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Inde : hausse des attaques antichrétiennes

Le 18 juin, l’organisation chrétienne interconfessionnelle UCF (Forum chrétien uni), qui agit en Inde pour les droits des minorités chrétiennes, a publié un rapport sur les attaques antichrétiennes enregistrées entre janvier et mai 2025. Durant cette période, l’organisation a enregistré 313 attaques, contre un total de 834 en 2024, 734 en 2023 contre 601 en 2022.

L’UCF signale donc près de deux attaques par jour en moyenne depuis le début de l’année, avec des situations préoccupantes en Uttar Pradesh et au Chhattisgarh. Jusqu’au mois de mai, le Chhattisgarh a enregistré 64 attaques antichrétiennes, suivi par l’Uttar Pradesh avec 58 cas. En 2024, l’Uttar Pradesh avait enregistré 209 attaques, soit le chiffre le plus élevé du pays, suivi par le Chhattisgarh avec 165.

Douze États sur 28, en majorité dirigés par le parti BJP (Bharatiya Janata Party) pro-hindou du Premier ministre Narendra Modi, ont voté des lois anti-conversion, que les chrétiens accusent d’être manipulées par des groupes hindous pour les cibler.

C’est le cas dans l’Odisha, dans l’est de l’Inde, où le BJP est arrivé au pouvoir il y a un an, les responsables chrétiens de la région affirment que les violences antichrétiennes ont augmenté depuis : célébrations interrompues dans des églises, enterrements chrétiens refusés, et boycott social dans les villages.

Dilexit Nos, “Il nous a aimés” : l’encyclique à découvrir pour la fête du Sacré-Coeur de Jésus

A l’occasion du 350ᵉ anniversaire de la première apparition du Sacré-Cœur à sainte Marguerite-Marie Alacoque, l’application de prière Hozana vous propose de recevoir chaque jour, dès le 27 juin, un extrait de la dernière encyclique du Pape François, Dilexit Nos (« Il nous a aimés ») publiée le 24 octobre 2024 !

Dilexit Nos est un appel à une redécouvrir la dévotion au Sacré-Cœur comme réponse aux défis contemporains, notamment les guerres, les inégalités socio-économiques et les dérives technologiques qui menacent notre humanité.

Inscrivrez-vous ici : https://lc.cx/vrvT5k

Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.

Détente pour les chrétiens au Nicaragua

Depuis l’été 2024, le gouvernement du Nicaragua avait suspendu la plupart des ordinations sacerdotales.

En la vigile de la Pentecôte, le cardinal Leopoldo Brenes, archevêque de Managua, la capitale du pays, a pu ordonner huit séminaristes aux ordres majeurs. Cet événement, bien que modeste par rapport aux années précédentes, semble indiquer un léger assouplissement des restrictions imposées par le régime.

Lors de son homélie, le cardinal Brenes a partagé des réflexions tirées de sa récente participation au conclave, exprimant sa tristesse face à la crise des vocations affectant d’autres pays, notamment hors d’Amérique latine.

« Dans certaines Eglises sœurs, des évêques m’ont parlé de diocèses sans ordination depuis des années, ou d’une seule ordination après une décennie ».

Avant 2024, larchidiocèse de Managua ordonnait régulièrement deux groupes de prêtres par an. Avec plus de 100 séminaristes dans son séminaire diocésain, ainsi qu’un séminaire géré par le Chemin néocatéchuménal, l’archidiocèse bénéficie d’un flux constant de vocations.

En 2024, neuf prêtres ont été ordonnés en janvier et seize en août. Cependant, la cérémonie de 2025, limitée à l’ordination de diacres, contraste avec cette tradition, reflétant les restrictions imposées par le régime.

Depuis l’été 2024, la plupart des diocèses nicaraguayens ont l’interdiction d’ordonner des prêtres ou des diacres. Ainsi, dans le diocèse d’Esteli, l’ordination de trois diacres, prévue le 26 juillet 2024, a été annulée sur ordre de la police. Le même jour, l’administrateur diocésain, le père Frutos Valle Salmeron, âgé de 80 ans, a été interrogé par les autorités et assigné à résidence.

A l’exception du diocèse de Leon, où l’évêque du lieu, Mgr René Sandigo, prudent dans son attitude à l’égard du régime sandiniste, a pu ordonner huit prêtres en août 2024, et de Managua, qui a également tenu des ordinations à la même période, la majorité des diocèses restent sous embargo.

Cette répression s’inscrit dans une campagne plus large contre l’Eglise catholique, intensifiée depuis les manifestations de 2018-2019 contre le régime de Daniel Ortega. Plus de 250 prêtres et religieux, dont quatre évêques, ont été contraints à l’exil, représentant environ 20% du clergé du pays. Des dizaines de stations de radio et de télévision catholiques ont été fermées, les structures juridiques des congrégations religieuses et des institutions catholiques dissoutes, et leurs biens confisqués.

L’ordination de Managua pourrait être interprétée comme un geste de bonne volonté du régime envers le Saint-Siège, le président adoptant une approche modérée face au nouveau pontificat. Cette amorce de détente pourrait être liée à la question des nominations épiscopales, un point de friction majeur. Le pape François s’était jusqu’ici opposé au chef de l’Etat, refusant de nommer des évêques ayant les faveurs du gouvernement, laissant plusieurs diocèses dirigés par des évêques au-delà de l’âge de la retraite ou en exil.

Le caractère profondément stupide de l’expression « mourir dans la dignité »

Dans l’Homme Nouveau, François-Marie Portes, Docteur en philosophie, revient sur la terminologie employée pour justifier l’euthanasie. Extrait :

[…] Comme d’habitude, c’est une expression qui nous a fait réagir. Pourtant, peu de personnes semblent vouloir s’y arrêter. Il s’agit de l’expression, érigée en nom d’association, « mourir dans la dignité ».

Tentons, dans un premier temps, de montrer le caractère profondément stupide de cette expression. En effet, associer le concept de « dignité » à celui de « mort » n’est absolument pas légitime. La dignité signifie selon le Larousse le « respect que mérite quelqu’un ou quelque chose ». La loi actuelle, ainsi que la communication autour, va donc introduire une profonde confusion dans l’appréciation de ce qui est en jeu. Deux choses sont à remarquer et à préciser. Premièrement, une « mort digne » n’existe pas. Mourir est un fait. Le respecter est inutile. La raison fondamentale de cela est que ce qui est subi (le fait de pâtir) ne souffre pas d’être respecté. Être fiévreux, mouillé, avoir chaud ou être blessé sont autant d’exemples qui, si on les affublait d’un adjectif comme « respectable », deviendraient absurdes. Ainsi « être respectablement mort » est rarement voire jamais employé. Les seules réalités susceptibles d’être respectées sont la personne ou son action et non pas ce qu’elle subit.

Par ailleurs, parler de « morts dignes » ou alors de « mourir dans la dignité » supposerait qu’il puisse exister des morts indignes ou des décès dans l’irrespect. Or ce n’est pas la mort qui est plus ou moins respectable. Une personne qui meurt dans sa salle de bains en glissant subit une mort qui n’est pas moins digne qu’une autre décédant dans un accident de voiture. Aussi il n’existe pas de dignité dans le fait de mourir.

Il s’agit donc de respecter la personne qui meurt et non la mort, ou la modalité par laquelle elle meurt. Le respect peut alors se décliner de plusieurs manières.

  • Soit on respecte la mémoire des morts, et donc il s’agit d’honorer les défunts, leur vie et ce qu’ils ont fait. Ici, on parlera de rendre hommage aux morts.
  • Soit on va respecter le mourant en refusant toute attitude dégradante vis-à-vis de son agonie.

[…]

La présence chrétienne en Iran

Alors que les tensions entre Israël et l’Iran atteignent un niveau critique, le pape Léon XIV a lancé mercredi à la suite de l’audience générale un vibrant appel à la paix. L’archevêque de Téhéran à la tête d’une petite communauté catholique en Iran a lui aussi lancé un appel à la paix entre Israël et l’Iran en début de semaine.

Thomas Oswald, journaliste à l’Aide à l’Eglise en détresse, explique sur RCF que dans ce pays de 84 millions d’habitants, où l’islam chiite est religion d’État, le cardinal Dominique Mathieu, nommé cardinal en 2024 est à la tête d’un petit diocèse latin comptant six paroisses et environ 2 000 fidèles, principalement des expatriés.  Sa mission est simple mais immense : maintenir en vie une présence chrétienne en Iran.

On trouve également des Églises orientales très anciennes, comme l’Église chaldéenne, forte d’environ 6 000 membres à Téhéran.

« C’est une Église qui a une histoire très profonde, héritière de l’Église de Perse, qu’on appelait autrefois, l’Église nestorienne. Elle a essaimé jusqu’en Mongolie et en Indonésie

“La foi y est vécue dans la discrétion”. “Les messes, interdites en farsi, se célèbrent en araméen. Une survivance linguistique précieuse, mais qui limite la possibilité de témoigner auprès de la population iranienne.”

L’Église est tolérée tant qu’elle n’évangélise pas. Et les conversions de musulmans au christianisme, bien que nombreuses, restent cachées et surveillées .  Il arrive que des fidèles ferment la porte à un musulman intéressé par le Christ, par peur qu’il ne soit un informateur du régime.

Cinquante catholiques français tués par le régime nazi reconnus martyrs et bientôt béatifiés

Le pape Léon XIV a approuvé ce 20 juin, la béatification du père Raymond Cayré (1915-1944), du frère franciscain Gérard Martin Cendrier (1920-1944), du séminariste Roger Vallée (1920-1944) et du laïc Jean Mestre (1924-1944), morts dans divers camps de concentration. Ces « Martyrs de l’apostolat », dont la cause collective avait été ouverte en 1988 à Paris, devraient être béatifiés prochainement.

Le site officiel du dicastère pour les Causes des saints explique que 50 vénérables ont tous consacré leur apostolat aux ouvriers français envoyés en territoire allemand par le régime de Vichy, dans le cadre du Service du Travail Obligatoire. Encouragés par l’archevêque de Paris, le cardinal Emmanuel Suhard, ils ont été arrêtés pour activités subversives contre le Troisième Reich, torturés et mis à mort principalement dans des camps de concentration.

Ces catholiques français sont morts « en haine de la foi » – selon la formule consacrée pour les martyres – entre 1944 et 1945, dans diverses régions allemandes (Cologne-Rhénanie, Saxe et Anhalt, Thuringe, Berlin, Brunswick, Silésie, Bade-Wurtemberg, Sudètes) ainsi qu’en Autriche. Leurs décrets ont été validés ce vendredi matin par Léon XIV lors d’une audience avec le cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère pour les Causes des saints. Le Vatican dénombre :

QUATRE RELIGIEUX FRANCISCAINS 

  • Gérard Cendrier (1920-1944), mort au camp de concentration de Buchenwald (photo)
  • Paul Le Ber (1920-1945), mort au camp de concentration de Buchenwald ;
  • Joseph Paraire (1919-1945) mort dans un « convoi de la mort » ;
  • André Boucher (1920-1945) mort à Buchenwald.

Neuf prêtres diocésains figurent parmi ces martyrs :

  • Raymond Cayré (1915-1944), mort de typhus au camp de concentration de Buchenwald ;
  • Jules Grand (1905-1945), mort à Buchenwald ;
  • Maurice Rondeau (1911-1945), mort à l’hôpital bavarois de Cham ;
  • Antoine Charmet (1906-1945), mort de tuberculose à Buchenwald ;
  • Louis Doumain (1920-1944), mort au camp de concentration de Zöschen ;
  • Pascal Vergez (1910-1944), mort de typhus à Zöschen ;
  • Pierre de Porcaro (1904-1945), mort de typhus à Dachau ;
  • René Giraudet (1907-1945), interné à Bergen-Belsen, malade du typhus, mort à Paris ;
  • Jean Batiffol (1907-1945) mort à Mauthausen.

De nombreux « jocistes » – membres de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne – ont participé à cette « aumônerie clandestine » pour les ouvriers. Le Vatican publie 19 noms appartenant à ce mouvement :

  • Jean Lépicier (1921-1945), mort à Buchenwald ;
  • Bernard Lemaire (1920-1944), mort de typhus à Buchenwald ;
  • Maurice Grandet (1920-1944), mort de typhus à Buchenwald ;
  • René Ponsin (1923-1945), mort à Buchenwald ;
  • Claude-Colbert Lebeau (1922-1945), mort à Zöschen ;
  • Jean Chavet (1922-1945), mort du typhus à Mauthausen ;
  • André Parsy (1922-1944), interné à Zöschen, mort à Trebitz ;
  • André Vallée (1919-1945), mort à Flossenbürg ;
  • Henri Marrannes (1923-1945), mort à Zwickau ;
  • Louis Pourtois (1919-1945), mort à Mauthausen ;
  • Camille Millet (1922-1945), mort à Flossenbürg ;
  • Marcel Carrier (1922-1945), mort à Neustadt lors de la « marche de la mort » ;
  • Alfredo Dall’Oglio (1921-1944), italien naturalisé français, mort à Wuhlheide ;
  • Marcel Touquet (1914-1945), mort à Ravensbrück ;
  • Lucien Croci (1919-1945), mort à Barth ;
  • Jean Mestre (1924-1944), mort peu après son arrestation ;
  • Jean Perriolat (1920-1945), mort à Mauthausen ;
  • René Rouzé (1922-1945), mort à Dora-Mittelbau ;
  • Henri Euzenat (1920-1945), mort à Dachau.

