […], mais dans les réponses officielles adressées par les archevêques et les évêques au pape concernant leurs souhaits quant à la déclaration de l’Immaculée Conception comme article de foi » ( An Eirenicon , Londres, 1865, p. 151-152). Et il ajouta avec déception que « cette doctrine, à laquelle il est fait allusion ici, est développée par les théologiens catholiques romains de toutes les écoles ».

Newman était parfaitement conscient de la connaissance approfondie que Pusey avait de l’enseignement des Pères de l’Église. Il fut donc surpris de pouvoir accuser le monde catholique d’une « quasi-idolâtrie » envers la Vierge Marie, en raison de l’abondance de titres honorifiques et de la densité théologique qui lui sont attribués, car c’était précisément l’« Église indivise », à laquelle Pusey faisait appel, qui se montrait si généreuse en titres mariaux. « Quand on voit que vous, avec les Pères, donnez à Marie les titres de Mère de Dieu, Seconde Ève et Mère de tous les vivants, Mère de la Vie, Étoile du Matin, Nouveau Ciel Mystique, Sceptre de l’Orthodoxie, Mère Immaculée de Sainteté, et autres, on pourrait interpréter vos protestations contre ceux qui lui donnent les titres de Corédemptrice et de Grande Prêtresse comme une maigre compensation pour de tels propos. »

Newman n’aurait jamais imaginé qu’un jour il devrait défendre le titre de Corédemptrice non pas devant un anglican, mais devant le préfet de l’ancien Saint-Office. Rien de moins. La raison pour laquelle le Dicastère supprime le titre de Corédemptrice est son potentiel à engendrer « confusion et déséquilibre dans l’harmonie des vérités de la foi chrétienne, car “il n’y a de salut en aucun autre, car il n’y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes par lequel nous devions être sauvés” » ( Actes 4, 12). Et encore : « le danger d’obscurcir le rôle exclusif de Jésus-Christ […] ne serait pas un véritable honneur pour la Mère ». Ces affirmations ne sont pas originales, puisqu’elles sont typiques des objections protestantes, mais sont certainement très curieuses dans un document officiel qui vise à répondre à des questions qui « suscitent fréquemment des doutes chez les fidèles les plus simples » ; car, à l’époque de l’administration Fernández, les Notes doctrinales n’ont plus pour but de clarifier ce qui pourrait paraître confus, mais d’obscurcir ce qui était déjà clair.

Logiquement, si un terme désormais largement employé – non seulement dans la dévotion des fidèles, mais aussi dans les interventions papales et épiscopales et dans les documents officiels de l’Église (pensons aux deux décrets du Saint-Office de 1913 et 1914) – est mal compris et non conforme à la doctrine, le Saint-Siège intervient pour clarifier et confirmer, et non pour alimenter la confusion et rejeter un titre déjà établi sur le plan théologique et magistériel.

Car quiconque possède une connaissance même minimale de l’évolution de la réflexion théologique sur la corédemption mariale et de ses clarifications fondamentales sait pertinemment qu’elle ne soutient ni une rédemption parallèle à celle du Christ, ni une nécessité absolue de la collaboration mariale (de condigno) ni que la Vierge Marie n’ait eu besoin d’être rachetée par le Verbe incarné, son Fils, ni que la Rédemption soit acquise. Autant de points déjà largement établis, mais que Tucho et ses collègues persistent à présenter comme sources de confusion et de danger.

La note va même jusqu’à avancer un critère, tiré de nulle part, qui serait tout simplement risible s’il ne figurait pas tragiquement dans un document officiel du Saint-Siège : « Lorsqu’une expression requiert des explications nombreuses et continues pour éviter qu’elle ne s’écarte de son sens correct, elle ne sert pas la foi du Peuple de Dieu et devient inappropriée . » Il convient de demander au cardinal Fernández et à Mgr Matteo s’ils croient réellement ce qu’ils écrivent ; car, suivant ce principe, il faudrait abroger pratiquement tous les dogmes mariaux. Et ce n’est pas tout. Le titre de Théotokos n’a-t-il jamais exigé – et exige-t-il toujours – de telles explications ? Le dogme de l’Immaculée Conception ne nécessite-t-il pas d’être constamment expliqué pour éviter de penser que la Vierge Marie est exemptée de la rédemption du Christ ? Les formulations du dogme trinitaire ou christologique n’exigent-elles pas elles aussi de « nombreuses et continues explications » ? Seraient-elles pour autant « inappropriées » et nuisibles à la foi du Peuple de Dieu ? Le principe énoncé par cette note sonne le glas de toute définition dogmatique et de la théologie elle-même.

La présentation de l’histoire de la doctrine de la corédemption est totalement erronée. L’extraordinaire contribution de nombreux saints et théologiens est balayée d’un revers de main en un seul paragraphe (§ 17), signe évident que l’intention de cette note n’était certainement pas de faire le point sur la situation, mais de s’attaquer à la corédemption. Un autre mépris se manifeste dans la maigre mention de l’enseignement des pontifes, en particulier celui de saint Jean-Paul II, avant de consacrer deux longs paragraphes à la position de Ratzinger (alors cardinal).

La raison de ce choix est facile à comprendre : Ratzinger, de concert avec le pape François, auquel l’intégralité du paragraphe 21 est dédiée, serait l’ autorité compétente pour affirmer que le titre de Corédemptrice est inapproprié. À y regarder de plus près, dans son vote de 1996, en tant que préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Ratzinger ne rejetait pas le titre, mais estimait que la réflexion théologique n’était pas encore suffisamment mûre pour attribuer à la Vierge Marie le titre de Corédemptrice et Médiatrice ; son opposition à ce titre, cependant, se limite à une simple interview de 2002 (dans laquelle, entre autres, il se déclarait favorable à la doctrine sous-jacente, comme expression du fait que le Christ veut tout partager avec nous, même sa qualité de Rédempteur). Une opinion est privilégiée dans la Note plutôt que, par exemple, la présentation de l’enseignement plus systématique de Jean-Paul II sur la corédemption mariale ; le pontife polonais (comme ses prédécesseurs) n’avait pas hésité à employer à maintes reprises ce titre, que Tucho nous explique maintenant être inapproprié et malvenu. Jean-Paul II, de toute évidence, prenait plaisir à « obscurcir l’unique médiation salvifique du Christ ».

Une fois de plus, le cardinal Fernández se confirme comme un instigateur de doutes et d’erreurs, comme ce fut déjà le cas avec les réponses à certaines questions soulevées par Amoris Lætitiaavec la bénédiction des couples homosexuels , avec la peine de mort et la dignité humaine . Il aurait dû être le premier préfet à être démis de ses fonctions avec le nouveau pontificat, et au lieu de cela, nous le voyons enhardi à poursuivre son œuvre de confusion. Le mal a encore le temps de mettre à l’épreuve la patience divine et de tester la foi des chrétiens.

Haute Autorité de Santé : la quasi-totalité des experts choisis pour étudier la question trans étaient des militants transactivistes

Le Figaro vient de remporter son procès contre un militant LGBTQXYZ :

 

L’euthanasie examinée au Sénat en janvier

Le ministre chargé des Relations avec le Parlement vient d’annoncer que les propositions de loi sur la fin de vie seront examinées au Sénat à partir du 12 janvier. Face aux pressions du lobby pro euthanasie, il est essentiel de se former, de dialoguer et d’oser parler de la fin de vie.

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🗣️ Vos retours sont précieux :

« Ces cartes permettent de poser des mots justes et percutants sans se lancer dans de grandes explications. »

« Cela nous a permis d’ajuster notre discours et d’oser s’exprimer face aux autres. »

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I-Média : Macron la fin du dialogue démocratique ?

L’image de la semaine : L’insécurité, les voitures et les couteaux fous !

Alors que la France subit une nouvelle attaque à la voiture bélier sur l’île d’Oléron par un caucasien radicalisé et que le Royaume-Uni fait face à une attaque au couteau choquante dans un train, les médias ont écarté immédiatement la thèse terroriste.

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Jean-Baptiste Marteau, le journaliste qui fait trembler les audiences

 

 

Les AFC à l’Assemblée sur la natalité : Investir dans la famille, c’est investir pour l’avenir

Communiqué des AFC :

Dans le cadre de la mission d’information sur les causes et les conséquences de la baisse de la natalité en France, la Confédération Nationale des AFC a été auditionnée le 6 novembre par les députés.

Les AFC alertent depuis plusieurs années sur la chute de la natalité et le danger que cela représente pour l’avenir de notre société.

Parmi les causes notoires qui ont considérablement impacté la natalité, le premier est d’ordre économique et directement lié aux mesures politiques défavorables aux familles touchant au quotient familial, aux prestations familiales et aux congés parentaux liés à l’arrivée d’un enfant. Le deuxième facteur est d’ordre sociétal : la crainte d’accueillir un enfant, la progression constante, depuis ces vingt dernières années, de la solitude et la diminution des perspectives d’avenir des jeunes ont également contribué à faire régresser le nombre de naissances.

A côté de ces causes objectives, la quasi-absence de valorisation de la famille, de messages d’estime envers les pères et les mères et d’encouragement à l’accueil de nouveaux enfants constitue une cause culturelle importante. Au cours de la crise du Covid, nous avons constaté que lorsque tout vacille, seule la famille tient bon. Pourtant, à l’issue de l’épidémie, nous n’en avons pas tiré les conséquences pour exprimer la gratitude de la nation envers les parents et les familles, cellules vitales de la société.

Par conséquent la baisse de la natalité met en danger le modèle social français qui repose sur la solidarité intergénérationnelle, fragilise nos perspectives économiques et affaiblit notre influence et notre rayonnement dans le monde sans répondre aux attentes des jeunes couples.

Alors que le désir d’enfants par Français est de 2,27 (sondage UNAF 2023), le nombre effectif d’enfants nés en 2024 était de 1,62 par femme. Force est de constater que les Français n’ont pas le nombre d’enfants qu’ils désirent.

Pour agir utilement sur la natalité des couples, il est impératif d’offrir aux familles les moyens et la liberté de s’organiser comme elles le souhaitent. Il est tout aussi important de valoriser les familles qui font le choix de mettre au monde et d’élever la nouvelle génération.

Investir dans la famille, c’est investir pour l’avenir.

15 novembre : Salon du livre de Noël en Vendée

Cher amis du Salon Beige,

Nous avons le plaisir de vous inviter le 15 novembre prochain à la Roche-sur-Yon au premier Salon du livre des écrivains de la « Vendée, Province de l’Esprit ».

«L’Esprit de la Vendée » c’est d’abord un ancrage profond dans l’histoire. En particulier l’histoire tourmentée et douloureuse des « Guerres de Vendée » qui a de fait concerné quatre départements du sud de la Loire, sans compter la chouannerie au nord du fleuve. L’histoire d’un peuple qui a voulu rester libre, attaché à ses traditions, à sa manière de vivre, à ses structures sociales séculaires. Et attaché viscéralement à sa foi, foi propre au peuple de Vendée, fortement renouvelée un siècle auparavant par Saint Louis-Marie Grignon de Montfort.

Histoire qui a forgé une résistance à une certaine modernité, humanisme débridé, hérité des « Lumières », qui a voulu construire un « homme libre », détaché de tous ses liens historiques, familiaux, sociaux, spirituels… Un homme en quelque sorte né de sa propre volonté !

Résistance toujours d’actualité, ne l’oublions pas. En 2008 Vincent Peillon, devenu ministre de l’Éducation nationale quatre ans après, écrivait sans pudeur dans son livre La Révolution française n’est pas terminée : « La Révolution française… est un commencement absolu, c’est la présence et l’incarnation d’un sens, d’une régénération et d’une expiation du peuple français. 1789, l’année sans pareille, est celle de l’engendrement par un brusque saut de l’histoire d’un homme nouveau… La révolution implique l’oubli total de ce qui précède la révolution. Et donc l’école a un rôle fondamental, puisque l’école doit dépouiller l’enfant de toutes ses attaches pré-républicaines pour l’élever jusqu’à devenir citoyen. »

Vaste programme !

Par anticipation, François Athanase Charette lui répondait deux siècles avant : ” Notre Patrie à nous, c’est nos villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce que nos pères ont aimé avant nous. Notre Patrie, c’est notre Foi, notre terre, notre Roi… Mais leur Patrie à eux, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez, vous ? Ils veulent détruire les coutumes, l’ordre, la tradition… Alors, qu’est-ce que cette Patrie narguante du passé, sans fidélité, sans amour ?… Et il est vieux comme le diable leur monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder dans l’absence de Dieu… Vieux comme le diable… Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu.”

Le 2 septembre 2023 nous avons marqué cet ancrage dans l’Histoire par une mémorable journée au Mont des Alouettes, commémorant les 200 ans de la demande de la duchesse d’Angoulême, fille de Louis XVI, pour ériger dans un esprit de réconciliation la Chapelle du Souvenir en mémoire de tous les combattants des guerres de Vendée.

« L’Esprit de la Vendée », c’est ensuite un ancrage profond dans le réel, une acceptation du réel, condition nécessaire pour préparer un avenir prometteur.

Le président du Conseil départemental de la Vendée, Alain Leboeuf, déclarait en 2023 aux étudiants de l’ICES : « La Vendée aurait pu s’enfermer dans une posture victimaire, avec des revendications ou des demandes de réparations… Mais elle a fait le choix de la résilience ; elle a fait le choix de la pulsion de vie ; de cette pulsion de création, d’entrepreneuriat ; elle a fait le choix de se retrousser les manches ; elle a fait le choix de chasser en meute ; elle a fait le choix de ne jamais tout attendre de Paris… ».

C’est un esprit de responsabilité individuelle tout autant que de sens collectif démontré par le développement heureux de nombreuses associations et entreprises. C’est un esprit attaché aux corps sociaux ancestraux en vue d’un bien commun, la famille, le métier, la paroisse, la commune, la région, et la nation, le plus vaste cercle communautaire garant de nos libertés. C’est un esprit impertinent, sans sectarisme, non-conformiste, fuyant toute idéologie, généreux, joyeux et enthousiaste, à l’image d’une jeune génération conquérante.

Nous avons souhaité par ce premier Salon du livre réunir des auteurs représentatifs de cette « Province de l’Esprit », qui déborde largement le cadre du département, décrivant chacun à leur manière l’histoire, la foi ou la pensée intellectuelle d’un peuple libre.

De plus nous avons la grande joie d’accueillir trois conférenciers qui ont chacun largement apporté leur pierre à cet esprit de la Vendée, à ce panache vendéen !

Venez nous rejoindre nombreux le 15 novembre prochain, et préparer ainsi avec des livres dédicacés de beaux cadeaux de Noël.

Semper Fidelis !
Le bureau Jubilé de la Vendée
https://jubiledelavendee.fr/

Liste des participants sur notre site : jubiledelavendee.fr
Vous y retrouverez également le reportage de notre mémorable journée au Mont des Alouettes : https://jubiledelavendee.fr/retrospective

Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.

Dénatalité et atteintes à la vie, 2e partie

Retrouvez la première partie ici.

Cet article est tiré du numéro 301 de la revue de l’Action Familiale et Scolaire

Il est la suite du texte publié le 30/10/2025 sur le site de Renaissance catholique :

3. Société transformée

En France, les résultats du « choc de deux mondes » se manifestent aujourd’hui par divers constats. La baisse des naissances (1,67 enfant par femme), une fécondité hors mariage la plus élevée d’Europe (65,2 %), la diminution de la nuptialité, le mariage tardif qui fait qu’une femme attend en moyenne 31 ans pour avoir son premier enfant, l’explosion du divorce, de la monoparentalité et du célibat sont autant de constats qui caractérisent le tissu social français.

Les causes peuvent être en lien direct avec les personnalités : célibat égoïste ou pusillanimité, refus moral de s’engager, infantilisme réducteur de la vie aux distractions et aux loisirs, irréalisme idéologique…

Mais il ne faut pas négliger la force des institutions et des principes qui les inspirent. Ceux-ci sont par nature porteurs de références, de principes positifs ou négatifs, éducateurs d’attitudes morales ou instigateurs d’immoralité, générateurs de modes saines ou insanes. La société n’est jamais neutre, la neutralité n’existant que dans les propos électoralistes des politiciens : les principes et les institutions sont ce qu’en font les élites qui œuvrent dans tous les domaines. Ils impriment une forme à la société.

Pierre Simon

Une (re)lecture du livre de Pierre Simon, 46 ans après sa parution, est riche de leçons pour comprendre les origines de ce qui a contribué à la situation actuelle de notre pays. L’ensemble de ses propos, loin d’être ceux d’un visionnaire, apparaissent bien comme les lignes directrices d’un projet dont nous voyons aujourd’hui l’aboutissement.

La contraception est de tout temps ; mais institutionnalisée, de plus, prise en charge financièrement par l’État, elle a gravé peu à peu dans les esprits que l’homme peut se rendre maître de la vie, et de la source de vie qu’est la sexualité ; cette victoire est celle d’un principe qui allait progressivement bouleverser toute la vie sociale :

« Ce combat n’est pas seulement technique, mais philosophique. La vie comme matériau, tel est le principe de la lutte. La révision du concept de vie par la contraception transformera la société dans son intégralité (…). Ce n’est pas la mère seule, c’est la collectivité tout entière qui porte l’enfant en son sein. C’est elle qui décide s’il doit être engendré, s’il doit vivre ou mourir. » (p. 15)

Une telle insistance sur la contraception légalisée peut surprendre, mais le propos est illustré par l’observation des mœurs actuelles.

