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Tribune libre

Noël et la Tradition primordiale

Noël et la Tradition primordiale

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« Noël, fête de la naissance de Jésus, ou bien de Mithra (1) , ou bien du solstice d’hiver ? Pâques, fête de la résurrection de Jésus, ou bien de l’équinoxe de printemps ? » Autant de prétendus arguments, parmi d’autres du même tonneau, pour nier l’historicité et l’originalité du christianisme. En arrêtant, en 354, le 25 décembre comme jour de naissance du Christ (2), le pape Libère mettait en concurrence cet anniversaire avec celui de la naissance de Mithra et de Sol Invictus (Soleil invaincu), mais il montrait surtout que cette correspondance de la Révélation chrétienne avec des mythes païens (3) annonçait le Christ venant accomplir l’attente universelle d’un Sauveur (4), promis à l’aube de l’humanité (Gn 3.15), et dont toutes les cultures et civilisations, avaient, plus ou moins obscurément, gardé le souvenir. Éclairés par cette lointaine lumière, et à partir de ce qu’ils connaissaient, les peuples s’étaient représenté Dieu … appelant inconsciemment Son Incarnation. L’Église sait lire dans les paganismes la Tradition Primordiale révélée à Adam et Ève, et elle a la joie de leur en annoncer l’accomplissement ! D’une part, rien ne prouve que Jésus ne soit pas né ce jour-là, et d’autre part, quand, sinon au solstice d’hiver devait naître Celui qui est la Lumière du monde, venu vaincre le Prince des ténèbres (Jn 8.12,35,46) ? Ainsi, la religion mazdéenne attendait-elle « le sauveur, le « Vivant », qui, né d’une vierge, purifiera le monde du mal par le feu. (Georges minois, Histoire de l’enfer, PUF, 1999, p.23) » Mais « il y a cette différence entre le Christ et les autres hommes que ceux-ci naissent soumis à la nécessité du temps, et que le Christ, comme Seigneur et Créateur de tous les temps, a choisi la date à laquelle Il naîtrait, ainsi que Sa mère, et le lieu de Sa naissance. Et parce que ce qui vient de Dieu est parfaitement ordonné et merveilleusement disposé, il s’ensuit que le Christ est né au moment le mieux choisi. (ST, III, Q 35, a.8) » Et quoi d’étonnant à ce que les événements de la Rédemption coïncident avec des événements cosmiques, si le Rédempteur est aussi le Créateur ?

(1) Nul doute que si le christianisme avait copié la religion de Mithra, l’empereur Julien (331-363) devenu apostat l’eût dénoncé en ses ouvrages pour discréditer l’Eglise alors qu’il œuvrait au rétablissement du paganisme …
(2) Certains se font un devoir de dénigrer la fête de Noël au motif qu’elle ne serait que la christianisation des Saturnales. Or, les Saturnales étaient célébrées le 17 décembre, puis, sous l’empire romain, entre le 17 et le 23 décembre et ce jusqu’en 380 ap. J.-C., année où le christianisme devint religion d’État à la place du paganisme. Si donc Noël n’avait été placé le 25 décembre que dans le but d’inciter les païens à abandonner les Saturnales au profit de la Nativité du Christ, le Christ aurait dû naître du 17 au 23 décembre… Quant à ceux qui veulent n’y voir que la reprise de la fête de la naissance du Soleil Invaincu (Dies Natalis Solis Invicti), il faut leur rappeler que cette fête fut créée par l’empereur Aurélien en 274 ap. J.-C.… Certes, nous n’avons pas retrouvé de trace écrite de la célébration de Natalis Dies (Noël) avant l’an 336, mais cela ne signifie pas pour autant que Noël n’était pas célébré auparavant. Rappelons encore qu’en 221 l’historien chrétien Sixte Jules l’Africain dans ses Chronographiai nous apprend que les catholiques célébraient déjà l’Annonciation le 25 mars. Le fait que selon l’Évangile de saint Luc, au moment de la Nativité, les bergers vivaient aux pâturages ne désigne pas le printemps pour autant, car non seulement les moutons supportent très bien le froid, mais le climat à Bethléem en hiver ne connaît pas de température négative, ce qui permet de vivre dehors, à l’abri de quelque étable de circonstance. Les contradicteurs de cette date ne peuvent donc pas prouver que Jésus n’est pas né un 25 décembre… De plus, selon le savant israélien Shermanyahu Talmon ayant retrouvé le calendrier liturgique de la secte de Qoumran, il apparaît que la famille d’Abias, à laquelle appartenait le prêtre Zacharie, père de saint Jean Baptiste (Lc 1.5), devait accomplir son service aussi du 24 au 30 septembre. Ce n’est donc pas sans raison que les “six mois” annoncés par l’ange à la Vierge Marie coïncident avec la fête liturgique du 25 mars, trois mois avant la naissance du Baptiste le 24 juin, et neuf mois avant le 25 décembre…
(3) Par exemple encore, la relation de Jésus et de Marie est souvent présentée comme la reprise de celle de la déesse égyptienne Isis et de son fils Horus… Or, contrairement à ce que veulent croire les calomniateurs de la foi chrétienne, Horus n’est pas né d’une vierge, sa naissance n’a pas été annoncée par des anges, il n’est pas né dans une grotte, et il n’avait pas non plus douze disciples…
(4) À cet égard, combien stupéfiante est la révélation aztèque de Quetzalcoatl, le Serpent à plumes (ayant donc, comme le Christ, deux natures), qui, changé en homme blanc, porterait une grande croix, et dirait : « Vous observerez ce signe. Cet Arbre est la Vérité et la Vie. La branche centrale unit le Ciel et la terre. Un de ses bras est l’amour et l’autre est la douleur. » !