14 membres du mouvement des Scouts de France sont recensés :

  • Louis Didion (1917-1945), mort à Buchenwald ;
  • Robert Saumont (1919-1945) mort à Buchenwald ; Bernard Morizot (1924-1945), interné à Buchenwald et fusillé ;
  • Jean (1920-1945) interné à Dachau, mort d’épuisement après l’évacuation du camp à l’hôpital d’Emmendingen ;
  • René Boitier (1917-1945), interné à Dachau, mort d’épuisement après l’évacuation du camp ;
  • Robert Défossez (1920-1945) mort de septicémie à Buchenwald ;
  • Jean Préhu (1920-1945) mort à Dachau ;
  • Maurice-Philippe Bouchard (1916-1944), mort à Buchenwald ;
  • Raymond Louveaux (1913-1944) mort à Buchenwald ;
  • Gaston Raoult (1921-1945) mort dans la mine de Bad Salzungen ;
  • Bernard Perrin (1921-1945) interné à Mauthausen, mort à Gusen ;
  • Eugène Lemoine (1920-1945), mort à Zöschen ;
  • Robert Beauvais (1922-1945), mort à Neuengamme ;
  • Joël Anglès d’Auriac (1922-1944), décapité à Dresde.

Trois séminaristes sont également reconnus parmi ces « Martyrs de l’apostolat » :

  • Roger Vallée (1920-1944), mort à Mauthausen ;
  • Jean Tinturier (1921-1945), mort à Mauthausen ;
  • Jean Duthu (1921-1945), mort à Flossenbürg.

Enfin, le doyen de cette liste est un jésuite , Victor Dillard (1897-1945), décédé au camp de concentration de Dachau à l’âge de 47 ans.

Pilule cancérigène : France intox confirme la “rumeur”

La rubrique Vrai ou Faux de France intox est amusante :

C’est une rumeur qui fait le tour de TikTok et de X, dans des publications vues parfois quelques milliers de fois, parfois plus d’un million. “Ça y est, c’est officiel, l’OMS a annoncé que la pilule était aussi nocive, aussi cancérogène, que le tabac, l’alcool… et l’amiante”, annonce une internaute. “La pilule augmente le risque de cancer du sein et de cancer de l’utérus de 20% à 30%”, dénonce une autre“Tous les jours en fait on s’empoisonne”, déplore une troisième. Vrai ou Faux ?

France Intox confirme que c’est vrai et même que ça fait longtemps que c’est vrai. Sauf qu’à promouvoir la pilule tous les 4 matins, c’est une vérité que la grosse presse préfère passer sous silence :

L’OMS a classé la pilule parmi les produits cancérogènes il y a plus de 20 ans

Le sujet est complexe. D’abord, ce qui est vrai, c’est que le Centre international de recherche sur le cancer, qui est une agence de l’Organisation mondiale de la santé, a classé il y a plus de 20 ans certaines pilules contraceptives parmi les produits cancérogènes de groupe 1, comme on peut le voir sur son site, c’est-à-dire “cancérogènes pour les humains”. Groupe dans lequel il y a aussi en effet l’alcool, le tabac et l’amiante.

Et France intox tente de relativiser la menace :

Les pilules sont-elles très dangereuses ou pas ? On peut facilement trouver sur internet une étude publiée dans la revue Plos Medicine en 2023 qui explique que la pilule contraceptive (combinée ou non) peut augmenter les risques d’avoir un cancer du sein de 20% à 30%. Des chiffres impressionnants dits comme ça. Néanmoins, cela reste “très petit en termes de risque absolu”, selon la coauteure de cette étude, Gillian Reeves, professeur à l’université d’Oxford, dont les propos sont rapportés par Ouest-France.

Un autre spécialiste, Stephen Duffy, professeur à l’université Queen Mary de Londres, trouvait ces résultats “rassurants car l’effet [était] modeste”. En fait, il faut bien comprendre que la pilule augmente un peu des risques qui sont assez faibles. Cela ne signifie pas qu’en prenant la pilule les femmes ont 30% de risque d’avoir un cancer. Actuellement, le cancer du sein touche une femme sur neuf. Le risque d’avoir un cancer du sein est donc en général de 11% – sans prendre en compte les antécédents particuliers. Si on y applique schématiquement une hausse de 30%, cela signifierait que la pilule fait passer le risque de contracter un cancer du sein à 14%.

Circulez il n’y a rien à craindre.

Le député RN Caroline Parmentier face à la dédiabolisation

Mediapart a ressorti des écrits de Caroline Parmentier, ancienne journaliste du quotidien Présent, aujourd’hui député du Rassemblement national :

Artisane de la stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen, Caroline Parmentier a publié pendant trente ans des écrits racistes, antisémites et homophobes. Sur Facebook, elle affichait aussi ouvertement son soutien au maréchal Pétain en 2018, a découvert Mediapart. L’embarras gagne le Rassemblement national.

Cette dernière a réagi :

Lors de la constitutionnalisation de l’avortement, elle s’était aussi “courageusement” abstenue à deux reprises. Quant à l’inauguration du buste de Simone Veil, nous avions déjà pointé l’incohérence de cette ancienne journaliste, en soulignant “Quel est l’intérêt de se réjouir d’avoir 89 députés RN, si c’est pour faire comme la gauche ?”. Surtout que cela ne suffit pas à être épargné par Mediapart.

Qui se dévoue pour lui offrir le “Manuel de lutte contre la diabolisation” de Jean-Yves Le Gallou ? Elle y apprendrait notamment que face aux “diabolisateurs”, il ne faut pas s’excuser mais contre-attaquer et rendre coup pour coup. Et cesser d’essayer de passer pour un élu gaucho-compatible…

I-Média : Morale antiraciste = nouvelle religion ? Un lavage de cerveau signé France 2

Cette semaine, Jean-Yves Le Gallou et Floriane Jeannin décryptent sans concession la manipulation médiatique et la censure croissante qui menacent nos libertés fondamentales.

Au programme :

L’image de la semaine : “Sommes-nous tous racistes ?”

Le programme que France 2 veut vous faire avaler pour vous culpabiliser ! Dans cette émission, le service public recréé des expériences sociologiques parfois biaisées pour montrer que le racisme et les préjugés font partie de notre vie quotidienne. Le but quasi avoué : culpabiliser les Français et rééduquer leur cerveau pour les rendre plus tolérants et casser leurs instincts naturels. L’illustration même que la science est parfois au service d’une instrumentalisation idéologique.

Le dossier du jour : Internet glisse vers la zone de non droit !

Entre Emmanuel Macron qui souhaite interdire les réseaux sociaux au moins de 15 ans, le gouvernement qui surveille attentivement toutes les plateformes grâce à une entreprise étrangère, un des directeurs de YouTube qui assume de censurer les contenus qu’il juge “nuisibles”, le RN qui surveille les groupes Facebook de ses propres élus, Pavel Durov qui appel à défendre la liberté d’expression… Pas de doute, la liberté sur internet, c’était mieux avant !

Les pastilles de l’info :

  • Grooming Gangs : Enfin une enquête sur le scandale pédocriminel britannique !
  • Macron et Meloni au G7
  • Cerfia racheté par Pierre Edouard Stérin, Matthieu Pigasse monte au créneau : la paille et la poutre !
  • Rachida Dati vs France Télévisions : la guerre est déclarée
  • Salon du Bourget : Bayrou coincé dans le Rafale

Portrait piquant : Patrick Cohen, le journaliste devenu symbole du conformisme !

La parade LGBTQXYZ interdite à Budapest

La police de Budapest interdit la marche « des fiertés » prévue le 28 juin.

Une loi récente interdit les événements publics qui « manifestent des déviations par rapport à l’identité de genre reçue à la naissance, au changement de sexe ou à l’homosexualité », et interdit la propagande LGBT auprès des enfants, ce qui est appuyé par un amendement constitutionnel (voté en avril) stipulant que les droits des enfants priment sur tous les autres droits constitutionnels à l’exception du droit à la vie.

Le maire de Budapest, militant pro-LGBTQXYZ, avait affirmé qu’il n’y avait pas besoin d’une autorisation de la police d’Etat puisqu’il s’agit d’un événement municipal. Mais la police répond que la loi s’applique aussi à ce que le maire organise.

Menace de mort contre les fidèles dans l’église d’Ambazac (87) : « On vous tuera tous »

Mardi 17 juin, à Ambazac (Haute-Vienne), un homme a fait irruption dans une église vers 18h30. Visiblement agité et sous l’emprise de l’alcool, il a insulté les fidèles et proféré des menaces : « Si tu bouges, t’es mort ! » et « On vous tuera tous un jour ». Il a aussi accusé l’Église de soutenir « les Israéliens » et traité ses membres de « pédophiles ».

L’homme, identifié comme Hasein O., né en 1968, a été interpellé vers 20h30 sans résistance. Déjà connu pour 86 faits enregistrés au TAJ — incluant vols, cambriolages, menaces de mort, port d’arme blanche — il n’est pourtant pas fiché pour radicalisation, bien que ses propos aient été fortement teintés de religion et de politique.

Contribuez au développement de l’App’ qui aide à la Prière quotidienne

Mère Teresa décelait l’importance fondamentale de la prière dans un monde de plus en plus vide de sens sans Dieu :

“Beaucoup de gens perdent goût à la vie et au travail, ils se sentent mécontents et vides simplement parce qu’ils ont délaissé la prière.”

Après une enquête réalisée auprès d’un panel de catholiques, Timothée Berthon (fondateur et Président de YouPray) relève ce constant sans appel : “peu de catholiques arrivent à prier fidèlement chaque jour”. Or sans prière, la vie chrétienne perd son sel et sa force. Il décide alors de créer un outil pédagogique adaptée à la vie d’aujourd’hui qui aide à la prière quotidienne.

Partant du constat que le plus dur dans la prière, « c’est de s’y mettre », YouPray a développé une pédagogie de la prière basée sur l’audio qui facilite la méditation et l’entrée dans la prière à travers une application numérique téléchargeable sur Smartphone : prière du matin inspirée des laudes, évangile quotidien lu et commenté, prière du soir, chapelets, méditations adaptées aux circonstances, neuvaines, parcours d’épanouissement spirituel… Il suffit d’appuyer sur Play et de se laisser guider.

Depuis 2020, l’attention a été portée sur la qualité de l’offre tant sur la forme que sur le fond. La notation des utilisateurs est déjà un succès : 4.9 sur 5 !

Après des premières années pour parfaire l’Application, YouPray a désormais besoins de ressources pour se faire connaître du plus grand nombre !

Souhaitez-vous contribuez au développement de YouPray en donnant du sens à votre épargne ?

Pour accéder à la Page de présentation de cette opportunité d’investissement, il vous suffit de cliquer sur le lien ci-après : https://www.credofunding.fr/fr/youpray

Vous pouvez contacter Edouard Vieilfault ([email protected]) pour toute demande de précisions si nécessaire.

L’investissement comporte des risques de perte partielle ou totale du capital investi – Des frais sont dus par le porteur de projet et les investisseurs (18 € TTC).

Entre 2008 et 2026, le nombre moyen de démissions de maires par an a été multiplié par 4

Les prochaines élections municipales auront lieu en mars 2026. Or, selon une enquête, en l’espace de trois mandats municipaux (entre 2008 et 2026), le nombre moyen de démissions de maires par an a été multiplié par 4 (129 vs. 417).

Avec plus de 3 000 changements de maires depuis l’élection municipale de 2020, les démissions volontaires, au nombre de 2 189, ont atteint un niveau historique. Entre septembre 2020 et mars 2025, ce sont en moyenne 40 démissions par mois enregistrées, soit plus d’une démission par jour. Au total, c’est près de 6 % de l’ensemble des maires élus qui ont démissionné.

C’est ce que révèle l’étude conduite par Martial Foucault, professeur des universités à Sciences Po et chercheur au CEVIPOF, en partenariat avec l’AMF dans le cadre de l’Observatoire de la démocratie de proximité. Son analyse s’appuie sur les données du répertoire national des élus (RNE) du ministère de l’Intérieur, couvrant la période de juillet 2020 à mars 2025, complétée par des articles de la presse régionale et un recueil de témoignages.

Comment expliquer ce phénomène ? Quelles leçons en tirer à quelques mois de la prochaine échéance municipale de mars 2026 ?

Trois causes de démission dominent :

  1. la difficulté à mener jusqu’au bout les projets municipaux sur lesquels les élus se sont engagés qui créé des tensions au sein des conseils municipaux (30,9 % des cas) ;
  2. les passations de pouvoir anticipées et organisées dès le début de la mandature (13,7 % des cas) ;
  3. les questions de santé physique (13,1 % des cas) et de santé mentale (5,1 % des cas).