« La contraception libératoire a fait tomber le mur des fatalités traditionnelles (…), ouvre un champ libre où il va falloir installer la nouvelle morale. » (p. 194)

Mariage, fidélité conjugale, procréation, stabilité de la famille (« fatalités traditionnelles ») sont mis à mal ; cohabitation temporaire, sexualité stérile, nomadisme sexuel, divorce s’y substituent :

« La régulation des naissances institutionnalisée aboutit à une mutation de la morale », (p. 146) « (…) à un nouveau code éthique. »(p. 199)

Jusqu’au milieu du XXe siècle, loi naturelle et catholicisme imprégnaient suffisamment encore la société pour que ne soient pas niés principes et pratiques qui en découlaient. Malgré les multiples transgressions du fait de l’être humain, une large convergence de vue existait sur la nature de l’homme, le concept de vie et sur les références naturelles de base nécessaires à une vie commune. Ainsi, dans les têtes, il n’y avait pas lieu de distinguer amour et conjugalité, procréation et sexualité, personne et société familiale. C’est ce qu’allait changer la loi de 1967, dont un des rôles essentiels, affirme P. Simon, fut « la modulation du nouveau schéma de la famille » (p. 96).

Ainsi, 58 ans plus tard, l’enfance, la jeunesse et les familles sont aux bons soins de la ministre, Mme Sarah El Haïry. La famille, institution née du mariage d’un homme et d’une femme, a cédé la place à diverses sortes de regroupements plus ou moins temporaires et « modulables » à souhait, d’êtres interchangeables, à la sexualité elle aussi modulable, selon les humeurs, les circonstances, les envies de chacun. On voit poindre l’idéologie du genre.

La contraception légalisée renvoie au second plan ce qui était la conséquence naturelle de la sexualité : la procréation cède la priorité à l’épanouissement des « partenaires », à une sexualité sans limite. Les termes ‘mari’ / ‘femme’, ‘époux’ / ‘épouse’ qui marquaient une union conjugale, scellée par l’institution du mariage, sont remplacés par ‘compagnon’ / ‘compagne’. L’enfant, devenu « projet parental » est pris en charge par « parent 1 », « parent 2 », voire 3, en lieu et place des père et mère, termes trop chargés du lien biologique. La filiation, colonne vertébrale d’une société forte, devient obsolète. La porte est grande ouverte à la PMA et à la GPA… et déjà, semble-t-il, à l’utérus artificiel.

Grossesse - dénatalité

Une fois les « fatalités traditionnelles » éliminées par la loi sur la contraception, c’est une nouvelle sexualité qui se faisait jour…

« (…) une nouvelle nature humaine et un nouveau concept de vie (…). La nature, la vie sont plus que jamais une production humaine. » (p. 255)

« La révision du concept de vie, induite par la contraception, peut donc, par la vertu du systémique, transformer la société dans son intégralité. Le moyen : poser le principe que la vie est un matériau, au sens écologique du terme, et qu’il nous appartient de le gérer, là est l’idée motrice. »(p. 85)

Ce nouveau concept de vie n’est pas l’invention du Dr Simon. Dans un entretien de la revue de la GDLFtraitant de l’attention portée par la FM dès la fin de la guerre 39-45 à la « promotion de la femme », il insiste sur l’importance de la contraception légalisée :

« La fin poursuivie a été pour nous [francs-maçons] de lui [la femme] conférer une fonction équivalente à celle de son compagnon. Mais, pour cela il fallait d’une part asseoir la maîtrise de la fécondité, d’autre part il fallait assurer à cette maîtrise un statut juridique[19]. Enfin il convenait d’insérer la femme dans le monde du travail avec une parité qui puisse se mesurer sur l’évaluation de ses partenaires. C’est pourquoi dans les différentes associations, en particulier dans le planning familial, pour la promotion de l’éducation sexuelle et familiale, les Francs-maçons ont tout naturel­lement estimé qu’il était de leur devoir d’œuvrer dans ce sens, ce qui aboutit à une transformation de la société ; non seulement au niveau de la condition de la femme elle-même, mais encore au bénéfice de l’ensemble de la nation. Il devenait enfin possible de désacraliser une certaine conception de la vie (désacraliser dans le sens profane du terme). En quelque sorte, on allait gérer la vie comme on gère les pro­duits les plus précieux de notre environnement : l’air, l’eau, l’oxygène, la nature[20] ».

Logo planning familial

L’emploi renouvelé du terme « matériau » est révélateur des tenants et aboutissants de « la certaine conception de la vie » développée par l’idéologie maçonnique dont Pierre Simon est le porte-parole. Un matériau n’est qu’un élément d’un ensemble qui peut être stocké (congélation des gamètes), rejeté ou détruit (avortement, euthanasie) suivant les besoins ou circonstances. Outre celui de « moduler » la famille, l’un des rôles de la contraception est…

« (…) la préservation du patrimoine génétique, propriété de tous les humains, Français, Européens, ou citoyens du monde, et dont nous sommes comptables pour le présent, responsables pour l’avenir. Bloquer la transmission des tares héréditaires transmissibles connues, c’est un devoir d’espèce (…). La santé est devenue propriété collective. Nous cotisons à la Sécurité sociale pour la qualité de la vie et la santé de la collectivité. Chacun est solidaire de tous[21]. »(p. 96)

En français, cela a pour nom ‘eugénisme’, dont Wikipédia dit :

« C’est forcer la sélection naturelle par une sélection artificielle contre des tares supposées, préjugeant une dégénérescence de la société et des individus. »

Et si « la gestion qualitative de la vie » (p. 96) par le moyen de la contraception s’est avérée déficiente :

« Aimer véritablement la vie, la respecter, implique qu’il faut avoir parfois le courage de la refuser. »

« L’euthanasie est souvent l’objet d’une demande très profonde des parents, des mères surtout. (…) Paradoxe de notre fonction d’obstétricien, dans ce cas précis : laisser mourir n’est-ce pas préserver la vie ? » (p. 234)

Seringue

Là, Pierre Simon entrouvre la porte à la solution ultime, même s’il préfère l’expression « laisser mourir »à« faire mourir ». Lors de la loi sur l’avortement en 1975, l’opinion n’était pas prête à accepter la légalisation de l’euthanasie (aujourd’hui « aide à mourir »), tout comme en 1967 avec la contraception, l’avortement était impensable pour le plus grand nombre. Il en va différemment en 2025, en témoignent les « débats citoyens » et autres tartuferies, où le plus grand nombre est convaincu de ce qu’affirmait alors l’auteur :

« Mettre au monde des enfants non handicapés, c’est cela donner la vie. » (p. 54) (La formulation est remarquable !)

Alors, avortement et euthanasie ne sont que les suites logiques d’une mauvaise gestion du matériau.

En France, 75 ans de propagande pour promouvoir un « nouveau concept de vie », en appui à près de 60 ans de pratiques contraceptives et 50 d’avortement, ont effectivement transformé nos sociétés, de la plus petite à la plus grande. Mais le fait touche quasiment tous les continents et se manifeste, entre autres, par une démographie qui inquiète les gouvernements.

Des universitaires, experts, journalistes se penchent sur les raisons de cette crise internationale. Sont mis en cause, outre les carences liées aux personnes, les politiques familiales, le féminisme, la planète, le nomadisme sexuel, la crise de l’éducation, l’éclatement de la famille, la peur du lendemain, le coût de la vie, l’infertilité et même l’avortement[22] ! Ne confondrait-on pas les effets avec la cause première ? Pierre Vermeren ouvre la voie en mettant en exergue ce constat :

Il s’est agi par la loi de 1967 d’affranchir l’homme des « fatalités traditionnelles ». C’est dire que la loi a institutionnalisé, et donc, permis, facilité, encouragé la transgression (péché originel aidant) des contraintes auxquelles sa nature le soumet. Ainsi s’est « ouvert le champ libre » (p. 94) où se sont installés un « nouveau concept de vie » (p. 15, 85…), une « nouvelle morale » (p. 194), un « nouveau code éthique » (p. 199), une « nouvelle nature humaine » (p. 255).

Si les principes qui inspirent nos institutions sont à l’origine du mal, ce ne sont pas des mesurettes d’ordre social ou financier qui suffiront à redresser la situation. Seul le changement des orientations et trajectoires politiques, et donc des institutions, peuvent avoir un effet sur l’ensemble de la société. Transmettre la vie suppose d’avoir des raisons de vivre et de mourir ; c’est d’abord une question de foi, d’espérance et de charité avant d’être un ramassis de conditions matérielles et économiques. Il s’agit alors de reconnaître et d’accepter les lois inhérentes à la nature de l’homme et à l’ordre social, tenant compte ainsi des conditions établies par notre Créateur.

C’est le fondement de la seule politique familiale possible. On ne peut que douter de la volonté et de la capacité de politiciens et gouvernants qui n’ont cure que de gérer les retraites, de promouvoir l’avortement, d’inculquer dès l’école un état d’esprit contraceptif et d’organiser ou planifier la fin de vie sous prétexte de dignité. Ce n’est pas ainsi qu’ils peuvent inciter à donner au peuple le goût de la vie et le désir de la transmettre. Ils ne font que le conduire à la mort.

Jacques Héliot


[17] Selon l’auteur, le travail en loge a commencé dès les années 1950. Les années 60 voient se développer la propagande internationale contre le risque de surpopulation.

[18] Lucien Neuwirth, député appelé « père de la pilule », était membre de la GLDF.

[19] Remarque essentielle : la force des institutions pour changer les mœurs. De la qualité des institutions dépendent le bien ou le mal âmes, enseigne Pie XII.

[20] GLDF – Point de vue initiatique (n° 37, 2e trim. 1980, https://www.ledifice.net/ P037-6.html)

[21] L’argument justifie la prise en charge de la contraception par la loi et les organismes sociaux, donc à en « renforcer le statut juridique ».

[22] Cf. Pierre Vermeren(normalien, historien) – De l’enfant roi à la mise en accusation de la famille : les 10 causes de la dénatalité française (Le Figaro, 15.05.2025)

Interdiction de la prière en classe et obligation de la dévotion au sexualisme

S’exprimant devant la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, mardi 4 novembre, le ministre de l’éducation Édouard Geffray s’est montré ferme sur l’interdiction de la prière en classe sur le temps d’enseignement et sur l’obligation d’appliquer les nouveaux programmes d’éducation à la sexualité.

« Lorsque l’État paie un professeur, il le paie pour enseigner. Ça me semble l’évidence. Donc une minute payée par l’État, c’est une minute d’enseignement, ça ne sert pas à autre chose. Et donc je ne vois pas comment sur un temps d’enseignement, on pourrait faire une prière ».

« J’aurai cette même clarté, parce qu’une fois encore, elle me semble évidente, et juridiquement et en bon sens, avec le Secrétaire général de l’enseignement catholique, que je dois rencontrer prochainement ».

L’argent de l’Etat, c’est l’argent du contribuable. Donc si le contribuable met ses enfants dans une école catholique, il a droit de demander qu’une prière quotidienne y soit récitée.

Le nouveau secrétaire général de l’Enseignement catholique Guillaume Prévost s’était déclaré en faveur de la prière en classe et d’une éducation à la sexualité spécifique dans ses établissements. Il avait défendu la possibilité pour les enseignants de prier avec leurs élèves en classe, estimant qu’ils en « ont parfaitement le droit, parce que c’est leur liberté pédagogique et leur liberté de conscience ».

Au sujet du nouveau programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, mis en place en cette rentrée, Édouard Geffray a indiqué avoir aussi une réponse « en loi et en bon sens ».

« Un programme, c’est un programme, c’est obligatoire partout. Ce n’est ni discutable, ni négociable, ni amendable. On ne fait pas son marché dans un programme, on ne commence pas à dire je le fais, je ne le fais pas, etc. ».

« Je ne suis pas inquiet en réalité sur la capacité de l’institution à mettre en œuvre. Je veux m’assurer que ce soit partout. Et j’ai bien dit partout ».

Guillaume Prévost avait assuré que l’Enseignement catholique mettrait en œuvre ce programme, mais avait défendu la possibilité d’avoir un « projet de réseau » spécifique sur le sujet.

Pourtant, la liberté d’enseignement est constitutionnelle.

Ils se filment en criant « Allah Akbar » dans la cathédrale de Bordeaux

Trois adolescents de 16 et 17 ans ont été interpellés par la police mercredi 5 novembre, aux alentours de midi, dans la nef de la cathédrale de Bordeaux. Ils sont accusés d’apologie du terrorisme pour s’être filmé criant “Allah Akbar”.

Placés en garde à vue, la piste terroriste a été écartée.

Un travailleur est ponctionné trois fois : sur son salaire, sur sa consommation, puis sur sa transmission. C’est un véritable hold-up légal

Alors que les discussions sur le budget se poursuivent au Parlement, Christophe Machard, chef d’entreprise, s’oppose à la taxe sur les successions, dans une tribune publiée dans Le Figaro :

L’Assemblée nationale offre un spectacle infernal, un concours morbide de la nouvelle taxe. On a beau chercher, il n’existe plus une seule parcelle de création de richesse qui ne soit pas déjà visée par l’appétit sans fond de l’État. Dans ce pays, on taxe les gens qui travaillent, qui prennent des risques, qui se lèvent tôt et bâtissent, pour favoriser deux castes de parasites, les assistés chroniques, entretenus à vie par le système, et la noblesse républicaine, ces « kleptocrates » modernes qui vivent grassement du fruit du labeur des autres. Pendant qu’un salarié au SMIC peine à survivre, il découvre qu’il vit à peine mieux que celui qui ne travaille pas. Les aides sociales finissent par niveler par le bas toute motivation, créant une société où l’effort est puni et la paresse subventionnée.

Et l’État ne s’arrête jamais : sa dernière trouvaille ? Taxer davantage l’héritage. En France, chaque enfant bénéficie d’un abattement de 100 000 €. Au-delà, c’est une descente aux enfers : 5 % jusqu’à 8 000 €, 10 % jusqu’à 12 000 €, 20 % jusqu’à 550 000 €, 30 % jusqu’à 900 000 €, 40 % au-delà, et même 45 % pour les transmissions supérieures à 1,8 million d’euros. Autrement dit, presque la moitié du fruit d’une vie de travail peut être confisquée par l’État à la mort. Un travailleur, avant même de léguer quoi que ce soit, aura déjà été ponctionné trois fois : sur son salaire, sur sa consommation, puis sur sa transmission. C’est un véritable hold-up légal. Et cela, dans un pays où le revenu est déjà taxé jusqu’à 45 %, sans compter les cotisations sociales (près de 25 % du salaire brut) et la TVA à 20 % sur chaque achat.

Nous, nous sommes partis de rien. Mon épouse et moi n’avions aucun capital, rien d’autre que le courage et l’envie d’entreprendre. Nous avons connu les galères, les fins de mois impossibles, les nuits à compter les euros. Nous avons créé une entreprise, ma femme enseigne à côté, et nous travaillons sans relâche. Ce que nous gagnons, nous voulons simplement le transmettre à nos quatre enfants, ceux-là mêmes qui paieront demain la retraite de ceux qui n’ont rien voulu construire. Mais l’État, après nous avoir saigné toute notre vie, vient tendre la main au moment même où nous voulons transmettre. L’impôt sur les successions est un vol : un vol moral, un vol économique, un vol contre la famille. Ce n’est pas de la redistribution, c’est de la spoliation organisée.

En 2025, la France reste le pays développé où la taxation des successions est parmi les plus fortes. L’OCDE le rappelle : seuls 24 % des États membres imposent encore significativement l’héritage, et la France est dans le peloton de tête, loin devant l’Allemagne, l’Italie ou les États-Unis. Là où la moyenne des recettes issues de ces droits représente 0,5 % du PIB dans l’OCDE, la France dépasse 1,3 %. Autrement dit, notre pays taxe deux à trois fois plus la mort que la plupart de ses voisins. Pendant ce temps, la « noblesse républicaine » – hauts fonctionnaires, élus à vie, dirigeants d’agences publiques – s’auto-attribue privilèges, retraites dorées et salaires supérieurs à 95 % des chefs d’entreprise. Ceux qui produisent, innovent, embauchent : eux, on les taxe, on les méprise, on les épuise. Nous sommes arrivés au point où le pays tout entier fonctionne à l’envers. Les cigales triomphent : elles chantent, profitent, réclament, pendant que les fourmis croulent sous les charges, les taxes, les formulaires et la culpabilisation permanente. Ce pays, paradis des parasites, devient un enfer pour les travailleurs et les entrepreneurs. Un jour, il faudra bien que cela cesse. Un jour, il faudra rappeler que la richesse vient du travail, pas de la prédation. Et que le droit de transmettre à ses enfants ce qu’on a bâti est le dernier refuge de la dignité.

Ce que nous avons lu du pape Léon XIV : beaucoup de fraternité, peu de Croix

Lire avant de juger. Voilà une règle de bon sens, trop souvent oubliée. Il fallait donc prendre le temps de parcourir la première exhortation apostolique, plusieurs homélies et interventions récentes du pape Léon XIV, afin d’écouter sa voix elle-même, et non l’écho de commentaires partisans.

Ce que nous avons découvert se présente d’abord sous la forme d’un langage chaleureux, insistant sur la dimension reçue de la vie humaine. Le pape rappelle que « nous avons reçu la vie avant même de la vouloir » et que nous avons dépendu dès l’origine des soins d’autrui. De là, il décrit la famille comme le premier lieu où se tisse la relation, où l’on apprend à se reconnaître, à accueillir, à consoler. « Nous vivons grâce à une relation », affirme-t-il, invitant les familles à devenir signe de paix dans la société. Sur ce point, l’harmonie avec l’enseignement traditionnel est réelle : Léon XIII, Pie XI et Pie XII ont eux aussi magnifié la famille chrétienne comme sanctuaire de l’amour et cellule fondamentale de la cité.