https://youtube.com/shorts/-JtMPZuU-cA

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6 commentaires

  1. Merci Monsieur l’Abbé pour ces précisions.
    Surtout utiles aux laïcards pour qui le détail fait douter du tout et l’exception infirme la règle.
    Imaginons : Mao Tzé Tung, le grand timonier de certains de ces gens, est né le 26 décembre 1893… Dit-on ! Car qui nous prouve que ce ne fut pas le 27 ? Du coup, rien du petit livre rouge n’est vrai -ce dont on se doutait d’ailleurs-.
    Et Voltaire, qui adorait écraser l’infâme, est-il vraiment né le 21 novembre 1694, à une époque où l’on était guère strict avec les dates de naissance ? Ah, Ah, voilà qui jette un doute, n’est-ce-pas ?
    Nous croyons ce que nous ont transmis nos ancêtres et ce qu’en pense l’ennemi… comment dire ça poliment… ?
    La crétinerie est la grande pitié du siècle en cours.

  2. Il me semble un peu vain de vouloir prouver à tout prix que Jésus est bien né un 25 décembre (à minuit sonnant bien sûr !) comme si la véracité du christianisme tenait à ce genre de détail. Pour l’abbé Pagès soit Jésus est bien né le 25 décembre, soit le christianisme est un avatar du zoroastrisme, je ne pense pas qu’il faille se limiter à cette alternative.
    Il ne faut pas confondre date anniversaire et fête liturgique, il ne s’agit pas de fêter les 2022 ans de Jésus mais de commémorer l’incarnation du Verbe, peu importe si le Seigneur est né un 25 décembre ou un 1er mai, si Marie est bien né un 8 septembre et si les apôtres Pierre et Paul sont bien mort un 29 juin. La preuve que les fêtes liturgiques ne sont pas des anniversaires, on fête la venue des mages le 6 janvier tandis qu’on commémore les Innocents le 28 décembre, alors que le massacre a eu lieu après ! de même la présentation au temple, si elle a bien eu lieu 40 jours après la naissance, a probablement eu lieu avant la visite des mages, et non un mois après, au risque de laisser massacrer le divin Enfant par Hérode. La Visitation, dans le calendrier traditionnel, est bien fêtée après la naissance du Précurseur, historiquement la visitation ne peut donc avoir eu lieu le 2 juillet si saint Jean-Baptiste est né le 24 juin. Il ne faut donc pas confondre calendrier liturgique et chronologie.
    Certes rien ne prouve que Jésus n’est pas né un 25 décembre, mais l’absence de preuve du contraire n’est pas une preuve, rien ne prouve que Vercingétorix n’est pas né un 18 juin donc il est né le 18 juin ?! Rien ne prouve que Macron n’est pas le fils caché de Poutine et de Merkel non plus. Jésus a pu naître un 25 décembre, comme un autre jour, il y a une chance sur 365.
    Je rappelle que Joseph n’est pas allé déclarer la naissance de l’Enfant Jésus à la mairie de Bethléem, qu’on a toujours pas retrouvé le livret de famille ou le passeport du Jésus, que les évangiles canoniques comme apocryphes ne donnent aucune date, et qu’on a d’abord fêté la naissance du Christ le 6 janvier, ce qui ce fait encore dans quelque Eglise orientale (les Coptes me semble-t-il). Si la date avait été si certaine, on aurait tout de suite et partout fêté la Nativité le 25 décembre.
    Il n’y a rien de scandaleux à ce que le christianisme, se développant dans l’empire romain, ait voulu christianiser la fête païenne du Sol Invictus et utilisé la symbolique de la lumière renaissante, de même qu’on a orienté les églises pour prier le “soleil levant qui éclaire les nations”. Plus tard l’Eglise christianisa la fête celtique de samhain en fête de tous les saints et en commémoraison des défunts. Le christianisme ne s’est pas développé sur une terre vierge, mais au sein de cultures préexistantes dont l’Eglise a adapté certaines pratiques compatibles, c’est ce qu’on appelle aujourd’hui l’inculturation.
    Si certains détracteurs du christianisme utilisent ce genre de polémique, je ne crois pas que ce soit efficace de répondre en restant au même niveau et en chipotant sur les dates, ça me semble plutôt contreproductif. Il me semble mieux d’admettre qu’on ne connait pas la date exacte (et alors ? ) et que cela ne change rien à l’existence de Jésus et à sa divinité. Si on arrivait à prouver que Voltaire n’est pas né un 21 novembre, devrait-on en conclure que le sieur Arouët n’a pas existé ?