Les raisons de ces démissions apportent un éclairage nouveau sur les débats parlementaires en cours qui visent à modifier le statut de l’élu local et apporter des garanties pour maintenir l’engagement municipal, pierre angulaire d’une démocratie de proximité.

À l’heure du bilan et de l’élaboration de nouveaux projets, force est de reconnaître que le mandat 2020-2026 n’aura ressemblé à aucun autre. Il a commencé avec la crise du Covid-19 et s’achève dans un climat d’instabilité nationale depuis la dissolution et une situation financière difficile.

Sans doute faut-il revenir au principe de subsidiarité ?…

Refaire la Chrétienté ?

Dans cette table ronde, trois intellectuels engagés livrent une analyse lucide et une parole d’espérance sur les conditions de possibilité d’un redressement chrétien :

  • Abbé Matthieu Raffray, prêtre, philosophe, enseignant à Rome.
  • David Engels, historien et essayiste européen.
  • Jean-Pierre Maugendre, écrivain et directeur de Renaissance Catholique.

Face à Julien Langella, ils débattent des grandes questions contemporaines :

✦ Le Christ-Roi est-il encore une espérance politique crédible ?
✦ Peut-on faire renaître une Chrétienté enracinée dans une nation ?
✦ La stratégie doit-elle être d’en haut ou d’en bas ?
✦ Comment faire face aux défis anthropologiques, spirituels et géopolitiques du XXIe siècle ?

La continuité ou la discontinuité de Vatican II par rapport à l’Eglise précédente

La réédition du livre du Professeur de Mattei, Vatican II, l’histoire qu’il fallait écrire, a suscité diverses réactions et commentaires. Il est en particulier reproché par Yves Chiron (Aletheia n°356) au Professeur de Mattei de ne pas avoir tenu compte, dans cette réédition, des remarques formulées par le cardinal Marchetto sur son ouvrage originel. Nous publions ci-dessous la première partie de la réponse du Professeur de Mattei au cardinal Marchetto (Il Foglio, 9 octobre 2012).

Continuité ou rupture ?

Le moment est peut-être venu de sortir de la cage herméneutique dans laquelle se débattent les spécialistes du Concile Vatican II. Tous ceux qui abordent la discussion historiographique sur le Concile, en mettant en lumière, sous divers points de vue, les éléments de « virage » objectif par rapport à l’époque précédente, sont en effet hâtivement étiquetés comme partisans de l’ « herméneutique de la discontinuité », en opposition avec le magistère de Benoît XVI et de ses prédécesseurs.

Tel est par exemple le critère souverain de jugement de Mgr Agostino Marchetto dans son récent ouvrage Il Concilio Ecumenico Vaticano II. Per la sua corretta ermeneutica[1] (Libreria Editrice Vaticana, 2012), comme il l’avait déjà été dans sa précédente étude Il Concilio Ecumenico Vaticano II. Contrappunto per la sua storia[2] (Libreria Editrice Vaticana, 2005).

Dans ces deux livres, Mgr Marchetto fait moins un travail d’historien que de recension attentive de tout ce qui a été publié au cours de la dernière décennie à propos de Vatican II. Ce n’est pas nécessairement une limite. La limite est de lancer aux auteurs recensés des accusations de « discontinuisme », en s’abritant derrière un présumé magistère à ce sujet pour couvrir une faiblesse argumentative substantielle. Mais Benoît XVI, dans son discours à la Curie romaine du 25 décembre 2005, a déclaré qu’à l’herméneutique de la discontinuité ne s’oppose pas l’herméneutique de la continuité « tout court », mais une « herméneutique de la réforme », dont la vraie nature consiste en un « ensemble de continuités et de discontinuités à des niveaux différents ». Peut-être est-ce précisément à partir de la constatation de l’existence de niveaux différents de continuité et de discontinuité qu’il faudrait avancer.

La continuité ou la discontinuité de Vatican II par rapport à l’Eglise précédente peut être considérée sous deux aspects : la dimension historique et humaine de l’Eglise et sa dimension ontologique, qui s’exprime dans l’immuabilité de sa Tradition. Une distinction qui correspond à la double nature de l’Eglise, humaine et divine, et qui rend le discours bien plus articulé et riche de nuances que ne le voudraient Mgr Marchetto et d’autres auteurs. Le premier niveau d’étude revient à l’historien, qui a pour critère de vérité celui de la vérification et de l’évaluation des faits. Le second niveau appartient au théologien, au pasteur et, en dernière instance, au Souverain Pontife, gardien suprême des vérités de foi et de morale. Il s’agit de deux plans distincts, mais liés et interdépendants, comme le sont l’âme et le corps dans l’organisme humain. Mais c’est seulement après la reconstruction historique, et non avant, qu’interviennent les pasteurs, pour formuler leurs jugements théologiques et moraux.

Les deux niveaux, historique et herméneutique, ne peuvent pas se confondre, à moins de ne pas considérer que l’histoire coïncide avec son interprétation. Cela signifie que le Concile Vatican II doit être abordé non seulement sur le plan théologique, mais avant tout sur le plan historique en tant qu’événement. Le théologien exercera sa réflexion sur les textes, l’historien, sans négliger les textes, réservera surtout son attention à leur genèse, à leurs conséquences, au contexte dans lequel ils se situent. L’historien et le théologien cherchent tous les deux la vérité, qui est la même, mais ils y arrivent par des chemins différents, non opposés.

Il semble que ce soit le cardinal Ruini qui ait confié à Marchetto le devoir de s’opposer à l’œuvre historique, de marque ultra progressiste, de Giuseppe Alberigo et de son « école de Bologne ». Mais contre l’histoire tendancieuse d’Alberigo et des ses continuateurs il n’est pas suffisant d’affirmer que les documents du Concile doivent être lus en continuité et non en rupture avec la Tradition.

Lorsqu’en 1619 Paolo Sarpi écrivit une histoire hétérodoxe du Concile de Trente, on ne lui opposa pas les formules dogmatiques de Trente, mais une histoire différente, la célèbre histoire du Concile de Trente écrite sur l’ordre du pape Innocent X par le cardinal Pietro Sforza Pallavicino (1656-1657) : l’histoire, en effet, se combat avec l’histoire, et non avec les affirmations théologiques. C’est la raison pour laquelle les critiques que fait Marchetto au sujet de mon étude Il Concilio Vaticano II. Una storia mai scritta[3](Lindau, 2011) sont des balles tirées à côté de leur cible. Je ne suis en effet ni un « discontinuiste », comme Marchetto s’obstine à le répéter, ni un « continuiste », parce que je juge ce terme tout aussi dépourvu de signification que le précédent.

Je suis simplement un historien qui se propose de raconter de façon vraie et objective ce qui s’est passé, non seulement pendant les trois années pendant lesquelles se déroula le Concile Vatican II, du 11 octobre 1962 au 8 décembre 1965, mais aussi pendant les années qui le précédèrent et celles qui le suivirent immédiatement, l’époque de ce que l’on appelle le « post Concile ». Je fais mien le souhait que le cardinal Ruini adressait le 22 juin 2005 à l’entreprise de Mgr  Marchetto (« il est temps que l’historiographie produise une nouvelle reconstruction de Vatican II qui soit aussi, finalement, une histoire de vérité ») mais je ne crois pas qu’il soit productif de cacher la vérité historique derrière le voile d’une « herméneutique de la continuité » mal comprise. Ma lecture du Concile diverge radicalement de celle que l’historien de Bologne Giuseppe Ruggieri propose dans son récent ouvrage Ritrovare il Concilio[4] (Einaudi, 2012), Mais je ne peux pas lui donner tort quand il affirme que le devoir de l’historien consiste à « connaître, à partir des sources, ce qui s’est vraiment passé, et à comprendre le sens effectif de ce qui s’est vraiment passé », et quand il explique pourquoi le Concile Vatican II n’est pas réductible à ses décisions (pp. 7-11).

J’ai déjà eu l’occasion de l’écrire : les Conciles peuvent promulguer des dogmes, des vérités, des canons, qui émanent du Concile, mais qui ne sont pas le Concile. Le Concile est différent de ses décisions, qui, seulement quand elles sont promulguées infailliblement, deviennent partie intégrante de la Tradition (Apologia della Tradizione. Proscritto a Il concilio Vaticano II. Una Storia mai scritta[5]). Comment nier que le Concile Vatican II ait eu une « spécificité » par rapport aux autres événements historiques, et qu’il ait constitué, sous de nombreux aspects, une « Révolution » ? En attestent les témoignages qui, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile, ont été recueillis par Avvenire, et celui du sociologue canadien Charles Taylor, qui rappelle l’événement par ces paroles : « C’était comme la chute de Jéricho » (Avvenire, 26 juillet 2012).

La principale nouveauté de Vatican II fut sa nature pastorale. Le cardinal Walter Brandmüller l’a bien expliqué. Les Conciles exercent, sous et avec le pape, un magistère solennel en matière de foi et de morale, et ils se posent comme juges et législateurs suprêmes en matière de droit et de discipline de l’Eglise, mais Vatican II, contrairement aux précédents Conciles, « n’a pas exercé de juridiction, ni légiféré, ni délibéré sur des questions de foi de façon définitive. Il a plutôt été un nouveau type de Concile, dans la mesure où il s’est défini comme Concile pastoral, qui voulait expliquer au monde d’aujourd’hui la doctrine et les enseignements de l’Evangile de façon plus attrayante et instructive. En particulier, il n’a prononcé aucune censure doctrinale. […] Au contraire, la crainte de prononcer tant des censures doctrinales que des définitions dogmatiques a eu pour conséquence l’émergence d’affirmations conciliaires dont le degré d’authenticité et donc le caractère obligatoire fut extrêmement varié. […] Chaque texte conciliaire a un degré différent d’adhésion. C’et aussi un aspect totalement nouveau dans l’histoire des Conciles » (Walter Brandmüller, Il Vaticano II nel contesto della storia conciliare[6], in Aa. V., Le « chiavi » di Benedetto XVI per interpretare il Vaticano II[7], Cantagalli, 2012, pp. 54-55). Les études de Mgr Brunero Gherardini (la dernière est Il Vaticano II. Alle radici di un equivoco[8], Lindau, 2012) demeurent le point de référence fondamentale pour une évaluation du degré d’adhésion de ces enseignements tout au plus pastoraux. Caractéristique surprenante que celle de la pastoralité, car dans les vingt Conciles universels précédents, la forme est toujours dogmatique et normative. La forme définitoire, comme l’observe Enrico Maria Radaelli, dans son étude pointue sur le langage de Vatican II, est « la forme naturelle du langage de l’Eglise » (Il domani – terribile o radioso – del dogma[9], édition pro manuscripto, 2012).

La pastoralité ne fut pas seulement un « fait », c’est-à-dire l’explication naturelle du contenu dogmatique du Concile d’une façon adaptée à son époque, comme cela avait toujours été le cas. Ni le Concile Vatican I ni le Concile de Trente n’étaient en effet dépourvus de dimension pastorale. La « pastoralité » fut en revanche élevée au rang de principe alternatif à la « dogmaticité », sous-entendant une priorité de la première sur la seconde. La dimension pastorale, en soi accidentelle et secondaire par rapport à la dimension doctrinale, devint prioritaire dans les faits, opérant une révolution dans le langage et dans la mentalité. Un auteur n’appartenant pas à l’école de Bologne, le père John O’Malley de la Georgetown University, a défini Vatican II comme un « événement linguistique », en expliquant qu’aux professions de foi et aux canons se substitua « un genre littéraire » qu’il appelle « épidictique », c’est-à-dire discursif (What happened at Vatican II[10]).

Vatican II: L’histoire qu’il fallait écrire

 

Victoires pour l’ECLJ

C’est une grande semaine pour l’ECLJ, marquée par une victoire au Parlement européen et un «succès diplomatique» autour d’une réception sur le thème de «l’obstruction judiciaire aux élections libres» :

La victoire d’abord: vous l’avez peut-être vu si vous nous suivez déjà sur YouTube: le Parlement européen a adopté cette semaine en commission un amendement pour obliger les sites obscènes à vérifier l’âge de leurs visiteurs. C’est une formidable mesure pour protéger nos enfants de ces contenus scandaleux. L’ECLJ a beaucoup travaillé pour soutenir cette politique, publiant un rapport, participant à plusieurs conférences au Parlement européen, publiant des tribunes, etc. C’est un beau succès qui doit encore être confirmé par un vote en assemblée plénière.

Cette semaine a aussi été marquée par un beau succès diplomatique. Nous avons en effet eu l’honneur de recevoir dans nos locaux de nombreux ambassadeurs et diplomates en poste auprès du Conseil de l’Europe, ainsi que des députés au Parlement européen de divers pays et groupes politiques pour parler du futur de l’Europe. Grégor Puppinck a abordé un sujet crucial: la protection de la démocratie contre l’obstruction judiciaire aux élections libres.