Mais il ne suffit pas de saisir ce qui est affirmé : il faut aussi considérer ce qui reste en retrait. Or, dans ces textes, l’amour est décrit presque exclusivement sous l’angle de la fraternité humaine et du soin mutuel. La source surnaturelle de cet amour – la grâce, la Croix, la Rédemption – y apparaît rarement, parfois fugitivement, et jamais comme principe directeur. La famille n’est plus abordée comme réalité élevée par le sacrement, mais comme expérience humaine universelle. Ce déplacement n’est pas secondaire : il change la structure du discours.

Le même mouvement apparaît dans les interventions adressées aux autres religions. Léon XIV affirme que « les traditions religieuses ont un rôle décisif dans la construction de la paix » et qu’il faut « prier côte à côte » pour « faire respirer au monde l’espérance ». C’est là la continuité assumée de Nostra aetate et de l’« esprit d’Assise ». L’intention peut sembler généreuse, mais elle repose sur une vision de l’unité humaine qui ne passe plus par la conversion à la vérité, mais par l’harmonie des différences. Pourtant, la Tradition de l’Église enseigne que la paix véritable ne peut naître que « du règne du Christ » (Pie XI, Ubi Arcano), et que « la société ne peut être solidement ordonnée que dans la vérité » (Pie XII, Summi Pontificatus). L’unité religieuse n’est pas concertation, mais conversion.

Le silence sur la Croix devient alors déterminant. On parle de soin, de pardon, de réconciliation ; mais jamais du péché originel qui blesse l’homme au cœur même de sa vie familiale. On évoque l’amour comme force humaine, mais non comme fruit de la grâce surnaturelle. On montre Jésus priant pour l’humanité « comme un baume », mais l’on ne rappelle pas que c’est par son Sacrifice, et lui seul, que le salut est donné aux hommes. Ainsi, sans le dire explicitement, le discours passe peu à peu d’une sotériologie à une éthique, d’un mystère de salut à une pédagogie du vivre-ensemble.

Ce qui manque ici est clair :
le péché originel, la nécessité de la grâce, la Croix comme cause du salut.

Sans la Croix, l’amour devient sentiment.
Sans la grâce, la fraternité devient slogan.
Sans la vérité, la paix devient décor.

Le christianisme n’est pas d’abord un humanisme fraternel : il est l’adhésion à Jésus-Christ, Fils de Dieu, mort sur la Croix pour nous sauver. Le cœur de l’Évangile ne dit pas « aimons-nous simplement », mais :

« Si quelqu’un veut venir après Moi, qu’il prenne sa Croix » (Mt 16, 24).

La charité chrétienne n’est pas un sentiment généreux ; elle est « l’amour de Dieu répandu dans les cœurs par l’Esprit Saint » (Rm 5, 5), c’est-à-dire la grâce. La paix chrétienne n’est pas un consensus spirituel ; elle est « la paix du Christ par le règne du Christ » (Pie XI).

Ce que nous avons lu du pape Léon XIV n’est donc pas à rejeter ; il contient des élans justes et des appels sincères. Mais il manque la colonne verticale, l’axe théologique, la clef de voûte : la Croix rédemptrice, qui fonde la famille, sanctifie l’amour, guérit l’homme et sauve le monde.

Nous pouvons accueillir ce qui est bon.
Mais nous devons nommer ce qui est absent.
Car le Christ n’est pas un facilitateur de fraternité.
Il est le Sauveur.
Il ne s’ajoute pas aux autres voies.
Il est la Voie.

Le monde n’a pas seulement besoin d’être consolé ; il a besoin d’être sauvé.
Et ce salut vient de la Croix du Christ, ou il ne vient pas.

Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.

Invoquer la liberté non pour donner la vie, mais pour la retirer, c’est trahir l’humanité

A ceux qui lui demandent “que pensez-vous du Pape Léon XIV ?”, l’abbé Lelièvre répond : “Qu’avez-vous lu du Pape Léon XIV ?”

C’est pour cela qu’il a publié ce petit livre, 31 jours avec Léon XIV, compilation d’extraits de textes récents prononcés par le nouveau pape.

Exemple avec cet extrait de l’homélie du 1er juin pour le Jubilé des familles :

Très chers amis, nous avons reçu la vie avant même de la vouloir. Comme l’enseignait le pape François, « tous les hommes sont des enfants, mais aucun de nous n’a choisi de naître » Mais ce n’est pas tout. Dès notre naissance, nous avons eu besoin des autres pour vivre, seuls nous n’y serions pas y arriver : c’est quelqu’un d’autre qui nous a sauvés, en prenant soin de nous, de notre corps comme de notre esprit. Nous vivons donc tous grâce à une relation, c’est-à-dire à un lien libre et libérateur d’humanité et de soin mutuel.

Il est vrai que parfois cette humanité est trahie. Par exemple, chaque fois que l’on invoque la liberté non pour donner la vie, mais pour la retirer, non pour secourir, mais pour offenser. Cependant, même face au mal qui s’oppose et tue, Jésus continue de prier le Père pour nous, et sa prière agit comme un baume sur nos blessures, devenant pour tous une annonce de pardon et de réconciliation. Cette prière du Seigneur donne pleinement un sens aux moments lumineux de notre amour les uns pour les autres, en tant que parents, grands-parents, fils et filles. Et c’est cela que nous voulons annoncer au monde : nous sommes ici pour être “un” comme le Seigneur veut que nous soyons “un”, dans nos familles et là où nous vivons, travaillons et étudions : différents, mais un, nombreux, mais un, toujours, en toutes circonstances et à tous les âges de la vie.

Mes très chers amis, si nous nous aimons ainsi, sur le fondement du Christ, qui est « l’alpha et l’oméga », « le commencement et la fin » (cf. Ap 22, 13), nous serons un signe de paix pour tous, dans la société et dans le monde. Et n’oublions pas : c’est dans les familles que se construit l’avenir des peuples.

Un chant venu du Ciel… Le Gloria et la collecte (épisode 8/23) – La messe, trésor de la foi

Revenu au milieu de l’autel, le prêtre entonne certains jours le Gloria in excelsis, aussi appelé « grande doxologie », par opposition à la « petite doxologie », le Gloria Patri[1].
1. Histoire et usage

Initialement, cette hymne d’origine grecque n’a pas été composée pour la messe, mais elle y sera progressivement intégrée.

Pendant un temps assez long, il ne fut permis de le chanter qu’à la Messe de minuit à Noël[2], en référence à ses premiers mots. Puis, au début du VIe siècle, on l’autorisa les dimanches et aux fêtes des martyrs, et ce seulement pour les évêques, les prêtres ne pouvant le réciter qu’à Pâques. À la fin du XIe siècle, il n’y avait plus de limitation pour les prêtres et la règle actuelle se généralisait : « on récite le Gloria à chaque messe dès qu’elle a un caractère de fête. »[3]

Concrètement, il s’agit des dimanches – hormis ceux de l’Avent et du Carême – des fêtes de Notre-Seigneur, de la Bienheureuse Vierge Marie et des saints, ainsi que des féries du temps de Noël et du temps pascal.

2. Attitudes rituelles

En entonnant le Gloria, le prêtre étend et élève les mains, avant de les rejoindre :

« C’est un geste que l’amour des choses célestes a toujours fait faire, pour montrer qu’on voudrait les embrasser et les posséder. »[4]

On s’incline à plusieurs reprises pendant la récitation du Gloria, pour témoigner la révérence envers Dieu, et notamment en disant Deo, « par respect pour le saint nom de Dieu », également au nom de Jésus, de même que pendant le reste de la messe :

« Comme le crucifix [placé au centre de l’autel] représente l’homme Dieu, et non pas la personne du Père et du Saint-Esprit, le prêtre ne s’incline qu’aux [noms] de Dieu ou de Jésus-Christ, et non pas quand il prononce le nom du Père ou du Saint-Esprit. »[5]

Le Gloria s’achève par un signe de croix.

3. Structure

On peut discerner trois parties dans le Gloria[6] :

1° – le chant des anges dans la nuit de Noël [de Gloria à bonae voluntatis] ;

2° – la louange à Dieu [de Laudamus te à Deus Pater omnipotens] ;

3° – l’invocation du Christ [à partir de Domine Fili unigenite].

Chant des anges

Glória in excélsis Deo et in terra pax homínibus bonæ voluntátis. Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté.

Louange à Dieu

Laudámus te. Benedícimus te. Adorámus te. Glorificámus te. Grátias ágimus tibi propter magnam glóriam tuam. Dómine Deus, Rex cœléstis, Deus Pater omnípotens. Nous vous louons, nous vous bénissons, nous vous adorons, nous vous glorifions et nous vous rendons grâces pour votre gloire immense, Seigneur Dieu, Roi du ciel, Dieu Père tout-puissant.

Invocation du Christ

Dómine Fili unigénite, Iesu Christe. Dómine Deus, Agnus Dei, Fílius Patris. Qui tollis peccáta mundi, miserére nobis. Qui tollis peccáta mundi, súscipe deprecatiónem nostram. Qui sedes ad déxteram Patris, miserére nobis. Quóniam tu solus Sanctus. Tu solus Dóminus. Tu solus Altíssimus, Iesu Christe. Cum Sancto Spíritu in glória Dei Patris. Amen. Seigneur Fils unique, Jésus-Christ, Seigneur Dieu, Agneau de Dieu, Fils du Père, vous qui enlevez les péchés du monde ayez pitié de nous, vous qui enlevez les péchés du monde accueillez notre prière, vous qui siégez à la droite du Père, ayez pitié de nous. Car c’est vous le seul Saint, vous le seul Seigneur, vous le seul Très-Haut, Jésus-Christ, avec le Saint-Esprit, dans la gloire de Dieu le Père. Ainsi soit-il.

 

Ainsi, le Gloria tout entier est un développement des deux thèmes essentiels du chant des anges qui en constitue la première partie :

–  à Dieu, la gloire : dans la deuxième partie, nous faisons chœur avec la louange chantée par les chœurs angéliques ;

– aux hommes, la paix : dans la troisième partie, nous nous adressons à Celui en qui la paix du ciel est venue à nous, le suppliant d’achever son œuvre[7].

4. 1re partie : Le chant des anges.

« Glória in excélsis Deo et in terra pax homínibus bonæ voluntátis. » (Lc 2, 14) 

Est-ce un souhait ou un fait ?

« … le cantique des anges ne renferme pas seulement un souhait, mais exprime la situation de fait : voici que gloire est donnée à Dieu et paix aux hommes.

C’est, simplement à une autre phase de son développement, le fait que Notre-Seigneur décrit lui-même à la fin de sa vie dans sa prière sacerdotale, en ces mots : “Je t’ai glorifié sur terre, j’ai accompli l’œuvre que tu m’avais chargé d’accomplir.”[8]

Mais justement parce que la glorification de Dieu et le salut de l’humanité ne seront “accomplis” que par le sacrifice de la Passion du Seigneur et parce que ses fruits auront encore à mûrir et mûriront jusqu’à la fin du monde, il reste exact que le cantique des anges dans l’Évangile ne célèbre pas encore l’événement effectif, mais le plan de salut, le dessein, ce qui doit maintenant se réaliser graduellement : gloire soit à Dieu là-haut et paix aux hommes de sa grâce.

Ceci s’applique à plus forte raison au cantique tel que nous le répétons pendant la vie terrestre de l’Église. Chaque jour de la vie de l’Église, chaque fois qu’elle rassemble ses enfants pour la prière, et surtout pour la célébration de l’Eucharistie, une lumière nouvelle se répand dans le monde ; elle voit avec une exaltation joyeuse, mais en même temps avec une nostalgique impatience, le royaume de Dieu approcher ; elle voit approcher, en dépit de toutes les résistances, la réalisation du dessein grandiose gloire à Dieu, et, aux hommes qu’il a élus, paix et salut. »[9]

De quelle « bonne volonté » s’agit-il ?

Les commentateurs sont partagés sur un point : la bonne volonté – eudokia en grec – évoquée ici est-elle celle celles des hommes, ou bien celle de Dieu ?

Pour les uns, ce mot doit s’entendre d’un sentiment humain, en sorte que le sens du texte, sans nier la grâce, toujours nécessaire pour que la volonté humaine soit bonne, « constate simplement que la paix sera le partage des hommes bien intentionnés »[10].

Pour d’autres, « [bona voluntas] n’est pas la bonne volonté des hommes, mais la bonne volonté de Dieu, sa complaisance, sa faveur et sa grâce. Les [homines bonae voluntatis] sont donc les hommes de sa grâce, de son choix, les hommes à qui est apporté l’annonce du royaume de Dieu. »[11]

5. 2e partie : La louange à Dieu

« Laudámus te.

Benedícimus te.

Adorámus te.

Glorificámus te.

Grátias ágimus tibi propter magnam glóriam tuam.

Dómine Deus, Rex cœléstis, Deus Pater omnípotens. »

L’accent fondamental de cette louange est l’« hommage adressé à un Dieu si grand ». Même lorsqu’il s’agit de rendre grâces [grátias ágimus tibi], le motif de cette action ne réside pas d’abord dans les bienfaits reçus, mais dans la gloire de Dieu elle-même [propter magnam glóriam tuam]. Ainsi, l’hommage rendu à Dieu va jusqu’à le remercier de sa grande majesté

On ne prétend pas « calculer le tribut dont la créature est redevable à Dieu, ni lui rendre grâces en reconnaissance des seuls bienfaits reçus. […] le regard se fixe d’abord sur la gloire et la beauté de Dieu ; nous sommes heureux de pouvoir louer sa majesté »[12]

À cette louange contribue la liste des noms divins : Seigneur, Roi du ciel, Dieu, Père, Tout-Puissant.

6. 3e partie : L’invocation du Christ

« Dómine Fili unigénite, Iesu Christe. Dómine Deus, Agnus Dei, Fílius Patris.

Qui tollis peccáta mundi, miserére nobis. Qui tollis peccáta mundi, súscipe deprecatiónem nostram. Qui sedes ad déxteram Patris, miserére nobis.

Quóniam tu solus Sanctus. Tu solus Dóminus. Tu solus Altíssimus, Iesu Christe.

Cum Sancto Spíritu in glória Dei Patris. Amen. »

Le regard qui s’est élevé vers la gloire de Dieu se porte ensuite sur le Christ, en qui cette gloire s’est révélée et communiquée à nous. Le plan est le suivant : adresse de louange ; triple invocation en forme de litanie ; triple confession par Tu solus ; conclusion trinitaire.

Adresse de louange et triple invocation

Parmi les titres employés, on notera particulièrement celui d’« Agneau de Dieu » [Agnus Dei], agneau du sacrifice, venu de Dieu, auquel font références les deux premières des trois invocations qui suivent [Qui tollis peccat mundi…] :

« Ce n’est pas un hasard si le titre d’Agneau de Dieu, expression la plus profonde de la miséricorde de Notre-Seigneur, [est uni] à l’appel à sa pitié. […] l’appel à l’Agneau de Dieu est suivi d’une courte litanie. […] elle est à la fois hymne de louange et invocation suppliante reprenant les mots de saint Jean-Baptiste, nous rappelons au Seigneur, par une discrète allusion, l’humiliation volontaire qu’il a prise sur lui en tant qu’Agneau de Dieu, la Passion expiatrice par laquelle il a “enlevé” les péchés du monde, mais aussi son triomphe et son exaltation “à la droite du Père”, où, précisément comme Agneau de Dieu, il reçoit des élus la jubilation du chant des noces. Alors peut éclater dans l’hymne angélique, comme auparavant dans le Kyrie, l’appel à la miséricorde : “Aie pitié de nous, agrée notre supplication !” »[13]

Triple confession (Tu solus) – Conclusion trinitaire

« À l’origine de notre hymne, on a sûrement perçu très vivement dans ces déclarations l’opposition aiguë aux cultes païens avec leurs attributs divin prodigués à la légère, leur foule de [seigneurs] et en particulier leur culte de l’empereur. Au-dessus de tous ces produits de l’imagination humaine se dresse, rayonnant de grandeur, Jésus-Christ, le Seigneur “unique” [Tu solus]. »[14]

La conclusion trinitaire nous ramène à la gloire de Dieu qui est à l’origine et à la fin de toutes choses.

7. Le Gloria et les fins de la messe

Concluons en observant que le Gloria explicite les quatre fins du Saint-Sacrifice de la messe :

– L’adoration, la glorification de Dieu en raison de son excellence même : laudamus te, adoramus te, benedicimus te … propter magnam gloriam tuam.

– L’action de grâce, la reconnaissance pour les bienfaits reçus : gratias agimus tibi…

– La propitiation, le pardon de nos péchés : qui tollis peccata mundimiserere nobis

– La supplication, la demande de nouveaux bienfaits : suscipe deprecationem nostram

8. Le nom de « collecte »

Nous avons déjà évoqué la distinction entre l’ordinaire et le propre. Ce dernier contient en particulier trois oraisons qui se distribuent au début, au milieu et à la fin de la messe. La première d’entre elles, qui arrive après le Gloria (ou le Kyrie, si l’on n’a pas chanté le Gloria), n’a pas de nom particulier dans le missel, où elle est tout simplement appelée « oraison ». Mais l’usage veut que l’on appelle cette oraison « collecte », pour la distinguer des deux autres oraisons, à savoir, la secrète et la postcommunion.

Ce nom vient du verbe latin colligere qui signifie « rassembler » et a donné en français le verbe « collecter ». En effet:

Cette oraison est appelée collecte car elle rassemble en un résumé concis les demandes que l’on doit adresser à Dieu. »[15]

La collecte est, de fait, la prière où le prêtre résume et présente à Dieu la prière du peuple. Ceci est particulièrement sensible à la grand-messe, où la collecte est la première occasion où le célébrant prend solennellement la parole au nom de l’assemblée réunie. Ce qui précède en effet, se compose soit de chants qui, hormis l’intonation du Gloria, sont confiés à la chorale, soit de prières que le prêtre récite avec ses assistants pendant l’exécution des chants.