    • C’est l’incarnation dans l’Histoire et non pas un mythe. Les Évangiles donnent bien des dates et des éléments calendaires. Vous n’avez visiblement pas fait l’effort de lire les articles publiés. Dommage.

      • Bonne et sainte année à l’équipe du Salon beige !
        Si j’ai lu, mais sans être convaincu.
        Contrairement à ce que laisse entendre M l’abbé Pagès, il n’y a pas que quelques affreux anticléricaux pour contester la date du 25 décembre, il y a au contraire un quasi consensus sur le fait qu’il s’agit d’une date symbolique. L’historien J-Ch Petifils par exemple, qui n’a rien de christianophobe, dit ceci
        “Une chose est sûre, Jésus n’est pas né le 25 décembre de l’an I, comme le veut la tradition. Ce n’est qu’au IVe siècle que le pape Libère (352-366) instaura la solennité de la Nativité, afin de christianiser la fête du solstice d’hiver, le Sol Invictus. ” On retrouve cette idée sur de nombreux médias catholiques.
        https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2020-12/naissance-de-jesus-que-dit-l-historien.html
        https://dioceseparis.fr/jesus-est-il-ne-le-25-decembre.html
        https://cybercure.fr/les-fetes-de-l-eglise/avent-noel/noel/article/noel-date-de-naissance-de-jesus
        Douter de la date du 25 décembre ne fait pas de moi un hérétique.
        Un des articles du SB présente les savants calculs de Mme Horowitz pour démonter que Jésus serait bien né le 25 décembre 754 (de Rome), c’est certes intéressant, mais j’ai l’impression que la “chercheuse” a surtout cherché à démontrer une conclusion préexistante. Elle fait abstraction des données astronomiques concernant l’étoile des mages ; plus gênant, comme la date consensuelle de -4 pour la mort d’Hérode ne colle pas avec sa théorie, qu’à cela ne tienne, elle nous sort une autre théorie pour le faire mourir plus tard. Or dans ses calculs la date du 25 décembre n’est valable que pour une année précise. Selon st Luc au début de sa prédication Jésus avait ENVIRON 30 ans en l’an 15 de Tibère, “environ” ça laisse une marge d’erreur, Denys le Petit a fait tout ses calculs en faisant comme si c’était précisément 30 ans, mais faire naître Jésus quelques années plus tôt ne contredit pas les Ecritures. Permettez moi d’être sceptique.
        Cette dame par ailleurs n’est pas historienne mais infirmière retraitée , quant j’ai besoin d’une prise de sang, je ne m’adresse pas à un historien … Certes des historiens amateurs peuvent faire des découvertes intéressantes, mais jusqu’ici cette brave dame ne m’a pas convaincu, et n’a surtout pas convaincu les spécialistes de la question.
        Je ne suis pas sûr de m’être bien fait comprendre (m’avez vous bien lu ?), remettre en cause la date précise n’est pas remise en cause de l’historicité de la nativité du Fils de Dieu. Nous ignorons la date précise de son baptême, des noces de Cana ou de la transfiguration, ce n’est pas pour cela que nous rejetons la réalité de ces événements. De même les historiens actuels ne sont pas d’accord sur l’année du baptême de Clovis, mettant en doute la date traditionnelle de 496 (par contre là on est sûr que c’était bien un 25 décembre ! ) , mais personne ne met en doute la réalité de la conversion du roi des Francs. En histoire il y aura toujours des doutes et des lacunes, vu le manque de sources pour des fait très anciens.
        Il est possible que jésus est bien né un 25 décembre, ou un autre jour, l’important n’est pas la date, mais l’Incarnation du Fils de Dieu.
        Bonne fête de l’Epiphanie !

        • Nous sommes d’accord que l’incarnation est le plus important, mais cette incarnation s’est faite dans le temps et il y a de nombreux éléments calendaires dans les Evangiles. Il y a 3 textes publiés sur ce thème et un quatrième va suivre pour l’Epiphanie…

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