Nous avons aussi eu le plaisir d’accueillir Me Jordan Sekulow, le Directeur General de l’American Center for Law and Justice (ACLJ). Il a présenté l’ACLJ et sa volonté de renforcer la coopération entre mouvements conservateurs de part et d’autre de l’Atlantique.

La démocratie est en danger, a alerté Grégor Puppinck. Il n’est plus suffisant de défendre des convictions et des valeurs ; il est à présent nécessaire de défendre aussi la liberté politique, c’est-à-dire la faculté pour chacun de comprendre le monde dans lequel il vit et d’y agir politiquement. Or, ces facultés sont menacées.

Face à la montée du conservatisme, le pouvoir en place n’hésite pas à réduire les libertés pour conserver son contrôle. C’est pourquoi nous assistons à une volonté croissante de limiter la liberté d’expression, de censurer et de réduire les espaces de liberté. Mais cette volonté de contrôle va encore plus loin. Nous constatons avec inquiétude un recours croissant à l’appareil judiciaire, par les gouvernements en place, pour disqualifier leurs opposants.

C’est le cas actuellement en Turquie, où le maire d’Istanbul Ekrem İmamoğlu, et principal opposant à Erdogan, est actuellement en prison. C’est aussi le cas en Roumanie, où le premier tour des élections présidentielles a été annulé pour éviter l’élection de l’opposant Călin Georgescu. C’est aussi le cas actuellement en Pologne, où les forces gouvernementales contestent le résultat des dernières élections présidentielles, et ont procédé à une forme de purge contre des anciens cadres conservateurs. Un ancien secrétaire d’Etat catholique a même obtenu l’asile politique en Hongrie après avoir été condamné à 25 ans de prison en Pologne.

C’est aussi le cas en Allemagne, où l’administration en place a classé l’AfD comme parti «extrémiste» et «d’extrême droite», en raison de ses positions sur l’islam et l’immigration, afin de pouvoir le placer sous surveillance policière renforcée, et permettre son éventuelle interdiction. C’est aussi le cas en France, bien sûr, où un jugement adopté par une juridiction de première instance prétend empêcher Mme Marine Le Pen de se présenter aux prochaines élections présidentielles.

Nous pourrions allonger la liste en mentionnant aussi les tentatives judiciaires d’empêcher Donald Trump de se présenter aux dernières élections présidentielles, ainsi que les poursuites gravissimes initiées au Brésil contre l’ancien président Jair Bolsonaro, depuis le retour au pouvoir de son rival socialiste Lula.

Nous pourrions aussi mentionner les énormes sanctions financières imposées par la Commission européenne à la Hongrie et à la Pologne en raison de leurs politiques conservatrices, sanctions levées contre la Pologne aussitôt après l’élection du Gouvernement Tusk.

Les personnes actuellement au pouvoir sont prêtes à tout pour conserver le contrôle des institutions. À défaut de parvenir à combattre les idées de leurs opposants, elles attaquent ceux qui les portent. L’ECLJ, qui subit ces attaques, est bien placé pour le savoir. Les conservateurs doivent donc se battre sur tous les terrains, non seulement sur celui des idées, mais aussi sur le terrain institutionnel. Vous pouvez compter sur l’ECLJ pour mener ce combat, pour défendre nos convictions et notre liberté politique.

Les évêques de France condamnent la laïcité

….en 1925, lors d’une grande déclaration trop méconnue, dont nous fêtons le centenaire cette année. La revue Le Sel de la Terre remet ce texte à l’honneur à l’occasion de cet anniversaire.

Le numéro 131 du Sel de la Terre est sorti !
Le centenaire de la Déclaration épiscopale de 1925 sur la laïcité

Les condamnations du catholicisme libéral vinrent souvent de Rome : Mirari vos, Quanta cura, Lettre sur le Sillon. A ces documents papaux s’ajoutent des écrits nationaux, moins connus – qui n’en méritent pas moins la lecture. Rédigée en 1925 par l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France, la déclaration épiscopale en question rappelle la place que doit occuper la religion catholique dans la société

Dans le contexte de la loi de 1905, le venin laïciste trouve des défenseurs jusque dans les rangs catholiques. Emmanuel Desgrées du Loû, par exemple, fervent promoteur de la démocratie chrétienne, préconise dans un mémoire intitulé La Politique religieuse en France et les élections de 1924 que les candidats catholiques soutiennent les lois dites laïques. Cette position provoque de nombreuses réactions de la part d’évêques.

La déclaration de 1925 vient matérialiser dans un document officiel toutes ces réactions éparses. L’idée est de dénoncer les lois liées à la laïcité et d’indiquer les moyens pour les combattre. Particulièrement intéressante se trouve être la liste des préjugés contre lesquels les catholiques doivent lutter par l’information : « La loi, juste ou injuste, est la loi ; on est tenu de lui obéir », « La religion est affaire privée », « La religion n’a rien à voir dans la politique », etc.

Loin d’être datée, cette déclaration mérite d’être lue non seulement pour connaître les combats des catholiques au début du XXe siècle, mais aussi pour opérer une piqûre de rappel dans un monde qui isole toujours plus la religion de la sphère publique et combat toujours plus les vestiges de la civilisation chrétienne. Cette lecture, vous pourrez la faire dans le numéro 131 du Sel de la Terre qui vient de paraître. Un article de Yves Gérardin précède le texte de la déclaration pour en donner le contexte et les enjeux.

Pour acheter ce numéro : https://www.seldelaterre.fr/numeros/sdt131

Pour s’abonner : https://www.seldelaterre.fr/abonnements

Vous trouverez également dans ce nouveau numéro :

 Un dossier sur Mgr Tissier de Mallerais.
 Une étude sur la préfiguration de Marie dans la Genèse.
 Une réponse à l’ouvrage d’un musulman ressassant des sophismes antichrétiens.
 Un article sur Sigrid Undset, écrivain de Norvège, ancienne féministe convertie au catholicisme en 1924, Nobel de littérature.

 

Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.

Pèlerins lors de la marche de la Pentecôte vers Chartres en France – Sous l’inspiration du Saint-Esprit

Le Frankfurter Allgemeine Zeitung a consacré un long reportage avec de belles photos sur le pèlerinage de Chartres. Traduction :

Trois jours de chants, de confessions, de messes – et de douleurs dans les jambes : est-ce ainsi qu’on fait l’expérience de la grâce ? Et pourquoi les jeunes préfèrent-ils prier en latin ? Récit du pèlerinage de la Pentecôte de Paris à Chartres.

Mon couteau suisse reste introuvable. Il est peut-être resté dans la petite chambre que j’ai louée dans le Quartier latin à Paris, ou alors il s’est perdu dans les profondeurs de mon sac à dos déjà bien rempli. Plusieurs fouilles minutieuses dans les poches n’ont rien donné, et pourtant il va bien falloir découper les provisions pour les trois jours à venir. Mais parmi les 19 000 pèlerins auxquels je me joins aujourd’hui, en ce samedi précédant la Pentecôte, quelqu’un aura bien un couteau à me prêter. Il est cinq heures du matin, et il pleut. Pourtant, la place devant la troisième plus grande église de Paris, Saint-Sulpice, est sans doute l’endroit le plus animé de la métropole française à cette heure. Des bus y déposent sans cesse des catholiques, tandis que d’autres fidèles arrivent à pied par les ruelles étroites pour rejoindre le point de départ. Tous ont en tête le même but : la ville de Chartres, située à environ 86 kilomètres à vol d’oiseau, dont la cathédrale Notre-Dame abrite la relique du voile de la Vierge Marie. Le parcours à pied totalise 105 kilomètres.

Pour moi, c’est un premier pèlerinage. Je n’ai renoué avec l’Église que récemment, après m’en être longtemps tenu à distance. Pourquoi avoir choisi précisément celui de Chartres ? Pour une raison particulière : les messes célébrées au cours de ce pèlerinage suivent l’ancien rite, tel qu’il était pratiqué avant la réforme liturgique du concile Vatican II dans les années 1960. Ce qui signifie : les prières sont en latin, récitées principalement par le prêtre ; celui-ci tourne le dos aux fidèles, tourné vers le maître-autel et le tabernacle où sont conservées les hosties consacrées ; et la communion se reçoit à genoux, sur la langue. La « forme extraordinaire du rite romain », ainsi que l’on appelle officiellement l’ancienne messe, laisse peu de place à l’improvisation ou à la personnalité du célébrant — sauf dans l’homélie. Les ornements liturgiques y sont en général plus fastueux, et la messe est accompagnée du chant grégorien, plurimillénaire. Elle me paraît ancrée bien plus profondément dans le spirituel, là où le nouveau rite met davantage l’accent sur la personne humaine. Or ce n’est ni l’homme, ni le monde que je cherche dans l’Église, mais Dieu, à qui le prêtre s’adresse à voix basse pendant le sacrifice eucharistique. Pour moi, la messe ancienne — en raison de la langue latine et de sa durée nettement plus longue — me permet plus aisément de m’abandonner intérieurement à ce qui se joue. Le français de la nouvelle messe, lui, me ramène à chaque mot dans le monde d’ici-bas. Ce qui est étonnant dans ce rite rigide, fixé dans les missels de 1962, c’est qu’il exerce une fascination particulière… sur les jeunes. C’est ce que me confirme Frank, pèlerin né en 1968, venu comme moi d’Allemagne, et qui participe pour la deuxième fois au pèlerinage. « Ce sont mes enfants qui m’y ont conduit », dit-il quand je lui demande pourquoi il marche vers Chartres. Son fils l’accompagne aussi. « Il y a quelque chose à voir », lui ont dit ses enfants lorsqu’ils ont découvert la messe ancienne.

Selon l’association *Notre-Dame de Chrétienté*, qui organise le pèlerinage, l’âge moyen des participants cette année est à peine de 20 ans. De manière générale, le catholicisme semble connaître en France une petite renaissance, notamment parmi les jeunes. Ce printemps, à Pâques, 10 384 adultes s’y sont fait baptiser — soit une hausse de 45 % par rapport à l’an dernier. La moitié d’entre eux avaient entre 18 et 25 ans. Un fidèle d’une paroisse de Francfort, où cette forme de messe est célébrée dans l’église de l’ordre Teutonique, en est convaincu : « Tout cela, c’est grâce à la messe ancienne ! » Ce samedi, je me retrouve donc principalement entouré d’adolescents et de jeunes adultes, dont beaucoup appartiennent à des mouvements scouts catholiques. La majorité de mon groupe est venue en car depuis Wigratzbad, en Allgäu. Nos *chapitres* — c’est ainsi que l’on appelle les groupes d’environ 50 pèlerins — sont dirigés par Alexander et Andreas, deux habitués du pèlerinage vers Chartres depuis plusieurs années. Les nôtres portent les noms de saint Pierre et de Marie — cette dernière étant la sainte patronne officielle de la Bavière. Ces noms sont inscrits sur deux crucifix que nous porterons en tête du groupe pendant trois jours, aux côtés des drapeaux allemand et bavarois.

Dès le départ, nous manquons cependant la première messe, commencée à sept heures à Saint-Sulpice. Le car venu de Wigratzbad est arrivé en retard, et la remise des bagages a pris du temps en raison de l’affluence. « L’an prochain, il faudra faire partir les bus plus tôt », grognent les responsables. Les bagages volumineux et les tentes sont transportés dans des camions qui accompagnent la colonne des pèlerins ; chacun ne porte sur le dos qu’un léger sac pour la journée. Nous arrivons tout juste à temps pour la communion. L’église est trop petite pour accueillir tous les fidèles, aussi la messe est-elle retransmise sur des écrans dans les rues avoisinantes. Des prêtres y distribuent aussi le Corps du Christ, aux fidèles agenouillés à même le sol, qui se protègent de la pluie avec leurs parapluies. Le sol est fait de sable et de gravier, qui s’enfoncent douloureusement dans les genoux pendant la communion — mais chacun endure cette souffrance avec une pieuse dignité.