9. Dominus vobiscum et Oremus

Conformément à ce rôle, la collecte est introduite par une invitation à prier – « Oremus » [« Prions »] – et précédée d’une salutation adressée au peuple : « Dominus vobiscum » [« Le Seigneur soit avec vous »] :

Au moment même où le prêtre présente à Dieu la prière de tous, [le prêtre souhaite que] le Seigneur soit proche d’eux, et que la grâce de Dieu accompagne leur prière. »[16]

Mais il y a plus, car « le Dominus vobiscum revient à chaque fois qu’une invitation ou un avis doit être adressé au peuple : invitation à s’unir en esprit à la prière du prêtre, […] annonce de la fin, […] »[17].

Le Dominus vobiscum remplit donc la fonction d’une interpellation, qui a d’abord pour but d’attirer l’attention sur l’avis qui va être adressé au peuple (en l’occurrence, l’invitation à la prière) et qui signale chaque fois un point important dans le déroulement de la liturgie[18]. En effet :

Avec [la collecte] nous atteignons un premier sommet dans le cours de la messe. Le rite d’entrée s’achève par l’oraison du prêtre, comme la présentation des offrandes [l’offertoire] et la réception de la communion par la secrète et la postcommunion. »[19]

Quant aux formules employées pour le salut – « Dominus vobiscum » – et la réponse – « Et cum spiritu tuo » –, elles remontent aux origines chrétiennes et même au-delà[20].

« Dominus vobiscum » ou, au singulier « Dominus tecum » est une salutation que l’on retrouve dans l’Ancien Testament et dans le Nouveau, par exemple, dans le livre de Ruth, Booz salue les moissonneurs d’un « Dominus vobiscum »[21]. C’est également la formule employée par l’ange Gabriel à l’Annonciation : « Dominus tecum benedicta tu in mulieribus »[22], ou encore par saint Paul s’adressant aux Thessaloniciens : « Que le Seigneur soit avec vous tous. » [Dominus cum omnibus vobis.][23]

La réponse se trouve chez le même apôtre, s’adressant par exemple à Timothée : « Que le Seigneur Jésus-Christ soit avec ton esprit. » [Dominus Iesus cum spiritu tuo.][24]

Par « ton esprit » [spiritu tuo], il faut simplement entendre « ta personne », c’est-à-dire « toi ». Tel est le naturel de la réponse : « Quel le Seigneur soit aussi avec toi. » Toutefois, il n’est pas interdit, avec saint Jean Chrysostome, d’appliquer « ton esprit » au Saint-Esprit habitant dans l’âme de celui à qui l’on s’adresse[25]. Le saint docteur voit même dans le mot « Esprit » l’indication que le prêtre accomplit le sacrifice par la vertu du Saint-Esprit[26].

Quoiqu’il en soit, « la meilleure interprétation de l’Et cum spiritu tuo est celle qui y voit l’assemblée non pas d’abord comme conférant au prêtre un pouvoir ou une délégation, mais reconnaissant en lui le porte-parole qui doit la conduire et auquel elle veut s’unir pour s’approcher de Dieu. »[27]

10. Attitudes rituelles : orientation de la prière et position des mains

En récitant l’oraison, le prêtre se tient debout, tourné vers l’orient [liturgique], les mains levées.

Tourné vers l’orient…

Nous avons déjà eu l’occasion de signaler l’importance symbolique des points cardinaux dans la liturgie. Dans ce domaine, ce n’est pas le nord qui tient lieu de référence, mais l’est, l’orient.

C’est en effet la direction du soleil levant (oriens en latin), symbole du Christ, ainsi que le suggère l’antienne à Magnificat des vêpres du 21 décembre (solstice d’hiver) :

Ô soleil levant, splendeur de la lumière éternelle et soleil de justice, venez et illuminez ceux qui sont assis dans les ténèbres et les ombres de la mort.

D’après l’évangile selon saint Matthieu, c’est également de l’orient que le Christ doit revenir[28].

Ainsi, l’orientation de la prière et, par conséquent, des églises prit dès les Ve et VIe siècles une grande importance.

Si les premières églises, du moins certaines d’entre elles, étaient orientées à l’occident, c’est qu’elles reprenaient le modèle des temples païens, qui permettait au soleil de passer par l’entrée le matin et d’éclairer la statue du dieu. C’est encore le cas de certaines basiliques romaines, comme Saint-Pierre de Rome. Dans ces églises donc, le célébrant, faisant face à l’orient, faisait donc matériellement face au peuple. Mais il ne s’agissait pas de se tourner vers le peuple, mais bien de se tourner vers l’orient. D’ailleurs, le peuple lui-même se tournait vers l’orient à différents moments de la messe : Gloria, collecte, préface, …

Toutefois, l’orientation des églises vers l’orient devint la règle si bien que lorsque, pour une raison quelconque, cette orientation n’est pas respectée, on considère tout de même que, dans l’église c’est l’autel qui indique l’orient « liturgique » vers lequel le prêtre et tous les fidèles se tournent.

… les mains levées

[Citation] Quant à l’élévation des mains, elle accompagne la parole qui monte vers Celui qui réside dans les cieux. [Elle est susceptible d’exprimer], selon l’accent de la prière, aussi bien l’imploration passionnée que la vénération et le respect.[29]

On en trouve des exemples dans l’Ancient Testament, ainsi le prophète Jérémie :

   Élevons nos cœurs avec nos mains vers le Seigneur, dans le ciel. »[30]

[On reconnaît également], dans cette position de l’orant, l’image du Crucifié, au nom de qui le chrétien se présente devant Dieu.[31]

Tertullien et saint Cyprien invitent le prêtre à ne pas exagérer ce geste : l’extension et l’élévation des mains doivent être mesurées et stylisées[32].

Cette attitude, est adoptée par le prêtre pour les plus anciennes prières de la messe : oraisons, préface, canon et Pater noster. Une autre attitude rituelle, empruntée à la tradition germanique, accompagne les prières plus récentes : les mains jointes.

Notons que l’invitation à la prière – Oremus, « Prions » – est dite par le prêtre qui étend et rejoint les mains en s’inclinant vers la croix : comme pour rassembler les prières diverses en une. Ce même geste de rejoindre les mains accompagne la conclusion de la collecte.

11. Forme et contenu de la collecte

Structure

La collecte suit généralement une structure précise, dont saint Thomas d’Aquin[33] nous explique qu’elle correspond à la nature même de la prière.

Trois conditions, enseigne-t-il, sont requises à la prière :

1° – Il faut s’approcher de Dieu que l’on prie. C’est ce que signifie le mot “oraison” [oratio], puisqu’il désigne l’élévation de l’esprit vers Dieu.

2° – Il faut aussi demander : ce qu’exprime les mot “postulation” [postulatio] ou “supplication” [supplicatio].

3° – Il faut enfin un motif d’obtenir ce qu’on demande, et on le prend du côté de Dieu et du côté de celui qui prie :

– du côté de Dieu, c’est sa sainteté, à raison de quoi nous demandons d’être exaucé : c’est le rôle de l’ “obsécration” [obsecratio], qui implore au nom de réalités saintes ;

– du côté de l’homme, la raison qu’il peut avoir d’obtenir ce qu’il demande, c’est l’ “action de grâce” [gratiarum actio] : « En rendant grâce pour les bienfaits reçus, puissions-nous en recevoir de plus grands », dit une oraison du missel.

Ces quatre éléments se retrouvent dans la plupart des collectes. Prenons par exemple celle de la fête de la Trinité,

Oraison Omnípotens sempitérne Deus, Dieu tout-puissant et éternel,
Action de grâce qui dedísti fámulis tuis in confessióne veræ fídei, ætérnæ Trinitátis glóriam agnóscere, et in poténtia maiestátis adoráre Unitátem : qui avez donné à vos serviteurs, dans la confession de la vraie foi, de reconnaître la gloire de l’éternelle Trinité, et d’adorer une parfaite Unité en votre majesté souveraine :
Postulation / Supplication quǽsumus ; ut, eiúsdem fídei firmitáte, ab ómnibus semper muniámur advérsis. accordez, nous vous en prions, qu’affermis par cette même foi, nous soyons constamment munis contre toutes les adversités.
Obsécration Per Dóminum nostrum Iesum Christum Fílium tuum, qui tecum vivit et regnat in unitáte Spíritus Sancti, Deus, per ómnia sǽcula sæculórum. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ, votre Fils, qui avec vous vit et règne dans l’unité du Saint-Esprit, Dieu, pour les siècles des siècles.

 

C’est la postulation ou supplication qui constitue l’élément principal de ces oraisons : ce sont des prières de demande.

Que demande-t-on ?

« Beaucoup d’oraisons [de collecte] ne contiennent aucune demande précise autre que de voir exaucer les intentions des fidèles.

Ailleurs, on formule l’une ou l’autre des intentions permanentes et sans cesse renouvelées :

on demande le secours du bras divin,

la victoire sur l’erreur et le danger,

l’ardeur pour le bien,

la rémission des péchés,

l’obtention du salut.

On voit aussi apparaitre, dans les oraisons, les puissances qui s’affrontent dans le combat spirituel ; et cela spécialement sous la forme d’antithèses, représentant les courants opposés, qui se disputent notre route terrestre :

le corporel et le spirituel,

la pensée et l’action,

le poids de notre responsabilité et l’intercession des saints,

l’abstinence et le jeûne de nourriture et de péché,

la libération du mal et le service du bien,

la vénération et l’imitation,

la foi et la réalité,

vie terrestre et béatitude éternelle.

Particulièrement fréquente est la profonde opposition entre, d’une part, l’action extérieure, le service temporel, le don de soi dans la foi et, d’autre part, la réussite intérieure, le salut éternel, la réalité sans fin ; un peu comme l’exprime la collecte du XXIIe dimanche après la Pentecôte :

ut quod fideliter petimus – efficaciter consequamur : ce que nous implorons avec foi, puissions-nous un jour dans la réalité y parvenir.” »[34]

Qui prie ?

« C’est l’Église qui prie : Ecclesia tuapopulus tuusfamilia tuafamuli tuifideles tui, [ton Église, ton peuple, ta famille, tes fidèles] ainsi est désigné, dans l’oraison, l’être qui prie et le bénéficiaire des dons divins.

Dans tous les cas, le sujet est un “Nous” : quaesumusrogamusdeprecamur. […] Si réduite que soit l’assemblée groupée autour du prêtre à l’autel, ce ne sont pas seulement quelques chrétiens qui sont là, mais l’Église même en sa structure hiérarchique, le peuple de la Nouvelle Alliance tel que le Christ l’a groupé et organisé. »[35]

Ancienneté

Terminons en mentionnant l’ancienneté des oraisons du missel, en particulier des collectes, dont le noyau essentiel – c’est-à-dire les oraisons de la plupart des dimanches et grandes fêtes – a dû se constituer du IIIe au VIe siècle, à l’époque où la liturgie vit le passage du grec au latin[36].

Claves

“Une rupture anthropologique est à l’œuvre: elle consiste à redéfinir ce que signifie être humain”

Réflexion de Patrick Hetzel, député LR du Bas-Rhin :

“En ce jour de la « Toussaint », alors que nous sortons tout juste du tumulte de l’hémicycle de l’Assemblée nationale, où le débat budgétaire a fait rage durant toute la semaine et jusqu’à minuit dans la nuit de vendredi à samedi, je ne peux m’empêcher de revenir sur un autre débat qui a eu lieu l’an dernier dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale autour de la fin de vie. Depuis, cette question ne me quitte plus. En l’occurrence, je n’arrive toujours pas à comprendre comment nous pouvons en arriver à vouloir considérer collectivement et le consacrer dans la loi, que donner la mort relèverait d’un acte « fraternel » d’autant qu’en amont nous n’avons pas entrepris tout ce qu’il fallait pour généraliser les soins palliatifs et que la loi actuelle prévoit un triptyque essentiel: pas d’acharnement thérapeutique, personne ne doit mourir dans la solitude et enfin, personne ne doit souffrir.

En effet, je reste profondément marqué par ces débats au cours desquels d’aucuns ont d’une part cherché à redéfinir ce que cela signifie que d’ « être humain » et d’autre part, à promouvoir une vision exclusivement matérialiste de la fraternité.

Je reviens donc ici sur ces deux aspects qui continuent de me préoccuper surtout au moment où l’on nous indique que les débats sur cette question devraient être de retour au parlement dans les prochains mois.

Une rupture anthropologique est à l’œuvre: elle consiste à redéfinir ce que signifie être humain !

Une rupture anthropologique signifie un changement profond dans la manière dont une société conçoit la dignité, la valeur et le sens de la vie humaine. Légaliser l’euthanasie n’est pas simplement une question de droit médical ou de liberté individuelle : c’est une transformation du regard sur l’homme.

a) Du principe d’inviolabilité à celui de disponibilité de la vie

Traditionnellement, dans la culture occidentale (inspirée à la fois par le droit naturel, la philosophie grecque, le droit romain et le judéo-christianisme), la vie humaine est considérée comme inviolable. Elle est un bien premier, non négociable, que ni l’État ni l’individu ne peuvent détruire volontairement. L’euthanasie rompt ce principe : la vie devient un bien disponible, dont on peut disposer selon des critères de souffrance, d’utilité ou de volonté. Ce glissement transforme la personne en objet de décision, et non plus en sujet possédant une dignité intrinsèque. Cela interroge.

b) Une mutation de la relation à la vulnérabilité

L’humanité s’est toujours définie par la solidarité envers le faible, le malade, le mourant. Légaliser la mort administrée comme réponse à la souffrance revient à dire : « certaines vies ne valent plus d’être vécues ». C’est donc un renversement : la vulnérabilité n’appelle plus l’accompagnement, mais l’élimination du vulnérable — au nom de la compassion.

c) Une modification du rôle du médecin et du lien social

Le serment d’Hippocrate engage le médecin à soigner sans jamais donner la mort. En légalisant l’euthanasie, la société fait du soignant le dispensateur de mort « compassionnelle ».

C’est une rupture dans la symbolique de la médecine : de gardien de la vie, il devient gestionnaire de la mort.

À terme, cela modifie la confiance entre soignants et patients, mais aussi le lien collectif : la fraternité devient conditionnelle, fondée sur l’utilité ou la souffrance.

Pourquoi une vision exclusivement matérialiste de la fraternité me semble très dangereuse ?

Face à une vision purement matérialiste — où l’homme n’est qu’un organisme biologique dont la valeur dépend du plaisir ou de l’absence de douleur —, plusieurs arguments politiques et philosophiques peuvent être opposés et ils n’ont hélas pas été suffisamment pris en compte lors des débats.

a) L’État ne peut devenir arbitre de la valeur de la vie

Un État qui légalise la mise à mort « compassionnelle » devient le juge de la vie digne ou indigne. C’est une pente dangereuse : ce pouvoir de décider qui doit mourir n’appartient à aucune institution humaine sans menacer la liberté et la dignité fondamentales.

On peut invoquer ici une argumentation républicaine classique : dans un régime fondé sur les droits de l’homme, la vie est un droit inaliénable, non une variable d’ajustement à la souffrance.

b) La fraternité politique suppose le soin, pas la suppression

La fraternité, au sens politique, signifie que la communauté reconnaît la valeur de chaque membre, surtout du plus fragile. L’euthanasie, en prétendant soulager, remplace la solidarité par la suppression. Elle transforme une obligation collective (accompagner, soulager, entourer) en une solution individuelle (donner la mort).

La vraie fraternité, politiquement parlant, suppose la présence, le soin, le soutien, non l’abandon travesti en compassion.

c) La liberté sans transcendance devient autodestruction

Une conception matérialiste de la liberté — « je dispose de mon corps, donc je peux choisir ma mort » — oublie que la liberté n’a de sens que dans le rapport à autrui et à une valeur supérieure à soi-même.

Une société qui ne fonde plus la liberté sur le respect de la vie se condamne à nier la liberté des plus faibles, car ceux-ci seront poussés à « choisir » la mort sous pression sociale ou économique.

d) La dignité ne se réduit pas à l’autonomie

L’argument souvent avancé pour l’euthanasie est : « mourir dans la dignité ». Mais si la dignité dépend de l’autonomie, alors les dépendants, les malades, les handicapés perdent leur dignité. Une conception politique et humaniste plus juste est celle où la dignité est inhérente à la personne, quelles que soient sa souffrance ou sa dépendance. C’est cette vision — non matérialiste, mais humaniste — qui fonde l’État de droit.

Pour toutes ces raisons, une question reste posée: légaliser l’euthanasie, n’est-ce pas en réalité, vider l’humanité de son âme ? Je formule le voeu que cette dimension puisse pleinement être prise en compte sous peine de nier le sens véritable de notre belle devise nationale.”

Une contre-proposition radicale au projet de centralisation de l’UE

Face au projet « eurofédéraliste » de Bruxelles, la résistance s’organise.

Pour rappel, après la Conférence pour l’avenir de l’Europe que le président français avait appelée de ses vœux dans un simulacre d’exercice démocratique, et après le rapport du groupe « indépendant » d’experts franco-allemands sur les réformes de l’Union européenne publié en septembre 2023, le Parlement européen a adopté en novembre de la même année un projet de 267 amendements aux traités européens. Des amendements qui, s’ils sont adoptés et ratifiés comme l’a finalement été le traité de Lisbonne malgré l’échec des referendums français et néerlandais, conduiront à la perte définitive de ce qu’il nous reste de souveraineté nationale.