Peu après la messe, tout le cortège se met lentement en marche. « On démarrera d’ici une heure », nous crie Alexander, qui connaît notre position dans la colonne. Une heure ? En effet : le flot de pèlerins semble ne jamais finir. Ils passent devant nous en chantant, brandissant les drapeaux de différentes régions françaises et de nombreux pays. Alors que nous quittons progressivement la ville, les responsables de groupes entament le chapelet. Les pèlerins les relaient ensuite : tantôt en allemand, tantôt en latin ou en français. J’ai suivi des cours de latin en option au lycée, mais cela ne me vient pas aussi naturellement que chez d’autres du groupe. Pourtant, ici, personne ne trouve étrange de prier dans une langue prétendument morte. Le latin a acquis au fil des siècles une fonction sacrée dans l’Église — précisément parce qu’il n’est plus utilisé ailleurs. Gisela, une pèlerine venue de Bavière, me confie à propos de la liturgie et de l’action de Dieu : « Si tu comprends tout à la messe, alors tu n’as rien compris. » Elle fait le pèlerinage de Chartres chaque année depuis 1998. Je laisse passer entre mes doigts les grains argentés et noirs de mon chapelet, reçu il y a plus de vingt ans pour ma première communion. Grain après grain, pas après pas, je poursuis ma prière, m’enfonçant toujours plus dans les mystères de la vie et de la mort du Christ, que le rosaire nous fait méditer. Sans que je m’en aperçoive, arrive la fin de la prière : « Marie, douce mère de l’Enfant, / Donne à tous ton saint présent. »

Une demi-heure et quelques kilomètres ont déjà passé. Le pèlerinage n’est pas seulement une marche ponctuée de prières et de messes. Pendant le trajet, entre les chapitres, on croise aussi des prêtres en étole violette et en vêtements liturgiques, qui confessent les pèlerins. Tandis que les confessionnaux paraissent parfois vides et tristes dans nos églises modernes, ici, il ne se passe presque aucun moment sans qu’un prêtre ne soit sollicité. « Un pèlerinage sans confession, c’est comme un tir sans explosion », cite Andreas, responsable de chapitre, reprenant les mots d’un aumônier. Jeunes et vieux se pressent autour des prêtres ; certains entretiens, même avec de jeunes enfants, durent parfois une demi-heure. Pour préserver le secret de la confession, les chapitres s’arrêtent à bonne distance. Et il arrive régulièrement que l’on doive s’arrêter, lorsqu’un fidèle s’agenouille au bord de la route pour recevoir l’absolution. Chacun revient dans son chapitre avec le sourire. Les prêtres et les séminaristes qui marchent tout le long du parcours en aube blanche ou en soutane noire appartiennent pour la plupart à la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre. À Wigratzbad se trouve l’un des deux séminaires de cette fraternité, ce qui explique le lien particulier que les membres de mon chapitre entretiennent avec elle. Cette société de droit pontifical a reçu l’autorisation explicite d’utiliser les anciens livres liturgiques pour toutes ses messes et sacrements. Nombre de ces séminaristes semblent avoir moins de trente ans. « Pourquoi remet-on en cause ce qui porte du fruit ? », s’interroge Frank, un pèlerin, qui ne comprend pas pourquoi le pape François a restreint l’usage du rite ancien alors que tant de jeunes y sont attirés. Le pape, décédé le lundi de Pâques, craignait une division croissante dans l’Église, qu’il attribuait notamment à l’attachement de certains catholiques au rite traditionnel. Sur le chemin de Chartres, on entend cependant peu de plaintes concernant la situation actuelle de la messe. Sans doute aussi parce que chacun ici partage les mêmes convictions, et que presque tous connaissent les tensions.

Après plus de onze heures de marche, vers neuf heures du soir, nous arrivons au premier bivouac. Le campement est une mécanique bien rodée, dans laquelle les pèlerins, arrivant peu à peu, se voient attribuer un tas de sacs et une tente. C’est là que se révèle toute l’ampleur de la logistique prise en charge par les 1 300 bénévoles : aucun engorgement ne doit se produire, chacun doit pouvoir accéder au repas, installer son couchage et, pour finir la journée, réciter une prière avec les prêtres. Malgré toutes les prières, les chants et les enseignements des séminaristes pendant la marche, il m’a manqué ce premier jour un certain élan spirituel – celui qui me montrerait pourquoi je me suis lancé dans ce pèlerinage. La messe à Saint-Sulpice aurait sans doute été un bon départ ; il en reste heureusement deux autres à venir. À peine avons-nous récupéré nos bagages qu’une pluie persistante s’abat sur le bivouac. Plus la nuit tombe, plus l’air devient glacial. Des milliers de pèlerins exténués, enveloppés de ponchos et de coupe-vents, essaient de se réchauffer avec une soupe brûlante ; mais à chaque minute, à chaque goutte de pluie, leurs visages se font plus longs. Après avoir installé mon couchage sous la tente, je sors quelques saucisses de ma Bavière natale, soigneusement emballées sous vide, et fouille encore une fois mes sacs. La joie que je ressens en retrouvant mon couteau dans la poche des chaussures de rechange efface d’un coup tous les tracas de la journée.

À cinq heures du matin, chants et annonces au haut-parleur nous réveillent. Il faut faire vite, car aujourd’hui notre groupe est plus en tête de colonne. Départ à six heures. Je suis surpris de constater que toutes les douleurs aux pieds ont disparu après seulement quelques heures de sommeil agité. Ma fatigue s’est transformée en une énergie volontaire qui me pousse à faire mon sac, m’habiller et manger rapidement. C’est dimanche, et l’itinéraire traverse de longues forêts de chênes. Le rythme est bon, et bientôt, nous approchons du point culminant de la journée : la messe de la Pentecôte, célébrée dans un champ près de la petite ville de Rambouillet. Le célébrant est Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire du diocèse d’Astana, au Kazakhstan. Quiconque s’intéresse à la messe traditionnelle tombera tôt ou tard sur son nom : il est l’un des critiques les plus virulents du nouveau rite et du feu pape François. Dans son homélie de ce dimanche de Pentecôte, il qualifie le rite traditionnel de « véritable expression de la piété catholique envers le Saint-Esprit ». L’ordre et la sobriété de cette liturgie, dit-il, permettent aux fidèles de se tourner tout entiers vers Dieu. Pendant la liturgie de la Parole, l’assemblée est encore agitée, certains se lèvent, chuchotent, ou cherchent un prêtre pour se confesser avant la communion – nombreux sont ceux répartis dans le champ. Mais au moment de l’Eucharistie, un silence sacré descend sur la foule. Les fidèles s’agenouillent dans l’herbe humide. Tous les regards sont fixés sur l’autel, où Mgr Schneider consacre les saintes espèces. Au début de la prière eucharistique, il lance : « Sursum corda – Élevons notre cœur. » Et tous de répondre : « Habemus ad Dominum – Nous le tournons vers le Seigneur. » Dans la plupart des messes, cela sonne comme une promesse ; ici, dans ce champ empreint de recueillement, c’est presque une évidence.

Peu après la messe, la marche reprend. L’espérance grandit : ce soir, peut-être, verrons-nous déjà apparaître au loin les flèches de la cathédrale de Chartres. Mais la douleur et la fatigue se font de nouveau sentir, plus violemment que la veille. En fin d’après-midi, une dernière pause est accordée, à sept kilomètres du campement. Je m’allonge un instant dans l’herbe, mais à peine ai-je fermé les yeux que les encadrants appellent déjà à repartir. Dès que je me relève, mes jambes refusent de me porter. Après quelques pas, je dois m’asseoir à nouveau. Gisela applique de nouveaux pansements sur mes pieds, tandis que le flot des pèlerins passe devant nous. Elle m’encourage doucement, puis tente de rejoindre le chapitre. Elle m’impressionne par sa délicatesse et sa foi : elle est sans doute la personne qui m’a le plus marqué au cours de ce pèlerinage. Pour ma part, je ne peux plus qu’avancer à petits pas, m’interrompant sans cesse pour me reposer. Les derniers kilomètres jusqu’au bivouac sont le plus grand effort physique que j’aie jamais accompli. Les chants et les prières me soutiennent. Surtout la mélodie d’un Salve Regina, qui me tire presque des larmes, me redonne un sursaut d’énergie. Lorsque j’arrive à l’entrée du camp, accueilli par une haie d’honneur de scouts et de bénévoles applaudissant et acclamant les pèlerins, je peine à lever le bras pour leur montrer le bracelet qui prouve que je suis inscrit. Ce soir-là, je signale à notre chef de chapitre, Alexander, que je devrai me poser la question le lendemain matin : suis-je capable de continuer, ou dois-je prendre le bus prévu pour les pèlerins blessés ? « Chaque année, on se demande pourquoi on fait ça, » dit Alexander à propos de cette marche. « Mais la récompense, on l’a à Chartres », promet-il. Je m’enroule dans mon sac de couchage, sans me changer, tiraillé entre espoir et renoncement.

À cinq heures du matin, une nouvelle fois, un joyeux « Amis pèlerins, bonjour ! » retentit par haut-parleur dans le camp, où déjà l’agitation recommence. Malgré deux visites aux toilettes surchargées, j’ai plutôt bien dormi cette nuit ; mes forces semblent être revenues. Je change aussi de chaussures, ce qui m’aide énormément. Après deux jours à marcher quarante kilomètres, il n’en reste aujourd’hui plus que vingt-trois. Mais le départ, à sept heures, est pénible : la colonne piétine pendant longtemps. En attendant, les jeunes scouts chantent la comptine de la belle Laurencia, en enchaînant les flexions de genoux. Je demande à Johannes, un des plus âgés, qui accompagne les chants à la guitare, où il trouve la force de revenir chaque année. Il me répond qu’il espère par là obtenir une grâce particulière de la Vierge Marie — et je la lui souhaite aussi, à lui et aux siens, pour cette endurance qui entraîne tout le groupe.

En début d’après-midi, c’est enfin l’instant : les flèches de la cathédrale de Chartres se dessinent à l’horizon. La ville repose dans une cuvette, mais la cathédrale s’élève sur une colline. Pendant des kilomètres, on dirait qu’elle se tient seule, suspendue dans le paysage. Cette vision efface toute fatigue : le rythme du cortège s’accélère, et certains doivent courir pour ne pas se faire distancer. L’entrée dans la ville se fait sous les applaudissements des habitants. Et soudain, nous voilà arrivés : au bout d’une allée ombragée de platanes menant à la vieille ville, barrée de rubans. Une nouvelle fois, certains doivent suivre la messe sur des écrans extérieurs, la cathédrale ne pouvant contenir tous les pèlerins. Mais, debout sous les grands arbres et au pied d’une paroi rocheuse, nous avons presque l’impression d’être dans une église.

Dès que Mgr Philippe Christory, évêque de Chartres, nous souhaite la bienvenue avant la messe, et proclame que la Vierge Marie elle-même nous accueille et nous protège en ce lundi de Pentecôte, les larmes me montent aux yeux. Elles reviendront encore par vagues — et lorsque le Sanctus s’élève sur la mélodie de la messe grégorienne VIII, je suis submergé. La douleur dans tout mon corps disparaît, balayée par l’un des plus beaux et solennels chants de la liturgie, repris par des milliers de voix autour de moi. Et je comprends pourquoi, avec tous ces autres pèlerins, j’ai poussé mon corps jusqu’à ses limites. Il fallait sans doute cette fatigue extrême pour pouvoir s’abandonner pleinement, à la fin, au mystère de la Pentecôte — celui qui réunit ici, dans une ville de France, des milliers de personnes venues de toutes les langues. Après la messe, la foule se disperse rapidement. Certains se rendent à la cathédrale, d’autres vont récupérer leurs bagages. Pour ma part, je m’arrête un instant devant le voile de la Vierge Marie pour la remercier de m’avoir accompagné, puis je prends moi aussi la direction de la gare. Je ne sens presque plus mes pieds. Mon esprit, lui, baigne dans la gratitude et la paix.

Dans le train en direction de Paris-Montparnasse, parmi les voyageurs ordinaires, on aperçoit encore beaucoup de pèlerins portant drapeaux et crucifix de chapitre. Le voyage se passe dans un grand silence. Mais sur le quai, à Paris, retentit soudain un chant : Laudate Dominum – Louez le Seigneur. La mélodie m’accompagne à travers la vaste gare jusque dans les couloirs du métro parisien. Je prends une ligne qui doit me conduire à l’aéroport. Sur le quai opposé, les chanteurs sont toujours là. Un instant, leurs voix traversent les vitres ouvertes de la rame avant que le tunnel n’engloutisse le train. L’écho de ce chant, encore puissant après trois jours d’épreuve, résonne dans ma mémoire.

Louez le Seigneur.

La tradition polyphonique romaine, un point de référence vers lequel se tourner pour la composition sacrée et liturgique

Léon XIV a reçu la Fondation Bartolucci à l’occasion du cinq centième anniversaire de Palestrina. Il a dit :

[…] Giovanni Pierluigi da Palestrina est, dans l’histoire de l’Église, l’un des compositeurs qui a le plus contribué à la promotion de la musique sacrée, pour « la gloire de Dieu, la sanctification et l’édification des fidèles » (Saint Pie X, Motu proprio Inter plurimas pastoralis officii sollicitudines, 22 novembre 1903, 1), dans le contexte à la fois délicat et passionnant de la Contre-Réforme. Ses compositions, solennelles et austères, inspirées du chant grégorien, unissent étroitement musique et liturgie, « donnant à la prière une expression plus douce et favorisant l’unanimité, et enrichissant les rites sacrés d’une plus grande solennité » (Ecum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, 112).

La polyphonie elle-même, d’ailleurs, est une forme musicale chargée de sens, pour la prière et pour la vie chrétienne. Tout d’abord, en effet, elle s’inspire du texte sacré, qu’elle se propose de « revêtir d’une mélodie appropriée » (Inter sollicitudines, 1) pour mieux atteindre « l’intelligence des fidèles » (ibid.). Il atteint d’ailleurs ce but en confiant les paroles à plusieurs voix, chacune les répétant de manière originale, avec des mouvements mélodiques et harmoniques variés et complémentaires. Enfin, il harmonise le tout grâce à l’habileté avec laquelle le compositeur développe et entrelace les mélodies, en respectant les règles du contrepoint, en les faisant se faire écho les unes aux autres, parfois même en créant des dissonances, qui trouvent ensuite leur résolution dans de nouveaux accords. Cette dynamique d’unité dans la diversité – métaphore de notre cheminement commun de foi sous la conduite de l’Esprit Saint – a pour effet d’aider l’auditeur à entrer toujours plus profondément dans le mystère exprimé par les mots, en y répondant, le cas échéant, par des répons ou des alternatim [alternance de l’orgue avec le chant du chœur].

C’est précisément en raison de cette richesse de formes et de contenus que la tradition polyphonique romaine, en plus de nous avoir légué un immense patrimoine artistique et spirituel, continue d’être aujourd’hui encore, dans le domaine de la musique, un point de référence vers lequel se tourner, avec les adaptations nécessaires, pour la composition sacrée et liturgique, afin que, par le chant, « les fidèles participent pleinement, consciemment et activement à la liturgie » (Sacrosanctum Concilium, 14), avec une profonde implication de la voix, de l’esprit et du cœur. De tout cela, la Missa Papae Marcelli, dans son genre, est un exemple par excellence, tout comme le précieux répertoire de compositions que nous a laissé l’inoubliable cardinal Domenico Bartolucci, illustre compositeur et directeur pendant près de cinquante ans de la Chapelle musicale pontificale « Sixtine ».

Je remercie donc tous ceux qui ont rendu cette rencontre possible : la Fondation Bartolucci, les orateurs, le chœur et vous tous. Je me souviens de vous dans mes prières. Saint Augustin, parlant du chant de l’Alléluia de Pâques, disait : “Chantons-le maintenant, mes frères […]. Comme le chantent les voyageurs, chantez mais marchez […]. Avancez, avancez dans le bien […]. Chantez et marchez ! Ne vous détournez pas de la route, ne regardez pas en arrière, ne vous arrêtez pas” (Sermo 256, 3). Faisons nôtre son invitation, en particulier en ce saint moment de liesse. Ma bénédiction à tous.

Voici cette messe de Palestrina à laquelle le pape a fait référence :

La Cour suprême des Etats-Unis valide une loi qui interdit les traitements « transgenres » pour les mineurs

La Cour suprême des Etats-Unis, par six voix contre trois, valide la loi du Tennessee qui interdit les traitements « transgenres » pour les mineurs. Elle était attaquée comme « discriminatoire ». La Cour suprême souligne que c’est une loi démocratique et qu’il ne lui appartient pas de se prononcer sur la sagesse, l’équité ou la logique du texte.

Cette décision valide par le fait les lois similaires déjà adoptées dans la moitié des Etats. Et elle conforte la politique de Donald Trump qui a interdit le financement fédéral des soi-disant transitions de genre des mineurs.

Fête du Très Saint Sacrement (Fête-Dieu) : “Voici le pain qui est descendu du ciel”

Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir.
Vous aurez la totalité des textes sur le site et nous ne pouvons que vous encourager à vous abonner à la newsletter hebdomadaire en cochant dans la case adéquate sur la page d’accueil.

Une grande solennité s’est levée sur le monde : la Fête-Dieu, ainsi l’ont appelée nos pères, vraiment fête de Dieu, mais aussi fête de l’homme, étant la fête du Christ-médiateur présent dans l’Hostie pour donner Dieu à l’homme et l’homme à Dieu. L’union divine est l’aspiration de l’humanité ; à cette aspiration, ici-bas même, Dieu a répondu par une invention du ciel. L’homme célèbre aujourd’hui cette divine merveille. (Dom Prosper Guéranger)

La fête du Très Saint Sacrement date du XIIIe siècle. Dans une vision, la bienheureuse Julienne, prieure du monastère de Mont-Cornillon, près de Liège, apprit que Dieu la chargeait de travailler de tout son pouvoir à l’établissement d’une fête en l’honneur du Saint Sacrement. Le pape Urbain IV la rendit obligatoire pour l’Église entière en 1264 et le pape Jean XXII, en 1318, ordonna de porter l’Eucharistie en procession dans les rues et sur les chemins.

On fait une procession solennelle le jour de la Fête-Dieu pour sanctifier et bénir, par la présence de Jésus-Christ, les rues et les maisons de nos villes et de nos villages.

Les processions du Saint Sacrement exposé dans l’ostensoir n’ont pas commencé avant l’institution de la Fête-Dieu. Cependant, avant cette époque, il existait des processions dans lesquelles on transportait le saint Sacrement enfermé dans un tabernacle. Ce n’était pas le Saint Sacrement que l’on voulait spécialement honorer, mais Notre-Seigneur considéré dans quelqu’une des circonstances de sa vie terrestre.

C’est ainsi que, dès le VIIe siècle, dans quelques églises, on portait le Saint- Sacrement à la procession destinée à honorer l’entrée triomphale de Notre-Seigneur à Jérusalem, le jour des Rameaux.

La bulle du Pape Jean XXII, ordonnant « de porter l’Eucharistie en procession clans les rues et les places publiques », fut publiée en 1318 ; mais elle ne faisait sans doute que confirmer une coutume probablement aussi ancienne que la Fête-Dieu (1264).

Aussitôt que ces processions furent instituées, la piété des fidèles s’efforça de leur donner tout l’éclat possible. C’est au milieu des rues et des places richement pavoisées de draperies et de guirlandes, que s’avançait le Saint-Sacrement abrité sous un dais pour en souligner davantage la présence. Il était précédé d’une longue file d’enfants vêtus de blanc, qui balançaient des encensoirs ou jetaient des fleurs, pendant que la foule chantait les bienfaits de l’Eucharistie.

L’office du Très Saint Sacrement, composé par saint Thomas d’Aquin, est une admirable exposition de l’enseignement catholique sur l’Eucharistie.

Les hymnes Sacris solemniis des Matines, Verbum supernum des Laudes, Pange lingua des Vêpres et la prose Lauda Sion, qu’on a appelée le Credo du Saint Sacrement, sont des modèles par leur profondeur de doctrine, leur concision pleine de clarté et leur simplicité majestueuse.
Les mélodies, très belles aussi, existaient déjà avant saint Thomas.

Pour célébrer dignement la Fête-Dieu, les chrétiens contribuent à l’éclat des cérémonies, dans la mesure de leur pouvoir, en ornant les rues qui se trouvent sur le passage du saint Sacrement, assistent à la Messe et à la bénédiction du saint Sacrement, et prennent part à la Procession.

Introït : Cibavit eos

Cette fête comporte, en plus de la messe, la procession solennelle du Saint Sacrement dans les rues, aux chants d’hymnes et de cantiques, qui a valu à la fête son nom populaire de Fête Dieu, car on y adore le pain eucharistique sous l’apparence duquel Dieu se rend actuellement visible à nos yeux. Cette fête a été fixée au jeudi qui suit celle de la Sainte Trinité, en souvenir évidemment du Jeudi Saint et de l’institution du sacrement de l’Eucharistie. Mais en France depuis le concordat de 1801 ce jeudi n’est plus jour férié ni fête d’obligation, et la solennité de la fête a été reportée au dimanche suivant, supplantant ainsi le deuxième dimanche après la Pentecôte. On sait que l’office de cette fête, y compris la messe, a été composé entièrement par saint Thomas d’Aquin. Pour les chants du propre de la messe il a repris à l’Introït et au Graduel des pièces existantes. Les autres, Alléluia, Offertoire, Communion sont nouvelles.

Pour l’Introït saint Thomas d’Aquin a repris celui du Lundi de la Pentecôte, qui nous rappelle que dans les premiers siècles la fête de la Pentecôte était une fête baptismale comme celle de Pâques ; les chants des messes de la semaine de la Pentecôte, comme ceux de la semaine de Pâques, s’adressent tout particulièrement aux nouveaux baptisés, qui sont aussi des premiers communiants. C’est pourquoi il y est question de l’Eucharistie qu’ils ont reçue pour la première fois. Cette nourriture spirituelle est évoquée ici par un verset du psaume 80, invitation à célébrer une grande fête pour remercier le Seigneur de ses bienfaits.

Cibavit eos ex adipe frumenti, et de petra melle saturavit eos.
Il les a nourris de la fleur du froment, et Il les a rassasiés du miel du rocher...

La mélodie est peu développée, tournant simplement autour de quelques notes. Elle est douce et paisible avec seulement un accent plus marqué sur le mot saturavit qui évoque le bonheur d’être rassasié. Cet Introït est accompagné bien entendu du premier verset du psaume 80.

Exsultate Deo adjutori nostro : jubilate Deo Jacob.
Exultez pour Dieu qui est notre secours, poussez des cris de joie pour le Dieu de Jacob.

Graduel : Oculi omnium

Comme l’Introït, ce Graduel de la fête du Saint Sacrement est une pièce ancienne qui a été reprise pour cette messe : le Graduel du vingtième dimanche après la Pentecôte. Le texte est tiré du psaume 144, encore un chant d’action de grâces pour tous les bienfaits dont le Seigneur nous a comblés, et en particulier la nourriture qu’il nous accorde tous les jours, notre pain quotidien où nous voyons aujourd’hui une figure de l’Eucharistie.

Oculi omnium in te sperant, Domine, et tu das illis escam in tempore opportuno. Aperis tu manum tuam, et imples omne animal benedictione.
Les yeux de tous espèrent en vous, Seigneur, et vous leur donnez la nourriture en temps opportun. Vous ouvrez la main et vous comblez tout être vivant de vos bénédictions.

Le mot  » animal  » en latin désigne toutes les créatures vivantes, et en premier lieu les hommes. La mélodie comme c’est généralement le cas dans les Graduels est faite en grande partie de formules que l’on rencontre dans d’autres pièces, avec de grandes vocalises. C’est en particulier la même qui conclut la première et la deuxième partie. Cette mélodie est ample et enthousiaste avec des montées et des descentes bien équilibrées embrassant toute l’étendue de l’octave.

Alléluia : Caro mea

Le texte de l’Alléluia de la fête du Saint Sacrement est tiré de l’évangile de saint Jean, dans le discours sur le pain de vie.

Caro mea vere est cibus, et sanguis meus vere est potus : qui manducat meam carmen, et bibit meum sanguinem, in me manet, et ego in eo.
Ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment une boisson. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui.

Si ces paroles du Christ scandalisèrent ses auditeurs au point qu’un grand nombre d’entre eux le quittèrent, elles nous sont devenues familières, et se passent de commentaires. La mélodie est celle d’un Alléluia existant auquel les nouvelles paroles ont été adaptées, mais d’une façon assez heureuse. Il y a un contraste entre la mélodie de l’Alléluia, qui se développe plus dans le grave que dans l’aigu, et celle du verset, qui se tient au contraire dans les hauteurs avec des envolées légères et enthousiastes, pour retrouver seulement à la fin la mélodie de l’Alléluia et sa profondeur.

Séquence : Lauda Sion

L’Alléluia de la fête du Saint Sacrement est suivi d’une Séquence, comme à Pâques et à la Pentecôte, mais celle d’aujourd’hui est beaucoup plus longue : c’est le célèbre Lauda Sion. Après une invitation à la louange, saint Thomas d’Aquin y procède à un exposé précis et détaillé de la foi catholique concernant la Sainte Eucharistie, avant de terminer par une invocation au Christ qui se donne à nous en nourriture pour qu’il nous conduise au ciel.

Cette Séquence se compose de vingt-quatre strophes dont les mélodies se répètent deux par deux (avec une exception : sept et huit répètent cinq et six) ; chaque strophe est formée de trois petits vers de huit, huit et sept pieds, mais à la fin elles s’élargissent : à partir de la dix-neuvième, les strophes ont quatre vers, trois de huit et un de sept pieds, et les deux dernières ont même cinq vers, quatre de huit et un de sept pieds. Comme cette pièce est très longue, nous n’en reproduisons pas ici le texte latin, et en donnons seulement la traduction :

Sion, loue ton sauveur, ton chef et ton pasteur par des hymnes et des cantiques.
Ose autant que tu le peux, car il est supérieur à toute louange, et tu ne peux suffire à le louer.
Aujourd’hui est proposé un thème spécial de louange : le pain vivant qui donne la vie.
C’est ce pain qui fût donné sans ambiguïté au groupe des douze frères sur la table de la sainte Cène.
Que ta louange soit pleine, sonore et joyeuse, magnifique jubilation de l’âme.
Voici en effet le jour solennel où nous fêtons la première institution de ce banquet.
Cette table du nouveau Roi, la nouvelle Pâque de la nouvelle loi met fin à l’ancienne pratique.
Le nouveau succède à l’ancien, la vérité chasse l’ombre, la lumière dissipe la nuit.
Ce que le Christ accomplit à la Cène, il ordonna de le faire en mémoire de Lui.
Instruits par cette institution sacrée, nous consacrons le pain et le vin en hostie pour notre salut.