Sans attendre une telle réforme des traités de l’UE, les institutions bruxelloises s’approprient toujours plus de compétences en empiétant toujours plus sur les domaines réservés aux États membres, en instrumentalisant la notion d’État de droit, en poussant à l’endettement conjoint et aussi par une interprétation abusive des traités et du droit européen à la Cour de Justice de l’UE. C’est aussi ce qu’il faut changer pour préserver la démocratie en Europe et redonner aux nations européennes les moyens de prendre les décisions importantes pour leur avenir en ces temps de crises.

C’est dans ce contexte qu’est né un projet de réforme de l’Union européenne.

Lors de la présentation du projet à Budapest, Balázs Orbán, directeur du cabinet politique du premier ministre hongrois Viktor Orbán, a déclaré :

« Je suis fier de présenter un rapport conjoint du MCC et d’Ordo Iuris intitulé ‘The Great Reset’ (La grande réinitialisation). Ce rapport soutient que l’UE a perdu sa place dans le monde et qu’elle a besoin de réformes fondamentales pour survivre. Make Europe Great Again ! »

Et Jorge Buxadé, vice-président du parti conservateur espagnol Vox, après la présentation du projet de grande réinitialisation de l’UE à Madrid :

« Maintenant, nous avons un projet. »

À ce jour, les propositions de l’Institut Ordo Iuris et du Mathias Corvinus Collegium (MCC) ont déjà été publiées en cinq langues et présentées à Varsovie, Budapest, Bruxelles et Madrid. Elles ont reçu le soutien du gouvernement hongrois et du parti espagnol Vox, ainsi que de certains dirigeants du parti Droit et Justice (PiS) et des autres partis de droite en Pologne. L’institut Ordo Iuris est également en pourparlers avec les principaux thinks tanks italiens proches des partis de Matteo Salvini et de Giorgia Meloni, afin de poursuivre les travaux sur le projet et de le présenter prochainement à Rome, ainsi qu’avec les milieux proches de Chega pour une présentation au Portugal, tandis que des cadres du parti roumain AUR et des députés de l’AfD ont eux aussi exprimé leur grand intérêt pour ce projet.

Ce projet a été présenté à Paris hier 4 novembre par un de ses co-auteurs, Rodrigo Ballester, directeur du département d’études européennes du MCC de Budapest et ancien haut fonctionnaire de la Commission européenne, ainsi que par Olivier Bault, directeur de la communication à l’Institut Ordo Iuris de Varsovie.

Le document « La grande réinitialisation : rétablir la souveraineté des Etats membres dans l’Union européenne » constitue en effet la première étape de la préparation d’une proposition détaillée de modification des traités européens, en collaboration avec un plus grand nombre de think tanks et d’organisations de toute l’Union européenne. L’initiative visant à préparer un projet alternatif de réforme des traités a été annoncée en septembre 2024 par Ordo Iuris lors d’une conférence internationale organisée à Varsovie par l’Institut Ordo Iuris et le think tank conservateur américain Heritage Foundation, intitulée « À l’aube de l’État Europe. Économie, défense, idéologie et protection de la souveraineté dans une perspective transatlantique ».

En juin dernier, ce projet de réforme de l’Union européenne était présenté au Parlement européen dans le cadre d’un événement organisé par le groupe Patriotes pour l’Europe, et a été transmis par courrier aux eurodéputés, aux fonctionnaires de la Commission européenne et aux juges de la CJUE.

L’objectif est d’aider les partis conservateurs et patriotes d’Europe à aborder avec leur propre contre-proposition les négociations autour de la réforme des traités européens voulues par Emmanuel Macron comme par les élites dirigeantes encore en place à Bruxelles et Berlin. Plutôt que de simplement résister encore un temps à la création d’un super-État européen et de nous satisfaire de ne céder qu’une partie des pans supplémentaires de souveraineté que les « eurofédéralistes » souhaiteraient transférer à Bruxelles, il s’agit cette fois de mettre à profit la renégociation voulue par les partisans d’une Union européenne plus centralisée pour, au contraire, réparer ce qui ne va pas dans cette UE en redonnant plus de souveraineté à ses États membres et en leur restituant la maîtrise des traités.

Le texte de 47 pages est en ligne en français ici.

De Maurras à Zemmour : entre tentations identitaire et dévote

Le dernier livre d’Eric Zemour (La messe n’est pas dite, Fayard) et quelques polémiques récentes ont fait ressurgir le vieux débat entre identité française (culturelle) et foi catholique (évangélique) dans une aporie souvent mal posée. Il n’est pas inutile de rappeler l’approche que faisait Jean Madiran de cette question disputée, telle que la résume ici Rémi Fontaine dans cet extrait de son essai Itinéraires de Chrétienté avec Jean Madiran (Presses de la Délivrance).

… Si la vertu de piété est rattachée comme devoir à la vertu principale de justice, sa qualité dépend aussi du secret propre à l’amitié que ces vertus appellent : « Aime et fais ce que tu veux », résume parfaitement saint Augustin. Nous en venons ainsi, indirectement mais analogiquement, à la grande leçon et au dessein politiques du Pius Maurras mis en relief et repris par Madiran, selon son interprétation catholique : faire en sorte que les Français recommencent à s’aimer. Non pas entre eux – cela va de soi comme impératif – mais eux-mêmes, en tant que fils de France, héritiers du même être historique, d’un patrimoine matériel et moral, un capital transmis, avec l’esprit de civilisation et de piété que cela suppose. Le reste, alors, ne viendrait-il pas de surcroît ?

Voilà qui peut paraître, certes, insuffisant pour un catholique qui ne veut pas le demeurer à moitié. Car cela semble s’opposer directement à l’apostrophe du Christ : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu… ». Peut-on, comme Maurras, défendre le catholicisme sans avoir la foi, au nom du « politique d’abord » ? Ou plus exactement : peut-on défendre les effets temporels du catholicisme, la culture chrétienne de la France sans avoir la foi, en chrétiens sociologiques « se rattachant davantage aux marqueurs rituels et culturels qu’à la foi » ?

C’est la question que pose Erwan Le Morhedec dans un pamphlet retentissant – Identitaire : le mauvais génie du christianisme (Seuil, 2017) – à l’adresse de ceux qu’il appelle les (chrétiens) identitaires, reprenant à sa manière les accusations anciennes faites contre les maurrassiens avec leur fameuse loi du rempart : « Catholiques par calcul et non par conviction, (ils) se servent de l’Eglise, ou du moins, ils espèrent s’en servir, mais ils ne la servent pas » (cardinal Andrieu).

Assurément, il manque incontestablement un « supplément d’âme », une dimension de vie surnaturelle à de tels avocats de la Chrétienté et leurs dérives naturalistes ou positivistes sont fréquentes. Madiran, comme le rappelle Danièle Masson dans la biographie intellectuelle qu’elle lui a consacrée, n’a pas ignoré de telles dérives et de telles tentations qui, « au lieu d’aller, comme lui [Maurras], du “politique d’abord” à la conversion, fait reculer des catholiques… de la foi vécue en Jésus-Christ jusqu’au “politique d’abord” ». C’est la tentation de surseoir à la réforme intérieure (« commencer par soi ») au prétexte de la priorité (à un autre degré dans l’ordre des moyens) de la réforme politique. Tentation d’un rempart pour protéger la cathédrale mais seulement comme un musée ! Tentation d’une croisade sans croix. De crucifix ou de crèches sans Jésus : vrai Dieu et vrai homme ! Que vaut la priorité politique sans la primauté intérieure et vécue du spirituel ? Mais ce n’est pas Maurras qui est ici en cause : le reproche s’adresse non pas aux agnostiques ou aux incroyants « identitaires » mais aux catholiques pratiquants qui ne savent pas assumer Maurras en le dépassant, surnaturellement. Et qui deviennent, coupablement en effet, une certaine catégorie de pharisiens de la religion.

Or la même objection vaut en sens inverse pour les catholiques qui oublient  d’« inculturer » leur foi dans la nation, par un surnaturalisme désincarné ou un universalisme hors-sol, dédaignant la sagesse charnelle des nations. C’est, face à Le Morhedec, l’argumentation par exemple de Laurent Dandrieu dans son livre L’Eglise et l’immigration : le grand malaise (Presses de la Renaissance). Lequel s’oppose pour le coup à la tentation de la croix sans croisade, de la grâce sans la nature, désirant la semence sans un terrain préparé ! « Mieux vaut prud’homme que bigot », avertissait déjà saint Louis. Tentation « dévote » que stigmatise remarquablement Péguy pour sa part :

« Parce qu’ils n’ont pas la force d’être de la nature ils croient qu’ils sont de la grâce. Parce qu’ils n’ont pas le courage temporel ils croient qu’ils sont entrés dans la pénétration de l’éternel. Parce qu’ils n’ont pas le courage temporel ils croient qu’ils sont entrés dans la pénétration de l’éternel. Parce qu’ils n’ont pas le courage d’être du monde ils croient qu’ils sont de Dieu. »

N’est-ce pas là le cœur de « l’hérésie du XXème siècle » démasquée par Madiran qui est le rejet de la loi naturelle par inadvertance ou disqualification délibérée de la part des clercs et des évêques eux-mêmes ?

Oui, à strictement parler, on ne naît pas chrétien, on le devient. Oui, la foi est un don libre que nous recevons librement : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi. C’est moi qui vous ai choisis » (Jn 15, 16). Mais, comme dit Jean Madiran :

« Notre liberté s’exerce, même ici, selon la condition humaine et non selon la condition angélique ; c’est-à-dire qu’elle s’exerce à l’intérieur et par l’intermédiaire d’un statut historique et social ; par les parents qui ont la liberté, le droit, la charge de décider du baptême… »

Nonobstant les baptêmes d’adultes, qui auront toujours lieu par conversion, on devient ainsi chrétien le plus souvent par la volonté libre et responsable de ses parents. Et c’est par le statut culturel et la transmission qui en découle, qu’il appartient aussi aux nations chrétiennes de demeurer ou non fidèles à leur « baptême national » par métaphore, fortifié ou non par le don de la foi reçu librement par chaque fidèle. La citoyenneté du Royaume, parce qu’elle rencontre et croise temporellement la citoyenneté des nations, est aussi à sa manière un fait d’héritage, qui n’empêche pas, bien au contraire, le don et le choix de conscience de la foi. Le nom de baptême n’enlève pas le nom de famille. Si le baptême d’une nation ne lui retire pas son identité, l’apostasie de cette nation chrétienne entraîne inversement sa perte d’identité, contre laquelle il est juste est salutaire de résister, comme y incitait Jean-Paul II. « Dites-leur de rester arméniens pour rester chrétiens », pouvait dire ce fils de la nation polonaise à Mgr Ghabroyan, invitant aussi les Français à le demeurer en préservant le « trésor de l’âme française ».

La grâce n’abolit pas la nature, y compris la nature politique de l’homme qui s’exprime dans la vérité du bien commun des nations et des civilisations. On préfère bien sûr ceux qui défendent par exemple la culture des crèches de Noël avec foi que sans foi. Mais pourquoi reprocher à ces derniers cette défense, même insuffisante, et ne pas s’allier avec eux dans cette promotion culturelle, sur ce que Benoît XVI appelait le « Parvis des Gentils » : un espace de concorde où les hommes contemporains puissent en quelque sorte accrocher leur charrue à l’étoile du vrai Dieu « sans le connaître et avant d’avoir trouvé accès à son mystère » ? Pourquoi pourrait-on s’allier œcuméniquement avec des musulmans et des athées contre le « mariage pour tous » et non avec des agnostiques dits « identitaires » contre le laïcisme ou l’islamisme conquérants, menaçant à la fois notre culture chrétienne et notre nature humaine ?

Madiran l’avait dit : le problème n’est pas celui des incroyants, surtout lorsqu’ils sont de bonne volonté, défendant l’ordre naturel et culturel (chrétien) à leur niveau temporel de citoyens. Il est celui de citoyens catholiques qui, en tant que citoyens, défendent ce même ordre en faisant l’impasse sur l’ordre surnaturel (eschatologique), comme s’il n’y avait pas eu de Révélation et de Rédemption. Ou qui, en tant que catholiques, défendent au contraire l’ordre surnaturel, mais comme s’il n’y avait pas d’ordre naturel et culturel, confondant la société des nations qu’est le monde avec la société surnaturelle de personnes qu’est l’Eglise. Il faudrait être citoyen du monde comme on est dans l’Eglise universelle : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme… » (saint Paul).

Si le Corps mystique de l’Eglise, présent dans la cité, société naturelle de familles, doit forcément agir sur elle, c’est comme une âme dans un corps temporel, qui lui n’est pas mystique ni glorieux ! On ne saurait, par un mondialisme ou un universalisme absurdes, emprunter ici-bas et dès maintenant l’universalité de l’autre monde : « A la résurrection on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme les anges dans le ciel » (Mat, 22, 30).

L’abbé Ratzinger l’écrivait ainsi en 1977 : « Le royaume de Dieu n’est pas une norme de l’action politique, mais une règle morale de cette action. » Autrement dit : si le christianisme a apporté le principe nouveau de la loi d’Amour en morale, assumant surnaturellement la loi naturelle, il n’a pas changé le principe du bien commun temporel en politique tel qu’explicité par Aristote avec ses exigences propres, notamment en matière d’immigration. L’ordre de la grâce agit indéniablement sur le terrain politique en charité politique sans transformer la consistance propre du politique, comme tel, qui n’est pas la morale surnaturelle. C’est ce qui permet l’union politique des catholiques et des non-catholiques sur cette base de la loi naturelle, en dehors d’un parti confessionnel, car l’unité politique d’esprit catholique intègre les incroyants à ce niveau-là, sans que les catholiques aient besoin pour cela, au contraire, de mettre leur foi dans la poche. La loi naturelle, depuis la Rédemption, devient « participation » à l’ordre surnaturel où convergent nature et grâce, comme l’a dit le Pasteur commun Pie XII.

« Les pas des légions avaient marché pour lui… Les rêves de Platon avaient marché pour lui. » Rome et Athènes préparaient la venue du Christ. Ce que Péguy a admirablement développé dans Eve ne se produit plus dans le passé mais plus mystérieusement dans le présent avec des artisans de la droite raison ou de l’ordre naturel et chrétien… sans la foi. En dépit du fait historique de la Rédemption – « Il est venu dans son domaine et les siens ne l’ont pas reçu » ! –, ceux-là marchent toujours malgré tout pour lui, sans le connaître surnaturellement dans sa plénitude. Ils marchent non plus avant (comme hommes de l’adventus) mais derrière lui, dans l’empreinte civilisationnelle et sociétale qu’a laissé son passage, « apologètes de l’extérieur », comme dit Gérard Leclerc. Il n’empêche que cette alliance de tels défenseurs « identitaires » de la loi naturelle avec les témoins universels de la loi surnaturelle (ratio et fides) rejoint l’intuition de Péguy. L’arbre de la nature et l’arbre de la grâce (« raciné profond ») « ont lié leurs troncs de nœuds si solennels » :

« Ils ont tant confondu leurs destins fraternels

Que c’est la même essence et la même nature. »

N’en déplaisent à Le Morhedec et à ses porte-voix, le « compromis nationaliste » n’est pas une compromission catholique, comme l’a démontré Madiran par son œuvre. Ce compromis propose en l’occurrence non pas un rempart mais un pont ou un « parvis », où puissent se retrouver les coopérateurs de la vérité, fidèles et « infidèles » ou agnostiques, à différents niveaux, afin d’ordonner autant que possible le bien commun temporel au Bien commun surnaturel qui est le Dieu d’Amour.

Rémi Fontaine

Un ravissant livre sur l’Avent pour les jeunes enfants

Les Éditions de l’Espérance lancent une nouvelle collection d’albums illustrés ! Destiné aux enfants dès l’âge de 3 ans, chaque tome s’articulera autour d’un thème spirituel fort (fête liturgique, sacrement…), mais à hauteur de nos tout-petits, qui reconnaîtront avec bonheur les rites de leur vie familiale.

Résumé de ce premier tome sur le temps de l’Avent : Avec les frimas de décembre approchent les merveilleuses fêtes de Noël. Suivis partout du chien Tartiflette, Joseph et Joséphine, jumeaux espiègles au grand cœur, ont beaucoup à faire. Chaque jour, une fenêtre du calendrier de l’Avent s’ouvre sur un progrès à accomplir et d’amusants préparatifs.
Du sapin à la crèche, des cartes de vœux aux sablés odorants, que de travail pour habiller la maison et s’habiller le cœur !

À la suite de ces plumes catholiques qui ont accompagné notre enfance, telles que la comtesse de Ségur ou T. Trilby, la romancière Marie Vigneaud a voulu proposer dans un langage soigné des textes nourrissants moralement, irrigués d’amour de la vie, et faisant l’éloge de la vie quotidienne de nos foyers en marche vers le Ciel.
Et puisque le Beau nourrit les yeux et l’âme, ces ouvrages à l’élégance atemporelle sont illustrés par le crayon tendre et poétique de la dessinatrice à succès by.bm.

Une lecture du soir substantielle et gaie pour les familles pratiquantes, ou bien un joli cadeau qui saura discrètement guider celles qui cherchent encore…

À venir : l’accueil et le baptême d’un petit frère chez Joseph et Joséphine !

Le premier tome est à se procurer dès à présent sur le site des Editions de l’Espérance : https://www.editionsdelesperance.com/albums-tout-petits/53-joseph-et-josephine-le-joli-temps-de-decembre.html

Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.

Face à l’extrême-gauche, les fondateurs du Canon français ne se laissent pas faire

Les fondateurs du Canon français, que nous avions interrogé lors de la création de leur marque, ont déposé plainte contre 13 élus d’Ille-et-Vilaine, après la publication d’un communiqué appelant à l’interdiction de leurs banquets. La société d’événementiel dénonce une campagne de désinformation et une atteinte à ses libertés fondamentales.