C’est un dogme pour les chrétiens : le pain est changé en chair et le vin en sang.
Ce que tu ne comprends et ne vois pas, une foi vive l’atteste au-delà de l’ordre des choses.
Sous des apparences changées, par des signes seulement et non des réalités, se cachent des choses sublimes.

La chair est une nourriture et le sang une boisson, mais le Christ demeure entier sous chaque espèce.

Il n’est ni brisé, ni rompu, ni divisé par celui qui le prend, mais il est reçu tout entier.
Un seul le reçoit, mille le reçoivent, ceux-ci autant que celui-là, et il est absorbé sans être consumé.
Les bons le reçoivent, les méchants le reçoivent, mais quel sort différent ! la vie ou la mort.
La mort pour les méchants, la vie pour les bons : vois les effets opposés d’une même absorption.
Si le sacrement est divisé, n’hésite pas, souviens-toi qu’il se cache autant dans une parcelle que dans la totalité.

Aucune division de la chose, seul le signe est rompu : ni la nature ni la grandeur de ce qui est signifié n’est diminué.

Et voici les quatre dernières strophes que l’on chante souvent en dehors de leur contexte au salut du Saint Sacrement :

Voici le pain des Anges devenu la nourriture des voyageurs, vrai pain des fils qui ne doit pas être jeté aux chiens.

Il est désigné en figure lorsque Isaac est immolé, l’agneau pascal sacrifié, la manne donnée à nos pères.

Bon pasteur, pain véritable, Jésus, ayez pitié de nous, nourrissez-nous, protégez-nous, faites nous voir le bien souverain dans la terre des vivants

Vous qui savez et pouvez tout, qui nous nourrissez ici bas, faites-nous là-haut les commensaux, cohéritiers et compagnons des citoyens du ciel.

La mélodie est entièrement syllabique et d’une grande amplitude, montant très haut et descendant très bas mais toujours très affirmative.

Offertoire : Sacerdotes

Pour l’Offertoire de la fête du Saint Sacrement, saint Thomas d’Aquin a choisi un passage du Lévitique, livre de l’Ancien Testament dans lequel Dieu donne des lois très précises et très détaillées au peuple d’Israël ; ce passage concerne la sainteté des prêtres :

Sacerdotes Domini incensum et panes offerunt Deo, et ideo sancti erunt Deo suo et non polluent nomen ejus.
Les prêtres du Seigneur offriront l’encens et les pains à Dieu ; c’est pourquoi ils seront saints pour leur Dieu et ne profaneront pas son nom.

Ce texte nous rappelle qu’en instituant l’Eucharistie, le Christ a également institué le Sacerdoce, et qu’il ne peut y avoir d’Eucharistie sans sacerdoce.

La mélodie comme c’est généralement le cas pour les Offertoires est calme et contemplative, mais en même temps très affirmative. On remarquera les longues tenues sur panem angelorum, les mots même repris par saint Thomas d’Aquin dans la Séquence Lauda Sion.

Communion : Quotiescumque

Pour la Communion de la fête du Saint Sacrement, saint Thomas a choisi un passage de l’Épître de saint Paul aux Corinthiens qui est lue à la messe :

Quotiescumque manducabitis panem hunc et calicem bibetis, mortem Domini annutiabitis donec veniat ; itaque quicumque manducaverit panem vel biberit calicem Domini indigne reus erit corporis et sanguinis Domini.
Toutes les fois que vous mangerez de ce pain et boirez à cette coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne ; c’est pourquoi quiconque mangera de ce pain ou boira à cette coupe sans en être digne sera coupable vis-à-vis du corps et du sang du Seigneur.

Malheureusement, comme à l’Offertoire, la mélodie a été calquée sur celle de la Communion de la Pentecôte, mais elle convient encore moins : la mélodie pleine de mouvement qui traduisait à merveille l’irruption du Saint Esprit dans le Cénacle s’adapte très mal à un texte didactique, et en outre beaucoup plus long.

L’observatoire français du catholicisme

L’Observatoire Français du Catholicisme a pour mission de produire des données fiables, régulières et accessibles sur le catholicisme en France, à destination du grand public comme des responsables religieux et civils.

L’Observatoire Français du Catholicisme est présidé par Ghislain Lafont, ancien Président du Conseil de surveillance du groupe Bayard, et dirigé par Aurélie Pirillo, qui gère les travaux du Groupe d’études sur les chrétiens d’Orient à l’Assemblée nationale. L’OFC est accompagné par des laïcs :

  • Samuel Pruvot (Grand Reporter à Famille Chrétienne)
  • Elisabeth Geffroy (co-fondatrice du café Dorothy et rédactrice en chef de la revue La Nef)
  • Damien Thomas (directeur du pôle Croissance Humaine et Spirituelle du Fonds du Bien Commun)
  • Arnaud Bouthéon (co-fondateur du Congrès Mission, d’HolyGames et engagé auprès des Chevaliers de Colomb)

L’OFC mobilisera régulièrement des experts (universitaires, chercheurs, sociologues laïcs et, religieux) pour les associer à ses réflexions et travaux. Il collaborera ponctuellement, selon les besoins des études menées, avec des diocèses, mouvements et associations catholiques, ainsi qu’avec des institutions publiques et privées.

Organisation indépendante, l’OFC agit en collaboration avec la Conférence des Évêques de France, représentée par Monseigneur Bruno Valentin, président de son Conseil pour la Communication.

Sa première étude « Identité, pratiques et perception du catholicisme en France » offre une analyse des évolutions et dynamiques du catholicisme en France.

Les députés britanniques dépénalisent l’avortement sans limite

Les députés britanniques ont très largement adopté hier, par 379 voix contre 137, un amendement qui dépénalise l’avortement sans aucune limite.

La loi actuelle stipule que l’avortement est illégal mais qu’il est dépénalisé jusqu’à la 24e semaine de grossesse. Quand l’amendement sera définitivement voté, cette limitation n’existera plus.

En revanche toute personne qui assiste une femme pour qu’elle recoure à l’avortement « en dehors du cadre juridique actuel » reste passible de poursuites.

La nouvelle disposition ne modifie pas les autres mesures en vigueur, notamment l’obligation d’obtenir l’accord de deux médecins.

La députée travailliste Stella Creasey avait proposé un deuxième amendement destiné à supprimer toutes les clauses relatives à l’avortement de la loi de 1861 et à « consacrer l’accès à l’avortement comme un droit de l’homme ». Il n’a pas été adopté.

L’amendement doit encore terminer son parcours législatif à la Chambre des Communes et à la Chambre des Lords avant d’entrer en vigueur.

L’argent de l’ADMD

Dans une enquête sur l’ADMD, La Vie s’est intéressée à son mode de financement :

Dʼun côté, lʼassociation perçoit les 81630 cotisations de ses membres (26 € pour une adhésion individuelle, 47 € pour un couple, montant pour lequel nʼest délivré aucun reçu fiscal). De lʼautre, elle a créé le fonds de dotation de lʼADMD fin 2011, habilité à recevoir legs, donations et assurances-vie. […] Il ne permet pas de financer le fonctionnement de lʼADMD mais des actions éducatives, dʼinformation, la gestion du fichier des directives anticipées pour laquelle elle a demandé au ministère de la Santé une délégation de service public, restée sans réponse, et sa cellule dʼécoute et dʼaccompagnement téléphonique. Ce système, toutefois, interroge. « Comme pour tout organisme militant, la question posée est celle de savoir si lʼactivité principale de lʼADMD correspond à la notion dʼintérêt général telle quʼelle est définie par le Code général des impôts », rappelle Lionel Devic, avocat spécialisé en fiscalité des associations, anciennement mobilisé contre le mariage pour tous. Il ne suffit pas de le dire pour pouvoir prétendre au titre dʼassociation dʼintérêt général. Il faut sʼinscrire dans un cadre « philanthropique, éducatif, scientifique, social, humanitaire, familial, sportif, culturel, de mise en valeur du patrimoine ou de défense de lʼenvironnement naturel » selon le droit public. Et non pas activiste. Or on constate, à lʼaune des comptes 2023 de lʼADMD, que les charges dʼexploitation (2,4 millions dʼeuros) sont constituées, pour une petite moitié (1,1 million dʼeuros) par les frais de publicité, de relations publiques, de déplacements, missions, réceptions et des frais de communication. Le militantisme reste au cœur de son ADN.

Par ailleurs, ce sont les mêmes personnes qui dirigent lʼADMD et le fonds de dotation pour lʼADMD, ce qui ne semble pas permettre un contrôle transparent du fléchage des montants vers des actions dʼintérêt général. Certains contempteurs dénoncent même une gestion opaque. […] Fin 2024, le fonds de dotation était gratifié de 6,7 millions dʼeuros, plus de 4 millions des fonds provenant de la donation généreuse dʼun certain André Bly en 2015. Habitant de la banlieue sud de Paris, victime du syndrome de Diogène, il nʼétait pas connu de lʼADMD, selon Philippe Lohéac. Il avait laissé un testament olographe à son notaire désignant lʼassociation comme légataire universel de ses nombreux biens. Un bienfaiteur qui permet une sécurité financière totale à lʼassociation.

Qui est ce généreux donateur aujourd’hui décédé ?

 

Transidentité : un homme peut désormais être une femme sans opération selon la CEDH

Le 12 juin, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rendu un arrêt considérant la République tchèque coupable de « violation du respect de la vie privée » dans une affaire qui l’opposait à l’un de ses ressortissants se déclarant « non binaire ». Cet homme voulait faire modifier sa carte d’identité. Après un premier refus pour faire apparaitre la mention « neutre », il avait demandé à être reconnu comme une femme.

En 2012, le gouvernement tchèque avait accepté la modification de prénom du requérant. Le rejet de sa demande de changement de sexe sur sa carte d’identité était motivé par le fait qu’il n’avait pas subi d’intervention chirurgicale de « transition de genre ». Une opération qu’il avait refusé de crainte de devenir stérile.

La République tchèque devra verser 2000 euros au plaignant pour couvrir ses frais d’avocat. Lui exigeait 10.000 euros « au titre du préjudice moral subi en raison de souffrances psychologiques prolongées ».

Le gouvernement devra également lui permettre le changement de sexe sur sa carte d’identité, comme « à toutes les personnes qui le demanderaient ».

Alors qu’au mois de mai neuf Etats européens parmi lesquels l’Italie, la Belgique et la République tchèque, protestaient dans une lettre contre une interprétation jugée « extensive » de la Convention européenne des droits de l’homme par la CEDH, et notamment de l’article 8, cette dernière décision réaffirme la jurisprudence de la Cour sur ces sujets.

Nicolas Bauer, docteur en droit et chercheur associé au Centre européen pour le droit et la justice, revient sur le sujet dans Ligne Droite :

Plus de 200 chrétiens ont été tués au Nigéria

Dans la nuit du 13 au 14 juin, un groupe d’assaillants a attaqué le marché de Yelewata, dans l’État de Benue, ciblant des centaines de familles déplacées. Plus de 200 chrétiens ont été tués, dans une violence inimaginable : maisons incendiées, victimes égorgées ou abattues, y compris des enfants et des nourrissons.

Le père Ukuma Jonathan Angbianbee, curé de la paroisse locale, a décrit des scènes terribles, avec des corps calcinés et des familles brisées. De nombreux déplacés ont fui vers d’autres villages où l’Église tente d’apporter secours et réconfort.

Cette attaque s’inscrit dans une vague de violences répétées visant les communautés chrétiennes rurales de Benue. Face à cette tragédie, les responsables ecclésiastiques lancent un appel urgent à la solidarité internationale.

Chartres : un pèlerinage d’amitié surnaturelle…

Retour du quarante troisième  pèlerinage à Chartres.

Réflexion d’un pèlerin lorrain :

« Chère jeune pèlerine,

Lorsque tu m’as demandé si je n’étais pas un peu las d’avoir fait autant de pèlerinage de Chartres depuis 35 ans, dont 20 ans chef de chapitre, j’ai un peu bafouillé et donné quelques évènements marquants de ces périodes. Je voudrais ici te répondre plus longuement car j’ai reçu hier la réponse à ta question de la part d’un autre pèlerin.
Il m’a écrit :

« Merci de m’avoir amené à Chartres, ce pèlerinage marque un tournant dans ma vie. »

Tu vois, ce message pourrait à lui seul résumer ce qui fait que je boucle mon sac tous les ans.
Car ce pèlerinage n’est pas une banale randonnée. Il n’est pas non plus tout à fait ce à quoi le raccourcissent certains en l’appelant « pèlerinage de Tradition ». Pour moi c’est plutôt un pèlerinage de Mission.

Chaque année ou presque, j’ai été témoin de choses et d’événements incroyables et qui me dépassent. Je voudrais ici t’en témoigner de quelques-uns.

Mais avant ça, avant l’extraordinaire, je souhaiterais te donner une image forte qui m’a frappé au coeur à la messe de Dimanche midi. J’ai vu un moine fendant la foule, à l’allure antique, comme venu du fond des âges, porter la communion à une jeune fille handicapée accompagnée en fauteuil par ses amis.