La plainte vise les élus pour diffusion de fausse nouvelle, mise en danger de la vie d’autrui, entrave à la liberté d’entreprendre et de se réunir, ainsi que provocation à un attroupement risquant un trouble à l’ordre public. Elle fait suite à un texte signé le 31 octobre par plusieurs parlementaires et maires d’Ille-et-Vilaine, demandant au préfet d’interdire les banquets géants du Canon français programmés les 8 et 9 novembre au château de Blossac, à Goven. Les signataires, parmi lesquels les députées NFP Marie Mesmeur et Mathilde Hignet, ou encore le sénateur écologiste Daniel Salmon, accusent les organisateurs «d’instrumentaliser les fêtes populaires à des fins de propagande pour faire la promotion de l’idéologie d’extrême droite». Ils affirment également que l’entreprise est «financée par le milliardaire réactionnaire Pierre-Édouard Stérin » et citent des «saluts nazis» ou des «chants à la gloire du Rassemblement national» qui auraient été observés lors de précédents banquets.

Des accusations «gravement diffamatoires», selon les responsables du Canon français. Géraud de La Tour, cofondateur de l’entreprise, déclare au Figaro :

«Ils diffusent de fausses informations nous concernant». «Tout ce qui est évoqué sur de prétendus chants politiques à la gloire de Bardella ou des symboles d’extrême droite n’a jamais eu lieu lors de nos événements. Et si cela s’était produit, notre service de sécurité aurait immédiatement exclu les fauteurs de troubles. Nous avons une charte stricte : nos banquets sont des fêtes apolitiques et conviviales.»

«Nos événements sont publics, nous les filmons, et jamais je n’ai constaté le moindre débordement. Il n’y a par ailleurs jamais eu de problème de quelque nature que ce soit.»

Quant au rattachement présumé au projet Périclès, un programme d’influence financé par Pierre-Édouard Stérin :

«C’est complètement faux. Nous avons traité avec un fonds d’investissement qui appartient effectivement à ce monsieur, mais il n’a jamais rien investi dans notre entreprise. Il a simplement acheté des titres, nous ne l’avons jamais rencontré». «Une fois encore, ce sont de fausses rumeurs.»

Créé en 2021, le Canon français revendique une célébration de la convivialité et du terroir. Ses grands repas festifs, inspirés de l’Oktoberfest ou des fêtes de Bayonne, réunissent plusieurs centaines de convives autour de musiques et produits régionaux.

«Nous sommes des entrepreneurs», «nous organisons des événements inspirés des grandes fêtes populaires françaises, qui plaisent au public. Nous ne souhaitons pas alimenter une polémique : nos banquets sont avant tout des moments de partage et de convivialité qui mettent en avant la gastronomie et la France, un pays que nous aimons.»

Le banquet du 9 novembre, déjà complet, est maintenu.

Après Sacré-Coeur, voici Le Roi des rois

Alors que le film SACRE CŒUR termine sa 5e semaine à près de 350 000 entrées et démarre sa 6e semaine sur plus de 400 écrans, Saje lance le film d’animation LE ROI DES ROIS, adapté d’une œuvre trop peu connue de Charles Dickens, est à l’affiche dans plus de 270 salles, partout en France et en Belgique.

C’est l’histoire de Jésus-Christ, racontée par un père (Charles Dickens) à son fils.

LE ROI DES ROIS est l’outil idéal pour transmettre la foi à des enfants (et aux adultes qui les accompagnent). Je suis certain qu’il aidera de nombreuses familles qui aimeraient transmettre à leurs enfants cette part d’héritage commun que constitue l’histoire de Jésus, mais qui ne se sentent ni compétentes, ni légitimes pour cela. Pensez dès maintenant aux familles amies à qui vous allez proposer de vous accompagner au cinéma pour voir ce film !

Une actrice pro-avortement choisie pour incarner la Vierge Marie

Le choix de Katarzyna Smutniak pour incarner la Vierge Marie dans la suite de « La Passion du Christ » a suscité la polémique.

Une pétition lancée par l’Institut de Culture Juridique Ordo Iuris à Mel Gibson concernant le rôle de la Vierge Marie dans le film La Passion du Christ 2 : Résurrection :

Monsieur Gibson,

Nous nous adressons à vous en tant que chrétiens et personnes profondément touchées par le message de votre œuvre La Passion du Christ, qui est devenue pour des millions de croyants à travers le monde un témoignage authentique de foi et de la souffrance et l’amour de Jésus-Christ. Votre courage dans la représentation de la Passion et votre attachement à la vérité de l’Évangile ont fait de La Passion du Christ un film unique sur le plan artistique mais surtout sur le plan spirituel.

C’est pourquoi nous avons été très troublés par les informations parues dans les médias selon lesquelles l’actrice polonaise Katarzyna Smutniak aurait été choisie pour jouer le rôle de la Vierge Marie. Nous pensons qu’il s’agit là d’une décision très malheureuse de nature à blesser les sentiments religieux des catholiques du monde entier et en particulier de Pologne.

Mme Smutniak est connue pour avoir publiquement soutenu des initiatives et des mouvements ouvertement contraires à la sensibilité et à la morale chrétiennes. Elle a apporté un soutien sans équivoque à la « grève des femmes », un mouvement dont les revendications incluent la légalisation de l’avortement et qui, dans sa forme, a souvent pris une tournure vulgaire et agressive contre les valeurs religieuses. Ces « grèves » ont été l’occasion d’interruptions de messes, d’actes de vandalisme, de dégradations contre des églises et même d’incendies criminels visant des lieux de culte catholiques en Pologne. Un tel engagement est en contradiction flagrante avec l’esprit de chasteté et de confiance illimitée en Dieu, incarné par la Vierge Marie qui a reçu Jésus-Christ comme son enfant.

Faire jouer ce rôle à une personne qui soutient publiquement des attitudes si radicalement opposées au message chrétien de vie et d’amour serait un coup de poignard dans le dos des Polonais. Les Polonais sont l’une des dernières nations du Vieux Continent à résister encore à l’omniprésente civilisation de mort. Une civilisation qui accepte le meurtre des enfants à naître au nom de basses motivations. Les cercles de gauche triomphent déjà du fait que le visage de cette Marie avorteuse sera le « porte-parole des droits des femmes », c’est-à-dire du droit de tuer les bébés.

Nous ne doutons pas que vous n’étiez pas pleinement conscient du contexte et des implications symboliques de votre décision. Nous supposons bien sûr qu’un artiste comme vous, qui comprend si profondément l’importance de la foi et de la vérité dans l’art, tient à ce que La Passion du Christ 2 : Résurrection ne soit pas perçu comme une œuvre déformant ou banalisant le mystère du Salut. C’est pourquoi nous vous alertons et vous pressons de reconsidérer votre décision concernant l’attribution du rôle de la Vierge Marie, et de choisir une actrice qui ne soit pas seulement talentueuse et bonne comédienne, mais qui ait aussi une cohérence intérieure avec la dimension spirituelle de ce personnage unique.

Nous espérons que vous prendrez cette décision dans un esprit de responsabilité vis-à-vis des millions de spectateurs qui attendent de la suite de La Passion du Christ une œuvre fidèle à l’Évangile et à la vérité de la Résurrection du Christ.

Veuillez agréer, Monsieur Gibson, l’expression de nos meilleures considérations.

Une église vandalisée la nuit d’Halloween

La porte de l’église d’Ouzouer-sous-Bellegarde, dans le Loiret, a été forcée, sans doute dans la nuit, des bancs, pourtant scellés, retournés, certaines boiseries cassées, des dalles de carrelage arrachées.

Le maire, Claude Fouassier, qui a porté plainte ce lundi en fin de journée au nom de la commune, estime que

“c’est un acte totalement inimaginable. C’est un manque de respect du patrimoine. On se demande pourquoi ce geste. Est-ce quelqu’un sous le coup de la colère ? Car il a fallu que la personne s’acharne.”

La farce grotesque de la taxe Zucman

De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :

La farce grotesque de la taxe Zucman n’en finit pas de rebondir – et la France s’enfonce toujours plus dans le socialisme sous l’autorité d’un Premier ministre prétendument de droite et d’un Président prétendument ultralibéral!

Le principe de cette taxe est, en lui-même, aussi absurde que monstrueux : tous les patrimoines, qu’ils soient liquides ou non, productifs ou non, seraient taxés à hauteur de 2 % par an dès lors qu’ils dépasseraient 100 millions d’euros. On pourrait certes dire que cent millions constituent un joli pactole et que, par conséquent, les intéressés ont de quoi payer. Mais c’est le principe même qui est malsain, puisqu’il détruit l’idée même de propriété privée.

Au demeurant, l’histoire fiscale nous incite à la prudence. Quand la France a instauré l’impôt sur le revenu, en 1914, l’impôt devait être plafonné à 2 %. On sait ce qu’il en advint et cela ne nous incite guère à la confiance dans la parole de l’État. L’idée même d’un impôt sur le patrimoine est profondément contestable: les revenus, qui sont à l’origine du patrimoine, ont déjà été taxés, quelle est donc la justification de cette double peine fiscale? Les épargnants seraient-ils coupables ne pas avoir tout consommé pour constituer ce patrimoine? Mais sans épargne, pas d’investissement. Cette mesure prétendument de « justice fiscale » va donc surtout créer davantage de chômage et conduire à brader notre outil productif à l’étranger. Brillante idée en vérité! L’esprit soixante-huitard (qui invite à consommer tout, tout de suite) a fait décidément des ravages dans les esprits.

Cependant, le bloc central, fasciné par la gauche mais terrorisé devant les conséquences prévisibles, a choisi un moyen terme incohérent en votant ce que les médias appellent une « taxe Zucman allégée », officiellement dénommée « taxe sur la fortune improductive » qui a vocation à remplacer l’Impôt sur la fortune immobilière (IFI) lequel remplaçait lui-même l’ISF. J’avais eu l’occasion de dire, lors de la création de l’IFI, que je ne regrettais pas l’ISF mais que la logique de l’IFI me semblait pernicieuse. La logique de la « taxe sur la fortune improductive » ne l’est pas moins. D’abord ce n’est pas à l’État de dire quel patrimoine est bon. Si quelqu’un veut investir toute sa fortune en actions ou, au contraire, toute sa fortune en immobilier, c’est son problème. La seule légitimité de l’État en ce domaine est de désigner ce qui est mauvais pour la collectivité – en prohibant par exemple les fortunes investies dans la drogue!

Par ailleurs, cette espèce d’animosité contre l’immobilier ne tient pas compte d’une réalité pourtant évidente: les investisseurs sont ceux qui se sentent assez confiants pour investir et, en France, l’immense majorité de ces personnes sont propriétaires au moins de leur résidence principale. Par conséquent, il est inepte d’opposer immobilier et actions. De même, ce que l’on appelle la « fortune improductive » n’est quasiment jamais vraiment improductif. On parle des voitures de luxe, mais ces achats financent des sociétés et des emplois. Pourquoi décider arbitrairement que ceux-ci mériteraient notre mépris ?

Cet impôt, illégitime et inefficace, a été inventé par un député Modem, puis remanié par un député PS et voté par le RN. Ce dernier a raté une occasion de s’opposer aux délires fiscalistes de la macronie et de la gauche – donnant hélas raison (temporairement j’espère!) à ceux qui l’accusent d’avoir un programme économique de gauche.

Des congrégations religieuses hospitalières obligées de pratiquer l’euthanasie ?

Des supérieures de congrégations religieuses hospitalières alertent dans une tribune publiée dans Le Figaro sur l’obligation qui leur serait faite – sous peine de poursuites pénales – d’accueillir la pratique de l’euthanasie dans leurs établissements, selon la proposition de loi sur « le droit à aide à mourir ».

« Si ce texte était adopté, nous n’aurions pas d’autre choix que l’objection de conscience. Nous serions alors des délinquants au regard de la proposition de loi, coupables de « délit d’entrave », et passibles de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. Nous nous exposerions aussi à la sanction des Agences régionales de santé. Il s’agit de la législation la plus répressive au monde en la matière. Aucun autre pays ne prévoit une répression pénale contre les établissements objecteurs. »

Depuis des siècles, des ordres et congrégations catholiques pratiquent « l’aide à mourir » comme le Christ l’enseigne, en respectant la dignité ontologique inaliénable de tout être humain. Elle consiste en une « aide à vivre » à l’approche de la mort, c’est-à-dire à soulager toujours, à montrer aux patients, par les soins, que leur vie est précieuse quel que soit leur état de dépendance ou le stade de leur maladie, à les accompagner par la prière ou une simple présence jusqu’à leur mort naturelle, avec toutes les compétences que cela requiert.

Pour nous, responsables d’établissements catholiques de santé et médico-sociaux, il est donc inconcevable de participer à l’euthanasie des personnes qui nous sont confiées, ou de les assister dans leur suicide. Ce serait une atteinte à leur vie, en complète contradiction avec le bien des patients, notre raison d’être et notre foi. Cela nous est strictement impossible, non seulement en raison de notre foi, mais aussi par respect pour les patients et la médecine. En cela, nous rejoignons tous les soignants opposés à ces pratiques.

Or, la proposition de loi, actuellement examinée par le Sénat, nous ferait l’obligation d’accepter la pratique de l’euthanasie et du suicide assisté dans nos établissements, sur les personnes qui nous sont confiées. Cette obligation s’imposerait à tous les hôpitaux, cliniques, maisons de retraites (EHPAD), foyers d’accueil pour personnes handicapées ou en situations d’urgence, etc., publics comme privés, y compris à tous les établissements confessionnels. La proposition de loi stipule que « le responsable de l’établissement ou du service est tenu d’y permettre » la pratique de l’euthanasie et du suicide assisté.

Une telle obligation serait une violence impossible à supporter, car elle nous obligerait à collaborer personnellement avec la pratique de l’euthanasie et du suicide assisté, en nous en rendant complices. Cela porterait aussi atteinte à toutes les personnes qui choisissent nos établissements parce qu’elles partagent notre foi ou savent que nous respecterons leur vie et celles de leurs proches. Nous voulons rester fidèles au service des patients, à la finalité thérapeutique de la médecine, et à Dieu.

Le Catéchisme de l’Église catholique enseigne clairement à propos de l’euthanasie qu’« une action ou une omission qui, de soi ou dans l’intention, donne la mort afin de supprimer la douleur, constitue un meurtre gravement contraire à la dignité de la personne humaine et au respect du Dieu vivant, son Créateur. » (n° 2277). Quant à la coopération volontaire au suicide, elle « est contraire à la loi morale » et « à l’amour du Dieu vivant » (Catéchisme de l’Église Catholique n° 2280 à 2282).

Si ce texte était adopté, nous n’aurions pas d’autre choix que l’objection de conscience. Nous serions alors des délinquants au regard de la proposition de loi, coupables de « délit d’entrave », et passibles de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. Nous nous exposerions aussi à la sanction des Agences régionales de santé. Il s’agit de la législation la plus répressive au monde en la matière. Aucun autre pays ne prévoit une répression pénale contre les établissements objecteurs.

Une telle obligation mettrait ainsi en péril nos établissements, et notre raison d’être. C’est pourquoi nous demandons instamment que le caractère propre des établissements confessionnels de santé et médico-sociaux soit respecté, si ce texte devait être adopté, ce qu’à Dieu ne plaise. C’est une question de justice.

C’est aussi un droit fondamental. Le respect du caractère propre des établissements confessionnels est reconnu par le droit européen et international des droits de l’homme qui protège notre liberté de fonctionner dans le respect de nos convictions morales et religieuses, « contre toute ingérence injustifiée de l’État ». La Cour européenne des droits de l’homme a souvent souligné que la liberté de religion serait illusoire sans le respect de ce « principe d’autonomie », qui résulte des libertés d’association et de religion. Car la liberté de religion est par nature collective et protège aussi les communautés et institutions fondées sur l’adhésion à une religion.

En outre, le droit à l’objection de conscience est l’un des aspects de la liberté de religion. Il consiste en « une protection contre l’obligation d’agir à l’encontre d’une conviction religieuse sincère », selon les termes du Comité des droits de l’homme des Nations Unies. Or, comme le soulignait le président de ce comité, Sir Nigel Rodley, « le droit de refuser de tuer doit être accepté complètement ». Il serait injuste de ne prévoir une clause de conscience que pour certains professionnels de santé, et d’en exclure les établissements. L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe l’a d’ailleurs rappelé, dans une résolution de 2010 sur « le droit à l’objection de conscience dans le cadre des soins médicaux légaux », en affirmant que « nul hôpital, établissement ou personne ne peut faire l’objet de pressions, être tenu responsable ou subir des discriminations d’aucune sorte pour son refus de réaliser, d’accueillir ou d’assister (…) une euthanasie (…), quelles qu’en soient les raisons ». Nul ne devrait être forcé, de près ou de loin, à donner la mort ou à faciliter un suicide. Ce droit est élémentaire et nous en demandons le respect.

Liste des signataires : 

Sr Maria del Monte Ruiz Garcia, Supérieure Générale des Petites Sœurs des Pauvres ;

Sr Marie-Anne Marot, Filles de Sainte Marie de la Providence de Saintes ;

Hugues Morel, Président, et Edouard Petit, Directeur général de l’Alliance Basile Moreau ;

Sr Clémence Sanon, Supérieure Générale des Sœurs Augustines de la Miséricorde de Jésus ;

Sr Marie Thomas Fabre, Supérieure Générale de l’Institut des Petites Sœurs des Maternités Catholiques, présidente de l’Alliance des Maternités Catholiques ;

Sr Marie-José Villain, Supérieure Générale de la Congrégation des Sœurs Hospitalières de Saint Thomas de Villeneuve.

Tonio Borg, ancien Commissaire européen à la santé, Professeur à l’Université de Malte ;

Javier Borrego, ancien juge à la Cour européenne des droits de l’homme et au Tribunal Supreme d’Espagne ;

Guillaume Drago, Professeur à l’Université de Paris Panthéon-Assas ;

Jean-Christophe Galloux, Professeur à l’université de Paris Panthéon-Assas, Membre de l’Académie nationale de pharmacie ;

Joël Hautebert, Professeur agrégé des facultés de droit,

Jean-Michel Lemoyne de Forges, Professeur émérite de l’Université de Paris Panthéon-Assas ;

Joël Benoît d’Onorio, Professeur émérite de l’Université d’Aix-Marseille, Président de la Confédération des Juristes catholiques ;

Krzysztof Wojtyczek, Professeur à l’Université Jagellonne de Cracovie, ancien juge à la Cour européenne des droits de l’homme ;

Alfred de Zayas, ancien expert indépendant des Nations unies pour la promotion d’un ordre international démocratique et équitable ;

Grégor Puppinck, initiateur de la tribune. Directeur de l’ECLJ, Ancien membre du Panel d’experts de l’OSCE sur la liberté de conscience et de religion.

“L’utilisation du titre de Co-rédemptrice pour définir la coopération de Marie est toujours inopportune”

Le Dicastère pour la doctrine de la foi a publié une Note doctrinale sur certains titres mariaux qui se réfèrent à la coopération de Marie à l’œuvre du salut, Mater Populi fidelis. Ce texte, assez long, signé par le cardinal Víctor Manuel Card. Fernández, Préfet, Mgr Armando Matteo, Secrétaire pour la Section doctrinale, et le pape Léon XIV le 7 octobre, est destiné, comme l’indique la présentation, à répondre

à de nombreuses questions et propositions parvenues au cours des dernières décennies au Saint-Siège – en particulier à ce Dicastère – sur des questions liées à la dévotion mariale et à certains titres mariaux. Ce sont des questions qui ont préoccupé les derniers Pontifes et qui ont été abordées à plusieurs reprises au cours des trente dernières années dans les différentes instances du Dicastère, tels que les Congrès, les Assemblées ordinaires, etc. Cela a permis à ce Dicastère de disposer d’un matériel abondant et riche, fondement de cette réflexion.

Tout en clarifiant le sens selon lequel certains titres et expressions qui se réfèrent à Marie sont acceptables ou non, ce texte se propose également d’approfondir les justes fondements de la dévotion mariale, en précisant la place de Marie dans sa relation avec les croyants, à la lumière du mystère du Christ, unique Médiateur et Rédempteur. Cela implique une profonde fidélité à l’identité catholique et, en même temps, un effort œcuménique particulier.

L’axe qui traverse toutes ces pages est la maternité de Marie à l’égard des croyants, une question qui revient à plusieurs reprises, avec des affirmations sans cesse reprises, en les enrichissant et en les complétant, telle une spirale, de considérations nouvelles.

La dévotion mariale, suscitée par la maternité de Marie, est ici présentée comme un trésor de l’Église. Il ne s’agit pas de corriger, mais bien de valoriser, d’admirer et d’encourager la piété du peuple de Dieu fidèle qui, en Marie, trouve refuge, force, tendresse et espérance parce qu’elle est une expression mystagogique et symbolique d’une attitude évangélique de confiance dans le Seigneur que l’Esprit-Saint lui-même inspire librement aux croyants. En effet, les pauvres trouvent « la tendresse et l’amour de Dieu dans le visage de Marie. En elle, ils voient se refléter le message essentiel de l’Évangile »[1].

En même temps, il existe des groupes de réflexion mariale, des publications, de nouvelles dévotions ainsi que des demandes de dogmes mariaux qui ne présentent pas les mêmes caractéristiques de dévotion populaire, mais qui, en définitive, proposent un certain développement dogmatique et s’expriment fortement à travers les réseaux sociaux, soulevant souvent des doutes chez des fidèles plus simples. Il s’agit parfois de réinterprétations d’expressions utilisées par le passé avec des significations diverses. Le présent document tient compte de ces propositions afin d’indiquer en quelle mesure certaines répondent à une dévotion mariale authentique et inspirée par l’Évangile, ou en dans quelle mesure d’autres doivent être évitées parce qu’elles ne favorisent pas une contemplation adéquate de l’harmonie du message chrétien dans son ensemble.

D’autre part, divers passages de cette Note offrent un large développement biblique qui aide à montrer comment l’authentique dévotion mariale n’apparaît pas seulement dans la riche Tradition de l’Église mais déjà dans la Sainte Écriture. Cette empreinte biblique exceptionnelle est accompagnée de textes des Pères, des Docteurs de l’Église et des derniers Pontifes. De cette façon, plutôt que de proposer des limites, la Note cherche à accompagner et à soutenir l’amour envers Marie et la confiance en sa maternelle intercession.

Ainsi, cette note revient notamment sur le titre de Marie co-Rédemptrice :

16. Parmi les titres sous lesquels Marie a été invoquée (Mère de la Miséricorde, Espérance des pauvres, Aide des chrétiens, Secours, Avocate, etc.), certains se réfèrent davantage à sa collaboration à l’œuvre rédemptrice du Christ, comme par exemple Co-rédemptrice et Médiatrice.

Co-rédemptrice

17. Le titre de Co-rédemptrice apparaît au XVe siècle comme une correction à l’invocation de Rédemptrice (comme abréviation de Mère du Rédempteur) que Marie recevait depuis le Xe siècle. Saint Bernard attribue à Marie un rôle au pied de la Croix qui donne naissance au titre de Co-rédemptrice, qui apparaît pour la première fois dans un hymne anonyme du XVe siècle à Salzbourg[31]. Bien que le nom de Rédemptrice ait été maintenu aux XVIe et XVIIe siècles, il disparut complètement au XVIIIe siècle pour être remplacé par Co-rédemptrice. La recherche théologique sur la coopération de Marie à la Rédemption, au cours de la première moitié du XXe siècle, a conduit à approfondir le contenu du titre de Co-rédemptrice[32].

18. Certains Pontifes ont utilisé ce titre sans trop s’attarder à l’expliquer[33]. D’une manière générale, ils l’ont présenté de deux manières précises: par rapport à la maternité divine, dans la mesure où Marie, en tant que mère, a rendu possible la Rédemption accomplie dans le Christ[34], ou en référence à son union avec le Christ près de la Croix rédemptrice[35]. Le Concile Vatican II a évité d’utiliser le titre de Co-rédemptrice pour des raisons dogmatiques, pastorales et œcuméniques. Saint Jean Paul II l’a utilisé à sept reprises au moins, en le rapportant en particulier à la valeur salvifique de nos souffrances offertes avec celles du Christ à qui Marie est unie avant tout sur la Croix[36].

19. Lors de la Feria IV du 21 février 1996, le Préfet de ce qu’on appelait alors la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le Cardinal Joseph Ratzinger, en réponse à la question de savoir si la demande du mouvement Vox Populi Mariae Mediatrici d’une définition du dogme de Marie comme co-rédemptrice ou médiatrice de toutes grâces était acceptable, a répondu dans son votum personnel : « Négatif. La signification précise des titres n’est pas claire et la doctrine qu’ils contiennent n’est pas mûre. Une doctrine définie de foi divine appartient au dépôt de la foi, c’est-à-dire à la révélation divine véhiculée dans l’Écriture et dans la tradition apostolique. Or, on ne voit pas clairement comment la doctrine exprimée dans les titres est présente dans l’Écriture et dans la tradition apostolique »[37]. Plus tard, en 2002, il s’est exprimé publiquement contre l’utilisation de ce titre : « La formule “Co-rédemptrice” est trop éloignée du langage de l’Écriture et de la patristique et provoque ainsi des malentendus… Tout procède de Lui, comme le disent surtout les Lettres aux Éphésiens et aux Colossiens. Marie est ce qu’elle est grâce à Lui. Le mot “co-rédemptrice” éclipserait cette origine ». Le Cardinal Ratzinger ne niait pas qu’il y aurait de bonnes intentions et des aspects valables dans la proposition d’utiliser ce titre, mais il soutenait qu’il s’agissait d’un « terme erroné »[38]

20. Le Cardinal de l’époque mentionnait les Lettres aux Éphésiens et aux Colossiens, où le vocabulaire utilisé et le dynamisme théologique des hymnes présentent de telle manière la centralité rédemptrice unique et la fontalité du Fils incarné que la possibilité d’y ajouter d’autres médiations est exclue, parce que « toutes sortes de bénédictions spirituelles » nous sont données « dans le Christ » (Ep 1, 3) ; parceque nous sommes pour Lui des fils adoptifs (cf. Ep 1, 5) et en Lui nous avons été comblés de grâce (cf. Ep 1, 6), « En Lui nous trouvons la rédemption, par son sang » (Ep 1, 7) et « Il nous a prodigués » (Ep 1, 8) sa grace. En Lui, « nous avons été mis à part » (Ep 1, 11) et nous avons été prédestinés. Et Dieu a voulu « faire habiter en Lui toute la Plénitude» (Col 1, 19) et, « par Lui, réconcilier tous les êtres pour Lui » (Col 1, 20). Une telle louange sur la place unique du Christ nous invite à mettre chaque créature en situation clairement réceptive, et à une prudence religieuse et délicate lorsque nous envisageons toute forme de coopération possible dans le domaine de la Rédemption.

21. Le Pape François a clairement exprimé sa position au moins trois fois contre l’utilisation du titre de Co-rédemptrice, alléguant que Marie « n’a jamais voulu prendre pour elle quelque chose de son Fils. Elle ne s’est jamais présentée comme co-rédemptrice. Non, disciple »[39]. L’œuvre rédemptrice a été parfaite et n’a besoin d’aucun ajout. C’est pourquoi « la Vierge n’a voulu obtenir aucun titre de Jésus […]. Elle n’a pas demandé d’être elle-même une quasi-rédemptrice ou une co-rédemptrice: non. Il n’y a qu’un seul Rédempteur et ce titre ne se dédouble pas »[40]. Le Christ « est l’unique Rédempteur : il n’y a pas de co-rédempteurs avec le Christ »[41]. Parce que « le sacrifice de la Croix, offert avec un cœur aimant et obéissant, présente une satisfaction surabondante et infinie »[42]. Bien que nous puissions prolonger ses effets dans le monde (cf. Col 1 :24), ni l’Église ni Marie ne peuvent remplacer, ni perfectionner, l’œuvre rédemptrice du Fils de Dieu incarné, qui a été parfaite et n’a pas besoin d’ajouts.

22. Compte tenu de la nécessité d’expliquer le rôle subordonné de Marie au Christ dans l’œuvre de la Rédemption, l’utilisation du titre de Co-rédemptrice pour définir la coopération de Marie est toujours inopportune. Ce titre risque d’obscurcir l’unique médiation salvifique du Christ et peut donc générer une confusion et un déséquilibre dans l’harmonie des vérités de la foi chrétienne, parce qu’« il n’y a de salut en personne d’autre », car « il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4, 12). Lorsqu’une expression nécessite des explications nombreuses et constantes, afin d’éviter qu’elle ne s’écarte d’un sens correct, elle ne rend pas service à la foi du Peuple de Dieu et devient gènante. Dans ce cas, elle n’aide pas à exhalter Marie comme la première et la plus grande collaboratrice dans l’œuvre de la Rédemption et de la grâce, parce que le danger d’obscurcir la place exclusive de Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme pour notre salut, le seul capable d’offrir au Père un sacrifice d’une valeur infinie, ne serait pas un véritable honneur pour la Mère. En effet, en tant que « servante du Seigneur » (Lc 1, 38), elle nous indique le Christ et nous demande : « Tout ce qu’Il vous dira, faites-le » (Jn 2, 5).

Si les médias traditionnels étaient réellement pluralistes, l’attractivité des réseaux serait sans nul doute plus limitée

Lu dans Les 4 Vérités :

Emmanuel Macron tient manifestement à demeurer dans l’histoire de France comme l’un des plus grands fossoyeurs de nos libertés. Il est une nouvelle fois parti en guerre contre les réseaux sociaux. Il semble surtout leur reprocher le fait que les jeunes vont davantage s’y informer que sur les médias traditionnels. Mais peut-être conviendrait-il de s’interroger sur les raisons de ce désamour.

Si les médias traditionnels étaient réellement pluralistes, l’attractivité des réseaux serait sans nul doute plus limitée. Au lieu de quoi, nous constatons que, sur la plupart des sujets importants – y compris les sujets de politique intérieure française –, il n’existe qu’une seule voix médiatique. On parle volontiers de « cercle de raison » pour justifier cette vision uniforme mais la raison pourrait parfaitement s’accommoder de débats et de visions différentes.

L’autre grande accusation d’Emmanuel Macron contre Twitter et Tik Tok (il est d’ailleurs symptomatique qu’aucun des grands réseaux sociaux utilisés par les jeunes Français ne soit français), c’est que ce ne sont pas de « vrais » médias mais des plateformes qui cherchent le « buzz » pour vendre de la publicité. La belle affaire! A-t-il la moindre idée du modèle économique dominant des médias traditionnels ? On peut le regretter mais l’immense majorité des médias ne vivent pas de leurs abonnés, mais de la publicité – au point, précisément, que certains sujets deviennent tabous, de peur de heurter les annonceurs.

Mais le plus extravagant, c’est la conclusion de « Jupiter »: « On doit reprendre le contrôle de notre vie démocratique et informationnelle en régulant. » Pour M. Macron, la démocratie, ce n’est pas donner la parole au peuple, c’est réguler. Nous savions qu’il était un technocrate (bien davantage qu’un homme politique ou a fortiori un homme d’État), mais il est étrange de le revendiquer si nettement. Le modèle de celui qui prétend gouverner aux Français (c’està-dire, étymologiquement, aux hommes libres !), est donc, plus que jamais, le contrôle social à la chinoise. Il est vrai que nous avons si largement abandonné nos libertés publiques qu’il joue sur du velours. Mais il est tout à fait curieux que notre sémillant président nous présente le « nouveau monde » sous les atours un peu nostalgiques de la reconstitution de l’ORTF. De son « nouveau monde », sans liberté ni propriété, nous ne voulons décidément pas !

Succès des pèlerinages traditionnels en province : un effet de mode ?

Provence, Bretagne, Normandie, Pays gascon, lyonnais…, les pèlerinages traditionnels se multiplient en province et rencontrent un succès de plus en plus important.

Pour quelles raisons ? Est-ce un effet de mode appelé à s’essouffler ? Pourquoi les jeunes sont-ils attirés par ces démarches spirituelles avec la liturgie traditionnelle ? Comment réagissent les évêques ?

C’est ce thème que traitent aujourd’hui l’abbé Grégoire Celier et Guillaume de Thieulloy mais aussi deux nouveaux intervenants en la personne de l’abbé Philippe Laguérie, de l’Institut du Bon Pasteur et du professeur Luc Perrin, historien de l’Église.

 

Pour ne pas désespérer de la France : l’heure des bons choix

De Jean-Pierre Maugendre sur Renaissance catholique :

Devenue l’homme malade de l’Europe, la France s’enfonce dans la crise politique, démographique, économique, sociale et spirituelle. Un président déconsidéré (11 % de bonnes opinions fin octobre 2025), dont le seul objectif politique est de survivre, a laissé les clés de la maison à une Assemblée nationale scindée en trois groupes d’importance numérique sensiblement égale qui s’écharpent sur le vote du budget 2026. Abasourdis et hébétés, les Français assistent à des débats et des votes d’assemblées, à des combines d’appareils politiques qui rappellent les pires heures de la IVe République et du parlementarisme triomphant. Quelques-uns en appellent à la dissolution de l’Assemblée nationale qui verrait, enfin, l’émergence d’un bloc national en mesure de redresser le pays. Sans mépriser cet enjeu électoral, ne nous y trompons pas ; il y a, pour redresser le pays, urgence à ce que le personnel politique digne de ce nom s’arrête sur l’origine profonde des maux dont nous souffrons. Pour le moment, il faut bien reconnaître que la précision du diagnostic n’est pas au rendez-vous.

Mettre des mots sur nos maux : les symptômes de la décadence française

Nul médecin ne peut prétendre guérir son patient s’il ne commence par avoir une claire vision de la maladie qui l’atteint. Citons quelques symptômes de ce qu’il faut bien nommer la décadence française.

Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, la France a enregistré plus de décès (651 200) que de naissances (650 400) sur les douze derniers mois, à fin mai 2025. Or, la démographie, c’est l’avenir. Ce sujet, qui devrait être la priorité d’un gouvernement de redressement national, ne semble intéresser personne. Aucun élément du projet de budget 2026 ne prend en compte ce sujet, pas plus qu’aucun des amendements déposés par les uns ou les autres. Il faudrait pour cela remettre en cause le dogme libéral de la diversité légitime des différents modèles familiaux. Or, le fait est que les unions homosexuelles sont par nature stériles, que les familles décomposées puis recomposées sont moins fécondes que les familles stables constituées de l’union pérenne d’un homme et d’une femme. Entre redresser la natalité française et constitutionnaliser l’avortement, promouvoir les unions homosexuelles, faciliter le divorce, soutenir tous types de sexualités précoces et récréatives, etc, il faut choisir.