C’est là que j’ai eu l’autre réponse plus intime à ta question. Je ne viens pas au Pèlerinage, c’est Dieu qui vient à moi à travers le pèlerinage, malgré ma faiblesse et ma petitesse. Et même, je le crois à cause de celles-ci.

Je reviens au message de mon pèlerin d’hier. Incroyable parcours de ce quinquagénaire débarqué presque par hasard au pèlerinage. Lui dont je ne sais presque rien si ce n’est qu’il avait un sac plus chargé que moi et dont les sanglots en arrivant le soir dans mes bras et lors de sa confession m’ont touché et fait comprendre qu’il vivait ici une étape fondamentale de sa vie.

Ce matin encore, une anecdote me revient par un SMS comme un boomerang du pèlerinage (il faut savoir que le retour de Chartres provoque toujours un petit coup de blues). Ce texto m’annonce que, notamment suite au topo d’un abbé, un chemin vers le baptême vient de s’ouvrir chez un pèlerin inscrit in extremis ! Voici de quoi dissiper mes nuages !

Tu vois ce sont les trois images choc de cette édition 2024 pour moi.

Si je remonte un peu plus loin, je peux te parler de ce jeune homme arrivé un peu comme un ovni dans notre groupe en 2021. C’était une année sous la férule des lois Covid. Notre Dame de Chrétienté avait dû éclater le pèlerinage par régions. C’est-à-dire que chaque région devait faire le pèlerinage dans son secteur géographique. Nous nous sommes retrouvés un samedi matin au fin fond de la Meuse, entre lorrains. Arrive un gaillard, vêtu en civil avec manteau de costume et souliers de ville. Je me disais dans mon for intérieur qu’il allait rencontrer quelques difficultés à marcher. D’origine d’Europe centrale, il avait découvert le pèlerinage par hasard et ne s’était pas trop posé de questions, il avait décidé de nous rejoindre. Scientifique, plutôt intellectuel parlant couramment le français, il a suivi toute la marche, sans vraiment de difficulté mais aussi de façon plutôt discrète et effacée.

Un an plus tard, quelle ne fut pas ma surprise de le voir débarquer dans mon chapitre sur la route de Chartres. C’est là qu’il me demande de prendre la parole pour faire une méditation. Et lui de nous raconter des choses qui avaient contribué à sa vocation très récente et tardive. Résonne en moi encore cette phrase qu’il nous martela plusieurs fois : « Vous ne savez pas pourquoi vous priez ». Il estimait en effet que nos prières lors de la marche en Lorraine avaient certainement contribué à son engagement au séminaire tout récent ! Miraculeux fruit de ces trois jours à travers la campagne du pays de Jeanne d’Arc.

Je me demande parfois quel rôle a joué Chartres dans le parcours des nombreux jeunes garçons et filles, devenu prêtres ou sœurs et qui ont marché avec nous au fil des ans.

Il y a aussi les incroyables ouvriers de la dernière heure. Un matin de samedi de Pentecôte, un homme enivré passe devant Notre-Dame et entreprend l’aumônier général et le fameux Docteur Dor. Quelques temps après, il croise les jeunes de notre chapitre aux alentours du jardin du Luxembourg. Piqué au vif par leurs remarques ironiques, il se met à démarrer avec nous. Passe la pause de midi à laquelle nous le voyons arriver. Étant donné qu’il sortait de boîte de nuit, il n’avait évidemment rien sur lui, pieds nus en baskets sans chapeau, ni veste ni sac. Passe la journée sans que personne ne lui demande rien et que tout le monde lui donne, qui les chaussettes, qui un chapeau, qui un casse-croûte. Passe la nuit, et enfin passent les trois jours. Le matin du troisième jour, nous doublons tous les deux, le fameux Docteur Dor (dont il faut savoir qu’il est aveugle) en devisant sur la Foi. « Tu es là Zacharie ? lui dit-il, j’ai prié pour toi ce week-end ». Je te passe les détails de son incroyable parcours qui a suivi, mais quelques mois après, lors d’un déjeuner au restaurant, Zacharie, musulman, m’annonçait qu’il avait demandé le baptême.

Je pense qu’il y a plus de gens qu’on ne le croit qui rejoignent la colonne en la voyant passer.
Tiens, d’ailleurs, ça nous est arrivé une deuxième fois. Une africaine sortait de la supérette dans la banlieue ouest de Paris que nous traversons chaque année. Plutôt rondouillarde, en sandales avec juste un sac à main, elle me demande : « Où est-ce que vous allez ? – À Chartres ! ».
Elle n’avait pas besoin de beaucoup plus d’explications ! Elle aussi a fait les trois jours. Un matin, je la vois assise devant l’Oratoire du bivouac. Je lui demande naïvement où est-ce qu’elle a dormi. Elle me répond : « Eh bien, ici ! ». Elle m’a donné une bonne leçon sur ce qu’est accepter une certaine rusticité…

Comment oublier aussi le défunt Monsieur Miller ? Ancien du bataillon de Corée. Tu ne dois pas connaître cette époque ou quelques centaines de soldats français sont allés se battre pour aider les peuples d’Asie à lutter contre le communisme. Il est venu au Pèlerinage avec son drapeau et son placard de médaille, en tenue léopard. Il avait déjà un certain âge et le chef de chapitre de l’époque, lui demanda : « Vous n’êtes pas trop fatigué avec tous ces kilomètres ? ». Et lui de répondre du tac au tac : « J’ai fait 100 km en une journée avec les viets au cul en 24 heures dans la jungle. Je peux bien faire 100 km en trois jours pour le bon Dieu ! ». Ce vieux camarade de notre association de Pèlerins de Lorraine repose désormais au cimetière de Domrémy. Tous les ans, nous allons chanter sur sa tombe le chant de la Cavalcade. Parce qu’il n’est pas d’amitié sans mémoire.

Car il faut que tu le saches, il y a tous les marcheurs que tu vois, mais il y a aussi la cohorte du Ciel qui est avec nous. Comment pourrait-il en être autrement ?

Notre ami scout Etienne, fauché en pleine jeunesse dans un accident. Jean-Claude, rustique camarade, discret et attentionné. Et tous les autres.
Le panorama serait incomplet et malhonnête si je ne te parlais pas de mon propre chemin.

J’ai fait mon premier Chartres à l’âge de mes neuf ans. C’était une période plus conflictuelle qu’aujourd’hui encore dans l’Eglise Catholique.
La Messe eut lieu… devant les portes fermées de la Cathédrale.

J’aurais pu perdre la Foi, me révolter, rester dans l’incompréhension ou m’éloigner. Je suis pourtant revenu plus tard sur cette route, et maintenant sans discontinuer depuis 25 ans ou peut-être plus je ne sais pas. Pourquoi cette fidélité ? Je pense que je la dois à mes deux parents. À mon père qui a participé au pèlerinage avant moi. A ma mère qui n’a jamais été du genre à céder face à l’adversité ou à courber l’échine face aux diktats divers et variés.

Bref, cette route a contribué à me maintenir dans le droit chemin dans des périodes où j’aurais pu sombrer dans un nihilisme ou un activisme finalement destructeurs. Je suis persuadé que le pèlerinage m’amène des grâces que parfois je ne sais même pas percevoir.

Et toi mon amie, toi qui m’as demandé si j’avais des témoignages ? En as-tu reçu ?

Je comprends tout à fait que ta génération ait certes, besoin de doctrine, mais qu’elle ait aussi besoin d’exemples de proximité concrets qui te prouvent que la conversion des coeurs est possible. Il est vrai aussi que dans le milieu de la tradition, nous ne sommes pas toujours très doués pour les témoignages publics.

Il y a un autre dernier petit miracle que j’ai vu tous les ans et dont je voudrais te parler.

C’est l’amitié chrétienne.

A chaque fois, l’alchimie de cette amitié fonctionne. C’est comme un ciment à prise rapide. Je vois les gens de notre chapitre échanger, prier ensemble, souffrir parfois, forger une amitié quasi à chaque fois.

Avec les années, je forme des amitiés sincères avec des gens que je ne vois qu’à cette occasion, pour qui je prie au long de l’année et auxquels je pense avec tendresse.

Les écarts d’âges n’y jouent aucun rôle mon amie, toi que j’ose appeler ainsi et qui dois avoir 30 ans de moins que moi.

Voici donc ma vraie réponse à partir de souvenirs glanés dans ma mémoire.
C’est un bouquet de lys enivrant à déposer aux pieds de la Vierge Marie.

Se glisse un dernier événement ce matin.
Après avoir marché tout lundi sous la protection du bienheureux Carlos Acutis, j’apprends ce matin que sa canonisation est validée. Incroyable non ?
Je ne t’ai volontairement pas parlé de tous ces pèlerins qui viennent chargés de mille misères, problèmes, difficultés qu’eux seuls connaissent ou, parfois, qu’ils me partagent ou que je pressens.

N’oublie pas de prier avec moi pour eux comme je prierai pour toi, en toute amitié chrétienne.

A Dieu, va ! A l’an prochain ! »

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Profanation de la collégiale Saint-Quiriace à Provins : Messe de réparation

Suite à notre article le diocèse de Meaux réagit :

Les 14 et 15 juin derniers, la Ville de Provins, située dans le diocèse de Meaux, a célébré la 40e édition des Médiévales, grande fête populaire rassemblant quelque 700 participants costumés au cœur de la cité médiévale. Comme chaque année, la collégiale Saint-Quiriace, édifice emblématique de la Ville et lieu de culte catholique, a été ouverte à l’accueil du public et d’exposants, notamment littéraires.

Cependant, durant cette édition, le caractère sacré de ce lieu dédié à la prière et au recueillement a été gravement bafoué. Des comportements inappropriés, tant de la part de certains visiteurs que d’exposants, ont porté atteinte à la dignité spirituelle de la collégiale, dont le curé est affectataire.

Face à ces actes regrettables, Mgr Jean-Yves Nahmias évêque de Meaux, Mgr Guillaume de Lisle, évêque auxiliaire du diocèse de Meaux, ainsi que l’ensemble des prêtres du pôle missionnaire de Provins et les fidèles catholiques, expriment leur profonde tristesse et leur solidarité fraternelle envers toutes les personnes blessées dans leur foi par ces événements, sur place ou à travers les images diffusées.

En signe de réparation et de prière pour les profanations commises, Mgr de Lisle célèbrera une messe à la collégiale Saint-Quiriace, le dimanche 22 juin à 10h30. Tous ceux qui le souhaitent, croyants ou non, sont invités à y participer ou à s’y unir par la pensée ou la prière.

La collégiale, lieu de foi et d’histoire, mérite d’être respectée dans sa vocation première. Qu’en ce temps d’épreuve, le Seigneur nous accorde la grâce de la paix, du pardon et de la fidélité à l’Évangile.

Le Hellfest c’est vraiment l’enfer

France info a toujours été fan du Hellfest. Mais, c’est fini !

Les viols au Hellfest, France info peut accepter.

Les détournements d’argent, France info peut comprendre.

Mais, inviter un meurtrier homophobe ! C’est non ! Et pourquoi pas célébrer l’enfer au Hellfest pendant qu’on y est ?

Le festival qui s’ouvre jeudi à Clisson accueille cette année le batteur norvégien Bard Eithun, condamné en 1994 à 14 ans de prison pour avoir tué de 37 coups de couteau un homme gay. En 1992, dans le parc olympique de Lillehammer (Norvège), il avait tué Magne Andreassen, un homme gay qui lui aurait fait des avances. Il a été condamné à 14 ans de prison en 1994 pour ce meurtre, mais aussi pour avoir incendié des églises en compagnie du musicien néonazi Varg Vikernes, rappelle Mediapart. Il est sorti de prison en 2003 après avoir purgé sa peine, mais n’a jamais affiché de remords. Depuis, il a poursuivi sa carrière dans le milieu du black metal scandinave.

Sa présence à Clisson provoque la colère des associations LGBTQXYZ. Malgré les critiques, les organisateurs du Hellfest maintiennent l’invitation et le patron du festival, Benjamin Barbaud, reste discret.

D’autres noms au programme de ce Hellfest 2025 font polémique :

  • Till Lindemann, le chanteur de Rammstein, groupe germanophone ayant vendu le plus d’albums au monde, est annoncé alors qu’il avait été soupçonné d’avoir agressé sexuellement des fans recrutées via les réseaux sociaux ou dans le public des concerts puis conviées en coulisses. En août 2023, le parquet de Berlin avait classé l’enquête sans suite, parce qu’aucune victime directe ne s’était manifestée.
  • Ronnie Radke, leader du groupe américain Falling in Reverse, a notamment été condamné pour coups et blessures aggravés du fait de son rôle dans le meurtre de Michael Cook, un lycéen de 18 ans. En 2014, il a également été rattrapé par la justice pour des violences commises sur son ex-compagne, Sally Watts. Il s’est également démarqué par plusieurs publications et propos homophobes et transphobes sur les réseaux sociaux.

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