Les êtres humains ne sont pas des monades interchangeables réduites au statut commun de producteurs-consommateurs. Chaque personne est constituée par son histoire, ses croyances, ses mœurs, son art de vivre. Il en est de même de chaque peuple et de chaque nation. Or, le fait est que la France a été façonnée par le christianisme, ce dont témoignent ses paysages, ses œuvres artistiques, son art de vivre, son droit. « Il n’y a pas de culture française » proclamait Emmanuel Macron. Tragique aboutissement d’un processus entamé depuis plus de deux siècles, niant toute notion d’héritage et de transmission et faisant de la France un terrain vague, ouvert à tous, à condition d’en respecter les mantras promus au rang de vérités universelles : les Droits universels de l’homme « né enfant trouvé et mort célibataire » (Ernest Renan) et la laïcité. Tragiquement, l’échec de ce modèle n’est plus à démontrer alors que se poursuit, benoîtement, l’archipellisation (Jérôme Fourquet) de notre pays et que le nouveau ministre de l’Intérieur se révèle incapable de dire s’il y a 200 000 ou 700 000 clandestins installés sur notre territoire national. Entre se reconnaître l’héritier de 2000 ans d’histoire qui obligent et se prétendre le simple contractant d’un contrat évolutif et révocable, un choix s’impose.

Pol-Pot

La société moderne repose sur le postulat, faux, que l’homme est bon par nature et que c’est la société qui le déprave. Logiquement, en ajustant au mieux les structures de la société et, en particulier, en supprimant les inégalités sociales, le paradis terrestre pourrait, enfin, resurgir. Dangereuse utopie qui assimile inégalité à injustice alors que l’inégalité c’est la vie ; nous n’avons pas tous reçu le même nombre de talents, nous n’aurons pas tous les mêmes comptes à rendre ! Cruelle erreur concernant une liberté d’expression soigneusement balisée qui laisse prospérer la culture de la pornographie et se scandalise de la pédophilie, qui excuse ou place un mouchoir pudique sur les horreurs de la Terreur révolutionnaire de 1793 et s’émeut du génocide cambodgien des années 1975-1979, perpétré par l’ancien étudiant en France, Pol-Pot, ou du pogrom du 7 octobre 2023. Enfin, le culte de l’égalité détourne l’impôt de sa finalité de contribution, proportionnée, au service du bien commun pour en faire un instrument de redistribution et de nivellement social trop souvent au service d’idéologies discutables : écologie punitive ou wokisme. Entre les inégalités protectrices et l’égalité stérilisatrice il faut choisir, comme d’ailleurs entre la liberté absolue et une liberté qui serait d’abord celle de rechercher la vérité. N’est-ce pas Gustave Thibon qui observait que la multiplication des lois est le signe indubitable de l’affaissement des bonnes mœurs qui permettent à une civilisation de perdurer ?

Salle de classe institution Saint Joseph - dévastée - décadence française
Crédits : Thomas Claveirole

Une anthropologie constructiviste, détachée du réel, a envahi tout notre espace politique et conduit à l’effondrement du système scolaire par lequel s’élabore l’avenir d’un pays. Une école qui donne plus de place à l’inclusion, à la lutte contre les stéréotypes de genre et à l’éducation sexuelle qu’à la transmission des savoirs devient une « fabrique de crétins », numériques ou non. Le peu de cas que l’on fait des métiers manuels ou artisanaux fait se traîner sur les bancs des collèges, jusqu’à l’âge de 16 ans, des enfants qui n’ont aucun goût pour les études académiques. Mener 80 % d’une classe d’âge au baccalauréat c’est inéluctablement : dévaloriser ce diplôme, créer des générations d’aigris – les électeurs de LFI – qui ayant passé le bac se croient émules de Pic de La Mirandole ou d’Einstein et aussi réserver les emplois les moins qualifiés à une population immigrée qui n’a pas eu l’opportunité d’obtenir le précieux Sésame.

Yaël Braun-Pivet, Présidente de l’Assemblée nationale - décadence française
Crédits : Vlgvlgvlg 

Les mots responsabilité et travail sont devenus obscènes. L’exemple vient de haut : personne n’est responsable ni de l’incendie de Notre-Dame de Paris ni du vol des bijoux de la Couronne au Louvre. Une fausse conception de la solidarité détruit toute responsabilité. La cigale en appelle à la solidarité de la fourmi dans un système de protection sociale obsolète incapable de distinguer les vrais nécessiteux des réels profiteurs. Quant au travail il n’est plus, trop souvent, considéré que comme un mal incontournable et non plus la contribution, nécessaire, de chacun au service de l’intérêt général, permettant de tenir sa place dans la société. Quant à léguer le fruit de son travail à ses enfants, il n’en est plus question au nom de la sacrosainte égalité qui a érigé l’envie et la jalousie en système. « Les héritages en rebond qui passent de génération, en génération, vous savez le truc qui vous tombe du ciel, il y a un moment où cela suffit (…) il faut taxer davantage les héritages » déclarait ainsi le 15 octobre dernier Yaël Braun-Pivet, Présidente de l’Assemblée nationale.

Les voies du renouveau : refuser les mensonges mortifères

De tout cela il ne sera sans doute pas question lors des débats parlementaires sur le Projet de Loi de Finances 2026. Or l’essentiel est pourtant là, selon la juste formule du baron Louis à Guizot : « Faites-nous de la bonne politique et je vous ferai de bonnes finances ». Dans un monde dangereux pour lequel semble avoir sonné « L’heure des prédateurs » (Giulano da Empoli) ne survivront que les peuples qui auront renoncé aux mensonges mortifères :

  • irréversibilité des avantages acquis,
  • primauté des droits sur les devoirs,
  • refus des identités nationales,
  • expulsion de la religion de la sphère publique,
  • exaltation des droits individuels au détriment du bien commun,
  • mépris de son histoire et de ses racines,
  • culture de l’excuse,
  • intangibilité d’un « modèle social » à la française que, curieusement, personne à l’étranger ne songe à imiter, etc.
Winston Churchill - Programme politique

Venant d’être nommé Premier ministre du Royaume-Uni, Winston Churchill, dans son premier discours à la Chambre des communes le 13 mai 1940, alors que le Royaume faisait face à une situation militaire catastrophique mettant en péril son indépendance et sa pérennité, fixa son programme : « Je n’ai à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur ». Sous bien des aspects la situation de la France aujourd’hui est bien pire que celle du Royaume-Uni en 1940. Alors que le pays s’écroule, l’esprit de jouissance ayant détruit ce que l’esprit de sacrifice avait bâti, c’est tromper les Français que de leur faire croire qu’une sortie de crise indolore est possible, une fois qu’auront été livrés en pâture aux foules des bouc émissaires commodes comme les « riches » ou les « immigrés ».

Pour nous, confortés par la prophétie de Saint Pie X : « Les fautes ne resteront pas impunies, mais elle ne périra jamais, la Fille de tant de mérites, de tant de soupirs et de tant de larmes » (29 novembre 1911),nous nous efforçons de rester fidèles au programme fixé par le père Calmel o.p. (1914-1975) :

La paix est-elle possible avec Netanyahu ?

D’Antoine de Lacoste dans Politique Magazine :

Une fois de plus, Donald Trump a tordu le bras de Benjamin Netanyahu et ce dernier a dû obtempérer. Le même scénario s’était produit au mois de mars, mais il ne s’agissait alors que d’un cessez-le feu. Cela ne dura guère et, sous les prétextes faciles de la destruction du Hamas et de la libération des otages, l’armée israélienne reprit ses bombardements massifs et meurtriers. Trump ne broncha pas.

Cette fois, le président américain ne proposa pas un cessez-le-feu mais un plan de paix. Il comporte 20 points et contient suffisamment d’éléments flous pour être accepté par Israël et un élément précis : la libération des otages. Le Hamas a accepté malgré le déséquilibre des exigences. Le calendrier du retrait israélien de Gaza n’est en effet pas précisé.

La réponse positive du Hamas a surpris. Certes, ses meilleurs éléments ont été tués ainsi que toute sa direction militaire sur place et l’on pouvait le penser épuisé. Toutefois, après des mois de bombardements, de blocus et de famine organisée, le mouvement islamiste n’a aucun mal à recruter de nouveaux combattants, inexpérimentés mais ivres de vengeance.

Alors pourquoi le Hamas a-t-il dit oui à Trump ? Pour une raison très simple : les Palestiniens n’en peuvent plus et, même si cela peut paraître surprenant, le mouvement islamiste doit en tenir compte.

Pendant toutes ses années de gouvernance de la Bande de Gaza, après sa victoire aux élection de 2006 (de justesse), le Hamas n’a pas gouverné que par la terreur. Bien sûr, toute opposition était interdite : quand on est islamiste, on ne se refait pas. Mais pour administrer un territoire aussi petit (365 km2) avec 2,2 millions d’habitants, un minimum de consensus est nécessaire. Une révolte populaire serait en effet totalement incontrôlable. C’est pourquoi, les services sociaux et hospitaliers étaient assurés ainsi que l’aide aux plus démunis. Ceux qui avaient un lopin de terre pouvaient le cultiver tranquillement et la liberté d’entreprise était assurée. Même les chrétiens pouvaient assister à la messe sans problèmes.

L’ACCORD DU HAMAS ET D’ISRAEL

Le Hamas disposait d’argent en bonne quantité. Il venait du Qatar, au nom de la fraternité entre Frères musulmans, puis transitaient par les banques israéliennes. C’est Israël qui assurait ensuite la distribution au Hamas. Ce fait, pas assez connu, confirme que l’Etat hébreu s’accommodait fort bien de la gouvernance de Gaza par le mouvement islamiste.

L’opinion publique palestinienne existe donc, même pour le Hamas. Certes, la détestation d’Israël est telle que la très grande majorité des Gazaouis se sont réjouis du 7 octobre, ignorant volontairement les exactions horribles qui l’ont accompagné. Depuis, le climat a bien changé. Une majorité de la population regrette maintenant amèrement cette pseudo-victoire du 7 Octobre. Car ils ont tout perdu : leur maison, leur travail et des membres de leur famille. Et même si, préoccupés avant tout de savoir ce qu’ils allaient manger et boire le lendemain, ils n’étaient guère en état de se révolter, le Hamas savait que le feu couvait sous la famine.

De l’autre côté, l’histoire ne dit pas encore officiellement comment Trump a convaincu Netanyahou d’accepter son plan de paix alors que toutes les tentatives du pauvre Joe Biden étaient restées lettre morte. Plusieurs hypothèses sont possibles. D’abord les armes. Israël en fabrique certaines, en achète un peu partout, aux Allemands par exemple, mais il reste dépendant de l’Amérique. Peut-être que Trump a agité une menace dans ce domaine. Mais ce n’est pas l’hypothèse la plus vraisemblable car vis-à-vis de son électorat évangélique, messianiquement pro-israélien, il ne peut prendre le risque d’affaiblir l’Etat hébreu.

LE BOMBARDEMENT DU QATAR

La vraie raison est ailleurs : le bombardement du Qatar. Aveuglé par sa croisade vengeresse, Israël a oublié qu’il y avait tout de même un minimum de règles en ce bas monde, même pour lui. Voilà de nombreuses années que la direction politique du Hamas est hébergée par le Qatar. Tout le monde le sait, tout le monde l’a admis, tout le monde connait les noms des dirigeants concernés. Aussi, lorsque le 9 septembre dernier une réunion a, comme souvent, été organisée entre les dirigeants en question et les autorités du Qatar pour discuter du plan de paix en préparation aux Etats-Unis, le bombardement de cette réunion par Israël a provoqué la stupéfaction. L’objectif était, bien sûr, de tuer les dirigeants du Hamas. Raté, ils n’ont même pas été blessés. Trois gardes du corps, un cadre administratif et le fils d’un des dirigeants du Hamas plus un soldat qatari ont en revanche été tués.

Au-delà de ces morts, c’est surtout la violation de la souveraineté du Qatar qui a scandalisé le monde arabe. Une réunion a été organisée le 15 septembre réunissant tous les pays du Golfe qui ont émis une protestation solennelle. Israël a assumé et en a rajouté en affirmant que tout pays qui abritait des membres du Hamas courait le même type de risque. Cette stratégie très agressive est bien imprudente alors qu’Israël devrait se réjouir que les pays arabes n’aient pas davantage réagi à la destruction de Gaza accompagnée de 70 000 morts.

C’est peu dire que Donald Trump fut bien embarrassé. La Maison-Blanche a indiqué qu’elle avait été prévenue de l’attaque, mais tardivement. Trump a aussitôt appelé l’émir du Qatar pour l’avertir mais les frappes étaient déjà en cours. L’émir n’a guère apprécié et a fait savoir par des voies détournées qu’il pourrait revoir son alliance indéfectible avec l’Amérique si son pays n’était pas mieux protégé.

Cette agression contre un des plus fidèles alliés des Etats-Unis est un grave précédent qui tombe en outre au plus mauvais moment, alors que le plan de paix a été accepté par les principaux acteurs, y compris le Qatar.

L’HUMILIATION DE NETANYAHU DANS LE BUREAU OVALE

Pour Trump, il n’est pas question qu’une chose pareille se renouvelle. Il a donc décidé de punir sévèrement l’impudent. Cela tombait bien : une visite de Netanyahu à Washington était prévue de longue date. Le président américain, en le recevant dans le bureau ovale, a décroché son téléphone, appelé l’émir du Qatar et lui a passé Netanyahu en le sommant de s’excuser. Le coupable n’eut d’autre choix que de s’exécuter et demanda pardon à l’émir. La scène est cocasse et il faut bien dire qu’il n’y a que Trump pour faire des choses pareilles. « Il y a un sheriff dans la ville » aurait pu dire J.D. Vance à nouveau.

Cela n’a pas empêché Trump de couvrir d’éloges« Bibi » (le surnom de Netanyahu) lors de son intervention à la Knesset. Ce discours restera dans les annales comme un symbole fort de l’alliance inébranlable entre l’Amérique et Israël.

Pour autant, rien n’est réglé. L’épisode montre que personne ne peut raisonner Netanyahu à part Trump, pour peu qu’il l’ait décidé. Or, lors de la réunion de Charm el-Cheikh où l’Egypte devait accueillir 17 pays plus quelques organisations ou mouvements dont l’Autorité palestinienne (mais pas le Hamas bien sûr), Israël n’était pas représenté. On ne sait pas bien pourquoi. Une fête juive a été évoquée mais personne n’y croit.

Cette absence n’augure rien de bon. Depuis, Israël a rompu la trêve pendant une journée, accusant le Hamas d’avoir violé le cessez-le-feu, chose impossible à vérifier. Gaza a subi 153 tonnes de bombes ce jour-là, chiffre obligeamment fourni par Netanyahu lui-même.

Tout cela est donc d’une grande fragilité et l’après n’est pas réglé, à commencer par l’administration de Gaza : qui et avec quels moyens ?

Et puis, incertitude suprême : une paix durable est-elle possible avec un homme comme Netanyahu, grisé par ses succès et sans aucune retenue désormais. D’autant plus que sa majorité parlementaire très étroite le rend dépendant de ses ministres suprémacistes très hostiles au moindre accord de paix.

Donald Trump a déclaré que « la Terre sainte connaîtrait, si Dieu le veut, une paix éternelle. » C’est un joli propos mais est-ce vraiment le souhait de tout le monde ?

Antoine de Lacoste

La Fraternité Saint-Pierre compte 387 prêtres

La Fraternité sacerdotale Saint-Pierre a publié ses statistiques pour l’année 2025. Instituée en 1988, elle comprend 579 membres, dont 394 incardinés. Parmi les 387 prêtres, on dénombre:

– 365 incardinés
– 16 incorporés ad annum
– 3 postulants
– 3 associés.

Elle compte 30 diacres et 162 séminaristes non-diacres.

La Fraternité publie également le nombre de ses membres selon les différentes nationalités :

Ensemble des membres:

Membres incardinés:

Séminaristes:

Concernant ses implantations :

  • Diocèses desservis : 151
  • Lieux de messes : 251 lieux
  • Paroisses personnelles : 48 (dont zéro en France…)

Encore une personne dans un état « pauci-relationnel » condamnée à mort par le Conseil d’Etat

Lu sur Gènéthique :

Lundi, le Conseil d’Etat a autorisé l’institut Gustave-Roussy à arrêter les traitements d’un homme placé sous ventilation mécanique. Sa famille s’oppose à cette décision, ce qu’elle avait réussi à faire valoir auprès de la justice avant que l’établissement ne fasse appel.

Des lésions « irréversibles » ?

« Les graves lésions neurologiques dont Chabane Teboul est affecté présentent un caractère irréversible », considère le Conseil d’Etat pour justifier sa décision. Pourtant deux experts chargés d’évaluer l’état de l’homme de 64 ans, un anesthésiste-réanimateur et un neurologue, avait attesté que Chabane Teboul se trouve dans un état « pauci-relationnel » mais qu’il présente une véritable « réactivité » bien que « très faible ».

Selon eux, il n’est donc pas possible « d’autoriser, en l’état actuel, une  et continue jusqu’au décès ». Un avis auquel s’était rangé le tribunal de Melun le 30 septembre, enjoignant à l’Institut Gustave-Roussy de maintenir les traitements, et ce « sans limitation de durée ».

Une décision cassée par le Conseil d’Etat qui considère que ce maintien relèverait de l’« obstination déraisonnable ».

Des directives anticipées écartées

Après avoir reçu un diagnostic de cancer, Chabane Teboul avait rédigé des directives anticipées : « Je souhaite que tout soit entrepris pour prolonger ma vie. Je demande à ma famille de se battre pour moi. »

Le Conseil d’Etat a choisi d’écarter ces directives qui auraient été « présentées trop tard aux médecins et, de toute façon, ne pouvaient s’appliquer à une situation aussi désespérée ».

Suite à cette décision Chabane Teboul devrait être placé sous sédation profonde et continue.

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